Résumé : La solitude à deux, tel était le rêve d'Emile et de Juliette. Une maison au fond des bois pour y finir leurs jours, l'un près de l'autre. Etrangement, cette parfaite thébaïde comportait un voisin. Un nommé Palamède Bernardin, qui d'abord est venu se présenter, puis a pris l'habitude de s'incruster chez eux chaque après-midi, de quatre à six heures. Sans dire un mot, ou presque. Et cette présence absurde va peu à peu devenir plus dérangeante pour le couple que toutes les foules du monde...
Mon avis : La quatrième de couverture de mon édition ne me tentait pas trop, c'est sans doute pour cela que je n'avais pas encore lu ce roman d'Amélie Nothomb (maintenant il ne me reste plus que Péplum, sauf erreur de ma part). J'avais peur d'être déçue, et finalement j'ai tout lu d'une traite (comme toujours avec Nothomb me direz-vous, la brièveté de ses romans permet cela) ; ça a été une expérience de lecture un peu bizarre pour moi : en effet j'ai trouvé ce roman moins rythmé que d'autres romans de cet auteur : c'est assez lent, et répétitif : mais n'en déduisez pas que je me suis ennuyée, non : mais j'ai trouvé cette écriture étouffante, tout comme les personnages j'ai souffert de la visite récurrente et finalement inquiétante de ce voisin silencieux, toujours mécontent et qui s'obstine dans son incrustation, cela devient peu à peu un vrai cycle infernal, un huis clos terrifiant dans lesquels notre sympathique couple se retrouve empêtré !
Tout comme le héros de ce roman, Emile Hazel, j'ai progressivement ressenti une impression de dégoût, qui s'est amplifiée au fur et à mesure que je progressais dans ma lecture : dégoût provoqué par le comportement incompréhensible de M. Bernardin, par les descriptions peu ragoûtantes du physique de M. Bernardin et de sa femme, mais aussi par les différentes réactions du héros, tantôt lâches, tantôt cruelles, et pourtant, on s'identifie à lui... (même si pour ma part j'arrive très bien à ne pas ouvrir ma porte et à laisser sonner le téléphone : ainsi les principes de politesse ne m'ont pas trop pourrie, ouf !). La personnalité de Palamède Bernardin comme la cause de son comportement restent toujours un mystère, on ne peut les envisager qu'à travers les hypothèses successives qu'Emile et Juliette forment à leur sujet, et le jugement d'Emile sur son voisin est très instable, ce qui nous montre bien à quel point une attitude imprévisible nous désarçonne, à quel point chaque individu fait correspondre sa manière d'agir à une étiquette, à un schéma déjà connu... Au final je sors de cette lecture un peu nauséeuse, un peu comme quand j'ai fini Truismes, de Marie Darrieussecq. C'est donc indubitablement une lecture qui a fortement touché mes sens, et qui m'enfonce un peu plus dans ma misanthropie : vous devez donc comprendre, si vous me connaissez un minimum, que j'ai beaucoup aimé ce roman, même si je n'ai pas envie de le relire tout de suite à cause du malaise qu'il a fait naître en moi.
Beaucoup de passages m'ont interpellée, je vais en recopier quelques-uns ici ; et c'est un livre que je vous conseille, il m'a semblé plus riche, plus profond que certaines autres œuvres d'Amélie (que j'aime pourtant !) comme Journal d'hirondelle ou le Voyage d'hiver. J'ai trouvé que ce livre-ci distrayait son lecteur d'une façon plus subtile, plus dangereuse peut-être aussi, en nous faisant vraiment nous interroger sur nos comportements, et notamment nos comportement "mondains" : on joue de jolies comédies sans cesse et cela se passe bien quand notre interlocuteur joue le même jeu que nous ; mais que se passe-t-il quand notre interlocuteur se rebelle par sa grossièreté, son mutisme ? Rapidement, nous nous trouvons désemparés, et c'est ainsi notre propre vacuité, notre propre faiblesse que l'interlocuteur rebelle nous révèle.... mais j'en dis trop, si vous voulez connaître les réponses d'Amélie à ces passionnantes questions, lisez donc.
Mon avis : La quatrième de couverture de mon édition ne me tentait pas trop, c'est sans doute pour cela que je n'avais pas encore lu ce roman d'Amélie Nothomb (maintenant il ne me reste plus que Péplum, sauf erreur de ma part). J'avais peur d'être déçue, et finalement j'ai tout lu d'une traite (comme toujours avec Nothomb me direz-vous, la brièveté de ses romans permet cela) ; ça a été une expérience de lecture un peu bizarre pour moi : en effet j'ai trouvé ce roman moins rythmé que d'autres romans de cet auteur : c'est assez lent, et répétitif : mais n'en déduisez pas que je me suis ennuyée, non : mais j'ai trouvé cette écriture étouffante, tout comme les personnages j'ai souffert de la visite récurrente et finalement inquiétante de ce voisin silencieux, toujours mécontent et qui s'obstine dans son incrustation, cela devient peu à peu un vrai cycle infernal, un huis clos terrifiant dans lesquels notre sympathique couple se retrouve empêtré !
Tout comme le héros de ce roman, Emile Hazel, j'ai progressivement ressenti une impression de dégoût, qui s'est amplifiée au fur et à mesure que je progressais dans ma lecture : dégoût provoqué par le comportement incompréhensible de M. Bernardin, par les descriptions peu ragoûtantes du physique de M. Bernardin et de sa femme, mais aussi par les différentes réactions du héros, tantôt lâches, tantôt cruelles, et pourtant, on s'identifie à lui... (même si pour ma part j'arrive très bien à ne pas ouvrir ma porte et à laisser sonner le téléphone : ainsi les principes de politesse ne m'ont pas trop pourrie, ouf !). La personnalité de Palamède Bernardin comme la cause de son comportement restent toujours un mystère, on ne peut les envisager qu'à travers les hypothèses successives qu'Emile et Juliette forment à leur sujet, et le jugement d'Emile sur son voisin est très instable, ce qui nous montre bien à quel point une attitude imprévisible nous désarçonne, à quel point chaque individu fait correspondre sa manière d'agir à une étiquette, à un schéma déjà connu... Au final je sors de cette lecture un peu nauséeuse, un peu comme quand j'ai fini Truismes, de Marie Darrieussecq. C'est donc indubitablement une lecture qui a fortement touché mes sens, et qui m'enfonce un peu plus dans ma misanthropie : vous devez donc comprendre, si vous me connaissez un minimum, que j'ai beaucoup aimé ce roman, même si je n'ai pas envie de le relire tout de suite à cause du malaise qu'il a fait naître en moi.
Beaucoup de passages m'ont interpellée, je vais en recopier quelques-uns ici ; et c'est un livre que je vous conseille, il m'a semblé plus riche, plus profond que certaines autres œuvres d'Amélie (que j'aime pourtant !) comme Journal d'hirondelle ou le Voyage d'hiver. J'ai trouvé que ce livre-ci distrayait son lecteur d'une façon plus subtile, plus dangereuse peut-être aussi, en nous faisant vraiment nous interroger sur nos comportements, et notamment nos comportement "mondains" : on joue de jolies comédies sans cesse et cela se passe bien quand notre interlocuteur joue le même jeu que nous ; mais que se passe-t-il quand notre interlocuteur se rebelle par sa grossièreté, son mutisme ? Rapidement, nous nous trouvons désemparés, et c'est ainsi notre propre vacuité, notre propre faiblesse que l'interlocuteur rebelle nous révèle.... mais j'en dis trop, si vous voulez connaître les réponses d'Amélie à ces passionnantes questions, lisez donc.
Extraits : "J'attendais la retraite comme le mystique attend la mort.
Ma comparaison n'est pas gratuite. Juliette et moi avons toujours aspiré à être libérés de ce que les hommes ont fait de la vie. Etudes, travail, mondanités même réduites à leur plus simple expression, c'était encore trop pour nous.(...) Nous voulions quitter cette perte de temps qu'est le monde"
Ma comparaison n'est pas gratuite. Juliette et moi avons toujours aspiré à être libérés de ce que les hommes ont fait de la vie. Etudes, travail, mondanités même réduites à leur plus simple expression, c'était encore trop pour nous.(...) Nous voulions quitter cette perte de temps qu'est le monde"
" - (...) Qu'en pensez-vous, Palamède ?
Nous eûmes beau attendre, il ne répondit rien. Je ne pouvais pas m'empêcher de l'admirer ; qu'il fût demeuré ou non, il avait ce courage ou ce culot que je n'avais jamais eu : ne rien répondre. Ni "Je ne sais pas", ni haussement d'épaules. Indifférence absolue. De la part d'un homme qui s'imposait chez moi pendant des heures, cela relevait du prodige. J'étais fasciné. Et je l'enviais d'en être capable. Il n'avait même pas l'air d'être gêné - c'était nous qui l'étions ! Le comble ! J'avais tort de m'en étonner, d'ailleurs : si les rustres étaient honteux de leurs manières, ils cesseraient d'être rustres. Je me surpris à songer que ce devait être merveilleux d'être une brute. Quelle réussite : se permettre toutes les indélicatesses et en faire retomber les remords sur les autres, comme si c'étaient eux qui s'étaient mal conduits !"
(Pourtant j'ai détesté Truismes.)
J'aime beaucoup tes avis très développé.