Samedi 2 janvier 2010

http://bouquins.cowblog.fr/images/livres/aubonheurdesdames.jpg(Challenge ABC 2009, lettre Z - 24ème livre lu, en retard)

Résumé :
Octave Mouret affole les femmes de désir. Son grand magasin parisien, Au Bonheur des Dames, est un paradis pour les sens. Les tissus s'amoncellent, éblouissants, délicats, de faille ou de soie. Tout ce qu'une femme peut acheter en 1883, Octave Mouret le vend, avec des techniques révolutionnaires. Le succès est immense. Mais ce bazar est une catastrophe pour le quartier, les petits commerces meurent, les spéculations immobilières se multiplient. Et le personnel connaît une vie d'enfer. Denise échoue de Valognes dans cette fournaise, démunie mais tenace. Zola fait de la jeune fille et de son puissant patron amoureux d'elle le symbole du modernisme et des crises qu'il suscite. Zola plonge le lecteur dans un bain de foule érotique. Personne ne pourra plus entrer dans un grand magasin sans ressentir ce que Zola raconte avec génie : les fourmillements de la vie.

Mon avis : Emile, je t'aime. C'est ce que j'ai pensé en lisant ce roman. Pourtant, ça n'était pas gagné : certes, j'avais entendu beaucoup de bien de cette œuvre, mais au départ le résumé ne me tentait pas du tout.... les histoires où il est question de commerce, très peu pour moi, me disais-je. Mais j'ai l'impression à présent qu'Emile pourrait me parler d'à peu près n'importe quoi, il arriverait à me captiver ! Ce qui m'a plu au départ, bien plus que le cadre (qui est essentiel), c'est l'histoire de ces trois gamins débarqués à Paris sans le sou : Denise, 20 ans, toute chétive et maternelle, son frère Jean, un bel adolescent, et Pépé, l'adorable petit. Quand on apprend  (au tout début) que Baudu, un des commerçants que Le Bonheur des Dames ruine, est l'oncle de Denise, je me suis dit aïe aïe aïe : il était évident que notre héroïne, qui cherche une place de vendeuse, allait devoir faire son choix, entre les petites boutiques traditionnelles, et le grand magasin.
J'ai eu donc peur pendant un instant que l'auteur nous offre une vision manichéenne du commerce de l'époque, avec le Bonheur des Dames comme grand méchant loup d'un côté, et les petites boutiques au bord de la faillite comme des victimes qu'il faut plaindre, de l'autre. Heureusement, Zola a eu la très bonne idée de nous offrir quelque chose de beaucoup plus subtil ; loin de diaboliser le Bonheur des Dames (qui est cependant plusieurs fois qualifié de "monstre" à cause de son gigantisme), il en décrit le charme à la perfection, et même moi qui ne suis guère une adepte du shopping, je me suis prise à rêver chiffons pendant ma lecture ! On comprend donc bien vite que Denise est du côté du grand magasin, tout en gardant du respect et de la compassion pour le camp adverse, ce qui nous donne un tableau très humain de l'ensemble. Les nombreuses descriptions, loin de m'ennuyer, m'ont séduite, et j'admire le talent de portraitiste de Zola qui est quelques mots parvient à nous présenter un personnage, toujours différent de tous les autres.
Ce roman confirme donc mon amour pour Zola, que j'admirais déjà énormément pour Thérèse Raquin et l'Assommoir (j'avais aussi lu Germinal, je l'avais aimé mais avais eu un peu de mal à le lire quand même, je pense que j'étais trop jeune pour l'apprécier, il faut que je le relise !) J'ai été peut-être un peu moins captivée par la fin, qui est quand même assez prévisible : mais je garderai de ce roman un souvenir enchanté, ne serait-ce que grâce du style de Zola ! Un jour je pense que je reprendrai les Rougon-Macquart dès le début, pour tous les lire, et dans l'ordre :p

Samedi 2 janvier 2010

http://raison-et-sentiments.cowblog.fr/images/Matildacopie1.jpg(pour voir l'article de Raison-et Sentiments qui correspond
à la naissance de ce challenge cliquez sur l'image)


Progression de ce challenge : 9/14 (juillet 2010)

Oui je sais, j'avais dit que je ne m'inscrirais pas à d'autre challenge cette année ; mais celui-ci c'est différent, car il est sans limite de temps ! C'est Mlle Raison-et-Sentiments (qui a pour pseudo Matilda sur Livraddict, comme c'est étrange ! ^^) qui a eu cette charmante initiative ; ce challenge a été inspiré par un extrait du célèbre livre de Roald Dahl, (voir ci-dessous) et en voici les règles :

- Lire Matilda de Roald Dahl.~> LU
- Lire tous les livres de la liste ci-dessous.
- Faire un article sur son blog pour ce challenge.
- Il n'y a pas de limite de temps (de 1 à 99 années)
- Faire si possible un article sur chaque livre lu.
- S'amuser !

Tous les billets des participants sur les livres du challenge sont répertoriés ICI.
Et voici le fameux extrait :


"Au cours des six mois suivants, sous l'œil ému et attentif de Mme Folyot, Matilda lut les livres suivants :

Nicholas Nickelby, de Charles Dickens
Oliver Twist, de Charles Dickens
~> LU
Jane Eyre, de Charlotte Brontë ~> LU
Orgueil et Préjugés, de Jane Austen ~> LU
Tess d'Urberville, de Thomas Hardy ~> LU
Kim, de Rudyard Kipling
L'Homme invisible, de H.G. Wells
~> LU, à relire
Le Vieil Homme et la Mer, d'Ernest Hemingway ~> LU
Le Bruit et la Fureur, de William Faulkner ~> LU
Les Raisins de la colère, de John Steinbeck
Les bons compagnons, de J.B. Pristley
Le rocher de Brighton, de Graham Greeene
La ferme des animaux, de George Orwell
~> LU

C'était une liste impressionnante et Mme Folyot était maintenant au comble de l'émerveillement et de l'excitation, mais sans doute fit-elle bien de ne pas donner libre cours à ses émotions. Tout autre témoin des prouesses littéraires d'une si petite fille se serait sans doute empressé d'en faire toute une histoire et de clamer la nouvelle sur les toits, mais telle n'était pas Mme Folyot."
{Extrait de Matilda de Roald Dahl.}

Samedi 2 janvier 2010

http://a10.idata.over-blog.com/300x451/2/90/59/74//Laurence.jpg(image : photo prise par Laurence, l'une des participantes, pour le Read-A-Thon)

Qu'est-ce que c'est ?

Un défi livresque bien particulier, puisqu'il s'agit d'un marathon de lecture. Les personnes inscrite à ce défi devront lire, lire et lire pendant 12 heures (Mini RAT) ou 24h (Big RAT), tous en même temps - le jour est choisi bien à l'avance.

J'ai manqué la première édition française de ce défi (qui existe déjà depuis un bon moment à l'étranger à ce qu'il paraît), mais la prochaine est le 20 février 2010, et je compte bien y participer !

Le but du jeu est de lire le plus de pages possible, à la fin un classement est fait et les gagnants ont la joie de recevoir un livre (du moins c'est ainsi que cela s'est passé la première fois). J'avoue qu'au départ, je n'étais pas convaincue, c'était surtout le fait qu'il y ait un côté "compétition" puisqu'on compte le nombre de pages qui me gênait. Mais en lisant tout le déroulement du précédent Read-A-Thon, je me suis vite rendu compte que ce n'était pas vraiment l'essentiel pour les participants, le plus important étant surtout de tenir, de jouer le jeu, j'ai apprécié la bonne ambiance qui semble se dégager de tout cela ! Tout au long de cette journée de folie que constitue le Read-A-Thon, les participants ont la possibilité de laisser leurs impressions, de participer à des petits jeux sur le blog du Read-A-Thon (quizz....) et ils sont soutenus par les Cheerladers (des blogueurs qui ne participent pas mais qui encouragent les valeureux "Read-A-Thoniens" ! ^^)


Pour plus d'infos, pour voir le premier Read-A-Thon
et surtout pour vous inscrire, rendez-vous sur le
Blog Officiel du Read-A-Thon !
>
http://readathon.over-blog.com <

Et rendez-vous le 20 février ! :p


http://idata.over-blog.com/2/90/59/74//Photo0067.jpg

Dimanche 3 janvier 2010

http://bouquins.cowblog.fr/images/livres/dubruitdanslesarbres.jpgQuatrième de couverture : "Ils vont sonner et sans leur demander de décliner leur identité je vais ouvrir. Ce sera très bref, je les accueillerai en leur disant que je n'ai rien à dire, que je vais mourir bientôt, qu'il n'est rien dans ma vie que je regrette, aucune action, aucune parole, et là chacun reconnaîtra les siens, et que tout se trouve dans mes livres. Je leur dirai que rien aujourd'hui ne me semble avoir plus d'importance que le bruit du vent dans les arbres, que la seule chose au monde que je regretterai à l'instant où j'en terminerai avec cette comédie de la vie ce sera cela. "
Norwich Restinghale, vieux poète reclus, reçoit un photographe et un critique à l'occasion de la publication d'une nouvelle après presque dix ans de silence. Infréquentable, maniaque, capricieux et misanthrope, l'écrivain connaît ses interlocuteurs puisqu'il fut l'amant de la mère du photographe, qui s'est suicidée après cette tragique relation, et sujet de la thèse avortée du second. Un roman polyphonique drôle et cinglant, sans concession, ni pour l'université, ni pour la critique.

Mon avis : Pour un cours de "théorie littéraire" je suis censée lire plusieurs romans réflexifs, où il est question de littérature, d'écriture, dont celui-ci, et nous devrons faire des exposés à partir de ces livres (j'ignore encore les modalités de ces exposés). Et ma foi pour le moment je ne sais pas trop ce que je vais faire de ce bouquin en lien avec ce cours, certes il est question d'un écrivain, de son œuvre, de ce qu'il choisit d'en dire, de son mépris de la critique et des universitaires, mais cela me semble un peu secondaire, ce n'est pas ça en tout cas qui fait le charme de ce roman à mes yeux.
Ce roman est court (111 pages), et on y retrouve un procédé d'écriture qui en général ne me plaît guère : l'alternance des points de vue, chaque chapitre nous offre successivement le point de vue de Georges, le "thésard avorté", de Paul, "le fils éploré" et de Norwich Restinghale, vers qui tous les regards se tournent. Comme chaque chapitre est court, les différents points de vue s'enchaînent, un peu trop rapidement à mon goût ; j'ai eu l'impression au début surtout, qu'on changeait de narrateur alors même que je commençais à peine à m'habituer au précédent ! Ce qui explique que j'ai eu un peu de mal à apprécier les premiers chapitres, après je me suis habituée, et ça ne m'a plus posé de problème.

La quatrième de couverture nous laisse à penser que la rencontre entre les trois personnages est le centre du roman, alors que ce n'est pas le cas : j'ai attendu un moment cette fameuse rencontre avant de me rendre compte qu'en fait, ce n'était pas ce qui importait : l'essentiel, c'est les circonstances de cette rencontre, et les souvenirs qu'elle fait ressurgir. Paul et Georges revivent mentalement les évènements en lien avec l'auteur, et c'est Norwich Restinghale lui-même qui vient tout démonter en livrant ses propres souvenirs, ses propres pensées sur ces évènements qui, comme il le devine avec raison, préoccupent les deux autres alors qu'ils s'apprêtent à le rencontrer.

J'ai été troublée par les similitudes que j'ai trouvées entre ce roman et Hygiène de l'assassin d'Amélie Nothomb : dans ces deux romans, il est question d'un écrivain misanthrope et énorme, qui vit en ermite depuis longtemps, et qui va enfin être interviewé de façon exceptionnelle ; et dans les deux œuvres, l'écrivain a une sœur aimée, morte trop tôt dans des circonstances mystérieuses. Il faudrait peut-être que je relise Hygiène de l'assassin pour mieux juger de ces ressemblances, mais j'ai quand même du mal à croire à une pure coïncidence, et je ne sais qu'en penser ! Le personnage de Laurie, la petite voisine handicapée plus intelligente qu'il n'y paraît, et que l'écrivain prend en amitié, est un personnage marginal et mystérieux comme Amélie Nothomb les affectionne, et elle serait tout à fait à sa place dans un des romans de cette dernière.

Du bruit dans les arbres est un roman finalement assez riche et plaisant, et que je relirai sûrement (et peut-être bientôt si je le choisis pour mon exposé) ; je ne l'ai pas trouvé "drôle ni cinglant" (ou alors j'ai rien compris ?), je parlerai plutôt d'ironie du sort, parce que cette rencontre entre trois êtres qui ont à la fois tant et si peu en commun est assez improbable et extraordinaire, et la fin m'a laissée méditative, puisqu'elle semble justifier tout le reste, tout en étant étonnante, vu la personnalité de l'écrivain on ne s'attendait pas à ça... ce qui correspond bien toutefois à l'esprit de l'ensemble du roman, tout peut surprendre finalement car les choses sont souvent différentes de ce que l'on croit, et une partie de la réalité reste toujours cachée... la citation suivante m'a frappée et je pense assez bien cette idée : "La réalité des faits est quelque chose d'illusoire, la seule réalité c'est ce qu'on en dit, ou la façon dont on veut bien la considérer."

Mardi 5 janvier 2010

http://bouquins.cowblog.fr/images/livres/gamines.gifChallenge ABC 2010, 1er livre lu ♦

Quatrième de couverture :
- Qu'est-ce que tu faisais dans la chambre de maman ?
- J'ai volé une photo. Une toute petite photo.
- Tu lui ressembles tellement, a dit ma sœur.
J'ai mis la photo dans la poche de mon jean. Je me suis assise dessus pendant trente ans.
- La photo est ressortie de ma poche! j'ai dit à mes sœurs. J'ai vu l'homme de la photo !
- Qui ?
- Celui qui porte le même nom que nous, le même nom que moi. Ce n'est pas une photo, c'est un homme !
J'ai donc un père. Que dois-je faire? Trente ans que je réponds: « Je n'ai pas de père. Je n'ai qu'une photo. » Devant les mines compatissantes, je réponds depuis trente ans : « Je n'ai pas de père, mais je m'en fiche, c'est comme ça. »

Mon avis : Sylvie Testud est une comédienne que j'ai découverte dans Stupeur et tremblements, l'adaptation cinématographique du livre d'Amélie Nothomb réalisé par Alain Corneau, et dans le rôle d'Amélie elle m'a vraiment bluffée, sous son personnage on sent une forte personnalité, pétillante, d'une maladresse attachante, et qui ne mâche pas ses mots. Quand on lit ce roman, et quand on connaît un minimum sa biographie, on s'aperçoit immédiatement qu'il s'agit d'un livre autobiographique. Mais Sylvie joue avec son lecteur puisqu'elle écrit en avertissement : "Cette histoire est une fiction. Elle est librement inspirée de la vie d'une petite fille. Je ne sais pas qui ça peut être. Pas du tout. Toute ressemblance avec des personnes existantes est un peu un hasard." Par jeu, par provocation, par ironie, pour se sentir plus libre de broder ? Sans doute aussi parce qu'elle veut bien montrer qu'il s'agit de littérature et pas du tout d'une de ces confessions sulfureuses que publient sans cesse toutes sortes de people pour faire du fric, on en est très loin ici !

J'ai commencé ma lecture en pensant que c'était réellement une fiction, et j'ai  séduite par le ton employé, tour à tour joyeux et grognon... J'aime beaucoup les styles "enfantins" comme celui-ci, qui dénotent une vision très personnelle et un peu naïve du monde, différente de notre regard adulte un peu formaté par les années, ne serait-ce parce que, contrairement aux enfants, nous utilisons sans y penser un langage "standard" où les expressions imagées ne nous étonnent plus, nous les utilisons sans plus songer à leur sens premier, qui est pourtant savoureux, comme le montre le style de Testud ! Je me suis très vite sentie embarquée dans le quotidien de ses trois sœurs complices tout en se chamaillant, qui vivent seules avec leur mère qu'elles adorent et font tourner en bourrique ! J'ai vraiment trouvé ça drôle, original, plein de fraîcheur, très vivant, un délice !

Premier petit regret : on bascule d'un coup de leur enfance à l'âge adulte, et cela m'a un peu frustrée, j'aurais aimé assister à leur adolescence ! La seconde partie est plus grave, moins rigolote, plus émouvante, puisque nos "gamines" vont enfin essayer de résoudre l'énigme que constitue leur père, ce fameux père objet de tant d'obsessions enfantines, un inconnu absent depuis toujours ou presque, et dont le nom même a toujours été tabou sous le toit maternel. Hélas, cette partie m'a beaucoup moins plue : elle est plus sombre, moins rythmée, et sans doute à l'image de ce qui s'est passé réellement, elle m'a paru décevante. J'ai donc un avis un peu mitigé sur ce roman, mais je vous le conseille tout de même car le récit de leurs enfance est excellent, et la personnalité étonnante de l'actrice, qui transparaît dans tout le roman, offre un style savoureux !

(tiens, mes avis ont tendance à s'allonger ces dernier temps, et je ne sais pas pourquoi !?)

Jeudi 7 janvier 2010

Quatrième de couverture : "Elle était là, immobile sur son lit, la petite phrase bien connue, trop connue : Je t’aime. Trois mots maigres et pâles, si pâles. Les sept lettres ressortaient à peine sur la blancheur des draps. Il me sembla qu’elle nous parlait :
- Je suis un peu fatiguée. Il paraît que j’ai trop travaillé. Il faut que je me repose.
- Allons, allons, Je t’aime, lui répondit Monsieur Henri, je te connais. Depuis le temps que tu existes. Tu es solide. Quelques jours de repos et tu seras sur pied.
Monsieur Henri était aussi bouleversé que moi.
Tout le monde dit et répète « Je t’aime ». Il faut faire attention aux mots. Ne pas les répéter à tout bout de champ. Ni les employer à tort et à travers, les uns pour les autres, en racontant des mensonges. Autrement, les mots s’usent. Et parfois, il est trop tard pour les sauver."

Résumé : Jeanne, la narratrice, pourrait être la petite soeur d'Alice, précipitée dans un monde où les repères familiers sont bouleversés. Avec son frère aîné, Thomas, elle voyage beaucoup. Un jour leur bateau fait naufrage et, seuls rescapés, ils échouent miraculeusement sur une île inconnue. Mais la tempête les avait tant secoués qu'elle les avait vidés de leurs mots, privés de parole. Accueillis par Monsieur Henri, un musicien poète et charmeur, ils découvriront un territoire magique où les mots mènent leur vie : ils se déguisent, se maquillent, se marient.

Mon avis : un conte poétique, qui m'a à la fois fait penser au Petit Prince et à L'île des gauchers (puisqu'il s'agit là aussi d'une île imaginaire et utopique où un personnage entreprend un apprentissage. Mais le roman d'Alexandre Jardin est quand même très différent hein !). Je n'ai pas trop aimé l'héroïne, que je trouve un peu trop émotive, un peu mièvre ; mais bon, il faut prendre en compte le fait que c'est une petite fille !
Ce qui m'a surtout plu, c'est tout ce qui concerne les mots, et la grammaire : à travers des métaphores inattendues, l'auteur parvient véritablement à personnifier les mots, à expliquer de façon claire la nature des mots, les règles d'accord, les conjugaisons  : rien de bien compliqué mais c'est très amusant de voir ces petites règles sous un angle ludique, c'est vraiment très clair et bien imaginé ! La critique de l'analyse littéraire très froide et technique m'a aussi fait sourire, j'ai trouvé ça assez juste, même si l'auteur a quand même pris des exemples très caricaturaux : malgré mes études de lettres (qui me font donc bouffer pas mal d'analyse) j'ai trouvé ces passages plutôt incompréhensibles, même mes profs les plus impressionnants ne s'expriment pas ainsi !
J'ai trouvé que la vision du langage que nous donne l'auteur est peut-être un poil trop gentillette : les mots sont gentils, ils sont là pour servir l'amour... le dialogue est important, essentiel pour se comprendre et se tolérer, certes, mais je ne suis pas aussi optimiste que l'auteur, et je trouve cette vision des vertus du langage un peu réductrice, puisqu'elle nie la vérité et la beauté esthétique de tous les textes plus "violents"...  je conseillerais plutôt ce livre à des collégiens (même s'il peut être lu après bien entendu !), mais je sais que personnellement j'aurais bien plus apprécié cette lecture il y a quelques années. Une jolie découverte quand même, pas mal de très bons passages qui méritent d'être lus, même si j'ai été un peu déçue par certains aspects ; je ne pense pas que je lirai la suite (Les chevaliers du subjonctif).

Samedi 9 janvier 2010

http://bouquins.cowblog.fr/images/livres/lescatilinaires.gifRésumé : La solitude à deux, tel était le rêve d'Emile et de Juliette. Une maison au fond des bois pour y finir leurs jours, l'un près de l'autre. Etrangement, cette parfaite thébaïde comportait un voisin. Un nommé Palamède Bernardin, qui d'abord est venu se présenter, puis a pris l'habitude de s'incruster chez eux chaque après-midi, de quatre à six heures. Sans dire un mot, ou presque. Et cette présence absurde va peu à peu devenir plus dérangeante pour le couple que toutes les foules du monde...

Mon avis : La quatrième de couverture de mon édition  ne me tentait pas trop, c'est sans doute pour cela que je n'avais pas encore lu ce roman d'Amélie Nothomb (maintenant il ne me reste plus que Péplum, sauf erreur de ma part). J'avais peur d'être déçue, et finalement j'ai tout lu d'une traite (comme toujours avec Nothomb me direz-vous, la brièveté de ses romans permet cela) ; ça a été une expérience de lecture un peu bizarre pour moi : en effet j'ai trouvé ce roman moins rythmé que d'autres romans de cet auteur : c'est assez lent, et répétitif : mais n'en déduisez pas que je me suis ennuyée, non : mais j'ai trouvé cette écriture étouffante, tout comme les personnages j'ai souffert de la visite récurrente et finalement inquiétante de ce voisin silencieux, toujours mécontent et qui s'obstine dans son incrustation, cela devient peu à peu un vrai cycle infernal, un huis clos terrifiant dans lesquels notre sympathique couple se retrouve empêtré !

Tout comme le héros de ce roman, Emile Hazel, j'ai progressivement ressenti une impression de dégoût, qui s'est amplifiée au fur et à mesure que je progressais dans ma lecture : dégoût provoqué par le comportement incompréhensible de M. Bernardin, par les descriptions peu ragoûtantes du physique de M. Bernardin et de sa femme, mais aussi par les différentes réactions du héros, tantôt lâches, tantôt cruelles, et pourtant, on s'identifie à lui... (même si pour ma part j'arrive très bien à ne pas ouvrir ma porte et à laisser sonner le téléphone : ainsi les principes de politesse ne m'ont pas trop pourrie, ouf !). La personnalité de Palamède Bernardin comme la cause de son comportement restent toujours un mystère, on ne peut les envisager qu'à travers les hypothèses successives qu'Emile et Juliette forment à leur sujet, et le jugement d'Emile sur son voisin est très instable, ce qui nous montre bien à quel point une attitude imprévisible nous désarçonne, à quel point chaque individu fait correspondre sa manière d'agir à une étiquette, à un schéma déjà connu... Au final je sors de cette lecture un peu nauséeuse, un peu comme quand j'ai fini Truismes, de Marie Darrieussecq. C'est donc indubitablement une lecture qui a fortement touché mes sens, et qui m'enfonce un peu plus dans ma misanthropie : vous devez donc comprendre, si vous me connaissez un minimum, que j'ai beaucoup aimé ce roman, même si je n'ai pas envie de le relire tout de suite à cause du malaise qu'il a fait naître en moi.

Beaucoup de passages m'ont interpellée, je vais en recopier quelques-uns ici ; et c'est un livre que je vous conseille, il m'a semblé plus riche, plus profond que certaines autres œuvres d'Amélie (que j'aime pourtant !) comme Journal d'hirondelle ou le Voyage d'hiver. J'ai trouvé que ce livre-ci distrayait son lecteur d'une façon plus subtile, plus dangereuse peut-être aussi, en nous faisant vraiment nous interroger sur nos comportements, et notamment nos comportement "mondains" : on joue de jolies comédies sans cesse et cela se passe bien quand notre interlocuteur joue le même jeu que nous ; mais que se passe-t-il quand notre interlocuteur se rebelle par sa grossièreté, son mutisme ? Rapidement, nous nous trouvons désemparés, et c'est ainsi notre propre vacuité, notre propre faiblesse que l'interlocuteur rebelle nous révèle.... mais j'en dis trop, si vous voulez connaître les réponses d'Amélie à ces passionnantes questions, lisez donc.
 
Extraits : "J'attendais la retraite comme le mystique attend la mort.
Ma comparaison n'est pas gratuite. Juliette et moi avons toujours aspiré à être libérés de ce que les hommes ont fait de la vie. Etudes, travail, mondanités même réduites à leur plus simple expression, c'était encore trop pour nous.(...) Nous voulions quitter cette perte de temps qu'est le monde"

 


" - (...) Qu'en pensez-vous, Palamède ?
Nous eûmes beau attendre, il ne répondit rien. Je ne pouvais pas m'empêcher de l'admirer ; qu'il fût demeuré ou non, il avait ce courage ou ce culot que je n'avais jamais eu : ne rien répondre. Ni "Je ne sais pas", ni haussement d'épaules. Indifférence absolue. De la part d'un homme qui s'imposait chez moi pendant des heures, cela relevait du prodige. J'étais fasciné. Et je l'enviais d'en être capable. Il n'avait même pas l'air d'être gêné - c'était nous qui l'étions ! Le comble ! J'avais tort de m'en étonner, d'ailleurs : si les rustres étaient honteux de leurs manières, ils cesseraient d'être rustres. Je me surpris à songer que ce devait être merveilleux d'être une brute. Quelle réussite : se permettre toutes les indélicatesses et en faire retomber les remords sur les autres, comme si c'étaient eux qui s'étaient mal conduits !"

Samedi 9 janvier 2010

http://bouquins.cowblog.fr/images/livres/carmilla.jpgChallenge ABC 2010, 2ème livre lu ♦

Quatrième de couverture :
"Deux grands yeux s’approchèrent de mon visage et soudain, je ressentis une douleur fulgurante, comme si deux grandes aiguilles espacées de quelques pouces seulement s’enfonçaient profondément dans ma poitrine. Je me réveillai en hurlant. La chambre était éclairée par la chandelle qui était restée allumée toute la nuit, et je vis une silhouette féminine au pied de mon lit, un peu sur la droite."
L’action se passe dans un château de Styrie. L’héroïne, la jeune Laura, tombe sous le charme de la belle et mystérieuse Carmilla, dont l’arrivée énigmatique dans ce lieu isolé marque l’initiale d’une amitié tendre et exaltée.
De l’ouverture presque bucolique à la destruction du vampire que se révèle finalement être Carmilla, tout est là des ingrédients d’un roman gothique, classique du genre. Mais ici, le vampire est une femme, et à la transgression vampirique s’ajoute celle de l’homosexualité féminine, dans un récit tout de séduction et de sensualité.

Carmilla voit le jour en 1871, soit vingt-six ans avant son illustre successeur Dracula (1897), et ces vampires nous viennent d'Irlande, dont est originaire Sheridan Le Fanu, qui donne ici un chef d'œuvre incontesté. 

Mon avis : whaouh !!! J'aime j'aime j'aime ! On trouve d'abord dans cette histoire tous les ingrédients que j'aime retrouver dans la littérature en général, et dans les nouvelles fantastiques du XIXème siècle en particulier : un personnage qui mène une vie un peu oisive (je crois que vivre dans un château avec des domestiques à mon service est l'un des rêves de ma vie ^^) à qui on raconte/ qui vit une aventure extraordinaire. Ici, la narratrice est une jeune fille tout charmante de naïveté, Laura (marrant comme la naïveté peut, selon les récits - selon les styles ? - me paraître mièvre ou charmante...), qui va accueillir une autre jeune fille, moins naïve et qui semble cacher un lourd secret... bon, la quatrième de couverture, et même simplement la réputation de cette nouvelle (j'en avais quand même entendu parler avant de la lire, pas vous ?) nous gâchent la surprise de la fin, mais heureusement, cette nouvelle magnifique a plus à nous offrir qu'un peu de suspense.

La narratrice, Laura, écrit ce récit huit ans après les faits ; et pourtant, elle parvient parfaitement à tout nous restituer avec la candeur qu'elle avait au moment de sa rencontre avec Carmilla ; ce que j'ai trouvé à la fois étonnant et délicieux, c'est le décalage qu'on remarque entre le désir d'objectivité et de précision de la narratrice qui raconte ce qui lui est arrivé, et l'envoûtement, le déni de ce qui nous paraît pourtant très évident, qui perce toujours à travers ce récit. Et tout comme l'héroïne, je me suis sentie fascinée par le personnage de Carmilla : oui, on comprend vite qu'elle est louche cette petite, et pourtant, on a envie de la défendre, on admire sa beauté ; à aucun moment je ne me suis vraiment senti du côté de Laura, même quand il est clair que cette dernière est en danger. Au delà du premier degré du texte, on peut voir à travers cette histoire vampirique tout un tas de questions sur l'amour, qui peut être un mélange de peur, de fascination, d'attirance, de douceur, d'amitié et de violence ; les descriptions sensuelles de leur relation ambiguë, de même que les rêves étranges que connaît Laura, m'ont véritablement semblé merveilleusement écrites, je reste encore à présent sous le charme et ai très envie d'acheter ce livre pour le garder avec moi !

Un vrai coup de cœur donc, qui confirme mon amour pour les histoires vampiriques classiques et bien menées comme celle-ci (je suis relativement peu attirée par les romans parlant de vampires qui sortent en ce moment) ; j'avais beaucoup aimé Dracula, mais je préfère Carmilla, ce personnage me touche plus, sa beauté et son apparente fragilité la rendent plus mystérieuse je trouve, elle constitue donc un danger moins prévisible. d'autant plus qu'il s'agit d'une histoire mettant en scène uniquement des femmes. Carmilla m'a semblé plus rythmé, l'intrigue est plus resserrée, la tension dramatique plus grande : c'est du moins mon impression, mais mon souvenir concernant Dracula est maintenant un peu flou.

Dimanche 10 janvier 2010

http://bouquins.cowblog.fr/images/livres/legoutapredeskakis.gifQuatrième de couverture : Un bassin, des massifs de roses et un plaqueminier donnent de quoi faire au jardinier d'une vieille dame qui, depuis la mort de son mari, se sent très seule et en danger dans sa grande maison au cœur de la ville. Les fleurs donnent des fruits, les kakis mûrissent et elle ne se prive pas d'en offrir, notamment à son locataire.
Des liens subtils se tissent entre eux, que vient troubler l'apparition d'une fiancée...

Mon avis : la quatrième de couverture correspond à la nouvelle éponyme qui clôt le recueil ; et d'ailleurs, il ne s'agit pas d'un jardinier, mais du locataire de la vieille dame, qui au départ ne s'occupait absolument pas du jardin. Cette dernière nouvelle, contrairement aux quatre autres nouvelles de ce recueil, donne une vision quasi-légendaire de l'univers des personnages : le lecteur apprend tout le passé de la vieille dame, son mariage, et la vie plutôt fastueuse et idyllique qu'elle a mené avec son défunt mari, dans une atmosphère qui rappelle un peu l'univers des contes. Bien sûr, le présent de la vieille dame est moins reluisant, c'est au final une nouvelle très mélancolique sur la solitude, la fuite du temps.

Les trois premières nouvelles, Les taches, l'appartement et le Père-Lachaise parlent aussi d'amour, de couple, mais les héros de ces nouvelles sont plus jeunes et ancrés dans une époque plus proche de la nôtre ; à travers ces nouvelles, l'auteur nous fait surtout voir la désillusion de jeunes femmes déçues par leur mariage, et qui cherchent à trouver une solution à leur problèmes ; on voit bien l'incompréhension (beaucoup de bels exemples de dialogues de sourds !), le décalage entre les mentalités de l'homme et de la femme, entre les différentes générations, entre ceux qui gardent une vision traditionnelle du couple, et ceux qui sont plus tentés par le modèle occidental. Les femmes peinent à sortir du carcan qu'on cherche à leur imposer, partagées entre l'envie de prendre soin de leur mari et de leur maison comme on leur a toujours enseigné, et par leur désir de liberté, ou tout simplement d'égalité ; mais il n'y a aucun manichéisme, aucune caricature, les hommes ne sont pas systématiquement assimilés à des bourreaux maltraitant leurs épouses soumise, tout reste complexe et lié à la psychologie de chaque personnage : certaines femmes de ce recueil ne comprennent pas le mode de vie moderne que leur mari leur propose, d'autres soumettent leur mari à leurs caprices.

Le tout est écrit dans un style serein, très lié à la nature, aux petites choses de la vie domestique, nourriture, vêtements, que de belles descriptions parviennent à sublimer ; j'avais déjà aimé ce style particulier à l'écrivaine irannienne quand j'avais lu un autre de ses recueils de nouvelles parlant aussi principalement du couple et de la vie des femmes, Comme tous les après-midi. Dans Le Goût âpre des kakis, on trouve plus d'images de conflits, et les personnages sont moins profondément liés à l'Iran, beaucoup vivent en Europe, ou sont attirés par le mode de vie européen, on sent vraiment une tension, une hésitation entre les deux cultures. La troisième nouvelle, L'Harmonica, m'a moins plu, elle met en scène des hommes amis qui vont se retrouver séparés par le mariage de l'un d'eux et leurs idéaux différents : je ne doute pas que ce changement de point de vue ait son intérêt, mais j'ai trouvé cette nouvelle un peu trop décousue ; mais toutes les autres m'ont vraiment beaucoup touchée ! J'aimerais à présent lire un roman de cet auteur, pour suivre ses personnages plus longtemps ; je pense que je lirai donc On s'y fera quand je le pourrai. Lire des livres de cette auteur est pour moi une occasion unique de connaître une culture qu'on connaît en fait très peu de l'intérieur, chacune de ses nouvelles est empreinte d'une atmosphère, d'un charme particulier, et c'est pourquoi je vous conseille les œuvres de Zôya Pirzâd !

Bonus : entretien avec l'auteur

Lundi 11 janvier 2010

http://bouquins.cowblog.fr/images/livres/laroute.jpgQuatrième de couverture : L'apocalypse a eu lieu. Le monde est dévasté, couvert de cendres. Un père et son fils errent sur une route, poussant un caddie rempli d'objets hétéroclites et de vieilles couvertures. Ils sont sur leurs gardes car le danger peut surgir à tout moment. Ils affrontent la pluie, la neige, le froid. Et ce qui reste d'une humanité retournée à la barbarie. Cormac McCarthy raconte leur odyssée dans ce récit dépouillé à l'extrême. Prix Pulitzer 2007, La Route s'est vendu à plus de deux millions d'exemplaires aux États-Unis.

Mon avis :  je m'attendais à quelque chose de plus vivant, avec plus d'action ; certaines phrases sont longues, quasi sans verbe, et globalement c'est très descriptif, on a sous les yeux le tableau du monde dévasté, et nos deux personnages cherchent sans cesse de quoi manger au milieu des débris, on ne comprend pas vraiment ce qu'ils fuient, on ne comprend pas non plus où ils vont ; on a le point de vue du père, sans qu'il soit pour autant le narrateur du récit, et on ignore leurs noms. Pas de structure définie non plus, juste des paragraphes assez courts qui s'enchaînent, tout le temps. Des descriptions, des pensées, avec quelques souvenirs d'un monde ancien mais très rarement, et des dialogues entre le père et le fils, dialogues rapportés de façon très brute, sans la mise en page traditionnelle, sans qu'on sache clairement parfois qui dit quoi ; bref, tout ça pour dire que le style de ce roman m'a déconcertée les premières pages...

Assez rapidement cependant j'ai considéré ce roman autrement et je suis alors véritablement entrée dedans, et j'ai alors compris que ce style un peu étrange était en fait en parfaite adéquation avec le contenu : en effet, les actions des personnages sont lentes, on a peur de leur mort cent fois, voire plus, tant tout est désespéré, sans issue, et la lenteur, la pesanteur du style reflète vraiment bien l'atmosphère du livre, où les personnages avancent péniblement ; sur la route ils vont bien connaître quelques aventures, croiser d'autres personnages, mais rien qui change tellement la situation initiale... ne soyez pas découragés par le manque de péripéties remuantes que je vous annonce ! Lire un tel tableau du monde et de l'humanité est certes très déprimant, mais certains passages sont tellement beaux.... la relation entre le père et son fils est magnifique, alors que tous deux souffrent et n'ont au fond pas d'espoir, voir le père consoler son fils, l'encourager, le protéger, et voir le petit lutter avec un courage inouï, et garder une conscience morale envers et contre tout, j'ai trouvé ça juste... bluffant ! La fin m'a un peu déçue, elle m'a semblé un peu "facile", mais de toute façon, la fin de La Route, ça me semble quelque chose de plutôt impossible, alors il fallait bien que l'auteur s'en sorte avec un truc un peu frappant, je ne lui en veux pas.

Le sujet du livre m'a d'abord rappelé Ravage, de Barjavel, à la différence près que dans Ravage, on voit la chute du monde : dans la Route au contraire, on est placé dans un "après" horrible, mais les premiers évènements catastrophiques, et plus loin encore le monde d'avant (qui correspondrait à notre monde actuel) est relégué dans un passé qui semble lointain, en passe de devenir une légende oubliée, et l'apocalypse, qui n'est pas évoquée, semble alors encore plus effrayante, parce que carrément indicible. Avant de lire La Route j'avais un peu peur de me trouver face à un roman de science-fiction plein de péripéties rocambolesques, et complètement irréaliste ; ce n'est pas du tout le cas, au contraire si j'ai été tant touchée par ce livre, je pense que c'est parce qu'on peut justement le trouver crédible... comme vous le savez certainement une adaptation cinématographique est sortie récemment, je suppose que je ne pourrai pas la voir en salles, alors j'attends le dvd...

Extraits :

"Il disait que les rêves qui convenaient à un homme en péril étaient les rêves de danger et que tout le reste était une invite à la langueur et à la mort. Il dormait peu et il dormait mal. Il avait rêvé qu'ils marchaient dans un bois en fleurs où des oiseaux s'envolaient devant eux, l'enfant et lui, et où le ciel était d'un bleu à faire mal mais il apprenait à se réveiller de ces univers trop sereins. Allongé là dans l'obscurité tandis que s'évaporait dans sa bouche l'insolite saveur d'une pêche d'un verger fantôme. Il se disait que s'il vivait assez longtemps le monde aurait à la fin tout à fait disparu. Comme le monde mourant qu'habite l'aveugle quand il vient de perdre la vue, quand toute chose de ce monde s'efface lentement de sa mémoire." (p.22)

"Il commençait à penser que la mort était sur enfin sur eux et qu'ils devraient trouver un endroit pour se cacher où on ne pourrait pas les trouver. Il y avait des moments où il était pris d'irrépressibles sanglots quand il regardait l'enfant dormir mais ce n'était pas à cause de la mort. Il n'était pas sûr de savoir à cause de quoi mais il pensait que c'était à cause de la beauté ou à cause de la bonté. Des choses auxquelles il n'avait plus aucun moyen de penser jamais. Ils étaient accroupis dans un bois sinistre et buvaient de l'eau d'un fossé qu'ils filtraient à travers un chiffon. Il avait vu le petit en rêve allongé sur une planche dans une morgue et s'était réveillé terrorisé. Ce qu'il pouvait supporter à l'état de veille il ne pouvait pas le supporter la nuit et il s'asseyait et restait éveillé de peur que le rêve ne revienne." (p. 114)

Jeudi 14 janvier 2010

Depuis un moment je me dis que cela serait quand même bien de connaître au moins un livre de chaque pays du monde...
ou au moins du plus grand nombre de pays possibles.
Et j'ai découvert deux challenges sans limite de temps qui répondent à cette envie :

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• Le World Books Challenge, sur le blog
Viviane-Voyage, et aussi sur facebook, puisque Viviane a créé une application bien pratique permettant d'associer des livres à des pays sur un planisphère... il est également possible de trouver des idées de lectures pour chaque pays puisqu'on voit le choix des autres participants. 187 pays sont listés.

• Le challenge Tour du Monde, sur le blog de
Livresque : le principe est le même, il s'agit de découvrir des œuvres d'auteurs étrangers, le but étant toutefois plus limité, puisque ce challenge est considéré comme réussi dès qu'on a lu des œuvres de 50 pays différents !

Vous pouvez vous inscrire à ces deux challenges sur les blogs de Viviane et de Livresque en cliquant sur les liens ci-dessus. Je mettrai cet article à jour au fur et à mesure de mes lectures (cliquez sur l'étoile pour voir l'article correspondant à chaque livre). Vous pouvez aussi me conseiller des livres pour les pays que je n'ai pas encore découverts !

Livres lus :
(32)
Afrique du Sud : Disgrâce, de J. M. Coetzee *
Algérie : L'amour, la fantasia, d'Assia Djebar
*
Allemagne : Les souffrances du jeune Werther, de Goethe
*
Angleterre : Orgueil et Préjugés, de Jane Austen *
Argentine : Fictions, de Borges *
Australie : Tim, de Colleen McCullough *
Autriche : Le joueur d'échecs, de Stefan Zweig
*
Belgique : Hygiène de l'assassin, d'Amélie Nothomb
*
Brésil : L'Alchimiste, de Paulo Coelho
*
Canada : Le Matou, d'Yves Beauchemin
*
Chili : Le Vieux qui lisait des romans d'amour, de Luis Sepulveda
Chine : Balzac et la petite tailleuse chinoise, de Dai Sijie
*
Colombie : Cent ans de solitude, de Gabriel Garcia Marquez
*
Côté d'Ivoire : Allah n'est pas obligé, d'Ahmadou Kourouma
*
Ecosse : Peter Pan, de James Barrie *
Espagne : L'Ombre du vent, de Carlos Ruiz Zafon
*
Etats-Unis : Frankie Addams, de Carson McCullers
*
France : L'Etranger, d'Albert Camus
*
Grèce : Au-delà de l'humain, de Nikos Athanassiadis
*
Haïti
: Le Charme des après-midi sans fin, de Dany Laferrière*
Inde : le Dieu des petits riens, d'Arundhati Roy * (Challenge "Bienvenue en Inde")
Iran : Le Goût âpre des kakis, de Zoyâ Pirzâd
*
Irlande : Le Portrait de Dorian Gray, d'Oscar Wilde
*
Israël : Soudain dans la forêt profonde, d'Amos Oz *
Italie : Si c'est un homme, de Primo Levi
*
Japon : Je vous écris, d'Hisashi Inoue
*
Liban : Le Prophète, de Khalil Gibran *
Norvège : Une maison de Poupée, de Henrik Ibsen *
Pays de Galles : Matilda, de Roald Dahl *
République Tchèque : L'Insoutenable Légèreté de l'Être, de Milan Kundera *
Russie : Oblomov, d'Ivan Gontcharov
*

Livres que j'ai prévus de lire :
Finlande : Petits suicides entre amis, d'Arto Paasilinna
Guatemala : L'homme qui avait tout tout tout, de Miguel Angel Asturias

Mexique : Chocolat amer, de Laura Esquivel
Nouvelle-Zélande : Garden Party, de Katherine Mansfield
Portugal : Un singulier regard, de Fernando Pessoa
Serbie : La Bouquineuse, de Zoran Zivkovic
Sri Lanka : Drôle de garçon, de Shyam Selvadurai
Suède : Fifi Brindacier, d'Astrid Lindgren
Suisse : Belle du Seigneur, d'Albert Cohen

Mercredi 20 janvier 2010

http://bouquins.cowblog.fr/images/livres/lucienleuwen.jpgQuatrième de couverture : Chassé de l'École polytechnique dans les années 1830, Lucien Leuwen, grâce aux relations de son père, riche banquier parisien, obtient de devenir sous-lieutenant et gagne Nancy. Tandis que son régiment de lanciers entre dans la ville, il aperçoit, derrière une persienne entrouverte, une jeune femme blonde, Mme de Chasteller. Lui qui se croyait insensible à l'amour va s'éprendre d'elle et, lorsqu'une nouvelle carrière fera suite à sa vie d'officier de province, il n'oubliera pas cette passion. Ce roman qui s'ouvre sur la délicate peinture des premiers sentiments de Lucien pour Bathilde, avant de faire place à cette comédie qu'est la politique et dont l'auteur s'amuse, Stendhal le commence en 1834, puis, après l'avoir quasiment achevé, l'abandonne sans le corriger. Lucien Leuwen est ainsi demeuré un manuscrit de travail, avec lequel les éditeurs posthumes ont pris leurs libertés. Pour la première fois, la présente édition le propose tel qu'il est, accompagné des annotations de Stendhal : jugements, repentirs ou désirs. Ainsi se découvre une œuvre en train de se faire entre le galop et la bride : entre l'écriture spontanée et le moment de l'évaluation critique.

Mon avis : je dois lire ce roman pour la fac (cours de littérature du XIXème siècle) et j’appréhendais assez cette lecture, j’aime en général les gros romans avec un style passé mais le côté "politique" me faisait peur ; mais finalement ce pavé de 800 pages est plutôt sympathique. La lecture des 150 premières pages environ a été un peu pénible ; la quatrième de couverture dit que « ce roman s’ouvre sur la délicate peinture des premiers sentiments de Lucien pour Bathilde » : mais que nenni ! Avant ces passages passionnants, on a la présentation assez longue de Lucien et de sa situation : fils d’un riche banquier, sans grandes convictions dans quelque domaine que ce soit, il devient militaire pour la beauté de l’uniforme, et parce que son cousin lui a reproché son oisiveté ; il est donc un peu frivole, un peu vaniteux, mais il est assez lucide sur la médiocrité des gens qui l’entourent, l’hypocrisie qui règne dans le monde lui déplaît, même s’il la pratique lui-même avec succès ; il ne tarde pas à s’ennuyer à Nancy, et même s’il y a pas mal d’ironie dans tout cela, le lecteur aussi attend avec impatience la venue d’une péripétie qui viendrait débloquer la situation.

Péripétie qui finit par arriver heureusement, et comme je m’y attendais, les pages qui concernent Mme de Chasteller sont celles que j’ai le plus aimées. Hélas elles durent trop peu à mon goût, pour des raisons que je ne dévoilerai pas Lucien quitte Nancy et comme alors pour lui une nouvelle carrière, celle d’employé d’un ministère. Magouilles électorales, corruption et compagnie nous montrent de nouveau la fausseté du monde ; ce qui est le plus intéressant dans ce roman selon moi, c’est peut-être de voir le combat perpétuel qui se joue entre la sphère publique, la place dans le monde que Lucien Leuwen se sent obligé de tenir, et ce qui lui tient réellement à cœur, son dégoût de toutes ces manigances, son regret de Nancy.

Un passage assez long ensuite concerne le père de Lucien, et c’est, avec le début de la carrière militaire de Lucien, les pages du roman qui m’ont le moins plu, je dois même admettre que je me suis même un peu ennuyée ; mais étant donné que tout cela fait référence à une période historique que je ne connais guère et qui ne m’intéresse que moyennement, je m’attendais vraiment à peiner plus que cela sur ce roman ; en général Stendhal a réussi à m’intéresser à ce qu’il racontait, j’avais peur de trouver toute l’évocation des manigances politiques confuse, mais c’est resté assez clair finalement, et la lecture de ce roman n’a pas été désagréable, même si certains passages m’ont beaucoup plus passionnée que d’autres.

Je suis même étonnée de constater que j’aurais aimé au fond que cela soit plus long ; le roman est inachevé et je suis un peu restée sur ma faim, à nous de nous imaginer ce qui peut suivre… les notes sont nombreuses, je ne les ai pas toutes lues, beaucoup n’indiquent que des variantes pour un mot, et ne sont pas très utiles ; mais d’autres sont amusantes, les commentaires que Stendhal écrit au sujet de ses personnages par exemple sont assez drôles parfois, et on a alors l’impression de véritablement accompagner l’auteur dans son travail d’écriture. Voir par exemple que Stendhal lui-même semble capable de se lasser d’un sujet politique qui n’était pas non plus ce que je préférais m’a fait sourire : note 2 p 662 : "deux cent soixante-quatre pages d’élection. For me : il est bien temps de sortir des idées d’élection et d’intérêts d'ambition."

Extraits : "L'homme malheureux cherche à se fortifier par la philosophie, mais pour premier effet elle l'empoisonne jusqu'à un certain degré en lui faisant voir le bonheur impossible."

"En amour, il faut oser, ou l'on s'expose à d'étranges revers."

"La vieillesse n'est autre chose que la privation de folie, l'absence d'illusion et de passion. Je place l'absence des folies bien avant la diminution de la force physique.  Je voudrais être amoureux, fût-ce de la plus laide cuisinière de Paris, et qu'elle répondît à ma flamme. (...) Plus ta passion serait absurde, plus je l'envierais."

"J'oublie de vivre, se dit-il. Ces sottises d'ambition me distraient de la seule chose au monde qui ait de la réalité pour moi. Il est drôle de sacrifier son cœur à l'ambition , et pourtant de n'être pas ambitieux..."

"(...) Qu'est-ce qu'un amant ? C'est un instrument auquel on se frotte pour avoir du plaisir."

Vendredi 22 janvier 2010

http://bouquins.cowblog.fr/images/livres/thornytorinxcamilledeperetti080918103838.jpgQuatrième de couverture : Depuis toujours, Camille est une princesse. Elle doit donc avoir de jolies robes (traduisez: faire du shopping), être intelligente (comprenez intégrer une grande école de commerce) et être toujours la plus belle (en d'autres termes être mince). Elle s'attelle consciencieusement à la tâche et, à vingt ans, c'est une élève brillante, élégante, et une véritable brindille de 50 kilos pour 1 mètre 70. Mais lorsque ses études l'éloignent de ses rêves, que son cœur s'enflamme pour un beau ténébreux et que son poids commence à fluctuer, rien ne va plus. Son recours? Se faire vomir, systématiquement, jusqu'à l'obsession: Camille est devenue une boulimique anorexique. Seulement, les princesses ne sont pas malades, et pour l'ex-petite fille modèle va alors commencer un long et tortueux combat...

Mon avis : Un livre distrayant et vite lu, trop vite lu sans doute, je ne pense pas qu'il me marquera. Je ne me suis pas ennuyée, mais bizarrement ce livre m'a laissée froide. Je dis bizarrement car habituellement les livres qui parlent d'anorexie m'émeuvent beaucoup. Alors quoi ? Aurais-je trop lu sur ce sujet ? Je ne crois pas, il y a quelques mois j'ai bien lu Jours sans faim de Delphine de Vigan et je l'ai beaucoup aimé, rien à voir avec celui-ci.... en lisant Thornytorinx j'ai eu une impression de "déjà-lu", pas seulement à cause du sujet abordé, mais surtout à cause de la manière d'écrire. Ça va vite, c'est enthousiaste, ça interpelle le lecteur d'une façon un peu agressive parfois, avec une énergie un peu à la Lolita Pille. Je me disais qu'après Stendhal, j'avais envie d'une lecture qui demande peu de réflexion mais là en fait j'ai trouvé ce style trop facile, trop banal.

Et le problème surtout, c'est que je n'ai ressenti aucune empathie, aucune sympathie pour l'héroïne. Cette manie de se considérer comme une princesse m'a exaspérée. Et puis, quelle idée d'intégrer une grande école de commerce et de travailler pour une banque quand on a horreur des chiffres ? Facile de se plaindre après... alors ce n'est pas gentil de ma part de juger ainsi un personnage, d'autant plus que ce roman est autobiographique, mais... j'ai pas envie de me censurer non plus. On sent venir le happy end grâce au grand amour salvateur à des kilomètres, et l'image très complaisante que l'auteur a d'elle-même m'a agacée. A la fin elle semble un peu dédramatiser sa maladie d'une façon qui ne me semble pas très saine, et rien que le début, "j'ai vomi partout", me semble dit sur un ton provocateur, et je ne vois pas l'intérêt d'employer un tel ton... et ce qui m'a gênée enfin, ce sont les conclusions pleines de certitudes qu'elle nous fait subir, du genre "mon histoire, c'est l'histoire d'une fille qui..." Comment peut-on résumer en quatre mots des pans entiers de sa vie, sait-on jamais qui on est vraiment ?

Ce n'est pas un roman que je déconseille vraiment, si comme moi vous vous intéressez aux livres qui traitent de ce sujet vous pouvez essayer, mais si ce sujet vous intrigue et que vous n'avez encore jamais lu de roman abordant cette maladie je vous conseille plutôt Le pavillon des enfants fous de Valérie Valère, Petite de Geneviève Brisac, Jours sans faim de Delphine de Vigan ou Biographie de la faim d'Amélie Nothomb...
 


Nouveauté sur le blog : Remarquez qu'en bas de la colonne de droite j'ai installé un nouveau petit gadget que je trouve marrant, vous pouvez me poser toutes les questions qui vous passent par la tête, et mes réponses se trouvent . (vous pouvez aussi accéder à la page des réponses en cliquant sur formspring.me - ferioj) Les questions sont posées de façon anonyme mais rien ne vous empêche de signer vos questions si le cœur vous en dit !

Dimanche 24 janvier 2010

http://bouquins.cowblog.fr/images/livres/baguetteschinoises.jpgChallenge ABC 2010, 3ème livre lu ♦

Quatrième de couverture : "Je vais leur montrer, moi, à tous ces villageois, qui est une baguette et qui est une poutre ! " C'est ce cri qui a donné envie à Xinran d'écrire cette histoire. Celle, lumineuse, chaleureuse, émouvante, de trois sœurs qui décident de fuir leur campagne et le mépris des autres, pour chercher fortune dans la grande ville. Sœurs Trois, Cinq et Six n'ont guère fait d'études, mais il y a une chose qu'on leur a apprise : leur mère est une ratée car elle n'a pas enfanté de fils, et elles-mêmes ne méritent qu'un numéro pour prénom. Les femmes, leur répète leur père, sont comme des baguettes : utilitaires et jetables. Les hommes, eux, sont les poutres solides qui soutiennent le toit d'une maison. Mais quand les trois sœurs quittent leur foyer pour chercher du travail à Nankin, leurs yeux s'ouvrent sur un monde totalement nouveau : les buildings et les livres, le trafic automobile, la liberté de mœurs et la sophistication des habitants... Trois, Cinq et Six vont faire la preuve de leur détermination et de leurs talents, et quand l'argent va arriver au village, leur père sera bien obligé de réviser sa vision du monde. C'est du cœur de la Chine que nous parle Xinran. De ces femmes qui luttent pour conquérir une place au soleil. De Nankin, sa ville natale, dont elle nous fait voir les vieilles douves ombragées de saules, savourer les plaisirs culinaires et la langue truculente de ses habitants. Et d'un pays, une Chine que nous découvrons par les yeux vifs et ingénus des trois sœurs, et qui nous étonne et nous passionne car nous ne l'avions jamais vue ainsi.

Mon avis : une très bonne surprise ! Et pourtant, j'ai eu assez de mal à entrer dans cette histoire au début, le style me paraissait un peu simple, et les trois héroïnes un peu trop naïves, du moins leur façon de parler, certaines tournures de phrase m'ont donnée cette impression. Mais peu à peu, je me suis vraiment attachée aux personnages : chacune de ces trois sœurs a vraiment une personnalité bien à elle, l'alternance entre les récits qui concernent chacune d'entre elles est fluide, tout s'enchaîne très bien, et ce roman nous montre bien plus de trois points de vue ! Nous lisons les pensées, les ambitions des trois sœurs, leurs différentes visions du monde, des relations hommes-femmes, mais l'auteur intègre aussi de façon habile l'histoire de leur entourage, famille, amis... à travers ce roman nous allons donc à la rencontre de nombreux personnages, qui nous livrent autant de visions diverses du monde, et ce livre nous montre bien à quelles points les mentalités peuvent être différentes selon le sexe, l'âge, le pays mais aussi les régions, et enfin selon la personnalité de chacun !

Le combat que mènent ces trois sœurs est émouvant, j'ai surtout été passionnée par ce roman à partir du moment où on sent qu'elles s'interrogent de façon plus profonde sur ce qu'elles vivent, qu'elles remettent en question les idées qu'on leur a mis dans le crâne depuis toujours, tout en interrogeant aussi la manière de vivre plus "moderne" et "occidentale" en quelque sorte des citadins. Tout en soutenant de tout son cœur leur désir de liberté, on sent bien aussi que l'auteur n'a pas voulu donner de leçon, ni imposer son opinion, elle nous conte l'histoire de ses personnages en simple confidente et conteuse sans chercher à nous imposer sa propre vision des choses, à nous de réfléchir à tout ça... les descriptions du mode de vie chinois (ou plutôt des modes de vie, car on se rend bien compte que tout est très complexe !) m'ont fortement intéressée, et me donnent envie d'en savoir plus sur cette culture si éloignée de la nôtre par certains aspects. Ce roman nous livre vraiment une vision de l'intérieur de la Chine, pleine d'humanité mais sans dramatisation excessive, et j'ai eu un coup de cœur pour le personnage de Six.

Dimanche 24 janvier 2010

http://i652.photobucket.com/albums/uu249/mauviette/bigfish.jpgChallenge ABC 2010, 4ème livre lu ♦

Quatrième de couverture : "Les gens qui ont rendez-vous avec lui procèdent ainsi : ils se débrouillent pour savoir où il sera tel jour, calculent qu'un conducteur aussi lent restera dans les parages jusqu'à la fin de la semaine, puis prennent un avion pour l'aéroport le plus proche. Une fois arrivés, ils louent une voiture et roulent jusqu'à ce qu'ils l'aient rattrapé. Ils le dépassent et klaxonnent, mon père se tourne lentement vers eux (à la façon dont Abraham Lincoln aurait tourné la tête s'il avait jamais conduit une voiture, parce que, dans ma tête, dans le souvenir qui s'est logé imperturbablement dans mon cerveau, mon père ressemble à Lincoln, cet homme aux longs bras, aux poches profondes et aux yeux sombres) et il leur fait signe. Il s'arrête, et celui qui a besoin de lui parler vient prendre place à côté de lui, l'adjoint ou l'avocat s'assied à l'arrière, et, tout en roulant sur ces superbes routes vagabondes, ils concluent leur affaire. Et, qui sait, peut-être a-t-il même des liaisons amoureuses dans cette voiture, des idylles avec des femmes splendides, des actrices célèbres... "
Imaginez un père extraordinaire; imaginez des histoires à dormir debout qu'il vous ramène des quatre coins du monde, imaginez un héros mythique dont les berceuses sont comme autant d'épopées; imaginez un homme incapable de rester sérieux plus de quelques secondes; et puis, à l'heure de son dernier voyage, soudain, vous ne savez plus trop lequel de vous deux joue à faire l'enfant.

Mon avis : j’adore le film de Tim Burton depuis des années (c’est le premier Tim Burton que j’ai vu, aussi ^^), j’ai même fait un exposé dessus récemment, et j’avais donc envie de lire le livre pour enfin connaître l’histoire originale. Un de mes amis l’a lu et n’a pas aimé, j’avais donc peur que cela soit une grande déception pour moi aussi mais en fait, ça a été une lecture bien agréable. Dans ce livre, on a une foule de petits récits divers qui racontent des épisodes décousus de la vie du père, et ce n'est qu'en assemblant ce puzzle qu'on parvient à avoir une image à peu près entière de lui, ce procédé original qui fait d'Edward Bloom un personnage hors du commun m’a plu.

J’ai trouvé que tous ces portraits différents du même homme nous donnent une vision très positive, très élogieuse de lui, le conflit qui existe entre le père et le fils est montré dans le livre de façon moins claire, plus subtile que dans le film, et c’est selon moi un bon point pour le livre. On sent bien l’admiration que l’enfant avait pour le caractère extraordinaire de son père, qu’il considère pendant toute son enfance comme un héros, voire même comme un dieu (le sous-titre du roman, "roman aux proportions mythiques" permet aussi de comprendre à quel point le personnage d'Edward Blomm est vu comme un personnage hors du commun !) ; du coup quand son fils William est à son chevet pendant ses derniers moments et lui fait comprendre qu’il n’a pas été un père si parfait que cela, l’incompréhension entre les deux hommes me paraît encore plus cruelle en quelque sorte, plus triste que dans le film.

De manière générale le livre m’a peut-être plus attristée que le film, peut-être aussi parce que la scène qui concerne la mort réelle d’Edward Bloom est racontée plusieurs fois, de façon un peu différente, mais cette répétition de la réalité, qui s’oppose à la diversité des histoires, a quelque chose de lancinant, d’accablant… la relation entre Edward Bloom et Jenny Hill (la jeune femme de Specter) est aussi plus ambigüe dans le livre que dans le film…

Tim Burton a modifié de façon intelligente certains épisodes, a apporté sa propre vision des choses, l’univers du film m’a semblé plus coloré, plus gai, plus « fantastique » ; mais le livre a lui aussi des choses à dire, je m’attendais à quelque chose de plus chronologique (ce qui n’est pas du tout le cas), plus plat, plus creux… mais en fait le livre lui aussi renferme son propre univers, donc même si ma préférence va au film, ça n’a pas été une lecture décevante pour moi (attendu que je savais d’avance que les deux œuvres sont assez différentes)

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"Ne plus lire depuis longtemps, c'est comme perdre un ami important." (proverbe chinois)

Un livre au hasard

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