♦ Challenge ABC 2010, 2ème livre lu ♦
Quatrième de couverture : "Deux grands yeux s’approchèrent de mon visage et soudain, je ressentis une douleur fulgurante, comme si deux grandes aiguilles espacées de quelques pouces seulement s’enfonçaient profondément dans ma poitrine. Je me réveillai en hurlant. La chambre était éclairée par la chandelle qui était restée allumée toute la nuit, et je vis une silhouette féminine au pied de mon lit, un peu sur la droite."
L’action se passe dans un château de Styrie. L’héroïne, la jeune Laura, tombe sous le charme de la belle et mystérieuse Carmilla, dont l’arrivée énigmatique dans ce lieu isolé marque l’initiale d’une amitié tendre et exaltée.
De l’ouverture presque bucolique à la destruction du vampire que se révèle finalement être Carmilla, tout est là des ingrédients d’un roman gothique, classique du genre. Mais ici, le vampire est une femme, et à la transgression vampirique s’ajoute celle de l’homosexualité féminine, dans un récit tout de séduction et de sensualité.
Carmilla voit le jour en 1871, soit vingt-six ans avant son illustre successeur Dracula (1897), et ces vampires nous viennent d'Irlande, dont est originaire Sheridan Le Fanu, qui donne ici un chef d'œuvre incontesté.
Mon avis : whaouh !!! J'aime j'aime j'aime ! On trouve d'abord dans cette histoire tous les ingrédients que j'aime retrouver dans la littérature en général, et dans les nouvelles fantastiques du XIXème siècle en particulier : un personnage qui mène une vie un peu oisive (je crois que vivre dans un château avec des domestiques à mon service est l'un des rêves de ma vie ^^) à qui on raconte/ qui vit une aventure extraordinaire. Ici, la narratrice est une jeune fille tout charmante de naïveté, Laura (marrant comme la naïveté peut, selon les récits - selon les styles ? - me paraître mièvre ou charmante...), qui va accueillir une autre jeune fille, moins naïve et qui semble cacher un lourd secret... bon, la quatrième de couverture, et même simplement la réputation de cette nouvelle (j'en avais quand même entendu parler avant de la lire, pas vous ?) nous gâchent la surprise de la fin, mais heureusement, cette nouvelle magnifique a plus à nous offrir qu'un peu de suspense.
La narratrice, Laura, écrit ce récit huit ans après les faits ; et pourtant, elle parvient parfaitement à tout nous restituer avec la candeur qu'elle avait au moment de sa rencontre avec Carmilla ; ce que j'ai trouvé à la fois étonnant et délicieux, c'est le décalage qu'on remarque entre le désir d'objectivité et de précision de la narratrice qui raconte ce qui lui est arrivé, et l'envoûtement, le déni de ce qui nous paraît pourtant très évident, qui perce toujours à travers ce récit. Et tout comme l'héroïne, je me suis sentie fascinée par le personnage de Carmilla : oui, on comprend vite qu'elle est louche cette petite, et pourtant, on a envie de la défendre, on admire sa beauté ; à aucun moment je ne me suis vraiment senti du côté de Laura, même quand il est clair que cette dernière est en danger. Au delà du premier degré du texte, on peut voir à travers cette histoire vampirique tout un tas de questions sur l'amour, qui peut être un mélange de peur, de fascination, d'attirance, de douceur, d'amitié et de violence ; les descriptions sensuelles de leur relation ambiguë, de même que les rêves étranges que connaît Laura, m'ont véritablement semblé merveilleusement écrites, je reste encore à présent sous le charme et ai très envie d'acheter ce livre pour le garder avec moi !
Un vrai coup de cœur donc, qui confirme mon amour pour les histoires vampiriques classiques et bien menées comme celle-ci (je suis relativement peu attirée par les romans parlant de vampires qui sortent en ce moment) ; j'avais beaucoup aimé Dracula, mais je préfère Carmilla, ce personnage me touche plus, sa beauté et son apparente fragilité la rendent plus mystérieuse je trouve, elle constitue donc un danger moins prévisible. d'autant plus qu'il s'agit d'une histoire mettant en scène uniquement des femmes. Carmilla m'a semblé plus rythmé, l'intrigue est plus resserrée, la tension dramatique plus grande : c'est du moins mon impression, mais mon souvenir concernant Dracula est maintenant un peu flou.
As tu lu "la dame pâle" d'Alexandre Dumas?