Quatrième de couverture : De nos jours, à La Nouvelle-Orléans, un jeune homme a été convoqué dans l'obscurité d'une chambre d'hôtel pour écouter la plus étrange histoire qui soit. Tandis que tourne le magnétophone, son mystérieux interlocuteur raconte sa vie, sa vie de vampire.
Mon avis : aaaah, enfin ! Cela faisait bien longtemps que je voulais le lire mais il est épuisé et je ne parvenais pas à le trouver en bibliothèque, merci à Claire-Marie de me l'avoir prêté ! :D (et en cherchant l'image de la couverture sur priceminister pour cet article, j'ai vu une annonce qui le proposait à 4 euros et du coup je l'ai commandé à l'instant, contente !)
Je n'ai pas été d'emblée séduite par ce roman. Je n'aime pas trop les moments où on nous rappelle la situation d'énonciation, le jeune homme qui écoute les confessions de Louis m'a paru plutôt inutile et idiot, forcément fade comparé à Louis, et les descriptions de son effroi face à ce qu'il écoute m'ont paru banales, sans intérêt.... Avant que le récit de Louis ne commence, je me suis dit "ohlàlà dans quoi je m'embarque", mais une fois que Louis est lancé dans son récit le style s'améliore largement (et le récit de Louis constitue environ 95% du livre alors ça va !)
L'histoire est riche et développée, et on suit toute la progression de Louis, depuis son existence de mortel, je me suis complètement attachée à ce personnage, qui a une véritable profondeur psychologique, on suit l'évolution douloureuse de sa mentalité, sa transformation en vampire est loin d'entraîner chez lui un changement fixe et stable, on voit au contraire que tout se fait progressivement, pendant longtemps Louis va garder des principes moraux qui vont l'empêcher de basculer véritablement dans le monde des vampires, et le voir ainsi rongé par la culpabilité est troublant, comme on s'attache forcément à lui, on est presque tenté de l'inciter à commettre les meurtres qu'il s'empêche d'abord de commettre et qui le soulageraient pourtant.... j'ai eu peur à un moment que l'histoire stagne, qu'on reste sans fin embourbé dans des problèmes de cet ordre, mais Louis va dépasser ce premier stade de culpabilité pour en connaître bien d'autres !
Les autres personnages de vampires sont peu nombreux donc chacun a une grande importance : en plus d'être enfermé dans sa condition de vampire qui l'isole à jamais des autres mortels, Louis est de plus aliéné par l'influence de celui qui l'a transformé, Lestat, qui lui semblait merveilleusement charismatique au début mais dont l'aura se dissipera à cause de certains évènements, et surtout parce que ces deux-là n'ont absolument pas la même vision du monde.
J'ai adoré le personnage de Claudia, et le personnage d'Armand enfin m'a beaucoup intriguée ! L'existence de Louis est tour à tour passionnée et brillante, violente, désespérée : les descriptions des meurtres qu'il commet sont assez crues, et ce qui est troublant surtout, c'est l'érotisme qui s'y mêle, l'acte de tuer est la jouissance suprême du vampire, et comme tout nous est expliqué du point de vue de Louis, difficile de ne rester insensible à ces descriptions, qui nous laissent pourtant voir des choses horribles ! Les relations entre vampires sont très fortes et ambigües, et n'ont pas vraiment d'équivalent dans le monde des humains, ou alors des équivalents absolus ou qu'on pourrait considérer comme pervers (quand je pense à la relation entre Louis et la petite Claudia par exemple)...
Je suis sortie de cette lecture assez déprimée je dois dire, je ne parviens pas trop à me dégager de ce livre d'ailleurs (alors que ça fait plusieurs heures que je l'ai fini !), vraiment l'impression que Louis m'a communiqué son désespoir... maintenant j'aimerais bien lire le tome suivant, mais ça m'ennuie un peu qu'il s'appelle
Lestat le vampire, parce que là je n'ai envie que de continuer à connaître l'histoire de Louis, Lestat ne m'intéresse pas, zut, je l'aime paas ! Enfin bref, je vais vous recopier un passage que j'aime bien puis j'essaierais de me trouver une occupation qui me changera les idées ^^ J'aimerais bien voir le film aussi !
Extrait :
"Combien pensez-vous qu'il y ait de vampires qui aient la trempe nécessaire pour affronter l'éternité ? Pour commencer, ils ont de l'immortalité les notions les plus sinistres. Car, en devenant immortels, ils voudraient que tout ce qui a été l'accompagnement de leur vie devienne immuable et incorruptible comme ils le sont eux-mêmes. Que les véhicules gardent la même forme rassurante, que les vêtements conservent la coupe qui leur allait du temps de leur jeunesse, que les hommes continuent de s'habiller et de parler de la façon qu'ils ont toujours comprise et appréciée. Alors qu'en réalité tout change, sauf le vampire lui-même ; tout, à l'exception du vampire, est soumis à la décomposition et à la corruption permanentes. Bientôt, si l'on possède une âme peu flexible, et souvent même si on l'on est doué de souplesse d'esprit, l'immortalité devient une peine de prison que l'on purge dans une maison de fous peuplée de figures et de formes totalement inintelligibles et sans valeur. Un soir, le vampire en se levant se rend compte que ce qu'il a craint, pendant des dizaines d'années peut-être, est arrivé : il se rend compte tout simplement qu'à aucun prix il ne veut vivre davantage. Que les styles, les modes, les formes d'existence qui lui rendaient l'immortalité attrayante ont tous été balayés de la surface du globe. Et que rien ne subsiste qui puisse le libérer du désespoir, sinon l'acte de tuer."