Dimanche 19 mars 2006

Genre : essai (même si l'auteur dit que cela doit se lire "comme un roman" ;-) )

Quatrième de couverture :

LES DROITS IMPRESCRITIBLES DU LECTEUR

1. Le droit de ne pas lire.
2. Le droit de sauter des pages.
3. Le droit de ne pas finir un livre.
4. Le droit de relire.
5. Le droit de lire n'importe quoi.
6. Le droit au bovarysme (maladie textuellement transmissible).
7. Le droit de lire n'importe où.
8. Le droit de grappiller.
9. Le droit de lire à haute voix.
10. Le droit de nous taire.

Mon avis : Un vrai hymne au plaisir de lire... pourquoi ne lisons-nous pas, pourquoi lisons-nous, comment lire, comment redonner le goût de la lecture ? Petit texte qui se lit très vite, facile à lire, non dénué d'humour, vraiment très très bien fait !!!! Plein d'allusions à de grands classiques (c'est moi ou Pennac est fan de littérature russe ???) qui font vraiment envie... Oui, je suis emballée. Daniel Pennac doit être un super-prof de français tout de même ^^
Persuadée que ce livre peut convaincre les plus réfractaires, pour peu qu'ils acceptent d'y jeter un oeil...

Mercredi 31 janvier 2007

Quatrième de couverture / extrait : "Beaucoup pourront s'étonner de ce qu'on parle ici d'humanisme. [...] Nous entendons par existentialisme une doctrine qui rend la vie humaine possible et qui, par ailleurs, déclare que toute vérité et toute action impliquent un milieu et une subjectivité humaine. [...]L'existentialisme n'est pas autre chose qu'un effort pour tirer toutes les conséquences d'une position athée cohérente. Elle ne cherche pas du tout à plonger l'homme dans le désespoir. Mais si l'on appelle, comme les chrétiens, désespoir toute attitude d'incroyance, elle part du désespoir originel. L'existentialisme, n'est pas tellement un athéisme au sens où il s'épuiserait à démontrer que Dieu n'existe pas. Il déclare plutôt : même si Dieu existait, ça ne changerait rien ; voilà notre point de vue. Non pas que nous croyions que Dieu existe, mais nous pensons que le problème n'est pas celui de son existence ; il faut que l'homme se retrouve lui-même et se persuade que rien ne peut le sauver de lui-même, fût-ce une preuve valable de l'existence de Dieu. En ce sens, l'existentialisme est un optimisme, une doctrine d'action."

Mon avis : Ah ! Mon ami Sartre. A vrai dire la lecture de ce (petit) ouvrage - retranscription d'une conférence - n'a d'abord pas été vraiment facile, loin de là. Ce qui est d'autant plus honteux quand on apprend ensuite qu'il s'agit de la thèse de Sartre très simplifiée, une espèce de "Sartre pour les nuls" (pour les terminales, en fait ^^) Je ne suis donc de toute évidence pas prête à lire L'Etre et Le Néant, mais qui sait cela viendra, peut-être, un jour, sûrement (?)
Mais après moult explications de ma bien-aimée Mme Floc'h, tout (!) s'éclaire. J'aime les idées de Sartre. La dureté optimiste. L'homme est "seul et sans excuse", "condamné à être libre", il n'est "rien d'autre que sa vie" Ce qui nous laisse beaucoup de possibilités donc, c'est chouette... =D Vive Sartre

Mercredi 26 septembre 2007

Quatrième de couverture : Paradoxalement, le XXe siècle, ce grand siècle tissé de nos drames, de nos plaisirs et de nos rêves, est encore peu étudié dans les classes, mal dessiné dans ses époques et ses équilibres. Des centaines d'écrivains, des milliers d'½uvres l'ont illustré. Impossible de les évoquer tous, même en se limitant aux ½uvres qui enchanteront encore le XXIe siècle. Ce volume en propose une vue panoramique et dynamique, pour aider les étudiants à tracer des itinéraires interprétatifs cohérents à travers les "vivants piliers" du monument. L'auteur avance des hypothèses de périodisation, confronte les grands courants d'inspiration, met en lumière les chefs-d'½uvre et enfin rend compte du foisonnement des créations.

Mon avis : un livre un peu "technique" que j'ai eu à lire pour la fac. Certains passages m'ont un peu ennuyée mais ce livre est globalement très intéressant, il permet de comprendre les liens entre Histoire et littérature, on voit quels ont été au cours du siècle les différents mouvements littéraires, comment il sont nés... on y parle aussi de l'engagement politique des écrivains. Ce bouquin est truffé de références, et il y a vraiment énormément d'auteurs que je ne connais pas... un livre assez court (128 pages, d'où le nom de la collection) et facile à lire, que je conseille à ceux qui comme moi sont en première année de Lettres Modernes.

Samedi 26 avril 2008

Quatrième de couverture : A tous ceux qui se plaignent de ne pas avoir le temps de lire, Henry Miller fait quelques suggestions pleines de bon sens : lisez dans les transports en commun ou, mieux encore, aux cabinets ! N'est-ce pas là un endroit calme où personne en vous dérangera ? Après tout, puisque nous sommes obligés d'y aller, pourquoi ne pas profiter au mieux du temps que nous y passons ? Pourtant, à bien y réfléchir, ce n'est peut-être pas une si bonne idée... Miller s'invite dans notre intimité et se livre à quelques réflexions désopilantes en mêlant souvenirs et anecdotes sur les cabinets... de lecture.

Mon avis : un peu déçue, quand j'ai acheté ce petit bouquin (très court, une cinquantaine de pages) je m'attendais à un truc léger, avec des petites statistiques inutiles et marrantes... et en fait c'est très sérieux lol, on a une vraie réflexion sur les circonstances dans lesquelles on lit, sur la lecture en général, et même au-delà, sur notre rapport au temps... en fait je suis sûre qu'en le relisant dans de meilleures conditions je trouverais cela infiniment intéressant, mais là je n'étais pas trop dans le bain et j'ai trouvé certains passages... un peu prise de tête. Mais il est clair qu'Henry Miller est un type intelligent et qui a réfléchi sur la question ! (ce texte est en fait le 13ème chapitre de l'ouvrage Les livres de ma vie).

Mardi 13 mai 2008

Résumé (trouvé sur Evene) : Chagrin d'école, dans la lignée de Comme un roman_, aborde la question de l'école du point de vue de l'élève, et en l'occurrence du mauvais élève. Daniel Pennac, ancien cancre lui-même, étudie cette figure du folklore populaire en lui donnant ses lettres de noblesse, en lui restituant aussi son poids d'angoisse et de douleur. Le livre mêle les souvenirs autobiographiques et les réflexions sur la pédagogie, sur les dysfonctionnements de l'institution scolaire, sur le rôle des parents et de la famille, sur le jeunisme dévastateur, sur le rôle de la télévision et des modes de communication modernes, sur la soif de savoir et d'apprendre qui, contrairement aux idées reçues, anime les jeunes d'aujourd' hui comme ceux d'hier.

Mon avis : un essai agréable dans l'ensemble, les passages autobiographiques ne sont pas les plus intéressants à mon avis, certains passages sont un peu longs mais j'ai trouvé ses réflexions sur l'école (où il nous fait partager quelques méthodes pédagogiques ludiques par exemple) et les jeunes d'aujourd'hui intéressantes, et je trouve que c'est un livre plutôt optimiste où on sent son amour pour son (ex)métier, cela m'a (peut-être) redonné (un peu) envie d'être prof... (:


Mardi 14 octobre 2008

Quatrième de couverture : Cette oeuvre semi-religieuse, semi-prophétique, connaît, depuis 1923, année de la publication de la version définitive en anglais, un immense succès auprès d'un public toujours renouvelé. Gibran, écrivain et penseur libanais (1883-1931), a voulu, comme le dit Adonis, "faire éclore dans l'homme tout ce qui le dépasse et tout ce qui est plus grand que lui : l'amour, la joie, la révolte, la liberté." Un message profond et simple, enclos dans une poésie éclatante.

Mon avis : un livre très court (une centaine de pages) qui m'a laissée perplexe. Le ton est un peu trop solennel, un peu trop affirmatif à mon goût, mais c'est une critique que je formulerais pour tous les textes religieux en général, et l'auteur essaie tout de même de nous transmettre sa pensée en nous posant des questions (rhétoriques pour la plupart), ce qui fait qu'il évite malgré tout un dogmatisme qui m'aurait été insupportable.

Le style est à la fois simple, clair, et empli de métaphores, d'images diverses qui donnent beaucoup de charme à l'ouvrage. Les réflexions d'ailleurs sont très intéressantes, je suis d'accord avec un grand nombre d'entre elles, Gibran fait beaucoup de parallèles entre nos comportements humains et des phénomènes naturels, on sent qu'il souhaite une réelle harmonie entre l'homme et la nature, on a comme une impression de sérénité en achevant notre lecture.

Enfin bref, c'est un texte philosophique accessible, fort bien écrit, et qui porte vraiment à réfléchir. A lire !

Mardi 6 janvier 2009

Un autre livre étudié récemment en littérature du XVIe, que j'ai lu encore plus partiellement que l'Adolescence clémentine =(... encore plus difficile à lire que Marot, car on est ici face à une prose développée, et qui développe justement des choses pas forcément évidentes, dans un style ne nous est décidément pas familier... et pourtant il lui arrive de dire des choses qui peuvent nous intéresser ce Montaigne, si si ! J'ai en général bien apprécié les extraits qu'on a étudiés en TD... mais je n'aurais certes guère pu les apprécier seule, sans le décryptage préalable du prof je crois bien :x J'ai lu le premier chapitre en entier, puis j'ai seulement lu les passages qu'on a étudiés en cours... mais je m'y remettrai, un jour... en commençant par la lecture du livre I déjà ! Ah oui, et si vous le lisez, je vous conseille de lire une version à l'orthographe modernisée (càd l'édition du Livre de Poche ci-contre), personnellement j'ai vraiment beaucoup de mal avec l'orthographe du 16ème siècle, même si ce n'est sans doute qu'une question d'habitude !

Samedi 24 janvier 2009

Quatrième de couverture : Que savons-nous du texte ? La théorie, ces derniers temps, a commencé de répondre. Reste une question : que jouissons-nous du texte ? Cette question, il faut la poser, ne serait-ce que pour une raison tactique : il faut affirmer le plaisir du texte contre les indifférences de la science et le puritanisme de l'analyse idéologique; il faut affirmer la jouissance du texte contre l'aplatissement de la littérature à son simple agrément. Comment poser cette question? Il se trouve que le propre de la jouissance, c'est de ne pouvoir être dite. Il a donc fallu s'en remettre à une succession inordonnée de fragments facettes, touches, bulles, phylactères d'un dessin invisible : simple mise en scène de la question, rejeton hors-science de l'analyse textuelle.

Mon avis : un essai court, pas aussi facile à lire que le prétendait mon prof, mais je m'y attendais, quelques passages m'ont paru un peu opaques mais j'ai pris des notes et je vais tâcher de me renseigner pour éclaircir certains points. L'ensemble est cependant intéressant et agréable à lire.

Citations : "L'ennui n'est pas loin de la jouissance : il est la jouissance vue des rives du plaisir."

"Inter-texte : impossibilité de vivre hors du livre infini"


Mon extrait préféré : "Plaisir du texte. Classiques. Culture (plus il y aura de culture, plus le plaisir sera grand, divers). Intelligence. Ironie. Délicatesse. Euphorie. Maîtrise. Sécurité : art de vivre. Le plaisir du texte peut se définir par une pratique (sans aucun risque de répression) : lieu et temps de lecture : maison, province, repas proche, lampe, famille là où il faut, c'est-à-dire au loin et non loin (Proust dans le cabinet aux senteurs d'iris), etc. Extraordinaire renforcement du moi (par le fantasme) ; inconscient ouaté."

Mercredi 5 janvier 2011

http://bouquins.cowblog.fr/images/livres/pourquoilire.jpgQuatrième de couverture :
"La lecture n'est pas contre la vie. Elle est la vie, une vie plus sérieuse, moins violente, moins frivole, plus durable, plus orgeuilleuse, moins vaniteuse, avec souvent toutes les faiblesses de l'orgueil, la timidité, le silence, la reculade. Elle maintient, dans l'utilitarisme du monde, du détachement en faveur de la pensée. Lire ne sert à rien. C'est pour cela que c'est une grande chose. Nous lisons parce que ça ne sert à rien."


Des conseils, des douceurs, des rosseries, et une conception de la lecture comme "sœur de la littérature", toutes deux marchant ensemble dans un combat contre le temps. Une philosophie de la lecture qui fait s'exclamer, s'enthousiasmer, applaudir, et qui ne donne qu'une envie : (la) relire.

Charles Dantzig est l'auteur du Dictionnaire égoïste de la littérature française (2005), et de l'Encyclopédie capricieuse du tout et du rien (2009).

Mon avis : un essai au titre alléchant qui me nargue depuis quelques mois en libraire... l'article de Matilda a accru mon envie de le lire et je suis bien contente de me l'être procuré en médiathèque (je vais pas répéter ça tout le temps, la plupart des livres que je lis sont des emprunts de toute façon mais je suis inscrite à cette médiathèque depuis peu alors je sais pas, la joie me fait radoter !).

Je lis très peu d'essais, car ils ne me tentent généralement pas, je trimballe toujours un vieux préjugé selon lequel les essais sont souvent compliqués et ennuyeux... le sujet de celui-ci m'intéresse fort et c'est pourquoi je l'ai choisi, et j'ai été étonnée de la vitesse à laquelle je l'ai dévoré, pensant que j'aurais besoin de pauses pour souffler et méditer entre chaque (court) chapitre, mais non, j'ai lu plus de la moitié d'une traite hier soir et ai fini le reste ce matin.... je l'ai lu quasiment avec la même avidité que Comme un roman de Daniel Pennac (essai que je vous recommande chaudement, que j'ai lu et relu et rerelu pas mal de fois) ! La fluidité de l'ensemble m'a donc agréablement surprise... même si le fond m'a (légèrement - mais alors trèès légèrement) déçue (je suis trop dure, ou peut-être que j'en attendais trop. Mais je vous le conseille hein !).

Les titres des différents chapitres sont variés et très attractifs, et la brièveté des chapitres (certains ne font même pas une page entière) laisse penser qu'on peut facilement en lire un par-ci par-là... type de lecture qui doit d'ailleurs être tout à fait possible, même si personnellement j'ai préféré tout avaler d'un coup ou quasiment. J'ai parfois regretté un décalage entre le titre du chapitre (simple, concret) et les réflexions dans lesquelles se lance Charles Dantzig : elles sont intéressantes (mais parfois je me suis sentie un peu frustrée par mes lacunes qui m'empêchaient de bien saisir précisément ce à quoi il faisait allusion...) mais à à plusieurs reprises je me suis un peu demandée quel était le rapport avec le titre du chapitre, les liens ne sont pas forcément directs... il m'a semblé qu'au final les réponses à la question du titre, Pourquoi lire ? ne sont pas si nombreuses que cela, elles se recoupent pas mal (je ne critique pas, je n'aurais pas fait mieux !), et à un moment donné j'ai plutôt eu l'impression que l'auteur cherchait surtout à donner sa conception de la lecture et particulièrement de ce qu'est "la bonne lecture" et le "bon lecteur" (qu'il appelle souvent "grand lecteur")... sujet de réflexion un peu casse-gueule car cela me semble plus subjectif que les raisons que tout le monde peut avoir de lire.

Cet essai n'est pas dénué d'humour, j'ai beaucoup apprécié par exemple qu'il donne aussi les raisons les moins "nobles" de notre envie de lire, liées à l'image positive que cette activité renvoie, et des chapitres comme "lire pour dépasser la moitié du livre" ou "naïveté du lecteur en faveur de la lecture" m'ont semblé à la fois lucides et vraiment amusants ! Sa critique de Stephenie Meyer, de la télévision, de l'inculture de certains libraires et de l'ignorance en général m'a aussi fait sourire même si je l'ai parfois trouvé un peu dur (mais je pense qu'il a raison sur le fond...)

Mais à d'autres moments, j'ai été agacée par son ton parfois un chouïa trop péremptoire à mon goût... en fait je dois admettre ma mauvaise foi : quand j'étais d'accord avec lui, son ton catégorique ne me gênait absolument pas et j'étais prise d'un élan d'admiration... et naturellement, quand ses propos me semblaient plus discutables, là j'aurais souhaité qu'il nuance un peu plus son discours (même s'il le fait un peu quand même mais...).

Un exemple typique de ce qui a pu m'exaspérer : dans le chapitre "Qui lit les chefs d'œuvre ?" il dit n'avoir jamais (il insiste bien sur le mot) surpris par hasard quelqu'un en train de lire un chef d'œuvre (il cite des auteurs "classiques" comme Proust et d'autres)... ce qui m'a plutôt indignée (mmh, je m'enflamme vite !), j'ai eu envie de lui dire d'ouvrir les yeux ! Je suis loin de passer ma vie dans les transports en commun et je suis bien plus jeune que lui mais j'ai déjà vu des gens lire Proust, et à plusieurs reprises encore ! Alors je n'arrive vraiment pas à le croire sur ce coup-là ! Les deux premières pages du topic "la pêche du jour des Livraddictiens curieux" (qui consiste à donner les titres de livres qu'on a pu croiser dans le métro et ailleurs) suffisent d'ailleurs à prouver qu'on croise des gens lisant Flaubert et Aldous Huxley par exemple... certes les gens lisant des best-sellers sont bien plus nombreux mais de là à nier complètement l'existence des lecteurs de classiques (et donc à se croire unique parce qu'il en lit, lui, évidemment...), il y a une marge !

Je ne suis donc pas à 100% fan de ce livre parce que je ne m'y suis pas toujours reconnue, mais cela m'a rappelé à quel point la littérature et la conception qu'on peut avoir de la lecture sont vastes, à quels points les lecteurs peuvent être différents, et c'est tant mieux ! Et il y a tout de même pas mal de passages que j'ai trouvés vraiment beaux... en conclusion je dirais que malgré les bémols que j'ai pu soulever, ça a été une lecture très positive, et c'est un essai que j'aimerais avoir dans ma bibliothèque pour pouvoir en relire des passages (voire tout !) un jour, et voir si mon avis au sujet de certains passages évolue au fil du temps !

Extraits :
"Lorsqu'on est farouche et qu'on n'ose pas aborder les gens, comme quelqu'un que je connais, les romans sont idéaux. Aux grands lecteurs les personnages des romans deviennent plus réels que les personnes de la vie. Ils pensent souvent à eux, leur rendent visite dans les livres, ils les aiment beaucoup, ils leur manquent souvent, les agacent parfois, enfin, des amis, quoi. A ceci près que ces amis imaginaires ne cachent rien. C'est pourquoi ils sont les seuls à ne jamais nous trahir, pensent les grands lecteurs, qui en oublient quelquefois de prendre le risque de vivre."

"Oui, on lit par protestation contre la vie. La vie est très mal faite. On y rencontre sans arrêt des gens inutiles. Elle est pleine de redites. Ses paysages sont interminables. Si elle se présentait chez un éditeur, la vie serait refusée. Encore plus, quand je pense aux dialogues qu'on entend. Comme ils sont lourds, hésitants, répétitifs ! Je crois que c'est une des causes de l'existence du théâtre. L'homme a inventé le théâtre parce qu'il n'en pouvait plus des conversations de café."

"Un livre n'est seul que quand il est inconnu. C'est la meilleure chance qu'il a d'être jugé pour lui-même. Et pour qu'il soit inconnu, il nous suffit d'être ignares."

"Le génie est un vampire. Il vole à l'écrivain mineur ses bonnes choses qu'il porte à un degré génial."

"Lorsqu'on lit, on tue le temps. (...) On a même, confusément, une sensation d'éternité. Voilà pourquoi les lecteurs sortant de leur livre ont un air de plongeur sous-marin, l'œil opaque et le souffle lent. Il leur faut un moment pour revenir au temps pratique. Et voilà pourquoi les grands lecteurs ont le sentiment d'être toujours jeunes. Ils n'ont pas été usés de la même façon par un emploi du temps, c'est-à-dire un temps employé à autre chose qu'à obéir au temps commun. Même à cent ans, ils meurent jeunes. Chaque nouvelle lecture a été une plongée dans un bain frais, un moment où on a, pas tout à fait illusoirement, vaincu le temps."

"Quand on lit énormément dans son jeune âge, je crois que c'est pour devenir écrivain et, si ça n'est pas réalisé, le grand lecteur devient un écrivain rentré. Il l'oublie à la longue, continue à lire, et c'est très beau s'il n'est pas amer. J'ai rencontré beaucoup moins de grands lecteurs amers de n'avoir pas écrit que de petits écrivains amers de n'être pas lus."

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"La littérature est la preuve que la vie ne suffit pas." Fernando Pessoa

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