Jeudi 8 avril 2010

http://bouquins.cowblog.fr/images/livres/letheatreenliberte.jpgQuatrième de couverture : La première édition du Théâtre en liberté de Victor Hugo, tel qu'il le concevait à la fin de son exil, en 1869. Quatre drames et cinq comédies, en prose ou en vers, injouables alors à cause de la censure, mais qui tous l'ont été depuis. De la fantaisie la plus débridée (La Forêt mouillée) au réalisme le plus minutieux (L'Intervention). Du grotesque d'un tyran (Mangeront-ils ?) à la folie meurtrière du fanatisme religieux (Torquemada). Tous les âges, toutes les classes de la société : des aristocrates aux S.D.F. (Mille francs de récompense). La révolte d'un peuple (L'Epée) et celle d'une femme (la seconde des Deux Trouvailles de Gallus). Entre Shakespeare et Brecht, la série de pièces la plus géniale du répertoire dramatique universel. Ce volume contient aussi : Les Gueux, Gabonus, Sur la lisière d'un bois, Être aimé.

Mon avis : un ouvrage au programme de mon cours sur la littérature du XIXème siècle, je dois pour ce cours lire 4 des pièces de ce recueil : La Forêt Mouillée, Mangeront-ils ?, Mille Francs de Récompense, Torquemada.

Lus pour le moment : La Forêt Mouillée et Mangeront-ils ? Avis à venir.

• La Forêt mouillée :
une pièce de théâtre très courte (je n'ai pas le bouquin sous la main mais ça doit être quelque chose comme 20 pages, à vérifier), et qui nous montre un personnage solitaire vaquant au milieu des bois, Denarius. Ce personnage fait l'éloge de la nature, étale sa misanthropie et se jure de ne jamais tomber amoureux... mais il est tout à fait ridicule (ce n'est pas un avis personnel, Victor Hugo a voulu le représenter ainsi), les fleurs et les divers éléments de la nature - qui parlent entre eux - se moquent de lui, et à raison puisqu'il va finalement tomber amoureux de la première grisette venue. L'intrigue est vraiment minimaliste, et le fait que la nature s'exprime est assez étrange, cela donne plein de petites répliques diverses, je me demande comment une telle pièce peut être représentée sur scène, avec des voix off peut-être? Il faut noter que ce recueil, Théâtre en liberté, regroupe justement des pièces d'Hugo qui pour diverses raisons, n'ont pas été mises en scène de son vivant. Celle-ci est très originale et l'idée de départ est plutôt drôle, mais je n'ai pas été vraiment séduite.


Mangeront-ils ? : une pièce en vers que j'ai globalement bien aimé ! Voici l'intrigue en deux mots : un jeune couple, Lord Slada et Lady Janet, fuit pour échapper au roi de Man, cousin de Lady Janet et qui souhaite l'épouser. Le roi part à leur recherche et les deux amoureux se retrouvent pris au piège  dans une forêt qui ne peut les nourrir car tout y est empoisonné ; un vagabond qui vit dans la forêt, Aïrolo, ainsi qu'une sorcière mourrante, Zineb, vont cependant les aider. Le renversement de situation de la fin est amusant et vraiment bien amené, le roi est ridicule à souhait et j'ai beaucoup aimé les personnages sauvages d'Aïrolo et Zineb ; seul bémol, certains passages s'étirent en longueur (Victor Hugo en convenait lui-même puisqu'il avait écrit en note des choses comme "raccourcir tel passage"), et les personnages des amoureux ne m'ont guère convaincue (et manque de bol, j'ai justement dû expliquer à l'oral un passage lyrique entre les deux un poil indigeste). Mais ça reste quand même une pièce intéressante que je vous conseille, ne serait-ce que pour la tirade où Aïrolo se présente, que j'ai beaucoup aimée.

• Mille francs de récompense : une pièce en prose relativement longue (environ 200 pages) est pour le moment, ma préférée du recueil, je l'ai trouvée assez imaginative et bien ficelée ! Elle m'a quand même pas mal fait penser à Mangeront-ils ? : on retrouve un personnage de vagabond au grand coeur (Glapieu), qui va aider deux couples d'amoureux pathétiquement pris au piège, en anéantissant du même coup le pouvoir d'un homme injuste. Le style est très vivant, la pièce est bien rythmée, j'ai bien retrouvé dans cette pièce le goût d'Hugo pour les antithèses que Tardieu évoquait en commentaire de son premier poème dans Margeries (il faudrait vraiment que je vous parle de Tardieu, un jour), et parfois j'ai trouvé qu'Hugo exagérait un peu en nous proposant des oppositions un peu trop faciles, mais bon, je pense que ce procédé fait aussi en partie la force du style hugolien, et je ne m'en plains pas, parce que malgré l'heure tardive cette pièce a réussi à me tenir en haleine et à me faire sourire de nombreuses fois !

Torquemada : un drame en vers qui raconte la montée au pouvoir de Torquemada, premier grand Inquisiteur d'Espagne (personnage qui a réellement existé), un fanatique qui pense que le salut des hommes passe par le bûcher... une figure terrifiante qui ne m'a pas laissée indifférente, et il y a quelques autres personnages intéressants dans cette pièce : Torquemada croise la route de Saint François de Paule (son opposé puisqu'il prône une religion plus indulgente, fondée sur l'amour et le pardon), et d'un pape athée (!) qui m'a plutôt amusée. On a aussi (j'ai envie de dire, comme d'hab'), un jeune couple d'innocents séparé par un roi jaloux, roi impuissant face à Torquemada... cette pièce m'a plutôt plu mais j'aurais tout de même préféré une autre fin que cette fin pathétique et sans issue que nous propose Victor Hugo !

Jeudi 8 avril 2010

http://bouquins.cowblog.fr/images/livres/lesescaliersdechambord.jpgQuatrième de couverture : Un homme a froid parce qu'il a oublié un ancien prénom. Il collectionne sur la terre entière tout ce qu'une main d'enfant peut étreindre. A Rome, à Tokyo, à Paris, à Londres, Edouard Furfooz vend des vieux jouets, des poupées, des miniatures, des dessus de tabatière : il vend les dons des Saturnales. Arrive le solstice d'hiver, où tout ce qui est petit est aimé, où les jours sont les plus courts. Alors que l'année, le feu, le soleil se préparent à revenir, c'est un intense amour qui revient.
Mon avis : assurément ma meilleure lecture d'avril ! (oui, je peux dire ça puisque je rédige mon avis début mai). La quatrième de couverture est assez énigmatique, alors laissez-moi vous éclairer un peu - même si vous pouvez aussi parfaitement choisir de lire le livre sans rien savoir ou presque, c'est ce que j'ai fait et je m'en porte très bien ! Le héros, Edouard Furfooz, est un collectionneur et marchant de jouets anciens qui ne cesse de voyager et qui connaît au cours du roman de nombreuses liaisons amoureuses. Ce héros ne se sent pas serein, il a l'impression malgré toutes ses conquêtes de ne pas réellement être capable d'aimer, et on comprend, au fur et à mesure, que ce "blocage" est lié à un souvenir d'enfance qu'il a si bien enfoui qu'il ignore de quoi il s'agit... et le roman est l'histoire de cette quête. Quête passionnante et qui mène à une révélation bouleversante.

Le personnage d'Edouard, enfantin et qui a des goûts bien tranchés, est très attachant. Les autres personnages ont aussi tous des particularités qui les rendent intéressants, atypiques, et comme je l'ai dit, la quête du souvenir est passionnante ; le lecteur sent qu'il y a quelque chose à trouver, cherche des indices, essaie de deviner les choses avant le personnage... mais malgré tous nos efforts, la révélation nous laisse baba, et j'aimerais relire ce livre pour voir tous ces indices disséminés tout au long du livre d'un autre œil ; j'en ai déjà vu pas mal puisque j'ai eu un exposé à faire sur cette œuvre en théorie littéraire, on a cherché à le disséquer, à le comprendre à fond, et je vous assure qu'il y a vraiment de quoi faire ! :p

Le style enfin m'a ravie, Pascal Quignard a une façon très belle et très spéciale de voir les choses ; pas de phrases emberlificotées, non, mais des phrases simples qui touchent, qui nous font voir les choses autrement, à travers les yeux de l'étonnant Edouard Furfooz, nous voyons la beauté du monde. De nombreux beaux passages qu'on a envie de noter, en bref je vous conseille fortement ce livre ! :)

Extraits :

"La lumière du soleil devenait si blanche et si vive qu'elle lui était pénible aux yeux. On était en mai. Il se dit qu'il achèterait des lunettes de soleil qui protègeraient ses yeux de l'intensité des rayons du soleil. Il se reprocha sur-le-champ de vouloir se protéger de la beauté du monde."

"Il ne savait plus s'il aimait l'amour. Les parades, la dépendance, le désir et les caquets, les joutes de domination - dans le fond ce sentiment peu humain était, depuis plus de deux siècles, parfaitement surestimé."


"Ce qu'Edouard admirait dans les chats - au contraire des chiens ou des amis ou de lui-même - était qu'ils ne cherchaient pas à plaire. Ils n'étaient pas comme ils croyaient qu'ils devaient être. Ils sont. Ils se taisent comme à jamais, comme définitivement. Ils triomphent."

Dimanche 25 avril 2010

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Toujours pas de nouveaux livres, mais encore un tag, je sais c'est décevant mais c'est la vie, ça reviendra :)

Voici donc un tag musical (personne ne m'a taguée mais je l'ai pris sur le blog de Dame-Meli). (cliquer sur la chanson vous permettra de l'écouter voire de visionner le clip, je le précise pour les moins intuitifs ^^)

1) La chanson que j'écoute en ce moment : The Mystic's Dream - Loreena McKennit (sur le blog de Dame Meli)
2) Qui me rend joyeuse : La femme à barbe - Emily Loizeau
3) Qui me rappelle un ex-copain : Face à la mer - Calogero
4) Qui me rappelle un ami perdu : Pas toi - Jean-Jacques Goldman
5) Qui me fait pleurer : Je ferai sans - Pauline Croze
6) Qui me fait réfléchir sur le monde : Plus rien - Les Cowboys Fringants
7) Qui en dit beaucoup sur moi : une de Da Silva que je préfère censurer ;)
8) Que j'aurais aimé écrire : Sympathique - Pink Martini
9) Qui fait que mes amis pensent à moi quand ils l'entendent : je sais pas, faudrait leur demander, ils le diront peut-être en commentaire ?
10) Qui me rappelle mon enfance : Les Bêtises - Sabine Paturel
11) Avec laquelle j'aime me réveiller : Flowers - Emilie Simon
12) Avec laquelle j'aime m'endormir : Song for Lovers - The do et Sea of Love - Cat Power
13) Pour laquelle je ferais n'importe quoi pour l'entendre en live : La Pantomime - Debout sur le Zinc (la version de l'album Les Promesses)
14) Qui me fait penser à ma solitude : Belle à en crever - Olivia Ruiz
15) Qui n'est pas mon type de musique mais je j'aime pourtant : Hips don't lie - Shakira
16) Avec laquelle j'aime travailler : dès que je mets de la musique, je ne travaille plus...
17) Que j'écoute dans ma voiture : Secret - The Pierces
18) Que j'écoute en boucle sans me lasser : Infréquentable - Bénabar et Dis, quand reviendras-tu ? - Barbara

Jeudi 29 avril 2010

http://bouquins.cowblog.fr/images/livres/letourdecrou-copie-1.jpgQuatrième de couverture : Le tour d'écrou est sans doute le plus célèbre des récits de Henry James. Récit, c'est-à-dire plus qu'une nouvelle et moins qu'un roman : l'exacte mesure pour mener à son terme la plus perfide stratégie narrative qu'on puisse imaginer.
Car que raconte Le tour d'écrou ? L'histoire de deux enfants que viennent hanter sous les yeux désespérés d'une jeune gouvernante impuissante, les fantômes dépravés qui se jouent de leur innocence envoûtée ? Ou l'histoire d'une jeune femme qu'un mélange d'éducation rigoriste et de vagues rêveries sentimentales mène à la névrose hallucinatoire, et que l'obsession du mal - on voudrait que l'anglais permît le même jeu de mots que le français - conduit à un délire où un garçon de dix ans trouve la mort ? Histoire de fantômes ou histoire de fantasmes ?
L'auteur, avec une virtuosité diabolique, ne choisit pas entre ces deux interprétations, préférant donner, jusqu'à la dernière ligne de son récit, un "tour d'écrou" de plus à l'angoisse de son lecteur.

Mon avis : j'avais lu une critique négative de ce récit sur le blog de Matilda, et du coup je m'étais dit que je ne le lirais peut-être pas, en tout cas que cela ne serait pas une priorité. Mais j'ai dû le lire précipitamment pour la fac, j'avais un exposé à préparer en anglais sur The Others (très bon film d'Alejandro Amenabar avec Nicole Kidman, plus d'infos ici) et une des questions auxquelles je devais répondre était : en quoi le film reflète-t-il les thèmes présents dans Le tour d'écrou ? Du coup j'ai dû lire ce récit pour répondre à cette question, la veille de mon exposé, ce n'étaient donc pas des conditions de lectures vraiment optimales... la première moitié du bouquin, j'ai vraiment bien aimé, le récit se présente majoritairement sous la forme du journal de la gouvernante (qui est donc la narratrice) écrit a posteriori, les évènements sont racontés rétrospectivement.

J'avais lu plusieurs critiques de personnes qui avaient trouvé le style de l'auteur très alambiqué, mais moi je n'ai pas trouvé, j'ai au contraire trouvé le style plutôt agréable.... on se pose plein de questions : pourquoi le petit Miles (le petit garçon que garde la gouvernante - et sa petite sœur s'appelle Flora) a-t-il  été renvoyé du collège alors qu'il semble si angélique ? La gouvernante en pince-t-elle réellement pour son employeur ? Pourquoi son employeur ne donne-t-il jamais signe de vie et pourquoi refuse-t-il d'être contacté ? Qu'est-il arrivé à la précédente gouvernante ? Dès le début, on sait qu'il va se passer quelque chose de terrible (la narratrice n'arrête pas d'insister sur cela, mais ce suspense appuyé finit même par devenir un peu lourd...) mais comme tout semble aller bien d'abord, on se demande vraiment ce qui cloche au juste...

Et puis, tout de même, la gouvernante commence à voir les fantômes, et c'est là que j'ai commencé à aimer un peu moins, parce que sa réaction me paraît vraiment très étrange : elle insiste énormément sur le fait que ces visions la terrifient mais ne semble pas remettre en cause leur existence, et quand elle en parle autour d'elle, on lui dit "ah oui, ce sont les fantômes de Quentin Quint et Miss Jessel, les anciens domestiques", personne n'a l'air de vraiment se demander ce qu'ils font là. Il est ensuite question de la mauvaise influence que ces fantômes auraient sur les gosses, et là pareil, flou total, la quatrième de couverture parle de "fantômes dépravés qui se jouent de leur innocence envoûtée", mais le récit n'est pas plus explicite que cela, aucun évènement ne vient justifier ce jugement, je n'ai pas du tout compris en quoi ces fantômes corrompent les enfants, ce qu'ils peuvent bien faire de répréhensible avec eux... et ça semble pourtant évident pour la gouvernante qui est horrifiée mais ne juge pas nécessaire de nous donner plus d'informations là-dessus.

http://photos.froggytest.com/d/44620-2/Tour+d+ecrou.jpgAlors une atmosphère mystérieuse, des doutes, ok, mais il y a en tellement qu'à la fin j'avais l'impression d'ignorer plus de choses que j'en savais, et de me perdre en cours de route, plus j'avançais dans ma lecture, plus tout cela me paraissait abstrait, d'autant plus qu'à la fin je luttais vraiment contre la fatigue, dur. Je ne sais pas quoi penser de la toute fin, ma réaction a été à peu près : "Hein !?! WTF ???", et j'ai été assez embarrassée ensuite pour répondre à la question pour mon exposé d'anglais (même si j'ai réussi finalement). Je pense donc être plutôt passée à côté de ce récit, mais il est clair que j'aurais bien plus apprécié ma lecture si j'avais pu la faire dans de meilleures conditions. Je ne pense pas que ce récit soit mauvais, mais je pense qu'il demande pour ma part que je le relise attentivement en repensant à la fin, afin d'élaborer plusieurs hypothèses et voir si tout cela est cohérent... et je pense que ça doit l'être, vu que Wikipedia me dit que ce récit a été grandement loué par Oscar Wilde et Jorge Borges, deux auteurs que j'admire beaucoup, et qui ont dû examiner ce récit de manière plus consciencieuse que je ne l'ai fait...

Du même auteur, j'ai lu et aimé l'Image dans le tapis, qui est aussi une nouvelle énigmatique, mais qui est dans mon souvenir plus plaisante (plus accessible ?) que le tour d'écrou. J'ai vu que ce récit avait été adapté en BD (ici, et cf image de droite), j'aimerais bien lire cette BD si j'en ai l'occasion, peut-être qu'elle m'éclairerait sur le sens de ce récit. Ludo en commentaire nous conseille également de regarder le film Les Innocents, une adaptation du Tour d'écrou.

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"Aimer à lire, c'est faire un échange des heures d'ennui que l'on doit avoir en sa vie, contre des heures délicieuses." Montesquieu

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