Samedi 2 octobre 2010


Quatrième de couverture : L'histoire se passe au Moyen Age, à la cour du roi Arthur, pendant le festin de l'Ascension. Un prince étranger, le noir Méléagant, vient troubler la fête : il lance un défi au roi, bat en duel son malheureux sénéchal et, pour prix de sa victoire, enlève la reine Guenièvre.
Alors paraît un chevalier venu de nulle part, le vaillant et preux Lancelot, qui entreprend de la délivrer...
Le récit de cette quête initiatique est, au même titre que la légende de Tristan et Iseut, une bible romanesque de la pensée courtoise. Plus qu'un art d'aimer, c'est un art de vivre.

Mon avis : troisième œuvre de Chrétien de Troyes que je lis, et je crois bien que c'est celle que je préfère !!! Perceval et le conte du Graal était assez sympathique à lire mais l'aspect religieux prenait trop de place à mon goût ; et j'ai reproché à Yvain, héros du Chevalier au lion, de parfois préférer son honneur à sa dame... les valeurs chevaleresques peuvent être très belles mais je trouve que Perceval et Yvain sont plus vaillants que galants, et ça m'avait quand même un peu déçue... tandis que Lancelot est à mes yeux le chevalier parfait puisqu'il n'hésite pas à tout faire pour séduire celle qui fait battre son cœur (vous voyez que je peux être niaise, des fois), quitte à subir le blâme des autres chevaliers trop conventionnels !

La religion, et même la morale, m'ont semblé moins écrasantes que dans les deux autres contes que j'ai déjà lus ; les références à Dieu sont finalement assez rares. Les hyperboles propres au style moyen-âgeux, m'ont paru moins lourdes, peut-être parce qu'elles sont formulées de façon moins répétitive ? (ou alors c'est moi qui me suis habituée à ce style, je ne sais pas....) Et on peut deviner parfois une certaine distance entre l'auteur et son discours, les exploits de Lancelot sont parfois loués avec une telle emphase qu'on sent une touche d'ironie ! Ironie qui apparaît aussi sous d'autres formes, dans les paroles mêmes des personnages, qui ne sont pas si vertueux que ça.

J'ai adoré le personnage de Guenièvre, malgré son air impitoyable elle n'est pas si farouche que ça (mais elle est sadique quand même, ahah) (et un peu masochiste aussi, mais vous comprenez, un amour aussi absolu que le leur entraîne bien un peu de soumission, d'un côté comme de l'autre !). J'ai d'ailleurs été très surprise et amusée par la scène de la "nuit d'amour", je ne pensais pas du tout trouver une scène de ce genre chez Chrétien de Troie (bon, rien de porno non plus hein, qu'est-ce que vous allez imaginer... mais quand même) ! J'ai aussi été étonnée de constater que personne ne semble d'offusquer du caractère illégitime de l'amour entre Guenièvre et Lancelot, alors qu'elle est la femme du roi Arthur, rien que ça ! On a même droit à un quiproquo scabreux que j'ai trouvé plutôt drôle. De manière générale, j'ai aimé le rôle que tiennent les personnages féminins dans ce conte, elles agissent et ne sont pas simplement des "lots de récompense".

Les aventures que connaît Lancelot, même si elles ne sont pas très originales (on garde le schéma classique du roman de chevalerie), ne m'ont pas ennuyée, les scènes que j'ai le moins appréciées sont celles qui décrivent les combats, mais je les ai trouvés quand même relativement variées et inventives, on visualise facilement la scène. Ces scènes d'action, et le fait que le narrateur s'adresse assez régulièrement au lecteur/à son auditoire, animent le texte et j'imagine bien à quel point ces récits pouvaient avoir de succès au Moyen Âge !

Les notes de mon édition (pas trop longues, pas trop fréquentes, pertinentes... j'ai apprécié celles que j'ai lues !) m'ont permis de mieux comprendre le second degré du texte, on voit que chaque épreuve est significative, et  que le tout représente un vrai cheminement symbolique ; les analyses psychanalytiques proposées ne m'ont pas semblé dénuées d'intérêt (même si j'avoue que je ne les ai pas toutes lues jusqu'au bout, je n'avais pas envie de faire une lecture très poussée). J'ai trouvé la traduction satisfaisante (j'ai eu à traduire des textes d'ancien français à la fac et je peux vous assurer que ce n'est pas évident de trouver des formulations en français moderne qui restent fidèles au texte original sans être lourdes !), un peu plus archaïsante que ce mon prof nous recommandait mais rien qui choque vraiment à la lecture.

Extraits :
"Parler l'importune car il préfère s'enfoncer dans ses pensées. Amour ravive fréquemment la plaie qu'il  lui a faite. Jamais on n'y mit d'emplâtre pour la guérir et lui faire recouvrer la santé car le blessé n'a cure des remèdes et des médecins tant que sa plaie ne porte pas atteinte à sa vie ; on dirait au contraire qu'il recherche avec délectation à en souffrir..."

"Puisqu'il est mort, je suis bien lâche de rester encore en vie. Mais la vie ne doit-elle pas m'être moins insupportable si en lui survivant je tire tout mon bonheur des tourments que j'endure pour lui ? Si après sa mort, je trouve là ma consolation, alors, quel bonheur lui aurait causé, quand il était encore en vie, cette souffrance dans laquelle je me délecte ! Elle est bien lâche celle qui préfère mourir plutôt que de souffrir à cause de son ami. Certes il m'est doux de supporter le plus longtemps possible ma douleur : je préfère vivre et souffrir la rigueur du destin que de mourir pour trouver un repos éternel."

Mercredi 6 octobre 2010

http://bouquins.cowblog.fr/images/livres/aunomdetouslesmiens.gifCHALLENGE ABC 2010, 17ème livre lu ♦
 
Quatrième de couverture : De la guerre, le petit Martin connaîtra tout : les privations, les humiliations, la peur durant le temps passé au ghetto de Varsovie, l'horreur absolue des camps nazis à Treblinka, la fureur de vivre quand il s'en échappera caché sous un camion, l'abattement et aussi le suprême courage quand il apprendra qu'il a perdu tous les siens...
Et puisqu'il faut bien vivre, il s'engagera ensuite dans l'Armée rouge, puis partira aux Etats-Unis... Enfin la paix reviendra. Martin reconstruit alors sa vie et rencontre le grand amour en la personne de Dina.
C'est dans le sud de la France, par une journée d'été éclatante, que le destin le blessera à nouveau - à mort - en décimant ceux qui lui sont le plus chers.
Ce récit de vie, extraordinairement dramatique, a fait le tour du monde. Traduit dans plus de vingt langues, adapté au cinéma par Robert Enrico (avec dans les rôles principaux Michael York et Brigitte Fossey), devenu ensuite un feuilleton, il continue à toucher des millions de lecteurs car son message de courage, mais aussi d'espérance, est universel.

Mon avis : Comme prévu étant donné le sujet, c'est un récit très fort, qui ne laisse pas indifférent. A plusieurs reprises j'ai posé le livre, par besoin de respirer et de me couper un peu des faits dont il est question - ayant lu Si c'est un homme et d'autres livres sur le sujet (je cite Si c'est un homme car c'est sans doute celui qui m'a le plus marqué, qui évoque ces horreurs de la façon la plus explicite, et parce que je l'ai lu plusieurs fois), visité le mémorial de la Shoah, effectué un voyage en Pologne il y a quelques années pour visiter le ghetto et le camp de concentration de Cracovie, ainsi qu'Auschwitz-Birkenau, je n'étais pas complètement ignare, mais certains faits m'ont tout de même beaucoup choquée, et je pense de toute façon que les descriptions de conditions de vie inhumaines telles qu'on les trouve dans ce livre ne sont pas le genre de choses auxquelles on peut s'habituer (et heureusement).

    Difficile donc de juger un tel livre... que peut-on juger, au juste ? La masse d'informations apportée ? Ce livre est tout à fait instructif sur bien des points, et il nous montre notamment à quoi ressemblait la vie dans le ghetto de Varsovie, je connaissais peu de choses sur ce sujet et j'ai appris des choses. On voit à quel point l'emprise des nazis était totale : par tous les moyens possibles ils cherchaient à parvenir à leurs fins, en employant la manière forte bien sûr, mais aussi en manipulant les esprits de telle sorte que les victimes, trompées, pouvaient elles-mêmes aller au-devant de ce qui allait être un piège mortel. Pour survivre à une telle machine de mort, la chance est primordiale (et elle est souvent évoquée), mais elle ne suffit pas, et il a fallu une bonne dose d'astuce et d'audace à Martin Gray : pour ne pas dépérir et laisser mourir de faim son entourage il a pris des risques énormes en faisant entrer régulièrement et clandestinement des vivres à l'intérieur du ghetto ; pour cela il met en place tout un système, qu'on peut même qualifier de véritable entreprise ! Les détails concernant cette période sont nombreux et m'ont passionnée. Tout au long du livre, son ingéniosité et sa ténacité m'ont laissée sans voix. Je pensais que les passages racontant sa vie après la guerre seraient beaucoup plus calmes (et beaucoup moins intéressants, en fait), mais ce n'est pas la cas : Martin continue à se battre comme un lion pour faire fortune aux Etats-Unis, son caractère reste le même et il compare souvent sa façon d'agir pour se faire une place dans la société et rester libre quoi qu'il arrive à ses actes de rébellion dans le ghetto.

   Le ton du narrateur m'a légèrement surprise, mais avant de vous expliquer pourquoi, je vais formuler mes interrogations  (qui n'ont pas trouvé de véritable réponse malgré les recherches que j'ai faites sur le net) à propos de la paternité de ce texte. (ça me tient à cœur mais ça risque de prendre un certain temps, accrochez-vous).
[ La couverture nous indique que l'auteur est Martin Gray ; la page de titre précise : "Au nom de tous les miens, récit recueilli par Max Gallo". La préface, signée Max Gallo, et que vous pouvez lire intégralement ici (c'est pas long, une page et demie), semble indiquer que c'est bien Max Gallo qui a rédigé cet ouvrage, à partir d'une série d'entretiens qu'il a eus avec Martin Gray...  et il semble même insister sur le fait qu'il s'est approprié le personnage : "Je n'ai retenu que l'essentiel ; j'ai recomposé, confronté, monté des décors, tenté de recréer une atmosphère. J'ai employé mes mots."
    Peut-être que j'interprète mal (dites-moi !), mais il me semble que dans cette phrase Max Gallo admet avoir "romancé" le récit original de Martin Gray, puisqu'il peut s'écarter de la réalité brute (tout en tâchant de rester fidèle à l'esprit que Martin Gray a voulu donner à son livre). J'ai essayé de garder cet avertissement en mémoire, mais bien sûr, emportée par le récit, je n'y ai plus pensé et j'ai en fait pris chaque évènement narré  pour la stricte vérité ; cette impression d'authenticité s'est trouvée renforcée par la toute dernière page, où on lit quelques paragraphes, signés Martin Gray, dans lesquels il écrit des choses comme "ces mots que j'ai écrits il y a quelques années déjà, voici qu'ils continuent à vivre grâce à vous, lecteur." "j'ai publié d'autres livres"... la préface et cette dernière page se contredisent, je ne sais plus trop qu'en penser : QUI a réellement écrit ce texte ? Si c'est effectivement Max Gallo qui en est l'auteur (ce que je suis portée à croire), pourquoi chercher à brouiller les pistes en attribuant ce rôle à Martin Gray ?

    Je ne me serais peut-être pas interrogée plus que cela si je n'avais pas appris qu'il y a une controverse au sujet de ce livre, et notamment au sujet des passages évoquant Treblinka ; plusieurs historiens pensent que toute cette partie du livre est romancée, ce qui est problématique car introduire de la fiction dans un tel récit tout en le faisant passer pour vrai ne fait que créer une confusion non souhaitable et apporte de l'eau au moulin des négationnistes. Pour tout ce qui concerne cette controverse, je vous renvoie à la discussion wikipedia où j'ai trouvé ces informations ; j'y ai lu que Martin Gray n'aurait pas lu le livre avant sa publication (!), pire, qu'il aurait nié l'importance de la véracité de tous les faits rapportés, cf cet extrait effrayant d'un article de l'historienne Gitta Sereny (en anglais, mais je pense que c'est facilement compréhensible) :

« Gray's For Those I loved was the work of Max Gallo the ghostwriter, who also produced Papillon. During the research for a Sunday Times inquiry into Gray's work, M. Gallo informed me coolly that he 'needed' a long chapter on Treblinka because the book required something strong for pulling in readers. When I myself told Gray, the 'author', that he had manifestly never been to, nor escaped from Treblinka, he finally asked, despairingly : ' But does it matter ? ' Wasn't the only thing that Treblinka did happen, that it should be written about, and that some Jews should be shown to have been heroic ?
It happened, and indeed many Jews were heroes. But untruth always matters, and not just because it is unnecessary to lie when so much terrible truth is available. Every falsification, every error, every slick re-write job is an advantage to the neo-Nazis.
"

J'aurais aimé que cette affaire soit éclaircie, mais ce n'est apparemment pas le cas, et je regrette qu'on ne puisse pas vraiment distinguer le vrai du faux. Les faits historiques sont assez graves pour qu'on n'ait pas besoin d'en rajouter, d'ajouter des détails fictifs ! Dans le cas d'un témoignage réel, (car c'est bien ainsi que le texte est présenté) je trouve que la véracité historique doit primer sur l'intérêt romanesque. Quoi qu'il en soit, je ne mets pas en doute la bonne foi de Martin Gray ; je pense plutôt qu'il a été manipulé (ou du moins que son histoire l'a été) par le peu scrupuleux Max Gallo (mais dans quelle mesure ? impossible de le savoir !). Dans tous les cas, je ne pense pas (connaissant d'autres documents traitant de cette époque et de ces faits) que le livre soit vraiment mensonger, tous les faits décrits sont très réalistes. Je pense donc que ce récit, malgré cette zone trouble regrettable, reste d'un certain intérêt documentaire.

Une marque de l'intervention de Max Gallo plus perceptible que les ajouts ou modifications de l'histoire qu'il a pu faire, à mon avis, réside dans le style, qui m'a un peu surprise, et parfois, légèrement dérangée. Alors que le narrateur de Si c'est un homme essayait de rester neutre, celui d'Au nom de tous les miens semble beaucoup plus personnellement engagé ; ce lyrisme, qui aurait été bien compréhensible si l'auteur avait été réellement Martin Gray, devient un procédé qui manque un peu de naturel quand on sait qu'il sort de la plume de Max Gallo. Le ton est souvent assez enflammé, on n'a pas l'impression de lire un récit rétrospectif, mais d'être directement aux côtés du personnage au moment des faits, et même, de lire ses pensées, puisqu'on le voit s'adresser à lui-même pour se donner du courage. On a souvent des énumérations, des répétitions ("j'ai vu..."), qui donnent un caractère solennel au texte, le narrateur semble parfois psalmodier une prière funèbre, on a pas mal de remerciements, et d'adieux. L'avantage d'un tel style, bien sûr, est de rendre le texte encore plus prenant, le lecteur, encore plus sensible, et peut-être faut-il voir cela seulement sous un jour positif, applaudir le talent de Max Gallo ; mais j'ai eu la sensation que l'auteur jouait volontairement avec les émotions de son lecteur, en rajoutant une couche de mélo plutôt superflue... vous l'avez donc compris, je fais ma chiante et je suis un chouïa déçue par la façon dont le biographe s'est approprié la voix de Martin Gray, et cette histoire de controverse surtout m'a chiffonnée ! ]

Malgré ces quelques bémols, j'ai vraiment beaucoup apprécié cette lecture, le récit d'un tel courage force le respect et nous fait énormément relativiser nos petits problèmes ! C'est une lecture éprouvante, qui ne nous épargne pas ; et j'ai tout particulièrement apprécié les réflexions que se fait le héros vers la fin de la guerre, quand il est sorti d'affaire (ou presque) et que la situation s'inverse : capable de déceler la barbarie naissante dans tout homme, il cherche avant tout à rester humain, à ne pas se tromper d'ennemis, à ne pas devenir lui-même un bourreau. Il cherche à comprendre ce qui fait qu'un homme peut basculer et devenir "une bête à visage d'homme", quels sont nos penchants naturels les plus dangereux ; j'ai trouvé toute cette analyse très pertinente, à méditer : "L'égoïsme, l'indifférence, la lâcheté : les bourreaux avaient toujours les mêmes alliés, cette part sombre de l'homme qui peut le masquer tout entier et faire de lui une bête."

Extrait :
"C'est vrai, je suis devenu égoïste, c'est vrai je peux voir un mourant et passer près de lui sans m'arrêter. Parce que j'ai compris que pour le venger il me fait vivre, à tout prix. Et pour vivre il faut que j'apprenne à le regarder mourir. Mon égoïsme c'est ce qu'ils m'ont laissé comme arme, je m'en suis saisi, contre eux. Au nom de tous les miens."

Film : (fiche allociné) ma grand-mère l'a en VHS, je vais donc sans doute bientôt le voir. L'édition DVD comporte une vidéo bonus de 4 minutes intitulée "Au nom de tous les miens, la controverse", j'aurais bien aimé voir cette vidéo mais impossible de la trouver sur Internet -_-

Jeudi 7 octobre 2010

http://bouquins.cowblog.fr/images/livres/premieramouroates.jpg(sous-titre : conte gothique)

Quatrième de couverture : Pour une raison qui demeure obscure à Josie, sa mère, Délia, a précipitamment abandonné le domicile conjugal et l'a emmenée vivre avec elle dans la maison de sa grand-mère, Esther Burkhardt. C'est là qu'elle fait la connaissance de Jared, un cousin nettement plus âgé qu'elle. Tout auréolé du prestige des études théologiques qu'il poursuit dans le cadre du séminaire presbytérien, sanglé dans d'impeccables chemises blanches amidonnées, distant et mystérieux, Jared exerce sur la fillette la plus grande fascination. Par un capiteux après-midi d'été, Josie le rencontre sur le bord de la rivière derrière la maison des Burkhardt...
Dès les premières pages de ce conte dont on ne sait s'il est immoral ou onirique, le lecteur est envoûté par l'étrange atmosphère de la maison Burkhardt, royaume des secrets familiaux que se chuchotent les adultes. Alors qu'elle cherche, entre terreur et amour, à se frayer un chemin vers elle-même, une fillette aborde à des rivages dangereux. Et ce livre inquiétant qui ne dit rien sur le sexe et tout sur les vertiges des phantasmes est sans doute l'un des plus érotiques qui soient.

Mon avis : un livre que j'ai eu envie de lire pour diverses raisons : 1) j'avais envie de découvrir cet auteur 2) j'allais à la bibli pour rendre des livres, pas pour en emprunter, alors en emprunter un aussi court (il fait 90 pages) me semblait être un compromis satisfaisant 3) la couverture m'attirait, de même que le titre sympathique, c'est aussi le titre d'un livre de Tourgueniev (pas lu) et de Gorki (pas lu non plus mais dans ma PAL) 4) la quatrième de couverture nous dit qu'il s'agit d'un livre "des plus érotiques qui soient", hinhin je veux voir ça !

Bon, ce n'est pas du tout ce à quoi je m'attendais. Le résumé nous faisait bien deviner qu'il allait se passer des choses entre Josie et son cousin, mais je m'attendais à une vraie histoire d'amour, à un éveil des sens, à quelque chose de plutôt doux (bon c'est vrai, la quatrième de couverture parle d'un livre "inquiétant" et nous informe que le cousin est "nettement plus pagé", mais quand même)... et le problème c'est que Josie n'est pas une ado puisqu'elle n'a que... 11 ans :s !

On a donc affaire à une histoire plus perverse qu'érotique, plus horrible que simplement inquiétante... la petite Josie est quasiment livrée à elle-même (et donc à son ignoble cousin) : même si elle en sait plus sur le monde des adultes que ce qu'on veut bien lui en dire, elle ne semble pas avoir conscience du caractère complètement malsain de la relation qu'elle entretient avec son cousin. Sa mère, soit ne s'occupe pas d'elle, soit lui fait sans cesse comprendre que les questions qu'elle pose ne sont pas pertinentes - alors même que les interrogations de Josie n'ont rien d'absurde ! Mais cette mère, Délia est un bien étrange personnage, égoïste et contradictoire - je l'ai détestée - qui fait mine d'être blasée, niant l'importance des sentiments et du passé, elle finit invariablement par conclure que toutes choses ne sont que des mots, et qu'on peut donc ignorer... alors qu'en réalité elle mène une existence triviale sans rapport avec les réflexions creuses qu'elle inflige à sa fille, qui manque donc totalement de repères (je ne pense pas avoir un idéal d'éducation rigide - je n'ai jamais vraiment réfléchi à l'éducation que j'aimerais donner à mes potentiels futurs enfants, en fait), c'est n'importe quoi.

Délia est de toute façon à l'image de tous les adultes du livre : profondément hypocrite. Le pire bien sûr, c'est Jared, qui masque sa folie et ses penchants sexuels infâmes derrière une image bien sérieuse et proprette de futur ecclésiastique. Les sévices que Jared lui inflige sont ignorés de tous, et le calvaire de Josie  - qui n'est pas vraiment décrit comme tel puisqu'on a son point de vue à elle et qu'elle pense aimer son bourreau... amour monstrueux, et qui rend la situation encore pire aux yeux du lecteur, enfin c'est comme ça que je l'ai ressenti ! - ne connait pas de véritable dénouement (ni positif, ni négatif), et c'est dommage, la fin m'a un peu déçue.

L'atmosphère est bien décrite, j'ai eu l'impression en lisant ce conte de lire quelque chose de différent, d'inhabituel ; on a une sorte d'ambiance de jungle, le registre fantastique est présent, le cousin étant aussi vu comme un serpent, un faucon... le point de vue adopté est celui de Josie, mais il est rapporté de façon originale : tantôt on a un récit à la première personne du singulier (normal), tantôt, à la deuxième, qui fait penser aux discours que pourrait tenir le cousin : c'est comme une voix sombre qui lui dicte sa conduite, lui fait comprendre qu'elle n'a pas le choix... ce procédé nous permet de comprendre quelle est l'emprise que Jared a sur elle, puisque ses pensées deviennent les siennes, elle n'a aucun recul, aucune possibilité de résister.

Ce conte ne manque pas d'intérêt, j'ai envie de lire d'autres œuvres de cet auteur, mais j'aurais aimé qu'un rebondissement vienne balayer tout ça à la fin, c'est plus contemplatif qu'autre chose, malgré la brièveté du texte j'ai fait plusieurs pauses. Je retiens surtout cette impression de malaise que j'ai eue tout le long et qui ne s'est pas dissipée à la fin.... ce n'est pas vraiment ce que je recherchais aujourd'hui, mais je pense que c'est ce que voulait l'auteur, donc de ce point de vue là c'est une réussite ! J'ai peur que l'univers de ce conte,  avec le marais, les photographies des petites filles, les blessures physiques... me marque un peu trop, mais je pense qu'a posteriori je jugerai ce conte plus positivement que je ne le fais à présent ! ^^

Vendredi 8 octobre 2010

Eh oui, c'est aujourd'hui la veille du RAT !  :D

Depuis quelques semaines je note dans mon carnet les titres des livres de ma bibliothèque que je pourrais avoir envie de relire... car il est fort possible que ce marathon de lecture (qui durera 24 heures puisque j'ai choisi le grand format cette fois-ci :p) soit en grande partie constitué de relectures pour ma part : des livres courts, faciles à lire, et qu'a priori j'aime (bon justement pour certains la question est de savoir si je les aime toujours - c'est pour cela que j'ai ressorti un Marc Levy poussiéreux, pour voir ce que j'en pense aujourd'hui, et au moins je suis sûre que ça ne va pas me griller le ciboulot) ; j'ai assez régulièrement envie de relire des livres mais je ne le fais pas trop parce qu'il y a une méchante petite voix dans ma tête qui me chuchote que c'est une perte de temps, mais là comme je vais passer 24 heures livresques, je ne vais certainement pas m'en priver !

(autre gros avantage des relectures : pas besoin d'écrire un avis dessus pour le blog puisque la plupart du temps c'est déjà fait - parce que je me connais, je ne pourrai pas commencer un livre sans avoir écrit mon avis, ou au moins quelques notes, au sujet de ma lecture précédente, et ça risque de beaucoup me ralentir si je ne dois écrire les avis de tous les livres que je lirai pendant le RAT ! o_O)

Et hier, j'ai enfin choisi - et sorti de ma bibli pour ne pas peiner à les retrouver au moment voulu, parce que je n'ai toujours aucun principe de rangement dans mes bibliothèques, je suis donc obligée de me souvenir de l'emplacement de chaque livre, et ça devient de plus en plus coton croyez-moi - ceux qui auront l'honneur de m'occuper ce week-end (mais je ne m'interdis pas non plus de piocher dans ma bibli si j'ai vraiment envie d'un livre auquel je n'avais pas pensé hein), et je me suis donc concoctée une petite sélection de 30 livres ! (au moins j'aurai le choix huhu) (j'ai prévu 3 BDs mais il se peut aussi en cas de coup de mou que je me refasse tous les Mélusine, Titeuf et Petit Spirou qui sont chez moi)

Raaah vivement demain ! Un peu avant le départ du Read-A-Thon - qui est à 10 heures remember - je créerai un nouvel article qui me servira à donner des nouvelles de ma progression tout au long des 24 heures :)
Ladite sélection en image : (cliquez pour voir en plus grand)
(pile de gauche : relectures possibles, pile de droite : livres encore jamais lus)

http://bouquins.cowblog.fr/images/divers/ratj1.jpg

Vendredi 8 octobre 2010

http://bouquins.cowblog.fr/images/livres/lamusiqueduhasard.jpgQuatrième de couverture : Nashe, qui a hérité de deux cent mille dollars, se débarrasse de ce qu’il possède, achète une voiture et entreprend de sillonner l’Amérique. Ainsi rencontre-t-il Pozzi, professionnel du poker, avec qui il décide de miser le restant de sa fortune dans une partie " facile " contre deux millionnaires excentriques, Flower et Stone. Et le plus extravagant commence alors… A chacun de ses romans, Paul Auster révèle une nouvelle dimension de sa maîtrise romanesque. Et son succès, en Europe comme aux Etats-Unis, doit beaucoup à la manière qu’il a de combiner une esthétique européenne avec des mythes américains. Les amateurs de littérature romanesque seront comblés par ce livre scintillant de coïncidences et de conjonctions révélatrices, écrit avec une ferveur et une habileté narratives plus " austériennes " que jamais.

Mon avis : mon troisième Auster, après La Nuit de l'Oracle et Le Voyage d'Anna Blume. Même si je l'ai trouvé un peu moins entraînant que les deux premiers, j'ai beaucoup beaucoup aimé. Jim Nashe est un personnage qui d'un coup, rompt avec sa vie, et semble se fuir, même s'il a confusément l'intention de se trouver. C'est un personnage qui semble d'abord assez simple : l'abandon de ses habitudes se fait sans qu'il réfléchisse beaucoup avant, il obéit à ses pulsions, fait juste comme il le sent, on n'a pas de longues analyses psychologiques, pas vraiment de passages d'introspection, et pourtant, ce voyage sans but que Jim va d'abord mener me semble avoir un intérêt existentiel ; en quittant tout, Nashe a l'air de chercher quelque chose de plus vrai que la vie qu'il a eu jusqu'alors, vie conventionnelle, banale, par défaut, qui n'était peut-être au fond qu'une mascarade (ne ressent-on pas tous cela un jour ou l'autre ?).

Attention, j'interprète beaucoup, et peut-être que d'autres lecteurs de ce livre ne seront pas d'accord avec moi, ne verront même pas de quoi je parle, mais c'est comme ça que je vois les choses : en partant, Nashe veut reprendre sa vie en main, mais rapidement, il ne sait pas quoi faire de lui-même, et j'ai trouvé ça bigrement intéressant : que va-t-il faire de sa liberté ? Qui va-t-il rencontrer ? Vers quoi va-t-il se laisser entraîner ? Et jusqu'où ira-t-il, arrivera-t-il quelque part finalement ? On comprend à quel point les moindres détails peuvent être importants, quand on sait à quelles conséquences ils conduiront, et ça devient vite hallucinant quand on y réfléchit. Peut-être que ça vous semble à côté de la plaque, mais ce personnage m'a beaucoup rappelé le héros du film American Beauty* (film que j'adore soit dit en passant).

Le personnage qui va croiser sa route, Pozzi, jeune, fanfaron, nerveux, m'a été sympathique. J'ai bien aimé le passage de la soirée chez les millionnaires, je l'ai trouvé pittoresque, puis haletant, et les conséquences font froid dans le dos... Nashe est quand même un personnage plus complexe qu'il n'y paraît : d'un côté, il quitte le moule qu'on lui impose, veut retrouver sa liberté, dans la solitude, la fuite d'abord, puis dans l'immobilité, le travail ; moyens divers, antagonistes, je me suis d'abord attendue à ce qu'il fasse de vrais coups d'éclats ; m'apercevant que ce n'était pas le cas, j'ai d'abord regretté son côté passif, avant de l'admirer : malgré son désir initial d'être le propre guide de sa vie, il accepte rapidement son sort, se soumet aux évènements avec une sérénité qui m'a d'abord étonnée, et qui finalement est cohérente, cimente les différentes facettes de ce personnage paradoxal. Je suis un peu déçue que certains indices nous laissent entrevoir la tournure que vont prendre les évènements, la fin aurait pu être beaucoup plus surprenante si le suspense avait été un peu mieux préservé ; mais tous ces indices inquiétants doivent permettre une deuxième lecture très intéressante.

Quant au style de Paul Auster, j'en suis toujours aussi fan : cet homme sait vraiment écrire. Cela peut paraître stupide de dire ça, vous pensez peut-être que forcément, tous les écrivains savent écrire, mais quel plaisir de lire tout un roman sans avoir envie de critiquer une seule fois la moindre tournure, la moindre modalisation abusive, quelle maîtrise ! Cela coule, c'est fluide, et c'est en même temps assez beau, assez précis, pas simpliste. J'aime, et j'ai bien l'intention de continuer à lire ce grand auteur que je n'ai découvert que depuis quelques mois.

Citations : "Le véritable avantage de la richesse, ce n'était pas la possibilité de satisfaire ses désirs, c'était celle de ne plus penser à l'argent."

"Du moment qu'un homme commence à se reconnaître dans un autre, il ne peut plus considérer cet autre comme un étranger."

Samedi 9 octobre 2010

http://bouquins.cowblog.fr/images/divers/martineRAT.jpgCela commence à 10 heures donc très bientôt, voilà voilà j'ai fait mon lit (et Junie est déjà prête à me tenir compagnie grouu) mis mon jogging, mes chaussettes porte-bonheur, préparé les livres (depuis deux jours), les mouchoirs la bouteille d'eau le poncho, réquisitionné des oreillers en plus, je prie tous les dieux que je connais pour ne pas être disqualifiée par une migraine (vous aussi croisez les doigts de pied !), et quand j'aurai envie/besoin de faire des pauses je viendrai donner de mes nouvelles ici ! :) Bon RAT à tous les participants !

10 h : je sais pas encore avec quel livre je vais commencer mais c'est partiii !
13h08 : ai lu Comme un roman et Le Petit Nicolas, pause déjeuner.
13h43 : et ça repart, avec Hell de Lolita Pille.
17h40 : ai reposé Hell au bout de 16 pages et ai entamé le premier tome d'Eragon, j'avance lentement j'en suis à la page 113... j'ai eu du mal à entrer dedans mais là ça va mieux. Et puis je viens de goûter (nutellaaaa). Ne ressentant toujours pas le besoin de faire une pause plus longue, j'y retourne !
18h17 : micro-pause, je viens juste de me rendre compte que j'ai oublié de dire tout à l'heure que j'ai aussi lu Le Livre du Voyage, avant de commencer Eragon ^^
20h25 : en suis à la page 250 d'Eragon, et j'ai aussi lu 55 pages des Idées noires de Franquin. Maintenant, je vais dîner !
21h : j'ai fini de dîner, je repars avec Eragon ! Contente de ne pas avoir choisi de faire le mini-RAT car il s'achève dans une heure et je ne suis pas encore fatiguée !
00h30 : eh bien, j'ai fait un peu plus de la moitié du chemin, ceux qui faisaient le mini-RAT ont fini depuis 2 heures et demie ^^ ! Je n'ai pas fait de pause à mi-parcours (je n'y ai même pas pensé en fait), et je suis toujours avec Eragon (p. 454). Ma mère et mon frère ne vont pas tarder à aller se coucher et moi du coup, je vais sans doute bientôt migrer dans le salon pour y passer la nuit (j'ai passé toute la journée dans ma chambre sauf pour les repas). La lassitude ne se fait pas encore sentir, je commence juste à avoir un peu mal au dos. Quand je commencerai à lutter contre le sommeil, je me ferai peut-être une pause un peu plus longue, le temps de prendre un thé et une pomme ('paraît que manger une pomme tient éveillé, je ne sais pas quelle est l'explication scientifique mais je vais tester, et de toute façon je n'aime pas vraiment le café/je ne sais pas m'en préparer/ça me fait trop pisser donc je vais bien devoir tenter des moyens alternatifs). Mais de toute façon je n'en suis pas encore là, j'ai l'esprit encore assez vif  (hum) et les yeux bien ouverts ! ;) à bientôt sûrement, au cas où des âmes braves (des BIG-Rathoniens en pause comme moi je suppose) liraient encore mes péripéties, possible que je vienne bavarder dans cet article plus souvent pour m'encourager, je ne suis pas habituée à faire des nuits blanches ! ^^
2h55 : je suis toujours vivante ! Je fais une pause-thé (ça me fait pisser aussi, mais moins que le café ^^), je suis toujours avec Eragon, page 555 ! Ah oui et aussi, il y a environ une heure j'ai (re)lu le 1er tome du Chat du rabbin, j'aime toujours autant cette BD :) je commence à avoir mal aux yeux mais je comprends toujours ce que je lis donc ce n'est pas encore de la torture, ça va toujours en somme !
5h28 : j'ai enfin fini Eragon ! Je suis fatiguée, mais pas tellement plus que tout à l'heure, alors je continue (peut-être avec Matilda)
7h32 : je tiens toujours, et je pense maintenant que je n'aurais en fait pas de mal à tenir éveillée jusqu'à la fin... je viens de finir Matilda, là je vais lire une BD je pense, et commencer un livre pas trop compliqué pour la dernière ligne droite (parce que bon je frime, mais je suis quand même un peu dans le cirage maintenant), mais je sais pas encore lequel !
8h25 : Je viens de finir la BD Jolies Ténèbres et qu'est-ce que c'est bien ! Je ferai pas de billet dessus parce que je fais jamais de billet sur les BDs mais vraiment, je vous la conseille o_O J'suis super-fan ! (comme quoi, même après 22 heures de lecture je peux encore m'enthousiasmer ^^)
10h et des poussières : pour finir le RAT j'ai commencé Héroïne d'Ann Scott, ce livre me déprime mais j'aime beaucoup, possible que je le finisse ce soir si j'émerge avant demain matin ^^ et à 10 heures pile j'en étais à la page 73. Bref, je vais m'amuser à compter mes pages, et puis ensuite je vais essayer de me motiver pour aller me coucher (si je m'écoutais je ferais le tour de tous les blogs des participants là xD)
 
=> 1715 pages lues en 24 heures, je vais me coucher !

Dimanche 10 octobre 2010

(ouais, un article juste pour faire durer le plaisir, histoire d'en rajouter une dernière couche avant le prochain...)
(article qui sera peut-être édité quand on j'aurai plus de résultats "généraux" concernant les camarades et tout - et là je suis toujours pas très fraîche)

Il paraît qu'on a été environ 80 participants. C'est fou !

Je regrette un peu de n'avoir pas (toujours pas...) participé au concours photo sur le blog officiel du RAT, je m'étais dit que je m'amuserais à faire des photos la nuit et puis la nuit venue ça m'est complètement sorti de l'esprit !

Comme dit dans l'article précédent, j'ai lu 1715 pages en 24 heures. (dont 197 pages de BD) : je m'"améliore" donc si on se souvient que lors de ma première participation au RAT, j'avais lu 787 pages en 12 heures. J'ai fait des pauses moins fréquentes et moins longues cette fois-ci, c'est sans doute pour ça. Et j'ai pas dormi ; j'aurais pu si j'avais voulu, mais avoir fait une nuit blanche est ma fierté personnelle ^^ fierté personnelle n°2 : je suis venue à bout d'Eragon, et ai donc du même coup participé au mini défi Cruel qui consistait à lire un livre de plus de 600 pages pendant le RAT. (j'ai pas trop fait gaffe aux mini défis proposés sinon, mais celui-ci je trouve qu'il en jette quand même. Bref)

Un petit point sur mes lectures pendant le Read-A-Thon : (7 livres lus en entier, 10 livres sont passés dans mes mains en tout)
1) Comme un roman, de Daniel Pennac : ce bouquin booste toujours autant mon envie de lire, j'adore.
2) Le Petit Nicolas, de Sempé et Goscinny : je ne l'avais pas lu depuis des années et ça a été une relecture très agréable (un article à venir si j'ai le courage)
3) Hell, de Lolita Pille : aïe je n'accroche plus du tout faudra que je mette l'article de ce livre à jour !
4) Le Livre du Voyage, de Bernard Werber : moins convaincant que lors de ma première lecture mais toujours sympa.
5) Idées noires, de Franquin : je ne l'ai pas fini mais c'était super pour se détendre, ça me fait rire, merci Adélie de me l'avoir prêté !
6) Le Chat du Rabbin, tome 1 : la Bar-Mitsva, de Joann Sfar : BD lue et re-relue pour ma part mais j'aime toujours autant !
7) Eragon, tome 1, de Christopher Paolini : pas toujours passionnant mais ça va quand même, mon avis détaillé le 15 octobre (LC).
8) Matilda, de Roal Dahl : une relecture légèrement décevante (j'ai trop vu le film gamine je crois ^^) mais sympa quand même.tout de même bien agréable !
9) Jolies Ténèbres, de Vehlmann & Keraskoët : superbe BD, mon coup de cœur du RAT !!!
10) Héroïne, d'Ann Scott : en ai lu un peu moins de la moitié et j'aime beaucoup, je vais le finir rapidement je pense !

Lundi 11 octobre 2010

http://bouquins.cowblog.fr/images/livres/heroine.jpgRésumé : Ce récit sur les affres de la passion met en scène une jeune femme de 32 ans qui décide de renouer avec Iris, une jeune fille de 22 ans, avec laquelle elle avait vécu une aventure brève, une rencontre physique d'une rare violence, cinq ans auparavant. Mais, Iris est toujours aussi insaisissable. Elle promet, ne tient jamais, annule, débranche son téléphone, mais rappelle à la dernière seconde.

Quatrième de couverture /extrait de critiques :
«Les histoires d'amour finissent mal en général. Celles entre filles n'échappent pas à la règle. Surtout lorsque l'une aime et l'autre pas... [...] Le nouveau roman d'Ann Scott, écrit au scalpel et à coups de SMS non retournés, est plus addictif que jamais. Mieux : il aspire à l'universel.» SENSO

«Ann Scott renoue pulpeusement avec ses jeux interdits et donne à son succès Superstars une suite, peut-être même une fin.» SANDRINE MARIETTE - ELLE

«L'héroïne est aussi attachante que pathétique. Ann Scott possède le sens du détail qui tue. Son récit rageur se lit d'une seule traite, comme la chronique acide des errements amoureux d'aujourd'hui.» François Vey - LE PARISIEN

Mon avis : Un livre écrit simplement, qui se lit vite, et qui m'a beaucoup touchée parce que je m'y suis énormément reconnue ; bon, il m'a surtout déprimée en fait, parce qu'il a ravivé pas mal de souvenirs personnels pathétiques ; Iris, la jeune femme dont est amoureuse l'héroïne de ce roman, ne cesse de la faire tourner en bourrique en lui posant des lapins, en reportant indéfiniment des rendez-vous, et elle justifie son comportement infâme en enchaînant les prétextes minables... tout à fait mon ex ^^ ! Et l'héroïne, amoureuse transie, est aussi hystérique et obsessionnelle que j'ai pu l'être, elle renoue sans cesse le contact, gobe des mauvaises excuses aberrantes, et va ainsi d'espoirs en désillusions, mais les déceptions sont de plus en plus lourdes. On sait d'avance comment ça va finir (enfin à peu près), mais peu importe, là n'est pas l'intérêt du roman.

L'auteur dépeint de façon très juste, très réaliste cette d'histoire d'amour merdique, foutue d'avance. Pour qui n'a jamais vécu quelque chose de ce genre, le livre paraîtra sans doute très répétitif, puisque cette histoire d'amour n'en finit pas...  de ne pas commencer. Et l'héroïne vous paraîtra sans doute idiote. Si j'avais lu ça quand j'étais en plein dedans, peut-être que ça m'aurait aidé à décrocher, peut-être... ou pas : je suppose que j'aurais tout autant aimé ce roman, mais j'aurais pensé "haan j'ai vraiment une vie trop romanesque trop bien" (lol).

J'ai aussi bien aimé le fait qu'il s'agisse d'une histoire d'amour entre filles ; ce n'est pas essentiel (la preuve, mon ex est un garçon mais il était tout à fait comme ça), mais ça change un peu, et surtout ça me parle, globalement, j'ai beaucoup apprécie les passages érotiques du bouquin (qui ne manquent pas). Le thème de la drogue apparaît aussi (en fait je n'avais pas lu la quatrième de couverture et je pensais donc que c'était le sujet principal du roman, à cause du titre), mais finalement assez peu. La fin ne m'a pas vraiment convaincue, j'aurais bien aimé qu'un rebondissement plus extrême vienne clôturer tout ça. Là les choses s'arrêtent bien certes, mais c'est un peu mou. (remarquez, la fin de mon histoire d'amour a été tout aussi molle hein ^^)

Un livre qui m'a donc beaucoup accrochée, car il a éveillé en moi une sorte de nostalgie malsaine ; je me suis complètement identifiée à la narratrice, d'autant plus que la narration en rajoute une couche : tout le livre est écrit à la deuxième personne du singulier... procédé qui devient de plus en plus courant apparemment et qui marche à tous les coups avec moi, cf mon, admiration pour Un homme qui dort de Perec ! Je ne saurais donc pas juger de façon objective le style, dans quelques années si je relis possible que je trouve ça naze et sans aucun intérêt littéraire... là, j'ai joué la carte du bovarysme à fond. Ce livre est paraît-il la suite de Superstars, livre que je n'ai pas lu et dont le sujet me tente moins que celui-ci, mais peut-être que je le lirai un jour si j'en ai l'occasion...

Je remercie donc de nouveau Matilda qui a touché en plein dans le mille en m'envoyant ce petit roman pas prise de tête (qui convenait tout à fait au moment où je l'ai lu : la fin du Read-A-Thon) mais plein d'émotions pour moi ! (tout de même je me questionne, qu'est-ce qui t'a indiqué que je l'aimerais ? j'avais pourtant pas déballé ma vie sentimentale passée ici... ni clairement évoqué mon attirance pour les filles... si ? xD)

Extrait :
"Au réveil suivant, en constatant qu'il est midi passé, tu es anéantie. Depuis toujours, tu dois te mettre au travail dès le matin. Tu n'as jamais pu t'expliquer pourquoi, mais si tu n'as pas la journée entière devant toi, une chape de plomb te tombe dessus et tu restes à regarder la journée filer sans trouver le moyen d'entrer dedans. Tu te sens alors comme paralysée, et à mesure que les heures passent, le dégoût qui te submerge devient si palpable, si épais, visqueux, gluant, que tu te retrouves empêtrée sans savoir comment t'en défaire. Même tendre la main pour allumer la télé demande un effort que tu ne peux fournir."

Mercredi 13 octobre 2010

http://bouquins.cowblog.fr/images/livres/beedlethebard.jpgCHALLENGE ABC 2010, 19ème livre lu ♦
(Lecture en VO)

Quatrième de couverture : Voici les cinq contes de fées qui bercent l'enfance des jeunes sorciers. Chacun a sa magie particulière qui enchantera les lecteurs et les fera tour à tour rire ou frissonner.
Les commentaires passionnants et malicieux du professeur Albus Dumbledore qui accompagnent chaque récit seront appréciés des sorciers comme des Moldus. Le professeur donne de nombreuses clefs et dévoile, par la même occasion, maint détail de la vie à Poudlard.
Cet ouvrage comporte cinq contes, dont un figure dans Harry Potter et les Reliques de la Mort : Le Conte des Trois Frères.
Les cinq contes de Beedle le Barde sont :
• Le Sorcier et la Marmite sauteuse
• La Fontaine de la Bonne Fortune
• Le Sorcier au cœur velu
• Babbitty Lapina et la souche qui gloussait
• Le conte des Trois Frères

Mon avis : cela faisait bien longtemps que je n'avais pas lu en anglais... en fait la dernière fois, c'était pour Harry Potter and the Deathly Hallows ! Comme ce recueil de contes est court et plutôt destiné à la jeunesse (même si on sait bien que les fans de Harry Potter n'ont pas d'âge :p), je pensais que cela ne me causerait vraiment pas le moindre problème de compréhension, mais je dois avouer que j'ai dû rouiller, et au début j'ai un peu peiné... surtout pour des problèmes de vocabulaire en fait. Je ne me suis pas amusée à chercher tous les mots inconnus dans le dico, ça aurait été pénible et cela n'était pas nécessaire, le contexte aide à bien comprendre globalement ; mais la plupart des mots que j'ai tout de même cherchés n'étaient pas dans mon dico, pourtant pas particulièrement petit ! (mais du coup cela m'a un peu rassurée ; si même mon dico ne connaissait pas ces mots, je n'allais pas les connaître non plus, faut pas pousser ! ^^)

La lecture de ces contes a quand même été agréable, même si tous les contes ne m'ont pas enthousiasmée. Le premier, "The Wizard and the Hopping Pot", ne m'a pas vraiment plu, j'aime assez la morale (les sorciers doivent être gentils avec les moldus !) mais les péripéties m'ont semblé trop répétitives, et la chute, vraiment trop prévisible (en plus je ne savais pas ce que signifait "hopping" et cela m'a vexée de ne même pas comprendre le titre du premier conte, je me disais que ça partait mal ^^). Autre déception du recueil : "Babbity Rabbitty and her cacking Stump" (là pareil, le mot "stump" m'a posé des problèmes, c'est le dessin finalement qui m'a fait comprendre qu'il s'agissait d'une souche !), je suis peut-être trop nulle, mais c'est ce conte qui m'a posé le plus de problème de compréhension, les personnages principaux sont méchants (bouh !) et le seul personnage positif du conte est trop peu présent à mon goût.

Heureusement, pour compenser, j'ai beaucoup aimé les trois autres contes : "The Fountain of Fair Fortune", même si elle fonctionne sur un schéma répétitif avec trois sortes d'épreuves (schéma classique du conte, qui s'appelle la triplication - réminiscence d'un cours sur la littérature jeunesse à la fac) m'a tout de même bien diverti (je n'avais pas deviné la fin à l'avance), et j'ai aimé le fait que les qualités humaines des personnages soient valorisées au détriment des pouvoirs magiques du lieu, j'ai trouvé ce conte plein de sagesse, et assez subtil tout de même. Le sujet du conte "The Warlock's Hairy Heart" m'a tout de suite accrochée car il est question d'amour, et de la sensation de faiblesse que ce sentiment peut entraîner. J'ai trouvé la fin très belle, et ce conte dans son ensemble est bien plus violent que les autres, plus sanglant, je l'ai trouvé moins enfantin ! Enfin, j'avais hâte pour finir de relire "The Tale of the Three Brothers" qu'on a déjà pu découvrir dans le tome final de Harry Potter. Je ne m'en souvenais plus très bien - même si en lire le début me l'a aussitôt remis en tête - et j'aime vraiment beaucoup ce conte !

Replonger dans l'univers de Harry Potter m'a donné envie de relire -encore- la série (et surtout les derniers tomes que j'ai peu relus - voire, pas relu pour le tout dernier, enfin je l'ai lu une fois en anglais et une fois en français mais c'est tout). Les dessins (de J. K. Rowling) sont mignons et correspondent bien au genre du livre, leur relative finesse compense l'absence de couleurs, et ils sont assez nombreux sans envahir le livre. Les commentaires de Dumbledore sont intéressants, ils éclairent le sens du texte en donnant le contexte dans lequel les contes ont été écrit, évoquant les différentes critiques des contes, et surtout, ils donnent une impression d'authenticité à l'ensemble - je veux dire par là qu'ils nous aident à imaginer que ces contes ont pu connaître une réception dans le monde des sorciers, qu'ils sont une part d'une véritable culture différent de la nôtre, et donnen encore plus de cohérence au monde de Harry Potter :p

Un sympathique petit prolongement à la saga donc, qui peut rendre le fan de Harry Potter nostalgique :') même si tous les contes ne se valent pas et que le plaisir de la lecture n'a rien à voir avec celui que j'ai eu à suivre les aventures de Harry !

D'autres avis : je vous rappelle que pour voir d'autres critiques des bouquins que je présente sur ce blog, il vous suffit (bon pas pour tout le blog, mais pour les dernières pages oui) de cliquer sur l'image de couverture du livre pour avoir accès à sa fiche bibliomania répertoriant les liens vers d'autres critiques - je vous le signale de nouveau ici car pour ce livre c'est particulièrement intéressant, 26 critiques sont répertoriées !

Vendredi 15 octobre 2010

http://bouquins.cowblog.fr/images/livres/eragon.jpgCHALLENGE ABC 2010, 18ème livre lu ♦
 
Quatrième de couverture :
Un garçon...
Un dragon...
Une épopée...

Voilà bien longtemps que le mal règne dans l'Empire de l'Alagaësia... Et puis, un jour, le jeune Eragon découvre au coeur de la forêt une magnifique pierre bleue, étrangement lisse. Fasciné et effrayé, il l'emporte à Carvahall, le village où il vit très simplement avec son oncle et son cousin. Il n'imagine pas alors qu'il s'agit d'une oeuf, et qu'un dragon, porteur d'un héritage ancestral, aussi vieux que l'Empire lui-même, va en éclore... Très vite, la vie d'Eragon est bouleversée. Contraint de quitter les siens, il s'engage dans une quête qui le mènera aux confins de l'Alagaësia. Armé de son épée et guidé par les conseils de Brom, le vieux conteur, Eragon va devoir affronter, avec son jeune dragon, les terribles ennemis envoyés par le roi dont la malveillance démoniaque ne connaît aucune limite.
Eragon n'a que quinze ans, mais le destin de l'Empire est désormais entre ses mains !

Mon avis : il y a quelques années, j'ai vu le film, qui ne m'avait pas tellement plu. Je trouvais les dragons beaux, mais l'histoire en elle-même ne m'avait pas accrochée et je crois bien que je m'étais même à moitié endormie devant. Et puis, j'ai lu des critiques qui disaient que le livre était quand même mieux, ma mère abonnée à France Loisirs (quelle arnaque, ne vous inscrivez jamais à un truc comme ça ^^) devait acheter un livre, je lui ai demandé d'acheter celui-ci en me disant que je ne le lirais bien un jour... il a dormi plusieurs années dans ma bibliothèque et sans le challenge ABC et la lecture commune à laquelle je me suis inscrite il aurait peut-être dormi encore longtemps... mais je me suis décidée à le lire pendant le Read-A-Thon en me disant que cela serait facile à lire et qu'un livre narrant des aventures fantastiques me permettrait de tenir des heures sans peine.

Facile à lire, ça l'est en effet. Le style n'échappe pas à certains clichés mais globalement, il se lit bien sans être trop simple ; je l'ai trouvé moins enfantin que le style de Pierre Bottero par exemple. J'ai quand même eu du mal à entrer dans l'histoire, les premières pages ne m'ont guère accrochée et il a fallu que je me dise "allez, force-toi au moins à aller jusqu'à la page 20 avant de laisser tomber", et puis finalement au fil des pages je me suis quand même laissée porter. Je sais pas trop pourquoi, mais le destin de ce gamin qui vit dans une ferme et qui va devenir un héros m'a fait penser au début de Taram et le chaudron magique, de Disney ^^ les images de ce dessin animé me sont venues en tête quand j'ai cherché à visualiser le décor. L'histoire met un certain temps à vraiment démarrer, on se doute bien que la pierre qu'il a trouvé est un oeuf de dragon (c'est d'ailleurs révélé dans la quatrième de couverture), mais il n'éclot pas tout de suite, loin de là ! Et ce n'est qu'à partir du moment où la dragonne naît et est élevée en secret par Eragon que l'intrigue prend vraiment de l'intérêt. Malgré les responsabilités qui vont très vite lui incomber, Eragon garde malgré tout pendant une partie du tome un comportement assez gamin, j'ai trouvé cet aspect plutôt drôle et assez réaliste.

Quand les choses vont vraiment se mettre en place (périphrase qui ne veut pas dire grand-chose mais c'est pour ne pas spoiler), on a droit à un grand classique de la fantasy : le long voyage (entrecoupé d'embûches) du jeune héros escorté d'un homme sage qui va en quelque sorte le former en route. Péripétie que je ne trouve pas des plus palpitantes et qu'on a déjà vu dans le Seigneur des Anneaux (normal me direz-vous, c'est sans doute Tolkien qui l'a inventée - je dis ça un peu au pif parce que je n'y connais pas grand-chose en terme de littérature fantasy, surtout si je me trompe dites-moi quel est l'inventeur d'un tel schéma !), et dans la Quête d'Ewilan... et ça m'a plutôt saoulée que Paolini nous refasse le coup. Bon, pour compenser, il y a Brom, un sacré personnage que j'ai beaucoup apprécié, mais j'aurais aimé qu'on en sache plus pour lui. La relation entre Eragon et Saphira est aussi mignonne, mais bon ça casse pas des briques non plus.

La fin de ce voyage correspond au moment du roman que j'ai le plus apprécié, pendant un certain nombre de pages j'étais quasiment passionnée par tout ce qui se passait... mais mon intérêt a fini par retomber un peu, et les scènes de la fin m'ont déçue : beaucoup d'action "pure" ; que la bataille de la fin m'a semblé longue...  - mais peut-être aussi parce que je commençais à fatiguer à ce moment-là (il devait être 4 heures et demie du matin et j'étais sur le bouquin depuis l'après-midi de la veille) - et pourtant la fin n'apporte pas de réel dénouement, on a vraiment l'impression que les choses vraiment intéressantes vont vraiment n'avoir lieu que dans le tome 2, et cela m'a beaucoup frustrée sur le coup, j'ai vraiment pensé "Quoi ? Tout ça pour ça ???". Cette lecture m'a fait connaître des moments agréables, mais aussi une bonne dose d'ennui que je ne peux ignorer au moment de faire le bilan (bon, je suis quand même allée au bout dans des conditions où ma patience était mise à rude épreuve, cela veut donc sans doute dire que mon intérêt était quand même toujours relancé à un moment ou à un autre, mais...) Je n'ai donc pas vraiment hâte de lire les prochains tomes, même si j'ai lu qu'ils étaient mieux, et puis après tout j'ai bien donné une deuxième chance à Pierre Bottero alors que je n'avais pas non plus vraiment aimé le tome 1 de la Quête d'Ewilan (et je ne le regrette pas), alors... on verra. L'ennui c'est que si je lis la suite, cela sera dans longtemps, et je suis à peu près sûre que dans quelques semaines, j'aurai oublié les trois quarts de ce tome. (ah, aussi, on m'avait dit que ce premier tome était un plagiat total de l'intrigue de Star Wars, mais comme je n'ai toujours pas vu Star Wars ben... j'en sais rien !)

En conclusion : un démarrage lent mais pas si indigeste que ça, un loong voyage comme dans la plupart des bouquins du genre -_-,  un personnage qui m'a beaucoup plu et quelques moments aventureux qui m'ont tenue en haleine, mais une fin décevante... un avis mitigé, je ne suis pas emballée, mais c'est quand même mieux que le film.
 
>>> Lecture commune sur Livraddict <<<
Autres critiques : Véro, Lalou, Lily, Dup, Cathy, Czar, Einoha, Meurianne, Comicboy, Azariel87 ... (d'autres liens à venir)
(et encore plus de chroniques en cliquant sur la couverture ;))

Vendredi 15 octobre 2010

http://bouquins.cowblog.fr/images/livres/silbermann.gifQuatrième de couverture / extrait :
" Je suis content, bien content, que nous nous soyons rencontrés... je ne pensais pas que nous pourrions être camarades.
- Et pourquoi ? " demandai-je avec une sincère surprise... Sa main qui continuait d'étreindre la mienne, comme s'il eût voulu s'attacher à moi, trembla un peu. Ce ton et ce frémissement me bouleversèrent. J'entrevis chez cet être si différent des autres une détresse intime, persistante, inguérissable, analogue à celle d'un orphelin ou d'un infirme. Je balbutiai avec un sourire, affectant de n'avoir pas compris : " Mais c'est absurde... pour quelle raison supposais-tu...
- Parce que je suis juif ", interrompit-il nettement et avec un accent si particulier que je ne pus distinguer si l'aveu lui coûtait ou s'il en était fier."

Mon avis : un livre que mon frère (en classe de troisième) était censé lire pour les cours (mais ce petit gredin se vante d'avoir fait son contrôle de lecture sans l'avoir lu -_-) et que j'ai eu envie de lire avant qu'il ne le rende. 123 pages, cela ne m'a donc pas pris longtemps. Je n'avais jamais entendu parler de Jacques de Lacretelle, quelques recherches m'ont appris qu'il a fait partie de l'Académie Française. Ce court roman nous narre l'amitié entre un collégien protestant (le narrateur) et son camarade juif (David Silbermann).

Je savais que l'antisémitisme en France au début du siècle était important, mais je n'avais jamais vraiment réfléchi à la manière dont il pouvait se manifester concrètement, et là on en a un exemple frappant : Silbermann, un adolescent cultivé, curieux, intelligent, doit sans cesse subir des brimades et des mises à l'écart de la part de l'ensemble des élèves. Seul le narrateur s'attache à lui et lui témoigne de l'amitié. Leur amitié les isole bientôt du reste du groupe, et devient exclusive ; elle change complètement la vie du narrateur, en effet Silbermann parvient à lui transmettre l'amour de la littérature et ouvre de nouveaux horizons à son ami. J'ai particulièrement aimé les passages où Silbermann s'enflamme pour des auteurs. Le narrateur est ébloui par l'esprit de son ami, lui est dévoué, le soutient toujours, mais j'ai regretté que ce soutien soit silencieux, il ne le défend jamais ouvertement et considère lui-même l'amitié qu'il a pour Silbermann comme un noble sacrifice.

L'injustice des persécutions dont Silbermann est l'objet est certes clairement dénoncée, mais d'un autre côté, l'auteur n'échappe pas complètement aux préjugés de l'époque en présentant tout de même le personnage de Silbermann comme différent, à cause de son appartenance ethnique (wikipedia dit : "Sans être antisémite, Lacretelle partage pourtant les théories racistes de Gobineau"...) . Le terme de "race" est plusieurs fois employé (mais il était courant à l'époque, cela n'a donc rien d'étonnant qu'il apparaisse dans ce roman), mais ce qui m'a gênée surtout, c'est l'association entre certains traits de caractère, une certaine façon de penser, et le fait d'être juif ; à un moment donné, Silbermann fait tout un discours et parle au nom de son peuple, cela peut paraître étonnant qu'un jeune garçon ait de telles pensées, mais c'est aussi compréhensible : rejeté de tous côtés, il revendique son judaïsme par orgueil, pour se protéger et lutter contre ses ennemis. Ce roman a été écrit en 1922 et certains passages sont vraiment effrayants quand on sait ce qui s'est passé par la suite ! o_O (notamment quand Silbermann parle d"une guerre qu'on prépare contre nous", ma citation est peut-être inexacte mais je n'ai plus le livre sous la main pour vérifier)

L'auteur nous dresse donc un tableau des mentalités de l'époque en nous faisant sentir qu'il existait divers degrés de l'antisémitisme : ainsi le narrateur comprend que sa mère, tout en se défiant d'être antisémite, se méfie tout de même de son ami... et lui-même, malgré son amitié sincère pour Silbermann, finira par renoncer à ses idéaux humanites. Ce livre a quelque chose du roman d'apprentissage puisque peu à peu le narrateur va quitter le monde de l'enfance en voyant de façon plus claire ce qui l'entoure, il va progressivement s'affranchir du cocon familial... même si la fin pessimiste remet beaucoup en question la réussite de cet apprentissage. J'ai aimé ce roman pour son réalisme, la subtilité de ses analyses psychologiques, et parce que cette amitié m'a touchée, de même que la passion de Silbermann pour les livres.

Ce roman m'a fait penser à L'ami retrouvé de Fred Uhlman, et à Aliocha de Henri Troyat, mais de trois oeuvres,  ma préférence va sans doute à Lacretelle dont j'ai particulièrement aimé la plume, classique mais assez soignée et fine pour me plaire.

Lundi 18 octobre 2010

http://bouquins.cowblog.fr/images/livres/lerireducyclope.jpgRésumé : Darius, humoriste célèbre et coqueluche du tout Paris, s’effondre dans sa loge à l’issue d’une représentation à L’Olympia. Quelques minutes avant sa mort, le pompier de garde l’a pourtant entendu éclater de rire…Journaliste au Guetteur moderne, Lucrèce Nemrod est sûre qu’il ne s’agit pas d’une mort naturelle. Son complice, Isidore Katzenberg, qui vit toujours dans son château d’eau, entouré de dauphins, est persuadé qu’il faut remonter aux origines du rire pour mener à bien cette enquête…Un roman werbérien à la fois malin et savant, où l’on retrouve deux de ses héros favoris : Isidore Katzenberg et Lucrèce Nemrod. Après le chaînon manquant et le cerveau, l’étrange phénomène du rire est au centre de leur nouvelle enquête.

Mon avis : comme vous le savez certainement, à l'époque où j'ai créé ce blog (il y a bientôt cinq ans), j'étais très fan de Bernard Werber (il n'y a qu'à voir ma première page...) et mon admiration pour l'auteur n'a pas faibli de tout le lycée. Les deux derniers livres que j'ai lus de lui, Le Mystère des Dieux et Le Papillon des Etoiles, m'avaient beaucoup plu aussi mais avec ces deux livres, Werber a quand même commencé à me décevoir (même si je me rends compte - en les relisant - qu'on ne s'en aperçoit guère en lisant mes avis de l'époque), pour deux raisons : 1) au fil des années le style compte de plus en plus à mes yeux et sur ce plan-là Bernard Werber me semble très décevant (il dit lui-même que ce n'est pas l'essentiel à ses yeux) 2) les thèmes et idées qui m'ont enthousiasmée - et le mot est faible - quand j'ai découvert l'auteur ne se renouvellent guère, et ça devient assez répétitif.

Afin de ne pas prendre le risque de me dégoûter de l'auteur, je n'ai donc pas cherché à lire les livres qu'il a écrit après Le Papillon des Etoiles, à savoir Paradis sur Mesure et Le Miroir de Cassandre. Quand j'ai appris la prochaine publication de celui-ci, je ne pensais pas non plus que je le lirais... mais sachant que ce roman est la suite de l'Ultime Secret (un de mes préférés de l'auteur avec Les Fourmis et Les Thanatonautes), et surtout ayant la possibilité de le lire dès sa sortie sans qu'il m'en coûte un centime, je me suis décidée à donner une dernière chance à Werber... j'ai commencé ma lecture pleine de bonne volonté en espérant vraiment que ce roman signifierait ma réconciliation avec l'auteur fétiche de mon adolescence.

Et ? Il n'y a malheureusement pas eu de miracle, et je suis déçue. Lire ce roman n'a pas été une torture, loin de là, j'ai même finalement pris plus de plaisir que la lecture des 150 premières pages ne le laissait présager, mais Le Rire du Cyclope n'a fait que confirmer les critiques que je commençais à former au fond de moi à la lecture des précédents. J'ai trop eu l'impression, en lisant ce roman, que Werber exploitait toujours le même schéma pour écrire ses livres ; l'alternance entre diverses couches de textes (le récit qui constitue la couche principale càd l'intrigue du roman, et des passages plus autonomes, anecdotes insolites ou amusantes, textes didactiques...) qui m'avait charmée quand j'ai découvert Werber et avait rendu cet auteur exceptionnel à mes yeux me lasse aujourd'hui ; dans ce roman-ci, les passages autonomes qui se mêlent au roman proprement dit sont des blagues (des extraits de sketches de Darius Wozniak), et des passages censés retracer l'histoire de l'humour dans toute l'humanité.

Les blagues sont dans l'ensemble des intermèdes sympathiques ; elles ne sont pas de Werber mais ont été collectées sur son site, si j'ai bien compris, à l'aide d'internautes. J'en connaissais certaines (mais très peu, peut-être trois ou quatre), et la plupart sont vraiment pas mal ; elles m'ont amusée mais aucune ne m'a fait rire littéralement et je trouve ça un peu dommage... je ne ris pas très facilement, certes, mais il m'est déjà arrivé de rire en lisant et je trouve un peu regrettable qu'un livre dont c'est le sujet n'y parvienne pas finalement.

Les passages "historiques" (mettez de gros guillemets) m'ont beaucoup moins plu, je les ai trouvés peu crédibles voire carrément fantaisistes. Werber veut certainement nous faire voyager dans le temps et dans l'espace, on passe par tous les continents, mais le postulat de base semble être : "regardez, en fait, tous les plus grands évènements du monde ont été causés par une blague", ce qui me semble être une manière quand même un peu... légère d'aborder l'Histoire ! Bien sûr, c'est une fiction, il faut prendre du recul, ce n'est que la vision historique proposée par une société secrète imaginaire... mais mêler le vrai et le faux en utilisant les noms de personnages qui ont réellement existé, cela me semble moyen des fois, les passages qui m'ont fait le plus bondir étant sans doute ceux où l'auteur refait l'histoire littéraire à sa sauce, en affirmant (par exemple) que c'est en fait Pierre Corneille qui a écrit la plupart des pièces de Molière ! Certes, cela ne sort pas de nulle part, c'est une thèse qui a été défendue par plusieurs chercheurs, mais il ne faut pas oublier que c'est une hypothèse... la présenter comme une vérité indiscutable, sans nuances, est à mon avis un drôle de raccourci o_O et à plusieurs reprises j'ai eu envie de m'exclamer "Mais n'importe quoi !!!"

L'enquête proprement dite concernant la mort du Cyclope et l'arme du crime, qui serait une blague mortelle, est plutôt bien menée, malgré un démarrage un peu lent, les 100 premières pages m'ont vraiment laissée dubitative... mais les rebondissements sont ensuite assez nombreux et certains passages m'ont tenue en haleine et une fois ma lecture finie, je dois admettre que même si j'ai fréquemment critiqué intérieurement, je ne me suis pas ennuyée.  Mais le début est quand même assez incohérent  : à la fin de du roman précédent Lucrèce et Isidore couchent ensemble (j'ai même relu les dernières pages de l'Ultime Secret pour vérifier), et là nos deux héros sont en froid.... et pendant très longtemps, cet état de fait étonnant ne nous sera pas expliqué (et ça m'a pas mal agacée) !

Le personnage de Lucrèce ne m'a pas trop séduite ; on l'avait déjà rencontrée dans Le Père de nos pères et l'Ultime Secret mais je ne me souvenais pas trop d'elle, elle pourrait être attachante mais justement, l'auteur nous la présente trop comme une héroïne censée nous plaire (et je l'ai dit et redit, je n'aime pas trop quand l'auteur nous pousse sans discrétion à nous apitoyer sur un de ses personnages). En revanche, j'ai été très contente de retrouver Isidore Katzenberg le misanthrope, que j'avais adoré dans les précédents romans. Il est évident que c'est un avatar de l'auteur ; on a même une mise en abyme du roman que j'ai trouvée assez réussie ; vers la fin, Isidore réfléchit à la forme qu'il veut donner à son roman et j'ai trouvé ce passage très révélateur, Bernard Werber nous glisse là son art poétique, ce qu'est selon lui un bon roman : et c'est sans doute parce que nous n'avons pas (plus ?) le même avis sur la question que je ne suis plus convaincue par ses œuvres. Je ne dirais pas que Bernard Werber est vraiment un mauvais écrivain, et je garderai en tête les merveilleux moments que ses premiers romans m'ont vivre il y a des années, mais à présent je décèle trop derrière son écriture une technique bien huilée pour les apprécier encore. Quant à savoir si ses romans sont de moins en moins bons, ou s'il écrit ainsi depuis le début mais que je ne m'en aperçois que maintenant... c'est une autre histoire, mais je ne pense pas que je relirai ses œuvres pour vérifier... (mais je préfère privilégier la première hypothèse)

En conclusion : Malgré ma déception, je suis quand même plutôt contente d'avoir lu ce roman, même si je dois bien admettre aujourd'hui que les romans de Bernard Werber ne sont plus pour moi car ils ne correspondent plus vraiment à ce que je recherche en lisant, et présentent certains défauts qui sont aujourd'hui à mes yeux assez rédhibitoires. Je remercie les éditions Albin Michel qui m'ont permis d'effectuer cette lecture en me proposant ce livre et en me l'envoyant gracieusement !

(Liens vers d'autres critiques en cliquant sur l'image de couverture)

Samedi 23 octobre 2010

http://bouquins.cowblog.fr/images/livres/lavoleusedelivres.jpgCHALLENGE ABC 2010, 20ème livre lu ♦

Quatrième de couverture :
1939. En Allemagne nazie. Le pays retient son souffle. La Mort n'a jamais été aussi occupée. Et jamais elle ne le sera autant.
Un roman où il est question :
d'une fillette
de mots
d'un accordéoniste
de fanatiques
d'un boxeur juif
d'un certain nombre de vols...

C'est la Mort elle-même qui raconte cette histoire. Dotée d'un humour noir, sarcastique, mais compatissant, elle est témoin de la folie des hommes. Tout semble perdu d'avance, sauf quand se distinguent des enfants rebelles et des Allemands qui n'obéissent pas aux règles...

Mon avis : comme je n'avais pas lu la quatrième de couverture (je le fais assez rarement en fait, ou plutôt, je parcours souvent des quatrièmes de couvertures, mais je les oublie aussitôt), mais que j'avais lu dans plein de blogs que la grande originalité de ce livre, c'est que la Mort en est la narratrice, j'en avais déduit que la Mort était la voleuse de livres, et ce n'est pas le cas. La voleuse de livres, c'est l'héroïne, Liesel, petite fille recueillie par le couple Hubermann pendant la seconde guerre mondiale, qui sera longtemps hantée par le souvenir de la mort de son petit frère, et va commencer une nouvelle vie à Molching, ville de ses parents adoptifs.

Etant donné que la narratrice du livre est la Mort, je m'attendais à quelque chose d'assez différent. Je pensais que l'humour noir dont il est question dans la quatrième de couverture (que j'ai lue au bout de quelques pages) dominerait plus. A la première page la Mort dit ne pas être gentille, pourtant tout au long de ma lecture il m'a bien semblé que c'était son côté sympathique, compatissant qui ressortait le plus. La mort semble quasiment faire son travail malgré elle, parce qu'elle y est obligée, mais ce n'est pas elle qui choisit d'ôter la vie de telle ou telle personne : spectatrice comme nous tous, elle emporte les âmes des gens quand leur heure est venue et semble elle-même le regretter. Cette vision de la Mort m'a semblé tout à fait inhabituelle, et intéressante finalement même si du coup, son point de vue n'est pas si éloigné du point de vue qu'on pourrait avoir nous-même sur l'histoire... à certains moments, je devais me rappeler que c'était la Mort qui nous racontait tout cela, ce n'était pas du tout perceptible à chaque ligne...

Cependant, même si je m'attendais à un style plus violent, moins doux, voire même "horrible", il faut admettre que le fait que la Mort soit la narratrice du roman implique quand même une narration assez originale : très régulièrement, certaines informations sont mises à l'écart du reste du texte pour être mises en valeur (au niveau de la mise en page, elles sont centrées et en gras). J'ai d'abord été un peu gênée par ces fréquents paragraphes isolés qui mettent brusquement en pause le récit avant de m'y habituer et de comprendre leur intérêt : ces informations diverses, qui sont toujours précédées d'un titre, peuvent au premier abord sembler insignifiantes, mais elles ont pour but de nous mettre à distance de la scène, et sont comme des arrêts sur images. Il peut s'agir de bribes de dialogues, d'informations complémentaires sur des personnages ou sur une situation, ou alors, sans qu'on comprenne forcément tout de suite le lien avec ce qui précède, des pensées que la Mort intègre à son discours. Le tout nous donne l'impression d'avoir du recul, et nous donne une vue d'ensemble en mettant en évidence certains détails. La Mort nous fait en quelque sorte partager le point de vue surplombant, omniscient qu'elle semble avoir sur le monde. Elle s'intéresse aussi à des choses auxquelles on ne prête pas attention, et cela donne un aspect parfois assez poétique au texte : à chaque fois que quelqu'un meurt par exemple, elle regarde quelle est la couleur du ciel et nous la donne avec précision, en nous donnant à voir par des métaphores des nuances invisibles aux yeux humains.

En ce qui concerne le contenu du roman, on va donc suivre la destinée de Liesel et des gens qu'elle aime pendant la guerre. Le récit reste toujours assez simple ; les faits historiques dont il est question sont crédibles, il s'agit d'un roman pour la jeunesse, on n'a donc pas de description trop crue mais ce n'est pas non plus édulcoré, on n'est pas vraiment épargné et j'ai retenu mes larmes à la fin. Ce n'est pas pour moi l'énorme coup de cœur que ça a semblé être pour pas mal de personnes mais c'est un beau roman qui mêle une narration assez originale et une histoire prenante avec des personnages attachants, le tout mêlant amitié, solidarité, amour des livres, joies de l'enfance et horreurs de la guerre.

Mardi 26 octobre 2010

http://bouquins.cowblog.fr/images/livres/lesnocesbarbares.jpgCHALLENGE ABC 2010, 21ème livre lu ♦

Résumé : Nicole a 14 ans quand trois américains, en France pour leur service militaire, la violent. Une nuit comme l'enfer qui fera naître 9 mois plus tard Ludovic. Renié par sa mère trop traumatisée pour aimer, haï par ses grands-parents trop bien-pensants pour accepter un "bâtard", il ne pourra pas grandir comme tous les autres petits garçons.

Quatrième de couverture : (pleine de spoilers !) Fruit d'un viol collectif, Ludovic, enfant haï par sa trop jeune mère - Nicole et ses grands-parents, vit ses premières années caché dans un grenier. La situation ne s'arrange guère après le mariage morose de Nicole avec Micho, brave et riche mécanicien qui cherche à protéger Ludovic. Hantée par ses amours brisées, sombrant dans l'alcoolisme et méprisant son mari, la jeune femme fait enfermer son fils dans une institution pour débiles légers. Mais Ludovic est loin d'être le crétin qu'on suppose. Il ne cesse de rêver à sa mère qu'il adore autant qu'il la redoute. Même une première expérience amoureuse ne parvient pas à l'en détourner. S'enfuyant un soir de Noël, il trouve refuge sur la côte bordelaise, à bord d'une épave échouée, écrit des lettres enflammées qui restent sans réponse. Et c'est là que va se produire entre Nicole et son fils une scène poignante et magnifique de re-connaissance mutuelle.

Mon avis : roman acheté à une Bourse aux Livres il y a un paquet d'années, j'avais essayé de le lire à cette époque mais ça avait été un échec : le viol de Nicole est raconté de façon assez crue au début et cela m'avait tellement choquée (normal, je devais avoir douze-treize ans et n'étais pas du tout habituée aux bouquins parlant de rapports sexuels, alors....) que je n'avais pas dépassé le premier chapitre, il est ensuite resté au fin fond de ma bibliothèque et je n'avais jamais eu envie de l'en déterrer... jusqu'à ce que Maxence m'en fasse l'éloge et que je décide de l'intégrer à mon Challenge ABC.

Je ne suis toujours que moyennement convaincue par la scène du viol : le décalage entre la naïveté de Nicole et la lubricité évidente de celui qui sera un de ses violeurs est pathétique (au sens propre du terme hein) et j'avais peur que tout le roman soit sur ce mode-là, cherchant uniquement à choquer voire à tirer des larmes. Les conditions de vie dans lesquelles Nicole fait ensuite vivre son enfant m'ont aussi d'abord paru peu crédibles.... mais au fur et à mesure, on cerne mieux sa personnalité, et l'aversion qu'elle a envers son fils, sans devenir compréhensible, prend peu à peu une teinte plus réaliste (mais qui reste terrible !) ; et en même temps, on fait plus ample connaissance avec ses parents, pétris de préjugés et terrifiés par le qu'en-dira-t'on, et surtout avec Ludo, qui est sans aucun doute le personnage le plus intéressant du roman ! C'est un enfant si délaissé qu'il en est quasiment sauvage, et il resterait sans doute étranger au lecteur si on n'avait pas accès à ses petites habitudes, ses petites manies, et surtout, à des monologues intérieurs touchants qui nous montrent à quel point il est perdu entre son désir d'être aimé de cette mère cruelle et incohérente, l'image négative que tout le monde lui renvoie de lui, et sa propre conscience de lui-même, qui va à l'encontre de tout ce qu'on lui dit qu'il est.

Le style au début du roman me paraissait un peu trop artificiel, à cause de sa richesse, ce qui n'est pas du tout un inconvénient en principe mais  j'aurais presque envie de dire que je l'ai parfois trouvé trop lourd d'images... mais après un petit moment d'adaptation, je l'ai trouvé agréable dans l'ensemble... surtout parce qu'il est pimenté de dialogues qui rendent vraiment un accent, une façon de parler populaire propre aux personnages qui les rend vraiment vivants, et attachants (le personnage de Nanette, puis celui de Micho notamment m'ont beaucoup plu).

Mon rythme de lecture s'est cependant ralenti à partir du moment où Ludo s'éternise au Centre Saint-Paul, il y a un certain effet d'attente qui n'en finit pas (quand il attend désespérément une visite de sa mère), la description de la vie à  l'asile m'a d'abord beaucoup intéressée, c'est un monde assez simple mais bien réglé, qui fonctionne de manière totalement indépendante par rapport au monde extérieur, avec ses propres codes, mais finalement la monotonie du cadre prime, j'aurais aimé que sa drôle d'histoire avec Lise soit plus développée... il finira par en partir mais j'ai été déçue par la suite des évènements, que j'ai trouvée moyennement crédible (il reste une semaine sans boire ???), et la fin part dans une veine tragique qui m'a touchée sur le coup mais a posteriori je me dis que, même si je ne l'avais pas prévue, il n'aurait pu en être autrement : tout autre dénouement aurait été long à mettre en scène, ou incroyable, et avec cette fin l'auteur choisit en fait une sorte de pirouette un peu facile qui consiste à clore définitivement son récit en essayant de faire ressentir du même coup une émotion très forte à son lecteur.... une fin plus ouverte aurait été frustrante, mais plus réaliste aussi.

Malgré ces réserves, j'ai quand même pris globalement pas mal de plaisir à suivre la destinée de Ludo et de sa mère, leur relation est complexe, assez finement analysée : le style ne manque pas d'intérêt, même si j'ai mis un certain temps à m'y faire (et je regrette un peu le manque de dialogues dans la dernière partie, alors qu'on y avait été habitué et qu'ils apportent vraiment une saveur particulière au texte... mais cette absence de dialogues est justifiée par l'auteur dans une postface, justification pertinente d'ailleurs, mais...). Je pense que j'essaierai de lire un autre livre de l'auteur !

Jeudi 28 octobre 2010

http://bouquins.cowblog.fr/images/livres/lesdiaboliques.jpgCHALLENGE ABC 2010, 22ème livre lu ♦

Quatrième de couverture (extrait de la préface) : "Quant aux femmes de ces histoires, pourquoi ne seraient-elles pas les Diaboliques ? N'ont-elles pas assez de diabolisme en leur personne pour mériter ce doux nom ? Diaboliques ! il n'y en a pas une seule ici qui ne le soit à quelque degré. Il n'y en a pas une seule à qui on puisse dire le mot de 'Mon ange' sans exagérer. Comme le Diable, qui était un ange aussi, mais qui a culbuté, - si elles sont des anges, c'est comme lui, - la tête en bas, le... reste en haut !"

Liste des nouvelles : Le Rideau cramoisi  - Le Plus Bel Amour de Don Juan - Le Bonheur dans le crime - Le Dessous de cartes d'une partie de whist - A un dîner d'athées - La Vengeance d'une femme

Mon avis : une lecture que j'avais prévue de faire depuis des années, et que je suis heureuse d'avoir faite malgré une très légère déception (deux nouvelles m'ont déçue, mais je préfère surtout me souvenir des trois nouvelles que j'ai adorées) ! Dans ce recueil, le narrateur joue délibérément avec son lecteur, et notamment avec sa patience... au début de chaque nouvelle, il nous est promis un récit effrayant ou frappant, mais à chaque fois, une série de prologues en retarde la narration : présentation du cadre du récit principal (le plus souvent mondain), avec présentation du narrateur, de la personne grâce à qui il a appris cette histoire s'il n'en est pas le témoin direct, du cadre du récit secondaire... l'auteur n'hésite pas à nous faire un portrait psychologique très détaillé d'un personnage, on pense alors naturellement qu'il va avoir un rôle important dans l'histoire qu'on attend, notre intérêt est donc éveillé... mais trois pages plus loin on se rend compte qu'il ne sera plus question de lui et que le présenter de façon si précise n'était pas utile au récit qu'on attend toujours ! Et quand enfin la révélation finale a lieu, elle est bien souvent déceptive : on ne connaît pas forcément le dénouement dans sa totalité, parfois les horreurs qu'on nous promet depuis 40 pages (la plupart de ces nouvelles sont vraiment longues) ne sont que suggérées, presque rien n'est dit et on n'est pas beaucoup plus avancé à la fin !

Je vais d'abord évoquer la troisième nouvelle "Le Dessous de cartes d'une partie de whist" qui est celle qui m'a le moins plu : sans les notes à la fin du livre je pense que je n'aurais même pas compris de quoi il était question finalement, et en lisant cette nouvelle je me suis même ennuyée : il y a tant de prologues, tant de descriptions avant qu'on en vienne aux faits (qui sont très peu développés, je suis restée sur ma faim) que j'ai eu l'impression de me perdre au milieu de tout cela, le style m'a parfois paru un peu trop emberlificoté, il y a pas mal d'allusions à des oeuvres d'art que je ne connais pas, et à l'actualité politique de l'époque... cette lecture a donc été plutôt pénible, je n'ai pas eu l'impression d'être capable de l'apprécier (même si certains passages pris à part m'ont paru très beaux, le passage à la fin de l'article est d'ailleurs extrait de cette nouvelle). L'autre nouvelle que je n'ai pas trop aimée est "A un dîner d'athées", pour à peu près les mêmes raisons : on a une longue présentation du cadre mondain, qui est assez intéressante d'un point de vue historique, mais que j'ai trouvée vraiment trop longue par rapport à l'histoire qui sera racontée, et j'ai également trouvé les réflexions politiques du narrateur trop présentes.

L'auteur se montre excellent donc dans lart de broder... même si cette tendance aux digressions m'a parfois déplu car je l'ai trouvée excessive dans les deux nouvelles que je viens d'évoquer, elle ne m'a pas gênée dans le reste du recueil, où le procédé est à mon avis utilisé de façon plus efficace, et où on comprend bien mieux quel est le but de l'auteur : nous faire languir pour mieux nous fasciner et exciter notre curiosité.

 Je n'ai pour le moment parlé que de la forme originale de ces nouvelles, qui sont caractérisées par leur lenteur très inhabituelle pour le genre, mais il est maintenant temps de vous parler des histoires en elles-mêmes, qui mettent en scène des personnages de femmes extraordinaires ! Femmes enchanteresses, très paradoxales, personnages féminins qui provoquent les histoires d'amour passionnées qu'elles vivent (ce qui est très osé pour l'époque où il est toujours convenu que les femmes doivent garder un rôle passif...) sans quitter le masque de froideur et de vertu qu'elles arborent en public ("Le Rideau cramoisi"), ou femmes dépravées pas si vicieuses que ça ("La Vengeance d'une femme"), dans tout les cas, ces femmes restent auréolées d'un mystère jamais complètement dissous, notre connaissance des faits étant toujours limitée par le point de vue masculin des narrateurs.

Même si on peut dessiner de nombreux parallèles entre tous les personnages féminins du recueil, on continue d'être surpris par leur complexité et leur diversité. Leurs histoires mêlent amour, mort, folie, elles sont souvent violentes, immorales, elles souillent les valeurs communément défendues dans la société, et dans certains cas même, le narrateur prend nos hypothèses à contre-pied et c'est alors l'innocence inattendue de toutes ces "Diaboliques" qui vient nous choquer, comme dans "Le Plus Bel Amour de Don Juan" par exemple. (à propos de cette nouvelle, elle m'a rappelée la pièce de théâtre La Nuit de Valognes, d'Eric-Emmanuel Schmitt, qui en est l'évidente réécriture)

La nouvelle qui m'a le plus époustouflée, et de loin, est "Le Bonheur dans le crime" : pas de dénouement brutal et terrible certes (pas de prologue interminable non plus, au contraire, un début alléchant), mais une histoire assez riche en péripéties, assez développée pour satisfaire notre appétit romanesque, et d'une immoralité jubilatoire.

Le style de l'auteur dont la lenteur volontaire m'a parfois exaspérée, m'a à d'autres moments complètement comblée  : je le comparerais  à un bijou finement ciselé, avec des tournures originales, des images recherchées qui m'ont parue uniques, et le tout se déguste et m'a donné une sensation de maîtrise totale.... dépaysant, et si différent du style de l'ensemble de la production contemporaine !!! Pour en jouir pleinement, un certain état d'esprit, une certaine concentration est nécessaire mais j'ai le sentiment que le plaisir que j'en tire est incomparable, et cela me donne envie de lire plus d'oeuvres de ce siècle dans les moins à venir, longtemps que je ne m'y étais pas plongée, et cela m'avait un peu manqué je crois !

Extrait :
[à propos des jeunes filles nobles qui ne se marieront jamais car elles refusent toute mésalliance]
"Les filles, ruinées par la Révolution, mouraient stoïquement vieilles et vierges, appuyées sur leurs écussons qui leur suffisaient contre tout. Ma puberté s'est embrasée à la réverbération ardente de ces belles et charmantes jeunesses qui savaient leur beauté inutile, qui sentaient que le flot de sang qui battait dans leurs coeurs et teignait d'incarnat leurs joues sérieuses, bouillonnait vainement."

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"Dans l'excès du bonheur lire est bien difficile, cependant on s'ennuie à la longue si l'on ne lit pas." Stendhal

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