Lundi 18 juillet 2011

http://bouquins.cowblog.fr/images/divers/foretMorvan.jpg(photo prise ce week-end, dans une forêt du Morvan)

Ce blog m'a manqué, je pensais être incapable de revenir mais finalement je crois que je peux, essayons en tout cas ; Bouquins entame donc sa troisième vie ! (1ère vie : b0uquins sur skyblog ; 2ème, mes premiers pas sur cowblog, avec ensuite pas mal d'activité au sein de la blogosphère livresque, avec la participation à de multiples challenges etc).

Je ne sais pas si ça sera "comme avant", je ne pense pas, mais ce n'est pas grave, il faut bien que ce blog évolue avec moi !... Quand je relis des passages de romans de Marc Levy, et quand je relis mes avis sur ces livres, je ne suis plus du tout d'accord avec moi, mais si je commence à snober la lectrice que j'étais il y a 5 ans, on n'est pas sorti de l'auberge ! sachez juste qu'aujourd'hui je ne complimenterai plus son style, cela suffit, et puis au fond, peu importe ce que vous pensez que je pense de ceci ou de cela, rien de ce qui est écrit ici ne compte vraiment, ça n'est jamais qu'une joyeuse collection d'émotions potentiellement éphémères....

En septembre peut-être n'aurai-je plus Internet / le temps de bloguer / le temps de lire ce que je veux (ô malheur !), mais ce n'est pas ça qui tuera Bouquins si j'ai envie de le maintenir en vie, il en verra d'autres avant d'être grand-père (comme dirait ma mère). C'est encore le bazar ici, aucun des articles "listes" (PAL, LAL, sommaires...) n'est à jour ; hormis quelques privilégiés, je ne visite presque plus de blogs livresques (ça me reprendra peut-être, ou pas), je ne compte plus m'inscrire à de nouveaux challenges (cette année je fais seulement le challenge ABC, j'en suis environ à la moitié), je n'ai pas non plus l'intention de refaire des swaps ou lectures communes dans les mois à venir ; je ne prends plus non plus le temps d'aller sur Livraddict, en gros je reviens, mais je me suis complètement laissée aller à mes penchants d'ours, j'espère que vous ne m'en tiendrez pas rigueur ! (sinon... tant pis pour vous ! :p)

Mes lectures depuis le 11 janvier
(date à laquelle Bouquins est tombé dans le coma pour ceux qui auraient loupé un épisode) :
- Qui j'ose aimer, d'Hervé Bazin
- J'ai nom sans bruit, d'Isabelle Jarry
- Libre, seul et assoupi, de Romain Monnery
- La Lectrice, de Raymond Jean
- Le Problème avec Jane, de Catherine Cusset
- 38 mini-westerns (avec des fantômes), de Mathias Malzieu
- Corps, de Fabienne Jacob
- Les Mouflettes d'Atropos, de Chloé Delaume
- La Mort du roi Tsongor, de Laurent Gaudé
- Totto-Chan, la petite fille à la fenêtre, de Testuko Kuroyanagi
- Le Cercle littéraire des amateurs d'épluchures de patates, de Mary Ann Shaffer et Annie Barrows
- Mademoiselle Liberté, d'Alexandre Jardin
- Le Livre du rire et de l'oubli, de Milan Kundera
- Dans le scriptorium, de Paul Auster
- La Délicatesse, de David Foenkinos
- Sur l'amour et sur la mort, de Patrick Süskind
- Le Barbier de Séville, de Beaumarchais
- La solitude des nombres premiers, de Paolo Giordano
- Nouvelles orientales, de Marguerite Yourcenar
- Sur la route, de Jack Kerouac
- Quelque chose en lui de Bartleby, de Philippe Delerm
- La Ferme Africaine, de Karen Blixen
- Des fleurs pour Algernon, de Daniel Keyes
- Into the wild : voyage au bout de la solitude, de Jon Krakauer
- Bérénice, de Jean Racine
- 37°2 le matin, de Philippe Djian
- Dans ma maison sous terre, de Chloé Delaume
- Le voyageur sans bagage, de Jean Anouilh
- Electre, de Jean Giraudoux
- Aurélien, de Louis Aragon
- L'Enfant Etoile, d'Oscar Wilde
- Notre besoin de consolation est impossible à rassasier, de Stig Dagerman
- Journal du dehors, d'Annie Ernaux

En gras, ceux que j'ai préférés, ou plutôt, ceux qui risquent de me marquer le plus.

Lundi 18 juillet 2011

http://bouquins.cowblog.fr/images/livres/journaldudehors.gif« De 1985 à 1992, j'ai transcrit des scènes, des paroles, saisies dans le R.E.R., les hypermarchés, le centre commercial de la Ville Nouvelle, où je vis. Il me semble que je voulais ainsi retenir quelque chose de l'époque et des gens qu'on croise juste une fois, dont l'existence nous traverse en déclenchant du trouble, de la colère ou de la douleur. »  A. E.

Me fait un peu penser à la BD La Vie secrète des jeunes, de Riad Sattouf, sauf que c'est quand même moins vulgaire, et la narratrice, Annie Ernaux, s'implique un peu plus dans le récit que Riad Sattouf qui n'est qu'un regard, un témoin (absolument pas neutre cependant, puisque le choix de s'intéresser à telle ou telle scène est déjà significatif, et ses dessins qui enlaidissent les personnages ont valeur de jugement). Ils s'agit moins d'anecdotes que d'instants banals, qui mis bout à bout donnent une atmosphère générale... comme dans la Vie secrète des jeunes (je ne peux décidément pas m'empêcher de faire le parallèle, même si à bien des égards les deux oeuvres sont très différentes), il y a plein de scènes qui me pincent le coeur, des petits moments d'humiliation, des scènes tristes avec des mendiants qu'on ignore, des caissières qu'on méprise ou des enfants qu'on rabroue... heureusement, l'auteur a aussi capturé des moments tendres et amusants, mais ils sont trop rares...
 
Je ne pense pas, de toute façon, qu'Annie Ernaux ait cherché à privilégier tel ou tel ton ; j'ai l'impression qu'elle a seulement essayé d'enregistrer des instants du quotidien, des moments d'attente et d'ennui (dans le RER, les supermarchés) auxquels on ne prend pas garde quand on les vit - et qu'on essaie même de nier, dans les lieux publics les gens s'ignorent complètement le plus souvent -, et elle a essayé de les observer, de les analyser... j'ai parfois trouvé son point de vue trop encombrant, légèrement condescendant dans certains cas (même si je suis à peu près sûre qu'elle ne serait pas d'accord avec moi).
 
J'apprécie tout de même ce projet de se souvenir de ce qui nous semble sans intérêt... en effet quand notre vie change et qu'on perd nos repères, on se rend compte que toutes ces choses quotidiennes que nous pensions nulles constituaient l'essentiel de notre vie ou presque et je trouve ça triste, quand tout part en fumée sans prévenir, et quand c'est une fois qu'on a oublié quelque chose qu'on se rend compte qu'on aurait aimé lui garder une petite place dans notre esprit.
 
Moi qui connais encore peu Paris, mais qui vais peut-être devoir m'habituer à cette foule mouvante à la rentrée, cela m'a intéressée de lire au sujet de ces "rencontres" un point de vue différent du mien qui reste très flou ; et j'étais contente enfin quand un nom de station croisé il y a quelques jours était évoqué.
 
http://bouquins.cowblog.fr/images/photos/escaliermetro.jpgpage 36 :
Pourquoi je raconte, décris, cette scène, comme d’autres qui figurent dans ces pages. Qu’est-ce que je cherche à toute force dans la réalité ? Le sens ? Souvent, mais pas toujours, par habitude intellectuelle (apprise) de ne pas s’abandonner seulement à la sensation : la “mettre au-dessus de soi”. Ou bien, noter les gestes, les attitudes, les paroles de gens que je rencontre me donne l’illusion d’être proche d’eux. Je ne leur parle pas, je les regarde et les écoute seulement. Mais l’émotion qu’ils me laissent est une chose réelle. Peut-être que je cherche quelque chose sur moi à travers eux, leurs façons de se tenir, leurs conversations. (Souvent, pourquoi ne suis-je pas cette femme ?” assise devant moi dans le métro, etc.)

Samedi 23 juillet 2011

[N. B. : c'est la fête, dans cette "nouvelle" version de Bouquins je ne m'impose aucune contrainte et par conséquent je m'autorise à spoiler autant que je le veux, dans l'absolu. Bon, je ne fais pas de gros spoilers (je raconte pas la fin) ou alors je préviens avant. Mais (ce que je vais dire est évident mais autant mettre les choses au clair une bonne fois pour toutes) si vous vous voulez ne rien savoir sur l'intrigue ni sur les personnages afin de tout découvrir par vous-mêmes, et surtout s'il s'agit de livres que vous prévoyez de lire très bientôt, évitez de lire mes articles (sauf si vous avez mon pouvoir magique qui consiste à oublier instantanément les synopsis de livres/films - souvent je décide de lire un livre parce qu'un jour longtemps avant j'ai lu son résumé et il m'a plu, mais au moment de commencer ma lecture je ne sais plus du tout de quoi il s'agit). ]

http://bouquins.cowblog.fr/images/livres/afarewelltoarms.png
(étrange, l'illustration de l'édition originale de 1929, je ne vois pas très bien le rapport... ? ah, et ce roman est "semi-autobiographique" d'après l'
ami wikipedia.)

Frédéric Henry, jeune Américain volontaire dans les ambulances sur le front d'Italie, pendant la Première Guerre mondiale, est blessé et s'éprend de son infirmière, Catherine Barkley. Avec Catherine, enceinte, il tente de fuir la guerre et de passer en Suisse, où le destin les attend.
Un des meilleurs romans de guerre. Un des plus grands romans d'amour.


Tout ce qui concerne la guerre proprement dite ne m'a pas vraiment passionnée ; pourtant c'était intéressant, parce qu'on est en Italie, le héros est états-unien, alors ça change un peu du point de vue franco-français qu'on a habituellement (quand je dis "habituellement" je pense surtout à mes vieux cours d'Histoire) ; mais je n'ai pas réellement cherché à connaître le contexte avec précision, on a peu de dates, le héros lui-même n'accorde pas tant d'importance que ça à la progression de la guerre, d'abord parce qu'il est chargé de récupérer des blessés pour les amener à l’hôpital, mais ne combat pas ; mais surtout parce qu'il est blessé dès le début et tout ce qui comptera dès lors, c'est son histoire d'amour avec Catherine. (et évidemment, c'est sur cet aspect de l'histoire que je me suis concentrée moi aussi).

http://bouquins.cowblog.fr/images/livres/ladieuauxarmes.jpgDans mon édition, il est écrit à la fin de la quatrième de couv' "un des plus grands romans d'amour" ; tout à fait le genre d'affirmations superlatives dont je me méfie toujours, par peur de tomber sur un truc qui se prenne trop au sérieux, un truc trop mélo-mielleux, (et surtout, mal écrit). M'enfin, c'est Hemingway donc j'avais confiance (sa réputation m'intimide suffisamment et j'ai aimé Le Vieil homme et la mer il y a des années), les éditeurs peuvent bien frimer si ça les amuse. Le début de leur histoire est d'ailleurs légèrement mitigé, puisqu'il admet ne pas être amoureux d'elle (parce que c'est un narrateur interne donc on est au courant, mais en fait il lui ment en l'assurant de son amour dès le départ), ça a le mérite d'être réaliste au moins, on ne nous embobine pas.

Je ne sais pas trop quoi penser de Catherine. Elle est très amoureuse du héros et ça se sent énormément, on a du "mon chéri" à toutes les phrases et elle cherche toujours à être sa "bonne petite femme"... elle minaude pas mal. Mais finalement, cela m'a plu. Je ne peux décemment pas la mépriser en la considérant comme une femme soumise : il faut prendre en compte les mœurs de l'époque, et puis, elle est amoureuse, vraiment amoureuse de lui, ils sont en temps de guerre, tout est plus fragile, et par conséquent tout bonheur n'en résonne que plus fort ! Et qui ne se permet pas des minauderies un peu bêtes quand on est vraiment amoureux, émerveillé par la simple compagnie de l'autre ? Ce n'est pas un couple qui cherche à "paraître", on a accès à leur intimité (je ne parle pas de sexe, là, non, pas du tout, rien de cru dans ce roman, c'est vraiment tout public), à leurs petits plaisirs tout simples, la simple perspective d'un bon repas les met en joie par exemple. Ils sont trop mignons quand ils se parlent tout poliment parce qu'ils ont peur de se froisser, ils sont aux petits soins l'un pour l'autre... et ce qui rend notre héros héroïque, c'est finalement son attachement pour Catherine, et son envie de se sortir vivants tous les deux de ce bazar. (détail sans importance : j'ai été frappée par leur consommation d'alcool, et surtout par le fait que Catherine continue de boire pendant sa grossesse ^^)

Et puis je ne sais pas quoi penser de la fin. On en pressent une, et puis finalement on se dit non c'est trop prévisible, puis aaah mais non il peut pas se passer ça, si, non ? Et voilà. Le titre est bien cruel, en fait. (oui, dans mon esprit cette phrase est un commentaire de la fin, mais cherchez pas à comprendre en fait).

Deux
adaptations ciné, que j'aimerais bien voir naturellement, mais je n'en fais pas une priorité. D'autres avis sur ce livre ici et peut-être un jour .

(rigolo, la couverture de l'édition originale et celle de mon édition ont les mêmes couleurs, c'est fait exprès vous croyez ?)

Mercredi 27 juillet 2011

http://www.eric-chevillard.net/images/livres/lautofictif.jpg     http://www.eric-chevillard.net/images/livres/lautofictifvoituneloutre.png     http://www.eric-chevillard.net/images/livres/lautofictifpereetfils.jpg

Connaissez-vous le blog d'Eric Chevillard ? [ SI NON, CLIQUEZ ICI ] Tous les jours - depuis 1305 jours aujourd'hui - il y écrit trois courts textes (généralement une phrase). Des pensées, des jeux de mots, des métaphores plaisantes et des images inattendues, de nombreux paradoxes, et puis assez souvent des références à ses filles, à la littérature en général et à ses livres en particulier. C'est bien écrit et ça décroche au moins une envie de sourire mentalement par jour. Je connais son blog depuis longtemps, je n'y vais pas quotidiennement (je ne sais pas pourquoi... je n'y pense pas ! peut-être y penserai-je plus après avoir écrit cet article) mais j'aime y rôder de temps en temps. Chaque année en septembre est publié sur papier le contenu annuel du blog, il y a déjà trois tomes : l'autofictif, l'autofictif voit une loutre, et le troisième, qui est celui que j'ai emprunté à la médiathèque l'autre jour (et que j'ai depuis rendu sans le lire intégralement, mais après l'avoir beaucoup feuilleté) : l'autofictif, père et fils.

Je ne suis pas une fan inconditionnelle de cette œuvre, il y a des phrases moins réussies que d'autres, des fragments qui tombent un peu à plat ou que je ne comprends pas (par ignorance d'une référence)... mais je dirais que j'apprécie beaucoup les deux tiers, et puis, je ne peux qu'admirer et applaudir cette performance ! Trois "trucs" par jour à écrire sur son blog, tous les jours, depuis plus de 3 ans ! damned, j'en serais bien incapable (ou alors ça serait vraiment de la merde dans mon cas).

Voici la quatrième de couverture de L'autofictif père et fils, je ne serais peut-être pas tout à fait aussi élogieuse mais je suis quand même d'accord :

"Une pratique hygiénique se répand depuis trois ans, avant ou après le brossage des dents : lire sur le Net le triple billet quotidien de “L’autofictif”. Ainsi le conformisme qui cariait nos méninges, le tartre du bon sens qui se déposait sur nos lobes, le déchaussement qui menaçait nos synapses font place à la délicieuse sensation que nos pensées matinales ont l’haleine fraîche. Profond, hilarant, bouleversant, constamment intelligent, ce journal ne laisse pas le lecteur en repos. Y rencontrer un homme confronté à la mort des siens, à la vie qui réclame pourtant, à la bêtise, aux vanités, est une expérience de lecture formidable où savourer cette rareté absolue : le style. (J.-L. B.)"


Je vous propose aussi celle du premier tome, où l'auteur présente son projet :

«    En septembre 2007, sans autre intention que de me distraire d’un roman en cours d’écriture, j’ai ouvert un blog, quel vilain mot, j’ai donc ouvert un vilain blog et je lui ai donné un vilain titre, plutôt par dérision envers le genre complaisant de l’autofiction qui excite depuis longtemps ma mauvaise ironie.
    Rapidement j’ai pris goût, et même un goût extrême, à cet exercice quotidien d’intervention dans le deuxième monde que constitue aujourd’hui Internet et à ces petites écritures absolument libres de toute injonction.
   Mon identité de diariste est ici fluctuante, trompeuse, protéiforme. Je me considère à mon tour comme un personnage, je bascule entièrement dans mes univers de fiction où se rencontre aussi, non moins chimérique, le réel. Je ne m’y interdis rien, c’est le principe, ni la sincérité ni la mauvaise foi, ni même à l’occasion l’assassinat.
     Ces pages pourront être lues ainsi comme la chronique nerveuse ou énervée d’une vie dans la tension particulière de chaque jour. »


Quand j'aurai un travail (et le salaire qui va avec), je pense que j'achèterai ces trois tomes (d'ici là, il y en aura peut-être 4 ou 5 ahah), parce que c'est vraiment agréable à parcourir, j'aimerais avoir tout cela à portée de main (sur le blog on trouve seulement les textes de l'année en cours, et je préfère feuilleter un livre qu'un blog, vous vous en doutez). [ Il y a un certain nombre d'albums / livres / BDs / films  que j'aime et dont j'ai pu profiter gratuitement que j'aimerais posséder quand j'en aurai les moyens, afin de remercier financièrement leurs auteurs. ]

Il faut aussi préciser que l'Autofictif est loin d'être la seule œuvre d'Eric Chevillard, vous pouvez voir sa bibliographie ici (d'ailleurs si vous avez lu un de ses autres livres à me conseiller en particulier....). J'ai également apprécié la lecture de cet entretien de 2008.

Je vous laisse sur cet extrait que j'aime :

http://bouquins.cowblog.fr/images/divers/lautofictif.jpg

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"Pour savoir écrire, il faut avoir lu, et pour savoir lire, il faut savoir vivre.", Guy Debord

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