Lundi 7 septembre 2009

http://bouquins.cowblog.fr/images/livres/venuserotica.jpg/!\ POUR LECTEURS AVERTIS /!\

~> CHALLENGE ABC 2009, lettre N - 20ème livre lu <~

Quatrième de couverture : Les lecteurs français du tome III du célèbres Journal d'Anaïs Nin savent qu'en 1940, sur l'instigation d'un mystérieux collectionneur, Henry Miller et Anaïs Nin écrivirent des "érotiques". Ce fut à la fois un défi, un exercice de style, un jeu ; et un moyen de gagner de l'argent dans une période où les amis d'Anaïs étaient à court. L'exigeant collectionneur demandait que l'on insiste sur le sexe, au détriment de toute poésie, ce qui choquait profondément les convictions d'Anaïs Nin, mais ne l'empêcha pas de fournir de nombreuses pagesinspirées par des lectures, des discussions, des confessions et des expériences réelles.
Longtemps, ces textes furent mis en sommeil.
"En les relisant, bien des années plus tard, je m'aperçois que ma propre voix n'a pas été complètement étouffée. Dans de nombreux passages, de façon intuitive, j'ai utilisé le langage d'une femme, décrivant les rapports sexuels comme les vit une femme. J'ai finalement décidé de publier ces textes érotiques, parce qu'ils représentent les premiers efforts d'une femme pour parler d'un domaine qui avait été jusqu'alors réservé aux hommes."
Depuis sa publication aux Etats-Unis, ce livre n'a cessé de figuré sur la liste des best-sellers et la critique a accueilli avec enthousiasme ces textes particulièrement révélateurs du talent romanesque d'Anaïs Nin.

Mon avis :  Ce livre se présente comme un recueil de nouvelles, et dans plusieurs nouvelles, on retrouve les mêmes personnages. Je pense que certaines personnes pourraient être choquées, voire même dégoûtées, car le lexique utilisé est bien évidemment très cru, les descriptions des actes sexuels occupent une grande place et dans certaines histoires il est explicitement question d'inceste, de pédophilie et de nécrophilie ; cependant, j'ai apprécié la variété de ces nouvelles, et l'humanité des personnages, et de leurs relations ; contrairement à ce que demandait le "collectionneur" qui a commandé l'écriture de ces nouvelles (et heureusement), la poésie n'est pas absente, les seniments non plus, les rapports sexuels décrits se passent souvent dans une relative tendresse, ce qui est loin d'être la norme dans la littérature érotique (je pense au marquis de Sade par exemple). Même si je n'ai pas adoré toutes les nouvelles, ça a été pour moi une lecture très troublante, et pas désagréable.

Vendredi 18 septembre 2009

http://bouquins.cowblog.fr/images/livres/quandjavais5ansjemaitue.jpgQuatrième de couverture : Un roman d'amour. Raconté par un garçon de huit ans, qui dérange et boulerverse... Gil, victime de la bêtise des adultes qui transforment ses rêves en symptômes cliniques, et son amour en attentat. A cause de ce qu'il a fait à Jessica, il se retrouve à la Résidence Home d'Enfants « les Pâquerettes ». Une histoire à rire et à pleurer, dans une langue merveilleusement préservée.

Mon avis : Un livre très touchant qui nous immerge complètement dans le monde du petit Gil, monde parfois merveilleux, parfois absurde... j'adore ces livres au style si particulier où on a vraiment le point de vue d'un enfant, comme dans La vie devant soi par exemple.  L'imagination débordante du héros m'a vraiment fait retomber en enfance le temps de ma lecture, on arrête pour un moment de regarder les choses avec nos yeux d'adultes, pour preuve les fautes de Gil, au lieu de m'agacer, créent un style unique et plein de charme qui m'a aidé à me mettre à sa place et  ! En grandissant, on a tendance à oublier qui nous étions, et on ne comprend plus forcément la façon de voir le monde d'un enfant, et là, ça m'a remis certaines choses en tête, et voir l'incompréhension hostile des adultes, leur autorité arbitraire, est glaçant... chapeau à l'auteur, on sent vraiment son amour et son respect de l'enfance à travers ce livre !

Une citation qui m'a frappée : (phrase d'un adulte plus compréhensif que les autres) : "Figurez-vous qu'il s'agit d'un être humain habillé en enfant."

Vendredi 25 septembre 2009

http://bouquins.cowblog.fr/images/livres/hesitation.jpgQuatrième de couverture : " Deux futurs, deux âmes sœurs... C'était trop pour une seule personne. Je compris que ce n'était pas Edward et Jacob que j'avais essayé de réconcilier, c'étaient les deux parts de moi-même, la Bella d'Edward et la Bella de Jacob. Malheureusement, elles ne pouvaient coexister et j'avais eu tort de tenter de les y contraindre. A présent, je ne doute pas de ce que je désire, ni de ce dont j'ai besoin... ni de ce que je vais faire, là, maintenant. "

Mon avis : un tome que j'ai trouvé plus distrayant, plus amusant à lire que les précédents, malgré quelques longueurs : la perfection d'Edward (qui est sa principale caractéristique), est trop peu crédible à mes yeux pour être l'objet de mes fantasmes... en fait le fameux Edward est à mon avis le personnage le plus terne, le plus prévisible de l'histoire, et paradoxalement l'auteur s'obstine à nous infliger encore et toujours des descriptions énamourées de son buste marmoréen ou de ses prunelles d'or fondu... mais bon, cela m'a moins agacée que dans les tomes précédents, parce que, même s'il y a peu d'action, des informations sur les côtés fantastiques des personnages viennent donner un peu de profondeur à tout ça, et des obstacles viennent corser la relation de Bella et d'Edward (et heureusement sinon on s'ennuierait ferme !). Comme toujours, chaque réaction de Bella est sublimée, qu'il s'agisse de ses joies ou de ses peurs, et je ne partage guère le regard très complaisant de l'auteur sur son héroïne, que j'ai bien du mal à comprendre parfois... notamment en ce qui concerne ses réticences vis-à-vis d'une chose très importante qu'Edward lui demande.

J'aime bien la façon dont évolue Jacob, il est probablement le personnage qui m'émeut le plus, sa situation fait écho à certains de mes sentiments personnels... donc malgré tous les défauts que je viens de citer - je pense surtout que je ne serai jamais conquise par le style qui me fait souvent lever les yeux au ciel -, mon intérêt pour la saga s'accroît, cette lecture m'a bien divertie et je pense que je vais lire le quatrième et dernier tome rapidement !

Mercredi 30 septembre 2009

http://bouquins.cowblog.fr/images/livres/revelation.jpg

Quatrième de couverture :
"N'aie pas peur, murmurai-je. Nous sommes faits l'un pour l'autre."
L'instant était si parfait, si juste qu'il était impossible d'en douter.
Ses bras se refermèrent autour de moi, me pressant contre lui...
 "A jamais", renchérit-il.
Bella a fait son choix, et plus rien ne semble pouvoir l'empêcher de vivre ses rêves. Mais si ce choix s'avérait bien plus dangereux qu'il n'y paraît ? Et si Bella risquait d'y perdre la vie ?


Mon avis : une très très agréable surprise ! J'avais peur de m'ennuyer, de trouver la fin vraiment trop mièvre (déjà, quand on voit la quatrième de couverture, ça fait peur je trouve -_-), ou trop prévisible.  Etant donné la fin du tome précédent, je ne voyais pas l'utilité d'un quatrième tome si long, je m'attendais à un long happy end, mais hum, il fallait bien qu'un rebondissement spectaculaire vienne justifier ces 760 pages ! Et en effet, sur ce point j'ai été pleinement satisfaite... je ne pourrais pas trop le commenter sans spoiler, et je ne voudrais pas gâcher la surprise des futurs lecteurs de ce tome, mais pour ma part j'ai été extrêmement étonnée de ce qui arrive, au début j'ai pensé ouhlàlà mais dans quoi l'auteur s'embarque là ! Mais en fait, j'ai rapidement été enchantée. Si enchantée par cette péripétie inattendue, que j'ai été complètement captivée par le reste du tome !

Je ne me souviens même pas avoir tellement sourcillé face aux descriptions casse-pieds du bel Edward, de leur amour magnifique et tout le toutim... l'auteur a continué à m'agacer prodigieusement avec sa vision de Bella bien sûr, je la trouve toujours aussi fatigante, à nous dire sans aucune subtilité " plaignez et admirez la pauvre Bella qui n'a toujours pas confiance en elle alors qu'en fait elle est super-balèze etcaetera..." mais tout cela m'a paru très secondaire, comparé à mon inquiétude au sujet de ce qui pourrait bien arriver... 

A aucun moment je n'ai deviné ce qui allait se produire, tellement j'étais collée au bouquin, et puis c'est sûr qu'en le lisant en deux jours, on n'a pas le temps de prendre beaucoup de recul... ^^ et je vous donne mon avis à chaud, je suis complètement enthousiaste, je suppose que les effets de cette lecture vont se dissiper rapidement, comme la plupart des bouquins pleins d'aventures merveilleuses qui nous scotchent sur le coup, et je suis persuadée que si je le relisais, il ne me ferait pas du tout le même effet, connaissant la fin le suspense serait moindre, et je serais plus attentive à ce qui m'exaspère dans le style, par exemple. Mais en attendant, ça a juste été pour moi une lecture anesthésiante (pile poil ce dont j'ai besoin en ce moment), et délicieuse... Ce tome est indubitablement mon préféré de la saga, car c'est celui qui m'a le plus surprise, et celui où la façon particulière d'envisager l'amour de Stephenie Meyer m'a le moins dérangée  !

/!\ Pas mal de spoilers dans les commentaires, ne les lisez pas si vous n'avez pas encore lu ce tome !

Dimanche 25 octobre 2009

http://bouquins.cowblog.fr/images/livres/lesenfantsdelaube.jpgQuatrième de couverture : Le premier roman de Patrick Poivre d'Arvor est un roman d'amour. D'amour fou entre deux adolescents. A l'écart de la comédie des adultes qu'ils récusent. Ils se jettent dans la plus belle et la plus émouvante des aventures... comme des oiseaux contre une vitre dans les couleurs de l'aube. Cette tendre et tragique histoire d'amour, chacun de nous l'a vécue - ou rêvée.

Mon avis : mouais... petit roman de 150 pages, j'ai lu la première moitié d'une traite et avec pas mal d'intérêt, je trouvais les personnages attachants, le début de leur relation, originale, j'ai été assez touchée par certains évènements dramatiques (au sens de pathétique) qui arrivent au début du roman, mais je me suis rapidement lassée, j'ai trouvé au bout d'un moment que le héros accordait une place trop importante au sexe, qu'il en parlait de façon répétitive, et la fin est tellement prévisible, que la dernière partie du roman m'a paru longue... et globalement, j'ai trouvé que cette histoire frisait souvent la niaiserie. Je l'aurais sans doute plus appréciée il y a quelques années, quand j'étais encore une adolescente amoureuse  qui aimait lire des histoires avec de très grands et beaux sentiments, car c'est surtout ce qu'on trouve dans ce livre-ci. C'est un livre que je ne vous déconseille donc pas, mais il n'a pas su me plaire aujourd'hui.

Dimanche 6 décembre 2009


Quatrième de couverture :
Vous vous rendez un beau matin dans un hôtel du Vieux Montréal pour y rencontrer un étrange vieillard : Egon Ratablavsky.
Vous ignorez tout de cet homme. Lui, en revanche, connaît votre vie par cœur. Il vous propose comme ça, sans raison, une occasion extraordinaire, inespérée : le rêve de votre vie ! Allez-vous reculer ? C'est ce qui arrive à Florent Boissonneault et à sa femme Elise qui, grâce, à ce mystérieux bienfaiteur, vont pouvoir ouvrir un restaurant et de pauvres devenir riches ! Mais si c'était là un piège diabolique ? Ainsi commence une histoire échevelée, celle d'un combat bizarre et terrible autour d'un restaurant, d'un gamin et d'un matou.
Salué par une critique unanimement élogieuse, Le Matou a remporté un énorme succès. La truculence, l'humour, la fantaisie, le charme, la férocité, la tendresse, contribuent à faire de ce roman une fête du récit et de son auteur l'un des conteurs les plus doués que la littérature d'expression française ait découverts depuis longtemps.

Mon avis : pfffiou quelle déception ! Ce qui m'a d'abord gêné dans ce livre c'est le style, simple (trop ?) et fluide il est cependant alourdi par de fréquentes métaphores que j'ai trouvées tirées par les cheveux, comme si l'auteur cherchait à tout prix à paraître original... ça se lit tout de même facilement, disons que le lecteur est soutenu par de nombreuses péripéties, mais l'écriture ne donne pas envie de s'arrêter spécialement sur un passage, on cherche juste à savoir ce qui va arriver aux personnages, qui sont certes plutôt attachants, mais... si le roman avait fait 200 pages, j'aurais sans doute conclu : ouais, c'est mignon quoi.
Le problème, c'est qu'il en fait 600, les aventures s'enchaînent de façon rocambolesque, et ça finit par lasser sérieusement. Je l'ai terminé parce que j'avais décidé de lire ce livre pour le défi blog-o-trésor, parce qu'il m'avait été chaudement recommandé, et puis j'espérais jusqu'au bout qu'une péripétie capitale allait bouleverser mon opinion sur ce roman ; et en effet péripétie capitale il y a, mais mon dieu j'ai trouvé ça d'un pathétique, j'ai eu tellement l'impression que l'auteur avait décidé de tuer ce personnage exprès pour apitoyer le lecteur, et seulement dans ce but.... pfff. Et au final, pas de véritable dénouement, aucune explication qui se tienne pour éclaircir tous les mystères du roman !
De plus certains rebondissements m'ont paru bien prévisibles, et globalement, le regard que l'auteur porte sur ses personnages (et donc le regard qu'il voudrait que le lecteur porte sur ces derniers) m'a paru très complaisant, vous savez, cette impression que l'auteur vous dit : "regardez comme le sort s'acharne sur mes pauvres héros qui sont pourtant si gentils, si courageux, si méritants !" Exaspérant. Cela m'étonne vraiment que la critique ait été "unanimement élogieuse", du coup.
Ce roman, je le vois comme une œuvre de divertissement qui peut charmer, je n'en doute pas, c'est "gentil", et certaines scènes du début donnent le sourire mais le tout m'a semblé bien niais, mon enthousiasme a été de courte durée... même si j'ai été contente de trouver quelques expressions québécoises, mais pour ce côté-là aussi je suis plutôt déçue, je m'attendais à un dépaysement linguistique plus grand... en film, ça passerait peut-être mieux.

Dimanche 3 janvier 2010

http://bouquins.cowblog.fr/images/livres/dubruitdanslesarbres.jpgQuatrième de couverture : "Ils vont sonner et sans leur demander de décliner leur identité je vais ouvrir. Ce sera très bref, je les accueillerai en leur disant que je n'ai rien à dire, que je vais mourir bientôt, qu'il n'est rien dans ma vie que je regrette, aucune action, aucune parole, et là chacun reconnaîtra les siens, et que tout se trouve dans mes livres. Je leur dirai que rien aujourd'hui ne me semble avoir plus d'importance que le bruit du vent dans les arbres, que la seule chose au monde que je regretterai à l'instant où j'en terminerai avec cette comédie de la vie ce sera cela. "
Norwich Restinghale, vieux poète reclus, reçoit un photographe et un critique à l'occasion de la publication d'une nouvelle après presque dix ans de silence. Infréquentable, maniaque, capricieux et misanthrope, l'écrivain connaît ses interlocuteurs puisqu'il fut l'amant de la mère du photographe, qui s'est suicidée après cette tragique relation, et sujet de la thèse avortée du second. Un roman polyphonique drôle et cinglant, sans concession, ni pour l'université, ni pour la critique.

Mon avis : Pour un cours de "théorie littéraire" je suis censée lire plusieurs romans réflexifs, où il est question de littérature, d'écriture, dont celui-ci, et nous devrons faire des exposés à partir de ces livres (j'ignore encore les modalités de ces exposés). Et ma foi pour le moment je ne sais pas trop ce que je vais faire de ce bouquin en lien avec ce cours, certes il est question d'un écrivain, de son œuvre, de ce qu'il choisit d'en dire, de son mépris de la critique et des universitaires, mais cela me semble un peu secondaire, ce n'est pas ça en tout cas qui fait le charme de ce roman à mes yeux.
Ce roman est court (111 pages), et on y retrouve un procédé d'écriture qui en général ne me plaît guère : l'alternance des points de vue, chaque chapitre nous offre successivement le point de vue de Georges, le "thésard avorté", de Paul, "le fils éploré" et de Norwich Restinghale, vers qui tous les regards se tournent. Comme chaque chapitre est court, les différents points de vue s'enchaînent, un peu trop rapidement à mon goût ; j'ai eu l'impression au début surtout, qu'on changeait de narrateur alors même que je commençais à peine à m'habituer au précédent ! Ce qui explique que j'ai eu un peu de mal à apprécier les premiers chapitres, après je me suis habituée, et ça ne m'a plus posé de problème.

La quatrième de couverture nous laisse à penser que la rencontre entre les trois personnages est le centre du roman, alors que ce n'est pas le cas : j'ai attendu un moment cette fameuse rencontre avant de me rendre compte qu'en fait, ce n'était pas ce qui importait : l'essentiel, c'est les circonstances de cette rencontre, et les souvenirs qu'elle fait ressurgir. Paul et Georges revivent mentalement les évènements en lien avec l'auteur, et c'est Norwich Restinghale lui-même qui vient tout démonter en livrant ses propres souvenirs, ses propres pensées sur ces évènements qui, comme il le devine avec raison, préoccupent les deux autres alors qu'ils s'apprêtent à le rencontrer.

J'ai été troublée par les similitudes que j'ai trouvées entre ce roman et Hygiène de l'assassin d'Amélie Nothomb : dans ces deux romans, il est question d'un écrivain misanthrope et énorme, qui vit en ermite depuis longtemps, et qui va enfin être interviewé de façon exceptionnelle ; et dans les deux œuvres, l'écrivain a une sœur aimée, morte trop tôt dans des circonstances mystérieuses. Il faudrait peut-être que je relise Hygiène de l'assassin pour mieux juger de ces ressemblances, mais j'ai quand même du mal à croire à une pure coïncidence, et je ne sais qu'en penser ! Le personnage de Laurie, la petite voisine handicapée plus intelligente qu'il n'y paraît, et que l'écrivain prend en amitié, est un personnage marginal et mystérieux comme Amélie Nothomb les affectionne, et elle serait tout à fait à sa place dans un des romans de cette dernière.

Du bruit dans les arbres est un roman finalement assez riche et plaisant, et que je relirai sûrement (et peut-être bientôt si je le choisis pour mon exposé) ; je ne l'ai pas trouvé "drôle ni cinglant" (ou alors j'ai rien compris ?), je parlerai plutôt d'ironie du sort, parce que cette rencontre entre trois êtres qui ont à la fois tant et si peu en commun est assez improbable et extraordinaire, et la fin m'a laissée méditative, puisqu'elle semble justifier tout le reste, tout en étant étonnante, vu la personnalité de l'écrivain on ne s'attendait pas à ça... ce qui correspond bien toutefois à l'esprit de l'ensemble du roman, tout peut surprendre finalement car les choses sont souvent différentes de ce que l'on croit, et une partie de la réalité reste toujours cachée... la citation suivante m'a frappée et je pense assez bien cette idée : "La réalité des faits est quelque chose d'illusoire, la seule réalité c'est ce qu'on en dit, ou la façon dont on veut bien la considérer."

Mardi 5 janvier 2010

http://bouquins.cowblog.fr/images/livres/gamines.gifChallenge ABC 2010, 1er livre lu ♦

Quatrième de couverture :
- Qu'est-ce que tu faisais dans la chambre de maman ?
- J'ai volé une photo. Une toute petite photo.
- Tu lui ressembles tellement, a dit ma sœur.
J'ai mis la photo dans la poche de mon jean. Je me suis assise dessus pendant trente ans.
- La photo est ressortie de ma poche! j'ai dit à mes sœurs. J'ai vu l'homme de la photo !
- Qui ?
- Celui qui porte le même nom que nous, le même nom que moi. Ce n'est pas une photo, c'est un homme !
J'ai donc un père. Que dois-je faire? Trente ans que je réponds: « Je n'ai pas de père. Je n'ai qu'une photo. » Devant les mines compatissantes, je réponds depuis trente ans : « Je n'ai pas de père, mais je m'en fiche, c'est comme ça. »

Mon avis : Sylvie Testud est une comédienne que j'ai découverte dans Stupeur et tremblements, l'adaptation cinématographique du livre d'Amélie Nothomb réalisé par Alain Corneau, et dans le rôle d'Amélie elle m'a vraiment bluffée, sous son personnage on sent une forte personnalité, pétillante, d'une maladresse attachante, et qui ne mâche pas ses mots. Quand on lit ce roman, et quand on connaît un minimum sa biographie, on s'aperçoit immédiatement qu'il s'agit d'un livre autobiographique. Mais Sylvie joue avec son lecteur puisqu'elle écrit en avertissement : "Cette histoire est une fiction. Elle est librement inspirée de la vie d'une petite fille. Je ne sais pas qui ça peut être. Pas du tout. Toute ressemblance avec des personnes existantes est un peu un hasard." Par jeu, par provocation, par ironie, pour se sentir plus libre de broder ? Sans doute aussi parce qu'elle veut bien montrer qu'il s'agit de littérature et pas du tout d'une de ces confessions sulfureuses que publient sans cesse toutes sortes de people pour faire du fric, on en est très loin ici !

J'ai commencé ma lecture en pensant que c'était réellement une fiction, et j'ai  séduite par le ton employé, tour à tour joyeux et grognon... J'aime beaucoup les styles "enfantins" comme celui-ci, qui dénotent une vision très personnelle et un peu naïve du monde, différente de notre regard adulte un peu formaté par les années, ne serait-ce parce que, contrairement aux enfants, nous utilisons sans y penser un langage "standard" où les expressions imagées ne nous étonnent plus, nous les utilisons sans plus songer à leur sens premier, qui est pourtant savoureux, comme le montre le style de Testud ! Je me suis très vite sentie embarquée dans le quotidien de ses trois sœurs complices tout en se chamaillant, qui vivent seules avec leur mère qu'elles adorent et font tourner en bourrique ! J'ai vraiment trouvé ça drôle, original, plein de fraîcheur, très vivant, un délice !

Premier petit regret : on bascule d'un coup de leur enfance à l'âge adulte, et cela m'a un peu frustrée, j'aurais aimé assister à leur adolescence ! La seconde partie est plus grave, moins rigolote, plus émouvante, puisque nos "gamines" vont enfin essayer de résoudre l'énigme que constitue leur père, ce fameux père objet de tant d'obsessions enfantines, un inconnu absent depuis toujours ou presque, et dont le nom même a toujours été tabou sous le toit maternel. Hélas, cette partie m'a beaucoup moins plue : elle est plus sombre, moins rythmée, et sans doute à l'image de ce qui s'est passé réellement, elle m'a paru décevante. J'ai donc un avis un peu mitigé sur ce roman, mais je vous le conseille tout de même car le récit de leurs enfance est excellent, et la personnalité étonnante de l'actrice, qui transparaît dans tout le roman, offre un style savoureux !

(tiens, mes avis ont tendance à s'allonger ces dernier temps, et je ne sais pas pourquoi !?)

Samedi 9 janvier 2010

http://bouquins.cowblog.fr/images/livres/lescatilinaires.gifRésumé : La solitude à deux, tel était le rêve d'Emile et de Juliette. Une maison au fond des bois pour y finir leurs jours, l'un près de l'autre. Etrangement, cette parfaite thébaïde comportait un voisin. Un nommé Palamède Bernardin, qui d'abord est venu se présenter, puis a pris l'habitude de s'incruster chez eux chaque après-midi, de quatre à six heures. Sans dire un mot, ou presque. Et cette présence absurde va peu à peu devenir plus dérangeante pour le couple que toutes les foules du monde...

Mon avis : La quatrième de couverture de mon édition  ne me tentait pas trop, c'est sans doute pour cela que je n'avais pas encore lu ce roman d'Amélie Nothomb (maintenant il ne me reste plus que Péplum, sauf erreur de ma part). J'avais peur d'être déçue, et finalement j'ai tout lu d'une traite (comme toujours avec Nothomb me direz-vous, la brièveté de ses romans permet cela) ; ça a été une expérience de lecture un peu bizarre pour moi : en effet j'ai trouvé ce roman moins rythmé que d'autres romans de cet auteur : c'est assez lent, et répétitif : mais n'en déduisez pas que je me suis ennuyée, non : mais j'ai trouvé cette écriture étouffante, tout comme les personnages j'ai souffert de la visite récurrente et finalement inquiétante de ce voisin silencieux, toujours mécontent et qui s'obstine dans son incrustation, cela devient peu à peu un vrai cycle infernal, un huis clos terrifiant dans lesquels notre sympathique couple se retrouve empêtré !

Tout comme le héros de ce roman, Emile Hazel, j'ai progressivement ressenti une impression de dégoût, qui s'est amplifiée au fur et à mesure que je progressais dans ma lecture : dégoût provoqué par le comportement incompréhensible de M. Bernardin, par les descriptions peu ragoûtantes du physique de M. Bernardin et de sa femme, mais aussi par les différentes réactions du héros, tantôt lâches, tantôt cruelles, et pourtant, on s'identifie à lui... (même si pour ma part j'arrive très bien à ne pas ouvrir ma porte et à laisser sonner le téléphone : ainsi les principes de politesse ne m'ont pas trop pourrie, ouf !). La personnalité de Palamède Bernardin comme la cause de son comportement restent toujours un mystère, on ne peut les envisager qu'à travers les hypothèses successives qu'Emile et Juliette forment à leur sujet, et le jugement d'Emile sur son voisin est très instable, ce qui nous montre bien à quel point une attitude imprévisible nous désarçonne, à quel point chaque individu fait correspondre sa manière d'agir à une étiquette, à un schéma déjà connu... Au final je sors de cette lecture un peu nauséeuse, un peu comme quand j'ai fini Truismes, de Marie Darrieussecq. C'est donc indubitablement une lecture qui a fortement touché mes sens, et qui m'enfonce un peu plus dans ma misanthropie : vous devez donc comprendre, si vous me connaissez un minimum, que j'ai beaucoup aimé ce roman, même si je n'ai pas envie de le relire tout de suite à cause du malaise qu'il a fait naître en moi.

Beaucoup de passages m'ont interpellée, je vais en recopier quelques-uns ici ; et c'est un livre que je vous conseille, il m'a semblé plus riche, plus profond que certaines autres œuvres d'Amélie (que j'aime pourtant !) comme Journal d'hirondelle ou le Voyage d'hiver. J'ai trouvé que ce livre-ci distrayait son lecteur d'une façon plus subtile, plus dangereuse peut-être aussi, en nous faisant vraiment nous interroger sur nos comportements, et notamment nos comportement "mondains" : on joue de jolies comédies sans cesse et cela se passe bien quand notre interlocuteur joue le même jeu que nous ; mais que se passe-t-il quand notre interlocuteur se rebelle par sa grossièreté, son mutisme ? Rapidement, nous nous trouvons désemparés, et c'est ainsi notre propre vacuité, notre propre faiblesse que l'interlocuteur rebelle nous révèle.... mais j'en dis trop, si vous voulez connaître les réponses d'Amélie à ces passionnantes questions, lisez donc.
 
Extraits : "J'attendais la retraite comme le mystique attend la mort.
Ma comparaison n'est pas gratuite. Juliette et moi avons toujours aspiré à être libérés de ce que les hommes ont fait de la vie. Etudes, travail, mondanités même réduites à leur plus simple expression, c'était encore trop pour nous.(...) Nous voulions quitter cette perte de temps qu'est le monde"

 


" - (...) Qu'en pensez-vous, Palamède ?
Nous eûmes beau attendre, il ne répondit rien. Je ne pouvais pas m'empêcher de l'admirer ; qu'il fût demeuré ou non, il avait ce courage ou ce culot que je n'avais jamais eu : ne rien répondre. Ni "Je ne sais pas", ni haussement d'épaules. Indifférence absolue. De la part d'un homme qui s'imposait chez moi pendant des heures, cela relevait du prodige. J'étais fasciné. Et je l'enviais d'en être capable. Il n'avait même pas l'air d'être gêné - c'était nous qui l'étions ! Le comble ! J'avais tort de m'en étonner, d'ailleurs : si les rustres étaient honteux de leurs manières, ils cesseraient d'être rustres. Je me surpris à songer que ce devait être merveilleux d'être une brute. Quelle réussite : se permettre toutes les indélicatesses et en faire retomber les remords sur les autres, comme si c'étaient eux qui s'étaient mal conduits !"

Lundi 11 janvier 2010

http://bouquins.cowblog.fr/images/livres/laroute.jpgQuatrième de couverture : L'apocalypse a eu lieu. Le monde est dévasté, couvert de cendres. Un père et son fils errent sur une route, poussant un caddie rempli d'objets hétéroclites et de vieilles couvertures. Ils sont sur leurs gardes car le danger peut surgir à tout moment. Ils affrontent la pluie, la neige, le froid. Et ce qui reste d'une humanité retournée à la barbarie. Cormac McCarthy raconte leur odyssée dans ce récit dépouillé à l'extrême. Prix Pulitzer 2007, La Route s'est vendu à plus de deux millions d'exemplaires aux États-Unis.

Mon avis :  je m'attendais à quelque chose de plus vivant, avec plus d'action ; certaines phrases sont longues, quasi sans verbe, et globalement c'est très descriptif, on a sous les yeux le tableau du monde dévasté, et nos deux personnages cherchent sans cesse de quoi manger au milieu des débris, on ne comprend pas vraiment ce qu'ils fuient, on ne comprend pas non plus où ils vont ; on a le point de vue du père, sans qu'il soit pour autant le narrateur du récit, et on ignore leurs noms. Pas de structure définie non plus, juste des paragraphes assez courts qui s'enchaînent, tout le temps. Des descriptions, des pensées, avec quelques souvenirs d'un monde ancien mais très rarement, et des dialogues entre le père et le fils, dialogues rapportés de façon très brute, sans la mise en page traditionnelle, sans qu'on sache clairement parfois qui dit quoi ; bref, tout ça pour dire que le style de ce roman m'a déconcertée les premières pages...

Assez rapidement cependant j'ai considéré ce roman autrement et je suis alors véritablement entrée dedans, et j'ai alors compris que ce style un peu étrange était en fait en parfaite adéquation avec le contenu : en effet, les actions des personnages sont lentes, on a peur de leur mort cent fois, voire plus, tant tout est désespéré, sans issue, et la lenteur, la pesanteur du style reflète vraiment bien l'atmosphère du livre, où les personnages avancent péniblement ; sur la route ils vont bien connaître quelques aventures, croiser d'autres personnages, mais rien qui change tellement la situation initiale... ne soyez pas découragés par le manque de péripéties remuantes que je vous annonce ! Lire un tel tableau du monde et de l'humanité est certes très déprimant, mais certains passages sont tellement beaux.... la relation entre le père et son fils est magnifique, alors que tous deux souffrent et n'ont au fond pas d'espoir, voir le père consoler son fils, l'encourager, le protéger, et voir le petit lutter avec un courage inouï, et garder une conscience morale envers et contre tout, j'ai trouvé ça juste... bluffant ! La fin m'a un peu déçue, elle m'a semblé un peu "facile", mais de toute façon, la fin de La Route, ça me semble quelque chose de plutôt impossible, alors il fallait bien que l'auteur s'en sorte avec un truc un peu frappant, je ne lui en veux pas.

Le sujet du livre m'a d'abord rappelé Ravage, de Barjavel, à la différence près que dans Ravage, on voit la chute du monde : dans la Route au contraire, on est placé dans un "après" horrible, mais les premiers évènements catastrophiques, et plus loin encore le monde d'avant (qui correspondrait à notre monde actuel) est relégué dans un passé qui semble lointain, en passe de devenir une légende oubliée, et l'apocalypse, qui n'est pas évoquée, semble alors encore plus effrayante, parce que carrément indicible. Avant de lire La Route j'avais un peu peur de me trouver face à un roman de science-fiction plein de péripéties rocambolesques, et complètement irréaliste ; ce n'est pas du tout le cas, au contraire si j'ai été tant touchée par ce livre, je pense que c'est parce qu'on peut justement le trouver crédible... comme vous le savez certainement une adaptation cinématographique est sortie récemment, je suppose que je ne pourrai pas la voir en salles, alors j'attends le dvd...

Extraits :

"Il disait que les rêves qui convenaient à un homme en péril étaient les rêves de danger et que tout le reste était une invite à la langueur et à la mort. Il dormait peu et il dormait mal. Il avait rêvé qu'ils marchaient dans un bois en fleurs où des oiseaux s'envolaient devant eux, l'enfant et lui, et où le ciel était d'un bleu à faire mal mais il apprenait à se réveiller de ces univers trop sereins. Allongé là dans l'obscurité tandis que s'évaporait dans sa bouche l'insolite saveur d'une pêche d'un verger fantôme. Il se disait que s'il vivait assez longtemps le monde aurait à la fin tout à fait disparu. Comme le monde mourant qu'habite l'aveugle quand il vient de perdre la vue, quand toute chose de ce monde s'efface lentement de sa mémoire." (p.22)

"Il commençait à penser que la mort était sur enfin sur eux et qu'ils devraient trouver un endroit pour se cacher où on ne pourrait pas les trouver. Il y avait des moments où il était pris d'irrépressibles sanglots quand il regardait l'enfant dormir mais ce n'était pas à cause de la mort. Il n'était pas sûr de savoir à cause de quoi mais il pensait que c'était à cause de la beauté ou à cause de la bonté. Des choses auxquelles il n'avait plus aucun moyen de penser jamais. Ils étaient accroupis dans un bois sinistre et buvaient de l'eau d'un fossé qu'ils filtraient à travers un chiffon. Il avait vu le petit en rêve allongé sur une planche dans une morgue et s'était réveillé terrorisé. Ce qu'il pouvait supporter à l'état de veille il ne pouvait pas le supporter la nuit et il s'asseyait et restait éveillé de peur que le rêve ne revienne." (p. 114)

Vendredi 22 janvier 2010

http://bouquins.cowblog.fr/images/livres/thornytorinxcamilledeperetti080918103838.jpgQuatrième de couverture : Depuis toujours, Camille est une princesse. Elle doit donc avoir de jolies robes (traduisez: faire du shopping), être intelligente (comprenez intégrer une grande école de commerce) et être toujours la plus belle (en d'autres termes être mince). Elle s'attelle consciencieusement à la tâche et, à vingt ans, c'est une élève brillante, élégante, et une véritable brindille de 50 kilos pour 1 mètre 70. Mais lorsque ses études l'éloignent de ses rêves, que son cœur s'enflamme pour un beau ténébreux et que son poids commence à fluctuer, rien ne va plus. Son recours? Se faire vomir, systématiquement, jusqu'à l'obsession: Camille est devenue une boulimique anorexique. Seulement, les princesses ne sont pas malades, et pour l'ex-petite fille modèle va alors commencer un long et tortueux combat...

Mon avis : Un livre distrayant et vite lu, trop vite lu sans doute, je ne pense pas qu'il me marquera. Je ne me suis pas ennuyée, mais bizarrement ce livre m'a laissée froide. Je dis bizarrement car habituellement les livres qui parlent d'anorexie m'émeuvent beaucoup. Alors quoi ? Aurais-je trop lu sur ce sujet ? Je ne crois pas, il y a quelques mois j'ai bien lu Jours sans faim de Delphine de Vigan et je l'ai beaucoup aimé, rien à voir avec celui-ci.... en lisant Thornytorinx j'ai eu une impression de "déjà-lu", pas seulement à cause du sujet abordé, mais surtout à cause de la manière d'écrire. Ça va vite, c'est enthousiaste, ça interpelle le lecteur d'une façon un peu agressive parfois, avec une énergie un peu à la Lolita Pille. Je me disais qu'après Stendhal, j'avais envie d'une lecture qui demande peu de réflexion mais là en fait j'ai trouvé ce style trop facile, trop banal.

Et le problème surtout, c'est que je n'ai ressenti aucune empathie, aucune sympathie pour l'héroïne. Cette manie de se considérer comme une princesse m'a exaspérée. Et puis, quelle idée d'intégrer une grande école de commerce et de travailler pour une banque quand on a horreur des chiffres ? Facile de se plaindre après... alors ce n'est pas gentil de ma part de juger ainsi un personnage, d'autant plus que ce roman est autobiographique, mais... j'ai pas envie de me censurer non plus. On sent venir le happy end grâce au grand amour salvateur à des kilomètres, et l'image très complaisante que l'auteur a d'elle-même m'a agacée. A la fin elle semble un peu dédramatiser sa maladie d'une façon qui ne me semble pas très saine, et rien que le début, "j'ai vomi partout", me semble dit sur un ton provocateur, et je ne vois pas l'intérêt d'employer un tel ton... et ce qui m'a gênée enfin, ce sont les conclusions pleines de certitudes qu'elle nous fait subir, du genre "mon histoire, c'est l'histoire d'une fille qui..." Comment peut-on résumer en quatre mots des pans entiers de sa vie, sait-on jamais qui on est vraiment ?

Ce n'est pas un roman que je déconseille vraiment, si comme moi vous vous intéressez aux livres qui traitent de ce sujet vous pouvez essayer, mais si ce sujet vous intrigue et que vous n'avez encore jamais lu de roman abordant cette maladie je vous conseille plutôt Le pavillon des enfants fous de Valérie Valère, Petite de Geneviève Brisac, Jours sans faim de Delphine de Vigan ou Biographie de la faim d'Amélie Nothomb...
 


Nouveauté sur le blog : Remarquez qu'en bas de la colonne de droite j'ai installé un nouveau petit gadget que je trouve marrant, vous pouvez me poser toutes les questions qui vous passent par la tête, et mes réponses se trouvent . (vous pouvez aussi accéder à la page des réponses en cliquant sur formspring.me - ferioj) Les questions sont posées de façon anonyme mais rien ne vous empêche de signer vos questions si le cœur vous en dit !

Dimanche 24 janvier 2010

http://bouquins.cowblog.fr/images/livres/baguetteschinoises.jpgChallenge ABC 2010, 3ème livre lu ♦

Quatrième de couverture : "Je vais leur montrer, moi, à tous ces villageois, qui est une baguette et qui est une poutre ! " C'est ce cri qui a donné envie à Xinran d'écrire cette histoire. Celle, lumineuse, chaleureuse, émouvante, de trois sœurs qui décident de fuir leur campagne et le mépris des autres, pour chercher fortune dans la grande ville. Sœurs Trois, Cinq et Six n'ont guère fait d'études, mais il y a une chose qu'on leur a apprise : leur mère est une ratée car elle n'a pas enfanté de fils, et elles-mêmes ne méritent qu'un numéro pour prénom. Les femmes, leur répète leur père, sont comme des baguettes : utilitaires et jetables. Les hommes, eux, sont les poutres solides qui soutiennent le toit d'une maison. Mais quand les trois sœurs quittent leur foyer pour chercher du travail à Nankin, leurs yeux s'ouvrent sur un monde totalement nouveau : les buildings et les livres, le trafic automobile, la liberté de mœurs et la sophistication des habitants... Trois, Cinq et Six vont faire la preuve de leur détermination et de leurs talents, et quand l'argent va arriver au village, leur père sera bien obligé de réviser sa vision du monde. C'est du cœur de la Chine que nous parle Xinran. De ces femmes qui luttent pour conquérir une place au soleil. De Nankin, sa ville natale, dont elle nous fait voir les vieilles douves ombragées de saules, savourer les plaisirs culinaires et la langue truculente de ses habitants. Et d'un pays, une Chine que nous découvrons par les yeux vifs et ingénus des trois sœurs, et qui nous étonne et nous passionne car nous ne l'avions jamais vue ainsi.

Mon avis : une très bonne surprise ! Et pourtant, j'ai eu assez de mal à entrer dans cette histoire au début, le style me paraissait un peu simple, et les trois héroïnes un peu trop naïves, du moins leur façon de parler, certaines tournures de phrase m'ont donnée cette impression. Mais peu à peu, je me suis vraiment attachée aux personnages : chacune de ces trois sœurs a vraiment une personnalité bien à elle, l'alternance entre les récits qui concernent chacune d'entre elles est fluide, tout s'enchaîne très bien, et ce roman nous montre bien plus de trois points de vue ! Nous lisons les pensées, les ambitions des trois sœurs, leurs différentes visions du monde, des relations hommes-femmes, mais l'auteur intègre aussi de façon habile l'histoire de leur entourage, famille, amis... à travers ce roman nous allons donc à la rencontre de nombreux personnages, qui nous livrent autant de visions diverses du monde, et ce livre nous montre bien à quelles points les mentalités peuvent être différentes selon le sexe, l'âge, le pays mais aussi les régions, et enfin selon la personnalité de chacun !

Le combat que mènent ces trois sœurs est émouvant, j'ai surtout été passionnée par ce roman à partir du moment où on sent qu'elles s'interrogent de façon plus profonde sur ce qu'elles vivent, qu'elles remettent en question les idées qu'on leur a mis dans le crâne depuis toujours, tout en interrogeant aussi la manière de vivre plus "moderne" et "occidentale" en quelque sorte des citadins. Tout en soutenant de tout son cœur leur désir de liberté, on sent bien aussi que l'auteur n'a pas voulu donner de leçon, ni imposer son opinion, elle nous conte l'histoire de ses personnages en simple confidente et conteuse sans chercher à nous imposer sa propre vision des choses, à nous de réfléchir à tout ça... les descriptions du mode de vie chinois (ou plutôt des modes de vie, car on se rend bien compte que tout est très complexe !) m'ont fortement intéressée, et me donnent envie d'en savoir plus sur cette culture si éloignée de la nôtre par certains aspects. Ce roman nous livre vraiment une vision de l'intérieur de la Chine, pleine d'humanité mais sans dramatisation excessive, et j'ai eu un coup de cœur pour le personnage de Six.

Dimanche 24 janvier 2010

http://i652.photobucket.com/albums/uu249/mauviette/bigfish.jpgChallenge ABC 2010, 4ème livre lu ♦

Quatrième de couverture : "Les gens qui ont rendez-vous avec lui procèdent ainsi : ils se débrouillent pour savoir où il sera tel jour, calculent qu'un conducteur aussi lent restera dans les parages jusqu'à la fin de la semaine, puis prennent un avion pour l'aéroport le plus proche. Une fois arrivés, ils louent une voiture et roulent jusqu'à ce qu'ils l'aient rattrapé. Ils le dépassent et klaxonnent, mon père se tourne lentement vers eux (à la façon dont Abraham Lincoln aurait tourné la tête s'il avait jamais conduit une voiture, parce que, dans ma tête, dans le souvenir qui s'est logé imperturbablement dans mon cerveau, mon père ressemble à Lincoln, cet homme aux longs bras, aux poches profondes et aux yeux sombres) et il leur fait signe. Il s'arrête, et celui qui a besoin de lui parler vient prendre place à côté de lui, l'adjoint ou l'avocat s'assied à l'arrière, et, tout en roulant sur ces superbes routes vagabondes, ils concluent leur affaire. Et, qui sait, peut-être a-t-il même des liaisons amoureuses dans cette voiture, des idylles avec des femmes splendides, des actrices célèbres... "
Imaginez un père extraordinaire; imaginez des histoires à dormir debout qu'il vous ramène des quatre coins du monde, imaginez un héros mythique dont les berceuses sont comme autant d'épopées; imaginez un homme incapable de rester sérieux plus de quelques secondes; et puis, à l'heure de son dernier voyage, soudain, vous ne savez plus trop lequel de vous deux joue à faire l'enfant.

Mon avis : j’adore le film de Tim Burton depuis des années (c’est le premier Tim Burton que j’ai vu, aussi ^^), j’ai même fait un exposé dessus récemment, et j’avais donc envie de lire le livre pour enfin connaître l’histoire originale. Un de mes amis l’a lu et n’a pas aimé, j’avais donc peur que cela soit une grande déception pour moi aussi mais en fait, ça a été une lecture bien agréable. Dans ce livre, on a une foule de petits récits divers qui racontent des épisodes décousus de la vie du père, et ce n'est qu'en assemblant ce puzzle qu'on parvient à avoir une image à peu près entière de lui, ce procédé original qui fait d'Edward Bloom un personnage hors du commun m’a plu.

J’ai trouvé que tous ces portraits différents du même homme nous donnent une vision très positive, très élogieuse de lui, le conflit qui existe entre le père et le fils est montré dans le livre de façon moins claire, plus subtile que dans le film, et c’est selon moi un bon point pour le livre. On sent bien l’admiration que l’enfant avait pour le caractère extraordinaire de son père, qu’il considère pendant toute son enfance comme un héros, voire même comme un dieu (le sous-titre du roman, "roman aux proportions mythiques" permet aussi de comprendre à quel point le personnage d'Edward Blomm est vu comme un personnage hors du commun !) ; du coup quand son fils William est à son chevet pendant ses derniers moments et lui fait comprendre qu’il n’a pas été un père si parfait que cela, l’incompréhension entre les deux hommes me paraît encore plus cruelle en quelque sorte, plus triste que dans le film.

De manière générale le livre m’a peut-être plus attristée que le film, peut-être aussi parce que la scène qui concerne la mort réelle d’Edward Bloom est racontée plusieurs fois, de façon un peu différente, mais cette répétition de la réalité, qui s’oppose à la diversité des histoires, a quelque chose de lancinant, d’accablant… la relation entre Edward Bloom et Jenny Hill (la jeune femme de Specter) est aussi plus ambigüe dans le livre que dans le film…

Tim Burton a modifié de façon intelligente certains épisodes, a apporté sa propre vision des choses, l’univers du film m’a semblé plus coloré, plus gai, plus « fantastique » ; mais le livre a lui aussi des choses à dire, je m’attendais à quelque chose de plus chronologique (ce qui n’est pas du tout le cas), plus plat, plus creux… mais en fait le livre lui aussi renferme son propre univers, donc même si ma préférence va au film, ça n’a pas été une lecture décevante pour moi (attendu que je savais d’avance que les deux œuvres sont assez différentes)

Vendredi 29 janvier 2010

http://bouquins.cowblog.fr/images/livres/ouonvapapa.jpgQuatrième de couverture /extrait : Jusqu'à ce jour, je n'ai jamais parlé de mes deux garçons. Pourquoi ? J'avais honte ? Peur qu'on me plaigne ?

Tout cela un peu mélangé. Je crois, surtout, que c'était pour échapper à la question terrible : « Qu'est-ce qu'ils font ? »
Aujourd'hui que le temps presse, que la fin du monde est proche et que je suis de plus en plus biodégradable, j'ai décidé de leur écrire un livre.

Pour qu'on ne les oublie pas, qu'il ne reste pas d'eux seulement une photo sur une carte d'invalidité. Peut-être pour dire mes remords. Je n'ai pas été un très bon père. Souvent, je ne les supportais pas. Avec eux, il fallait une patience d'ange, et je ne suis pas un ange.

Quand on parle des enfants handicapés, on prend un air de circonstance, comme quand on parle d une catastrophe. Pour une fois, je voudrais essayer de parler d'eux avec le sourire. Ils m'ont fait rire avec leurs bêtises, et pas toujours involontairement.
Grâce à eux, j'ai eu des avantages sur les parents d enfants normaux. Je n'ai pas eu de soucis avec leurs études ni leur orientation professionnelle. Nous n'avons pas eu à hésiter entre filière scientifique et filière littéraire. Pas eu à nous inquiéter de savoir ce qu'ils feraient plus tard, on a su rapidement ce que ce serait : rien.

Et surtout, pendant de nombreuses années, j'ai bénéficié d'une vignette automobile gratuite. Grâce à eux, j'ai pu rouler dans des grosses voitures américaines.

Mon avis : un livre original, par son sujet (je ne connais pas beaucoup de livres qui parlent d'enfants handicapés, quels sont ceux que vous me conseilleriez sur ce sujet ?) mais surtout par la manière dont ce sujet est traité. Loin de chercher à minimiser les problèmes multiples que leur handicap entraîne, l'auteur nous donne une vision réaliste, lucide de leur état. Ce regard particulier qu'il porte sur ses enfants peut sembler choquant, cruel si on le prend au premier degré ; mais on comprend bien vite que la cruauté vient surtout du sort, ou en tout cas du hasard qui les ai fait naître ainsi... il démonte toutes les paroles généralement proférées par les personnes bien-pensantes. Il ne cherche pas du tout hypocritement le bon côté des choses, ou plutôt, ce "bon côté des choses", il nous le livre de manière cynique. Il y a beaucoup d'humour noir, et j'ai vraiment apprécié cet aspect.

Toutes ces plaisanteries pas toujours de bon goût auraient sans doute du mal à passer si on ne sentait pas derrière l'amour immense de ce père (qui y tient à ses "petits oiseaux" malgré tout ce qu'il peut dire par ailleurs), et sa tristesse, son impuissance. C'est une œuvre autobiographique, et montrer une partie si intime de sa vie, proposer une image si peu rose de soi-même me semble un acte courageux. Cette lecture est émouvante, une grande douleur et un humour souvent grinçant se mêlent, même si certains passages sont plus joyeux.

On suit de façon chronologique (sans qu'il y ait jamais de datation précise, et on passe d'anecdotes en réflexions diverses sans transitions) le parcours de ses deux fils mais j'ai eu l'impression à un moment que l'auteur avait plus ou moins épuisé son lot d'histoires, qu'il avait craché sa rage contre la maladie et contre tous les gens qui réagissent de façon idiote ou ont des idées préconçues sur le handicap, et on n'avance plus guère ; la fin m'a donc un peu lassée, le narrateur évoque de façon répétitive toutes les choses que ses enfants ne pourront jamais faire, et toutes les choses qu'il aurait pu faire avec eux s'ils avaient été "normaux" (ce qui revient à peu près au même). C'est dans ces dernières pages que son sentiment de culpabilité est le plus manifeste. Stylistiquement, le même schéma se répète, il parle de quelque chose qui semble positif, mais on a soudain une retombée, une chute déceptive. Trop utilisé, ce procédé fait moins d'effet vers la fin au lecteur, qui devine la conclusion négative avant qu'elle survienne.  Un livre touchant et rapide à lire, que je vous conseille même si la fin m'a moins plu.

Vendredi 29 janvier 2010

http://bouquins.cowblog.fr/images/livres/chocolat.jpgChallenge ABC 2010, 5ème livre lu ♦

Résumé (amazon) : À Lansquenet, petit village perdu quelque part en France, mis à part les sempiternels sermons du sombre Reynaud, le curé intégriste de la paroisse, il ne se passe jamais rien. Alors, quand Vianne Rocher et sa fille Anouk décident de s'y installer pour ouvrir une chocolaterie, c'est tout le village qui se met à jaser. Ce qui est assez facile : Vianne n'est pas mariée, elle ne va pas à l'église, et même, elle ose ouvrir sa boutique de délices en plein carême ! Cela fait d'elle la cible idéale pour ce pauvre Reynaud et sa troupe de grenouilles de bénitier. Mais, contre toute attente, Vianne semble très bien s'intégrer dans le village ensorcelé par ses douceurs : ç'en est trop pour ses adversaires, qui vont tout faire pour lui barrer la route, allant jusqu'à la traiter publiquement de sorcière. Mais sur ce point, peut-être n'ont-ils pas tout à fait tort... Un Chocolat qui réunit sans conteste tous les ingrédients d'un roman entraînant, séduisant un large public, et qui a été adapté au cinéma, avec Juliette Binoche dans le rôle principal.

Mon avis : Une lecture distrayante, même si quelques passages m'ont semblé un peu cliché ou un peu mièvre... c'est cependant un livre que je qualifierai de tendre - pas mal de bons sentiments, une vision positive de l'humanité, ça fait du bien de temps en temps... - et de gourmand : j'ai apprécié les descriptions des friandises que Vianne Rocher fabrique dans sa chocolaterie. Un roman à mi-chemin entre Le Matou d'Yves Beauchemin (que je n'ai pas aimé) et Ensemble c'est tout d'Anna Gavalda (que j'avais adoré). Le mystère qui entoure Vianne Rocher, son périple avec sa mère, tout le côté fantastique de ces personnages pimente un peu l'histoire qui est sinon assez banale.

Une bonne idée de l'auteur à noter tout de même : il s'agit d'un roman polyphonique, on a successivement le point de vue de Vianne, et celui de Francis Reynaud, le prêtre, à travers des monologues qu'il adresse à un autre prêtre dans le coma, et c'est intéressant de connaître les points de vue des camps opposés. On voit que Reynaud est lâche, mais peut-être pas complètement mauvais... c'est peut-être le personnage le plus curieux du roman, il me plaît plus en tout cas que celui de Vianne : on la trouve attachante au début mais elle est si parfaitement bonne qu'elle m'a lassée à la fin... j'ai quand même du mal à imaginer Johnny Depp dans le rôle du prêtre*, j'ai hâte maintenant de voir le film pour voir ce que ça donne ! (je l'ai en DVD depuis deux ans environ mais je tenais à lire le livre avant !). Un roman agréable à lire, mais qui manque peut-être un peu d'originalité au final...

*[Edit] J'ai fait une déduction fausse, je pensais que Johnny Depp jouerait le rôle du prêtre car dans le livre c'est l'autre personnage important, avec Vianne Rocher ; mais on m'a indiqué en commentaire qu'en fait il joue le rôle de Roux, un des gitans... je préfère ça !

Mon avis sur le film

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"Le grand inconvénient des livres nouveaux est de nous empêcher de lire les anciens." Joseph Joubert

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