Quatrième de couverture : "Durant les deux premières années de mon mariage, mes rapports avec ma femme furent, je puis aujourd'hui l'affirmer, parfaits (...) L'objet de ce récit est de raconter comment, alors que je continuais à l'aimer et à ne pas la juger, Emilia au contraire découvrit ou cru découvrir certains de mes défauts, me jugea et, eu conséquence, cessa de m'aimer."
(Cette quatrième de couverture est un extrait de la première page, que je trouve très belle, et que je vais bientôt mettre en ligne)
Mon avis : Un livre lu vite, avec un certain malaise... vous est-il déjà arrivé de vous sentir accablé parce que vous avez l'impression que quelqu'un que vous aimez ne vous aime plus, suite à une dispute ou pire, sans que vous compreniez pourquoi ? Eh bien j'ai eu cette sensation désagréable en lisant Le Mépris, car c'est ce qui arrive au héros, et je me suis totalement identifiée à lui. Héros un peu maladroit, on voit ses défauts nous, et lui-même ne porte parfois pas un jugement très tendre envers sa femme, quoi qu'il en dise... mais cependant il est vrai qu'il n'apparaît pas du tout comme un être vil, et les motifs véritables du profond mépris que sa femme ressent pour lui sont bien mystérieux. Les découvrir, les comprendre, et tenter de les renverser, est donc l'objectif du narrateur, ainsi qu'il l'énonce clairement à la première page.
La suite peut faire songer à une enquête : le narrateur raconte assez méthodiquement (sans que cette rigueur devienne jamais ennuyeuse) sa vie avec sa femme et les différents évènements qui ont peut-être pu conduire à sa situation actuelle. Tout est vu du point de vue du mari, on assiste donc à tous ses doutes, à son désespoir... bien que la situation semble dès le début extrêmement critique, on espère avec lui un rebondissement qui conduirait à une réconciliation durable. Toute sa vie, ou plutôt toute son envie de vivre dépend de son bonheur conjugal ; on a aussi accès à la vie professionnelle de Riccardo Molteni, son travail de scénariste (qu'il trouve très pénible) va en effet se retrouver curieusement lié à sa vie amoureuse pour plusieurs raisons... il doit écrire un scénario adapté de l'Odyssée d'Homère, et un étrange parallèle se dessine entre la vie sentimentale désastreuse du héros et l'interprétation de l'Odyssée faite par le metteur en scène : selon lui, Ulysse fait exprès de mettre tant de temps à rentrer à Ithaque car en vérité il n'a aucun envie de rentrer chez lui sachant que Pénélope ne l'aime plus... cette interprétation originale m'a intéressée et le parallèle avec les problèmes de couple de Molteni est troublant et habilement amené...
L'auteur se joue vraiment de son lecteur, nous faisant confondre fiction et réalité, nous faisant tour à tour espérer et désespérer ; la sensation de malaise persistant dont j'ai déjà parlé prouve bien à quel point j'ai été plongée dans l'univers du roman, je me suis interrogée, j'ai souffert avec le héros, et il me semble, à l'instar du personnage, avoir aimé sa femme Emilia, femme plutôt énigmatique pendant la majeure partie du roman, et qu'objectivement je n'ai pourtant pas trouvé très sympathique... encore une très belle découverte, les œuvres d'Alberto Moravia sont un nouveau domaine que j'ai envie de creuser ! Et à présent je vais pouvoir regarder le film de Godard avec Brigitte Bardot....
(Cette quatrième de couverture est un extrait de la première page, que je trouve très belle, et que je vais bientôt mettre en ligne)
Mon avis : Un livre lu vite, avec un certain malaise... vous est-il déjà arrivé de vous sentir accablé parce que vous avez l'impression que quelqu'un que vous aimez ne vous aime plus, suite à une dispute ou pire, sans que vous compreniez pourquoi ? Eh bien j'ai eu cette sensation désagréable en lisant Le Mépris, car c'est ce qui arrive au héros, et je me suis totalement identifiée à lui. Héros un peu maladroit, on voit ses défauts nous, et lui-même ne porte parfois pas un jugement très tendre envers sa femme, quoi qu'il en dise... mais cependant il est vrai qu'il n'apparaît pas du tout comme un être vil, et les motifs véritables du profond mépris que sa femme ressent pour lui sont bien mystérieux. Les découvrir, les comprendre, et tenter de les renverser, est donc l'objectif du narrateur, ainsi qu'il l'énonce clairement à la première page.
La suite peut faire songer à une enquête : le narrateur raconte assez méthodiquement (sans que cette rigueur devienne jamais ennuyeuse) sa vie avec sa femme et les différents évènements qui ont peut-être pu conduire à sa situation actuelle. Tout est vu du point de vue du mari, on assiste donc à tous ses doutes, à son désespoir... bien que la situation semble dès le début extrêmement critique, on espère avec lui un rebondissement qui conduirait à une réconciliation durable. Toute sa vie, ou plutôt toute son envie de vivre dépend de son bonheur conjugal ; on a aussi accès à la vie professionnelle de Riccardo Molteni, son travail de scénariste (qu'il trouve très pénible) va en effet se retrouver curieusement lié à sa vie amoureuse pour plusieurs raisons... il doit écrire un scénario adapté de l'Odyssée d'Homère, et un étrange parallèle se dessine entre la vie sentimentale désastreuse du héros et l'interprétation de l'Odyssée faite par le metteur en scène : selon lui, Ulysse fait exprès de mettre tant de temps à rentrer à Ithaque car en vérité il n'a aucun envie de rentrer chez lui sachant que Pénélope ne l'aime plus... cette interprétation originale m'a intéressée et le parallèle avec les problèmes de couple de Molteni est troublant et habilement amené...
L'auteur se joue vraiment de son lecteur, nous faisant confondre fiction et réalité, nous faisant tour à tour espérer et désespérer ; la sensation de malaise persistant dont j'ai déjà parlé prouve bien à quel point j'ai été plongée dans l'univers du roman, je me suis interrogée, j'ai souffert avec le héros, et il me semble, à l'instar du personnage, avoir aimé sa femme Emilia, femme plutôt énigmatique pendant la majeure partie du roman, et qu'objectivement je n'ai pourtant pas trouvé très sympathique... encore une très belle découverte, les œuvres d'Alberto Moravia sont un nouveau domaine que j'ai envie de creuser ! Et à présent je vais pouvoir regarder le film de Godard avec Brigitte Bardot....