/!\ pour lecteurs avertis /!\
Quatrième de couverture : Pierre raconte comment, après une enfance religieuse, il fut, à l'âge de dix-sept ans, initié à la perversion par sa mère. Plongeant grâce à elle dans l'orgie et la débauche, il découvre l'extase de la perdition où se mêlent l'angoisse, la honte, la jouissance, le dégoût et le respect. Respect pour cette femme, la mère, qui a su brûler ses vaisseaux jusqu'au dernier et qui, ayant touché le fond de l'abîme, entraîne son fils dans la mort qu'elle se donne. Ma mère est l'un des textes les plus violents, les plus scandaleusement beaux de Georges Bataille, qui disait de lui-même : " Je ne suis pas un philosophe, mais peut-être un saint, peut-être un fou ", sachant que c'est dans cette ambiguïté même que réside la seule philosophie.
Mon avis : mouais... déçue. A la mort de son père alcoolique qu'il déteste, le héros et narrateur, Pierre, apprend de la bouche de sa mère qu'elle n'est pas aussi pure qu'il le pensait mais qu'elle est au contraire une débauchée finie ; elle lui déclare alors que non seulement elle ne veut plus rien lui cacher de ses agissements, mais qu'elle veut en plus qu'il la suive dans cette voie... aveuglé par son amour pour sa mère et convaincue que cette vie peut avoir des charmes, que de telles ignominies sont empreintes de grandeur, Pierre se laisse très facilement entraîner. S'ensuit une nouvelle vie de plaisirs et de fête, tout se déroule dans une atmosphère d'ivresse, les personnages enflammés tiennent des propos lyriques ou presque incohérents, et même si les scènes de sexe sont plus suggérées que racontées avec précision, on comprend bien que c'est l'activité qui domine... je me suis assez vite lassée, alors que ce roman est court (126 pages) j'ai eu le temps de m'ennuyer... la dernière partie du roman surtout, dans laquelle le personnage de la mère est presque totalement absent (sauf à la fin), m'a parue plutôt dénuée d'intérêt.
La brusque révélation de la véritable nature de sa mère aurait dû soulever beaucoup de questions et de réticences chez le héros (qui avant la mort de son père s'apprêtait à rentrer dans les ordres !), mais cet aspect des choses est très peu développé, je m'attendais à plus de réflexions, plus de profondeur ; même la fin tragique survient sans toucher vraiment le lecteur, alors que la dernière péripétie est le paroxysme de la déchéance entamée par les personnages, on a l'impression qu'il ne s'agit au fond que d'une aventure de plus dans le tourbillon d'une vie de plus en plus floue... certes, ce roman n'a pas été achevé, il manque certains passages non rédigés ou non lisibles, qui ont été résumés par l'éditeur, mais je pense que ce qui m'intéressait le plus, à savoir le recul du fils sur l'attitude de sa mère et sur la sienne, m'aurait de toute façon manqué. Je me demande ce que donne l'adaptation de Christophe Honoré (avec Isabelle Huppert et Louis Garrel).