Quatrième de couverture : Un bassin, des massifs de roses et un plaqueminier donnent de quoi faire au jardinier d'une vieille dame qui, depuis la mort de son mari, se sent très seule et en danger dans sa grande maison au cœur de la ville. Les fleurs donnent des fruits, les kakis mûrissent et elle ne se prive pas d'en offrir, notamment à son locataire.
Des liens subtils se tissent entre eux, que vient troubler l'apparition d'une fiancée...
Mon avis : la quatrième de couverture correspond à la nouvelle éponyme qui clôt le recueil ; et d'ailleurs, il ne s'agit pas d'un jardinier, mais du locataire de la vieille dame, qui au départ ne s'occupait absolument pas du jardin. Cette dernière nouvelle, contrairement aux quatre autres nouvelles de ce recueil, donne une vision quasi-légendaire de l'univers des personnages : le lecteur apprend tout le passé de la vieille dame, son mariage, et la vie plutôt fastueuse et idyllique qu'elle a mené avec son défunt mari, dans une atmosphère qui rappelle un peu l'univers des contes. Bien sûr, le présent de la vieille dame est moins reluisant, c'est au final une nouvelle très mélancolique sur la solitude, la fuite du temps.
Les trois premières nouvelles, Les taches, l'appartement et le Père-Lachaise parlent aussi d'amour, de couple, mais les héros de ces nouvelles sont plus jeunes et ancrés dans une époque plus proche de la nôtre ; à travers ces nouvelles, l'auteur nous fait surtout voir la désillusion de jeunes femmes déçues par leur mariage, et qui cherchent à trouver une solution à leur problèmes ; on voit bien l'incompréhension (beaucoup de bels exemples de dialogues de sourds !), le décalage entre les mentalités de l'homme et de la femme, entre les différentes générations, entre ceux qui gardent une vision traditionnelle du couple, et ceux qui sont plus tentés par le modèle occidental. Les femmes peinent à sortir du carcan qu'on cherche à leur imposer, partagées entre l'envie de prendre soin de leur mari et de leur maison comme on leur a toujours enseigné, et par leur désir de liberté, ou tout simplement d'égalité ; mais il n'y a aucun manichéisme, aucune caricature, les hommes ne sont pas systématiquement assimilés à des bourreaux maltraitant leurs épouses soumise, tout reste complexe et lié à la psychologie de chaque personnage : certaines femmes de ce recueil ne comprennent pas le mode de vie moderne que leur mari leur propose, d'autres soumettent leur mari à leurs caprices.
Le tout est écrit dans un style serein, très lié à la nature, aux petites choses de la vie domestique, nourriture, vêtements, que de belles descriptions parviennent à sublimer ; j'avais déjà aimé ce style particulier à l'écrivaine irannienne quand j'avais lu un autre de ses recueils de nouvelles parlant aussi principalement du couple et de la vie des femmes, Comme tous les après-midi. Dans Le Goût âpre des kakis, on trouve plus d'images de conflits, et les personnages sont moins profondément liés à l'Iran, beaucoup vivent en Europe, ou sont attirés par le mode de vie européen, on sent vraiment une tension, une hésitation entre les deux cultures. La troisième nouvelle, L'Harmonica, m'a moins plu, elle met en scène des hommes amis qui vont se retrouver séparés par le mariage de l'un d'eux et leurs idéaux différents : je ne doute pas que ce changement de point de vue ait son intérêt, mais j'ai trouvé cette nouvelle un peu trop décousue ; mais toutes les autres m'ont vraiment beaucoup touchée ! J'aimerais à présent lire un roman de cet auteur, pour suivre ses personnages plus longtemps ; je pense que je lirai donc On s'y fera quand je le pourrai. Lire des livres de cette auteur est pour moi une occasion unique de connaître une culture qu'on connaît en fait très peu de l'intérieur, chacune de ses nouvelles est empreinte d'une atmosphère, d'un charme particulier, et c'est pourquoi je vous conseille les œuvres de Zôya Pirzâd !
Bonus : entretien avec l'auteur
Des liens subtils se tissent entre eux, que vient troubler l'apparition d'une fiancée...
Mon avis : la quatrième de couverture correspond à la nouvelle éponyme qui clôt le recueil ; et d'ailleurs, il ne s'agit pas d'un jardinier, mais du locataire de la vieille dame, qui au départ ne s'occupait absolument pas du jardin. Cette dernière nouvelle, contrairement aux quatre autres nouvelles de ce recueil, donne une vision quasi-légendaire de l'univers des personnages : le lecteur apprend tout le passé de la vieille dame, son mariage, et la vie plutôt fastueuse et idyllique qu'elle a mené avec son défunt mari, dans une atmosphère qui rappelle un peu l'univers des contes. Bien sûr, le présent de la vieille dame est moins reluisant, c'est au final une nouvelle très mélancolique sur la solitude, la fuite du temps.
Les trois premières nouvelles, Les taches, l'appartement et le Père-Lachaise parlent aussi d'amour, de couple, mais les héros de ces nouvelles sont plus jeunes et ancrés dans une époque plus proche de la nôtre ; à travers ces nouvelles, l'auteur nous fait surtout voir la désillusion de jeunes femmes déçues par leur mariage, et qui cherchent à trouver une solution à leur problèmes ; on voit bien l'incompréhension (beaucoup de bels exemples de dialogues de sourds !), le décalage entre les mentalités de l'homme et de la femme, entre les différentes générations, entre ceux qui gardent une vision traditionnelle du couple, et ceux qui sont plus tentés par le modèle occidental. Les femmes peinent à sortir du carcan qu'on cherche à leur imposer, partagées entre l'envie de prendre soin de leur mari et de leur maison comme on leur a toujours enseigné, et par leur désir de liberté, ou tout simplement d'égalité ; mais il n'y a aucun manichéisme, aucune caricature, les hommes ne sont pas systématiquement assimilés à des bourreaux maltraitant leurs épouses soumise, tout reste complexe et lié à la psychologie de chaque personnage : certaines femmes de ce recueil ne comprennent pas le mode de vie moderne que leur mari leur propose, d'autres soumettent leur mari à leurs caprices.
Le tout est écrit dans un style serein, très lié à la nature, aux petites choses de la vie domestique, nourriture, vêtements, que de belles descriptions parviennent à sublimer ; j'avais déjà aimé ce style particulier à l'écrivaine irannienne quand j'avais lu un autre de ses recueils de nouvelles parlant aussi principalement du couple et de la vie des femmes, Comme tous les après-midi. Dans Le Goût âpre des kakis, on trouve plus d'images de conflits, et les personnages sont moins profondément liés à l'Iran, beaucoup vivent en Europe, ou sont attirés par le mode de vie européen, on sent vraiment une tension, une hésitation entre les deux cultures. La troisième nouvelle, L'Harmonica, m'a moins plu, elle met en scène des hommes amis qui vont se retrouver séparés par le mariage de l'un d'eux et leurs idéaux différents : je ne doute pas que ce changement de point de vue ait son intérêt, mais j'ai trouvé cette nouvelle un peu trop décousue ; mais toutes les autres m'ont vraiment beaucoup touchée ! J'aimerais à présent lire un roman de cet auteur, pour suivre ses personnages plus longtemps ; je pense que je lirai donc On s'y fera quand je le pourrai. Lire des livres de cette auteur est pour moi une occasion unique de connaître une culture qu'on connaît en fait très peu de l'intérieur, chacune de ses nouvelles est empreinte d'une atmosphère, d'un charme particulier, et c'est pourquoi je vous conseille les œuvres de Zôya Pirzâd !
Bonus : entretien avec l'auteur
J'en profite pour te dire que j'aime beaucoup la forme de tes nouveaux avis. :)
Meli