Quatrième de couverture : "Je ne peux plus me contenter de ce que les gens disent ni de ce qu'il y a dans les livres. Je dois penser par moi-même et tâcher d'y voir clair", dit Nora, avant de prendre la porte. Celle qui semblait avoir tout misé sur le compromis tourne le dos à la mascarade de sa vie conjugale. Pour mieux renaître à elle-même, peut-être. Cette porte qui claque à la fin du drame fit scandale à l'époque et continue, aujourd'hui encore, de résonner à nos consciences. Cette nouvelle traduction, au plus près de l'original, tente de ressaisir ce que fut l'apport rythmique d'Ibsen au théâtre : une écriture laconique, économe et précise, agencée comme un théorème.
Mon avis : une pièce de théâtre qui figurait dans la liste de livres à lire fournie par des profs de ma fac (liste que je n'ai toujours pas mise en ligne d'ailleurs, le ferais-je un jour ? Mystère), je l'ai lue sans savoir du tout ce quoi elle parlait (je mets la quatrième de couverture dans mes articles, mais je l'ignore moi-même souvent). J'ai apprécié cette lecture, mais je me suis demandée pendant presque toute la pièce où l'auteur (et surtout l'héroïne, Nora) voulait en venir. J'ai mis un certain temps à comprendre en quoi consistait le déshonneur qui la guettait, et quand je l'ai enfin compris, j'ai pensé "tout ça pour ça ?" même si, en y réfléchissant bien, je peux deviner, comprendre le désastre qui la menace. Dès le début, l'apparente niaiserie (qui en fait cache une relation artificielle) du couple Nora-Helmer m'a un peu agacée, et j'ai été bien contente, du coup, de voir que la remise en cause de ce couple était plus ou moins l'enjeu de la pièce.
J'aurais aimé que les personnages de Madame Linde (une amie d'enfance de Nora qui resurgit) et de Krogstad soient plus développés, qu'on sache de manière plus claire (plus rapide ?) leur véritable rôle dans la pièce car j'ai parfois trouvé ça un peu flou, mais au fond, développer ces personnages n'aurait pas été vraiment utile, je peux donc bien sacrifier de bon cœur cet infime confort de lecture, en savoir plus et plus clairement aurait nui à l'intrigue. On sent que quelque chose de grave se prépare, sans savoir vraiment quoi craindre, et cette incertitude augmente la tension dramatique. J'ai beaucoup de compassion pour le personnage du docteur Rank (mais je n'expliquerai pas pourquoi, tant pis pour vous). Et enfin, le personnage de Nora, qui me laissait un peu perplexe (qu'a-t-elle derrière la tête ?, n'ai-je cessé de penser) devient grandiose à la fin, quand elle montre sa vraie nature j'ai eu envie d'applaudir son très beau plaidoyer pour la vérité et la liberté., et j'imagine bien le scandale que ce discours féministe a pu provoquer lors de la création de cette pièce en 1879 ! J'aimerais voir cette pièce jouée, je pense qu'alors chacun des personnages (tous ont un intérêt) serait bien mieux mis en valeur.