Jeudi 26 août 2010

http://bouquins.cowblog.fr/images/livres/mitsou.jpg(lu le 14 août)

Résumé :
Un mois de mai de la guerre. Mitsou, petite danseuse de l'Empyrée-Montmartre, s'apprête à entrer en scène quand surgit dans sa loge son amie Petite-Chose, accompagnée de deux jeunes sous-lieutenants, un kaki et un bleu horizon. Mitsou se montre froide et réservée. Mais elle est bien jolie et le Lieutenant Bleu, avant de retourner au front, lui adresse une lettre. Une correspondance s'établit. Malgré les fautes d'orthographe, des tournures quelque peu populaires, les lettres de Mitsou enchantent le jeune homme; elle s'y révèle d'une grande pureté de cœur. Chacune des lettres les rapproche et ils finissent par oublier tout ce qui les sépare, jusqu'au jour où le Lieutenant Bleu arrive en permission...

Mon avis : un court roman qui commence comme une amourette frivole ; au début le style est très théâtral, ce sont surtout les répliques pleines d’espièglerie (mais qui restent toujours superficielles) de Mitsou et son amie Petite-Chose qui sont amusantes – et savoureuses, puisque c’est une façon de parler aujourd’hui désuète, même si cela reste assez proche de nous ; imaginer une héroïne un peu sotte, dont l’auteur n’hésite pas à se moquer gentiment, est aussi une situation assez originale, le lecteur ne sait pas bien quel parti prendre : cette petite Mitsou est-elle aussi simple qu’elle le paraît, ou bien cache-t-elle un trésor enfoui  ? (le titre peut également nous orienter dans cette direction) Pourquoi faire de cette fille légère et banale une héroïne, est-elle censée représenter son milieu, ou bien est-elle au contraire exceptionnelle ? Voilà le genre de questions que j’ai pu me poser.
 
J’aurais aimé qu’on en sache un peu plus sur le Lieutenant Bleu – même si c'est vrai que les nombreux commentaires sur son attitude qui nous informent sur son état d’esprit lors de sa deuxième rencontre avec Mitsou nous permettent de bien le cerner – mais il est assez clair que c’est Mitsou le véritable sujet du roman, Mitsou, et surtout, la relation qu’elle tisse avec le Lieutenant Bleu, relation ambigüe puisque les sentiments qu’il éprouve à son égard ne sont jamais très clairs ; les différentes lettres qu’ils s’échangent avant de se revoir sont de petits bijoux, on voit de quelle façon leurs sentiments évoluent et s’expriment, tout en gardant un style réaliste et propre à chaque personnage (les lettres de Mitsou sont parsemées de fautes d’orthographe...)
 
Leurs retrouvailles, dont Mitsou comme le lecteur attendent beaucoup, ne se passent pas tout à fait comme prévu, ce qui donne de l’originalité à l’intrigue, mais ce qui la rend vraiment hors du commun et en fait tout le sel, à mon avis, c’est la dernière lettre de Mitsou, qui nous fait connaître sa réaction et nous fait penser qu’elle est peut-être plus fine, et meilleure qu’on n’avait pu le penser jusque-là en suivant nos préjugés. La fin est cependant très abrupte, je n’avais pas surveillé le nombre de pages qu’il me restait et sur le coup j’ai été très frustrée, mais en y réfléchissant cette fin ne me paraît pas non plus dénuée de sens, elle laisse au lecteur le soin de faire plusieurs interprétations, qui peuvent s’opposer mais se tiennent toutes ! Une jolie découverte donc, le ton ne semble pas sérieux mais finalement c'est assez émouvant !
 
Mon extrait préféré : « Ma chère Mitsou, j’ai envie de vous voir. J’ai envie de vous voir. Que vous dirais-je d’autre ? J’ai envie de vous voir. Je me sens doux, faible, vague, penché vers quelque chose de moelleux, de profond, d’indistinct qui m’attire. Je me sens à la fois heureux et privé de tout. C’est une anxiété, et en même temps une paresse, l’une comme l’autre pleine de charmes. Un état d’adolescence… »

Jeudi 26 août 2010

http://bouquins.cowblog.fr/images/livres/lacouleurpourpre.jpg(lu le 15 août)

Quatrième de couverture : " Toute ma vie je m'ai moquée de ce que les gens pensaient de moi. Mais dans mon coeur, c'était important Dieu qu'est-ce qu'il pensait. Et voilà maintenant j'ai compris, il pense pas, il se prélasse là-haut, assis sur son trône à faire la sourde oreille." Célie est née sous de tristes auspices. Hier régulièrement violée par son père et aujourd'hui négligée par son mari, elle ne connaît des hommes que leurs pires travers. L'amour, pour elle, c'est d'abord Shug, une merveilleuse chanteuse de blues qui saura l'extraire de sa pauvre vie. C'est aussi Nettie, sa soeur, missionnaire en Afrique, avec laquelle elle correspond sans relâche. L'amour, c'est encore le bon Dieu, à qui elle s'adresse parfois, même si elle a l'impression qu'il la laisse un peu tomber.

Mon avis : un livre que j’ai envie de lire depuis que j’ai vu un extrait du film au lycée (ça commence dont à faire un moment), et qui se présente comme un roman épistolaire bien particulier ; d’abord les lettres de Celie sont adressées à Dieu (le titre de la première édition française était d’ailleurs Cher Bon Dieu), puis elle les adresse à sa sœur, Nettie, et vice-versa, mais toutes ces lettres ne parviennent jamais à destination (ou alors, bien des années après leur écriture) ; il s’agit donc plus de lettres-monologues où Celie - la majeure partie des lettres sont d’elle, la première lettre de Nettie n’apparaît qu’à la page 100 (sur 250) – raconte ce qui lui arrive, le tout m’a fait penser à un journal intime tenu irrégulièrement.

L’absence de dates est ce que je reprocherais en premier à ce roman : dans la première lettre Celie a 14 ans, quelques pages après, elle en a vingt, et ce n’est qu’au détour d’une phrase qu’on l’apprend… un peu avant la fin, l’une des sœurs (je crois que c’est Nettie) parle de ses cheveux blancs et on apprend qu’une trentaine d’années s’est écoulée, et même si on sent que le temps passe puisqu’il est souvent question d’enfants qui grandissent, je ne m’étais pas vraiment rendu compte du nombre d’années que le tout représentait ! Si les lettres avaient été datées, je me serais peut-être repérée plus facilement.
 
Je n’ai pas non plus aimé le début, que j’ai trouvé trop pathétique et en même temps trop froid : dès la deuxième page, Celie nous informe que sa mère va mourir, que son père la viole fréquemment, qu’il lui a fait deux enfants qu’il lui a aussitôt enlevés, sûrement pour les tuer. Evènements qui font déjà bien froid dans le dos, et qui ne sont assortis d’aucun commentaire, d’aucune plainte, ils sont énoncés de façon rapide et détachée, c’est à se demander d’abord si Celie n’est pas complètement insensible voire attardée ! (j’exagère un peu et la suite nous montre le contraire mais en lisant les toutes premières pages c’est vraiment ce que j’ai pensé tant j’ai senti un décalage entre les faits atroces et la façon de les dire !)
 
Pendant un bon bout de temps encore, Celie (qui est la véritable héroïne du roman) m’a agacée ; les malheurs s’enchaînent pour elle, mais elle ne cherche pas à se battre, elle courbe l’échine et ne semble pas avoir une meilleure opinion d’elle-même que ses bourreaux ; ce n’est vraiment qu’avec l’arrivée de Shug, une femme charismatique au caractère bien trempé et indépendant (tout le contraire de Celie a priori) que la vie, et surtout le cœur de Celie va être bouleversé, et que mon avis plutôt négatif a changé. Au fil des années, les personnages prennent de l’épaisseur, deviennent moins manichéens (pendant longtemps la plupart des femmes sont soumises et la plupart des hommes, brutaux), et suivre leur évolution et leurs aventures m’a beaucoup plu, le roman s’est révélé finalement bien plus prenant que les premières pages ne le laissaient présager !
 
Les lettres de Nettie, qui nous racontent son périple de missionnaire en Afrique, sont passionnantes, elles nous font vivre auprès de ceux qui sont alors considérés comme des "indigènes" ; des relations se nouent, et à travers ce roman très humain, les personnages se posent finalement pas mal de questions d’importance à propos des relations entre les Blancs et les Noirs, les « civilisés » et les « indigènes », les hommes et les femmes, et tous les êtres humains en général avec la nature et la spiritualité ; réflexions nouées à propos de situations concrètes, dans un style simple et très oral (les lettres de Celie surtout garderont toujours un ton assez innocent, lié au tempérament particulier de Celie, et à son manque d’instruction et de connaissance du monde extérieur, même si les choses progresseront au cours du roman).
 
Une lecture positive donc, j’ai mis du temps à vraiment m’attacher à l’héroïne, mais j’ai adoré le personnage de Shug, certaines situations, et la sensation globable d’évolution que nous donne l’ensemble du roman.

Extrait :
"Maintenant que mes yeux sont ouverts, je me sens toute bête. Si je compare la méchanceté de Mr... à côté de n'importe quelle petite plante du jardin, elle paraît plus si importante. Mais pas rien du tout non plus. Shug a raison quand elle dit qu'y faut d'abord chasser l'homme de devant son oeil pour y voir plus clair.
  L'homme il se met partout et il pourrit tout. Il est sur ta boîte de céréales, dans ta tête, sur toutes les radios. Il veut te faire croire qu'y a que lui partout. Et quand tu le crois, alors tu penses que Dieu c'est lui. Mais c'est pas vrai. Donc quand t'as envie de prier et que l'homme se met devant toi comme si c'était lui, envoie-le balader. Pense aux petites fleurs, au vent, à l'eau, à un gros caillou."

Jeudi 26 août 2010

http://bouquins.cowblog.fr/images/livres/linsoutenablelegeretedeletre.jpg(lu le 16 août)

COUP DE FOUDRE

Quatrième de couverture / extrait : Qu'est-il resté des agonisants du Cambodge ? Une grande photo de la star américaine tenant dans ses bras un enfant jaune.
Qu'est-il resté de Tomas ? Une inscription : il voulait le Royaume de Dieu sur la terre. Qu'est-il resté de Beethoven ? Un homme morose à l'invraisemblable crinière, qui prononce d'une voix sombre : Es muss sein ! " Qu'est-il resté de Franz ? Une inscription : Après un long égarement, le retour. Et ainsi de suite, et ainsi de suite. Avant d'être oubliés, nous serons changés en kitsch. Le kitsch, c'est la station de correspondance entre l'être et l'oubli.
 
Mon avis : il y aurait tant à dire… la première fois que j’ai vu ce livre, c’était il y a six ans, dans une librairie montargoise. La beauté du titre m’avait frappée (comme vous le savez peut-être, je suis très sensible à ces choses-là), la beauté du nom de l’auteur également. La quatrième de couverture ne me tentait pas (je l’ai d’ailleurs aussitôt oubliée), mais j’ai été immédiatement fascinée, attirée et en même temps impressionnée, intimidée par ce livre, que je n’ai donc pas acheté mais que je m’étais promis de lire plus tard. C’est, je crois bien, le seul livre que j’ai adoré avant de le lire ; ça semble peut-être idiot, mais c’était mon intime conviction.

Quelques années plus tard, j’ai commencé à lire un blog (que je suis toujours) écrit par une demoiselle de talent, un blog que je commente irrégulièrement et toujours anonymement, et dont je garde jalousement l’adresse ; et la propriétaire de ce blog a écrit à plusieurs reprises qu’elle adorait Kundera, et je ne saurai pas expliquer pourquoi, mais cela a fortement renforcé l’impression que je l’adorerais moi aussi. Pour mes vingt ans, je me suis offert l’Insoutenable Légèreté de l’Etre, et je me suis promis que je le lirai avant mes vingt et un ans ; mais ensuite, plus les mois passaient, moins j’osais l’ouvrir, tellement j’avais peur d’être déçue. J’ai donc encore attendu 8 mois et demi avant de l’ouvrir, et hier, je l’ai presque entièrement englouti (je l’ai fini ce matin).
 
J’ai encore la sensation que je n’ai pas assez de recul pour vous parler de ce livre. Je ne sais pas si j’en aurai un jour assez. (curieux hein, comme je rechigne à commenter de la façon habituelle les livres qui m’ont le plus touchée). Mais je pense pouvoir dire aujourd’hui sans me tromper que ma rencontre avec Milan Kundera ne fait que commencer, et que l’Insoutenable Légèreté de l’Être est le troisième véritable coup de foudre littéraire de ma vie. (les deux premiers sont : Le Portrait de Dorian Gray, d’Oscar Wilde, lu l’été de mes quatorze ans ; Un homme qui dort, de George Perec, lu quand j’avais 18 ans. A 16 ans, j’aurais peut-être ajouté La Hors-Venue, de Marie Brantôme, mais je n’ai pas réussi à le relire de façon satisfaisante des années après et c’est donc un coup de cœur que j’aurais tendance à disqualifier aujourd’hui)
 
Comment vous définir ce qu’est à mes yeux un coup de foudre littéraire ? Je dirais que c’est un livre que je suis sûre de relire, que je dois absolument avoir dans ma bibliothèque (si jamais je l’ai emprunté pour le lire, je l’achète rapidement), et même pourquoi pas, en plusieurs éditions, pour l’avoir toujours sous la main et ne pas risquer de le perdre ; un livre qui me procure une jouissance non éphémère, dont la simple évocation me réconforte ; un livre que je lis lentement pour bien le savourer ; j’interromps ma lecture pour relire certains passages, je note des pages que j’ai envie de relire et relire, de connaître par cœur (une quarantaine de passages de l’Insoutenable légèreté de l’Être m’ont ainsi paru géniaux)
 
Pour le moment, je dirais juste que j’ai été touchée par tous les personnages ; Tomas l’indécis séducteur, Tereza l’amoureuse jalouse aux cauchemars effrayants, Sabina la femme légère, Franz le rêveur... C’est un livre qui mêle des personnages humains en proie à des histoires d’amour tout sauf niaises, qui façonneront grandement leur vie ; des personnages qui se posent des questions ; des réflexions sur la liberté, Dieu (sujet qui parfois me barbe prodigieusement mais que j’ai trouvé captivant ici), l’existence, le kitsch (le kitsch, un concept qui m’était assez étranger et qui m’a énormément intéressée, je n’en ai pas fini avec lui !), la vie et l’expérience qu’elle peut nous apporter, les possibles inaccessibles, le roman (j’ai eu du mal à me remettre du formidable art poétique de la page 318), les symboles qu’on choisit pour rendre notre vie romanesque, la place de l’Histoire dans nos vie, la guerre, les animaux, les rêves… sujets variés, tous liés de façon originale, je continuerai longtemps à puiser dans ce livre (puisqu’il est une de mes bibles désormais).

Kundera a réussi à rendre concrètes et compréhensibles des choses abstraites qui m’étaient inconnues (dans la première phrase par exemple il parle du concept nietzschéen de l’éternel retour et au début je me demandais bien où il voulait en venir…) C’est un livre universel, assez vaste pour être général, mais qui nous donne aussi une vision particulière de notre monde, en évoquant notamment la Tchécoslovaquie sous l’emprise de l’Union Soviétique (évènements historiques que je connais assez peu, et seulement grâce à des cours d’Histoire, et j’ai maintenant envie d’en savoir plus).

Avis très très subjectif et qui mériterait d'être complété par plusieurs relectures, mais je pense que vous avez compris à quel point je vous le conseille !

Quelques citations :
"Qui cherche l'infini n'a qu'à fermer les yeux."

"Avoir le vertige c'est être ivre de sa propre faiblesse."

"Tomas se dit : Lier l'amour à la sexualité, c'est l'une des idées les plus bizarres du Créateur.
Et il se dit encore ceci : Le seul moyen de sauver l'amour de la bêtise de la sexualité ce serait de régler autrement l'horloge dans notre tête et d'être excité à la vue d'une hirondelle."

"L'amour physique est impensable sans violence."

"Le rêve est la preuve qu'imaginer, rêver ce qui n'a pas été, est l'un des plus profonds besoins de l'homme."

Jeudi 26 août 2010

http://bouquins.cowblog.fr/images/livres/fanfan.jpg(lu le 17 août)

Quatrième de couverture :
Alexandre Crusoé a vingt ans lorsqu'il décide de résister toujours au désir que lui inspire Fanfan et ne jamais avouer sa passion afin de la soustraire à l'usure du temps.
Faire la cour sans fléchir devient sa maxime.
Amoureuse, Fanfan usera de toutes les ressources de son esprit imprévisible pour exacerber la concupiscence d'Alexandre, avec l'espoir de l'obliger ainsi à renoncer à sa résolution.
Fanfan est le roman d'un jeune homme qui voulut prolonger éternellement les préludes d'un amour.

Mon avis :
j’avais déjà fait la connaissance d’Alexandre Jardin avec son roman L’Île des Gauchers, qui décrit une utopie où les humains maîtrisent l’art d’aimer. L’amour est encore le sujet central de ce roman-ci écrit à une période antérieure ; le court texte qui présente l’auteur avant l’œuvre (et qui est vraisemblablement écrit par l’auteur lui-même) laisse penser que ce livre a un lien fort avec sa vie puisqu’il est écrit que de ses trois premiers livres, Fanfan est « celui qui lui ressemble le plus ». Le contenu du roman même nous fait croire à une forte résonnance autobiographique : le héros et narrateur se prénomme Alexandre, et il deviendra écrivain.

Malgré cette volonté de l’auteur de nous faire croire à l’authenticité des faits décrits (mais comme c’est un procédé courant, je pense plutôt à un jeu avec le lecteur qui n’est pas dupe), l’ensemble du roman m’a paru tout simplement incroyable ; tout d’abord, les personnages sont une floppée d’excentriques, et même dans le cas où ils ne sont pas des excentriques « volontaires », à chaque fois quelque chose les marginalise. Certains personnages secondaires m’ont semblé carrément caricaturaux, je pense notamment à deux personnages subalternes, Hermantrude, qui incarne la laideur, et à Titanic, qui serait plutôt le type même de la perversité. Les parents d’Alexandre vivent une existence de débauche ; Alexandre au contraire rêve de fidélité, Monsieur Ti est un vieux sage espiègle, Fanfan est caractérisée par sa liberté et son énergie ; tous sont rebelles à leur manière, même les parents de Laure, la fiancée d’Alexandre, qui incarnent le couple fossilisé parfait, finiront par quitter leur vie ultra-conformiste en se séparant ; tout cela nous donne une belle galerie de personnages hors du commun, une telle accumulation d’originaux ne semble déjà pas naturelle ; le projet d’Alexandre ensuite (et surtout) est étonnant, je reconnais que c’est une très bonne idée, une très bonne piste de départ, et si une telle piste a déjà été développée dans un roman plus ancien, j’aimerais le savoir.
 
Le personnage d’Alexandre est très réussi, comme c’est un narrateur interne on suit toutes ses pensées, toutes ses hésitations et revirements, les arguments qu’il donne à son entreprise sont variés, développés, réfutés, mis en pratique, et dans une certaine mesure, ils sont réalistes, intéressants, et ils se valent, tout part d’une bonne intention et n’est pas dénué de bon sens, même si cet excès de vertu pour réussir un amour parfait vire rapidement au vice, c’est du moins comme cela que je le vois (peut-être qu’il y en a qu’un tel projet ferait rêver, va savoir ?).
 
En ce qui concerne le style, à un moment pour parler des romans écrits par Titanic, il est dit que son style est « luxueux et flamboyant », et c’est ainsi que je qualifierais également la prose d’Alexandre Jardin dans ce roman : le côté luxueux m’a parfois paru un peu too much, l’auteur s’est visiblement fait plaisir en allant chercher des mots un peu soutenus alors qu’il aurait pu se contenter de façon plus naturelle d’un lexique plus simple, ce qui donne des tournures parfois un peu artificielles qui m’ont fait sourire mais le tout n’est cependant pas lourd et reste fluide. L'aspect "flamboyant" du style m'a plus intéressée : ce roman est assez riche en évocations sensuelles du désir.
 
Même si la vision de l’amour dans ce roman est – pendant la majeure partie de l’histoire en tout cas – assez différente de la vision de l’amour dans l’Île des Gauchers, la conclusion nous donne une image de l’amour finalement assez similaire, et donc souriante. J’ai vraiment apprécié la tirade de Monsieur Ti vers la fin. Pour résumer, je dirais qu’Alexandre Jardin est en fait un doux rêveur qui ne manque pas d’optimisme, ce livre est léger, peut faire grandement plaisir (ou rendre mélancolique, au choix), je ne pense pas qu’il me marquera tellement, mais ça a été une lecture très distrayante, qui m’a fait l’effet d’un conte parfois un peu trop anesthésiant, mais pourquoi pas après tout ? Je regarderai le film (réalisé par Alexandre Jardin lui-même si j’ai bien compris) avec plaisir.

Extraits :
"Les fous sont ceux qui oublient de l'être par amour."

"ECRIVAIN, profession abjecte pratiquée par des vampires qui, trop souvent, s'égarent en réclamant à la vie plus qu'elle ne doit donner."

"Je sais que la maladie du siècle c'est l'adolescence, cet âge dont on ne guérit plus. Oh, tu n'es pas le seul. Vous êtes des millions à vouloir "rester jeunes", à fuir l'engagement, à ressasser votre enfance, à suivre les modes qu'imposent les puceaux, à préférer la passion à l'amour."

Jeudi 26 août 2010

http://bouquins.cowblog.fr/images/livres/lavraieviedesebastianknight.jpg(lu le 19 août)

CHALLENGE ABC 2010, 16ème livre lu ♦
 
Quatrième de couverture : Deux mois après la mort du célèbre romancier Sebastian Knight, son jeune frère entreprend d'écrire sa biographie, de démêler le vrai du faux d'une destinée hors du commun. Qui était Sebastian Knight ? L'écrivain respecté, salué par ses pairs, ou l'homme secret profondément marqué par deux étranges histoires d'amour ?
Sous la forme d'une enquête haletante, le premier roman que Nabokov signa en anglais constitue une réflexion amère sur l'impossibilité de parvenir à connaître la vraie vie d'un autre être, fût-ce du plus proche.
 
 
 
Mon avis : de Vladimir Nabokov, j’avais seulement lu (et cela fait quelques années déjà) l’époustouflant Lolita ; j’étais censée étudier ce livre-ci en première année de licence mais une grève, ou plusieurs absences du prof (j’ai oublié) nous en ont empêché, et si je ne l’avais pas choisi pour le Challenge ABC, probable qu’il aurait dormi encore un moment dans ma bibliothèque.

Cette biographie imaginaire d’un écrivain fictif est un très bon exemple de roman réflexif (qui réfléchit sur sa propre création, sur un personnage d’écrivain, donc sur la littérature, l’écriture, le rapport entre la réalité et l’écrit, etc) ; ceux qui suivent ce blog assidûment se rappelleront peut-être qu’il y a quelques mois je vous ai parlé d’un cours que j’ai suivi où nous étudiions une série de romans de ce genre ; eh bien, La Vraie Vie de Sebastian Knight aurait pu parfaitement être au programme.

Sebastian Knight est donc un écrivain (fictif, mais c’est un détail dont on a du mal à se souvenir parfois tant cette recherche de vérité autour de cet être et la situation d’énonciation sont bien mises en scène) dont le demi-frère, narrateur de ce roman, va chercher à nous dresser la biographie ; or malgré leur proche parenté, ils se sont finalement peu connus, et le narrateur (on ignorera toujours son nom, tout au plus on apprendra au passage que son prénom comme par un V…) va donc partir, deux mois après la mort de son illustre demi-frère, à la recherche de personnes qui l’ont connu afin de comprendre quelle a été sa vie… c’est donc une biographie paradoxalement sensible et riche en anecdotes personnelles, et incomplète, : Sebastian Knight a bien eu un lien avec son biographe (sans jamais savoir qu’il serait son biographe bien entendu), ce qui nous permet d’avoir un point de vue particulier sur lui, mais il reste toutefois toujours plutôt mystérieux et distant.

Cet aspect m’a agacée d’abord ; au début, il tâche de nous présenter les souvenirs d’enfance qu’il a concernant Sebastian Knight, mais ils sont peu nombreux (mais considérablement développés), et on s’aperçoit que leur lien fraternel a toujours été très ténu puisque Sebastian a toujours paru indifférent à l’égard de son demi-frère qui l’admirait pourtant depuis son plus jeune âge ; le narrateur commence par nous dire pendant des pages et des pages qu’il l’a peu à peu perdu de vue, qu’il le regrette mais qu’il n’a pas suivi sa vie de très près etc… dans ces conditions, je me suis un peu demandée en quoi son entreprise était légitime ; il la justifie bien sûr (le lien qu’ils ont eu était quand même unique, il a la connaissance de certains de ses papiers, leur parenté fait qu’il se sent à même de le comprendre…), mais, vu la maigreur de ses connaissances préalables je me suis demandée ce qu’il allait bien pouvoir nous raconter pendant 300 pages et ce n’est qu’à partir du moment où il évoque une compagne qui a été importante dans la vie de Sebastian que mon attention a été maintenue de façon durable (je suis une grosse niaise, collez-moi une histoire d’amour pour m’intéresser…)
 
Ce n’est surtout pas une biographie romancée, le narrateur abhorre ce genre qu’il qualifie de « pire littérature jamais inventée » ; ce qu’il nous présente, c’est moins les résultats de ses recherches, que les moyens mis en œuvre pour cette recherche ; comme je l’ai déjà dit le biographe ne nous cache en rien ses lacunes, au contraire, il nous les raconte et les commente. J’ai eu souvent un sentiment de frustration, et l’impression que Sebastian Knight restait toujours un peu abstrait, mais je ne peux qu’applaudir le talent de Nabokov qui nous fait croire à sa réalité de telle sorte qu’on se souvient ensuite avec regret qu’il s’agit d’un écrivain imaginaire.

Le narrateur évoque assez longuement (pas d’une traite, mais à plusieurs reprises) ses différentes œuvres, certains passages sont de purs textes de critique littéraire, et plusieurs fois j’ai bêtement pensé : « mais enfin, je comprendrais bien mieux qui est Sebastien Knight en lisant ses œuvres, ou au moins, j’apprécierais mieux cette biographie humaine mais pleine de trous si je connaissais d’abord son œuvre ! » Le texte est fréquemment entrecoupé de relativement longues citations d’œuvres de Sebastian (ce qui diminue notre frustration en quelque sorte), citations qui éclairent le discours et que j’ai beaucoup aimées pour la plupart, elles renforcent donc la légitimité de la biographie.
 
Ce roman réflexif très original nous montre donc de façon assez extrême qu’il est tout à fait possible de s’interroger sur une œuvre et un auteur imaginaires ; la réflexion est en fait sans objet préalable, elle crée son objet au fur et à mesure, la rédaction de cet ouvrage a dû être une sacrée gymnastique pour l’auteur qui a dû créer d’une part Sebastian Knight et sa vie, d’autre part, son demi-frère et son projet biographique, faisant se rejoindre les deux de façon tout à fait réaliste, et pas du tout monotone ; si certaines pages du début m’ont ennuyée, le livre m’a semblé beaucoup plus vivant dès que le narrateur rencontre des proches de Sebastian ; sa quête de l’amour le plus mystérieux de Sebastian ne manque pas d’effets d’attente ni de piquant, l’évocation de la relation entre le narrateur et Sebastian à la fin de la vie de l’écrivain sont aussi très humaines, la voix du biographe est alors beaucoup plus présente, et elle est touchante… au-delà de la dimension de pure recherche littéraire, on sent tout la dimension humaine que recouvre cette entreprise (et voilà que je me reprends à commenter comme si les personnages étaient réels… mais n’est-ce pas ainsi que je procède tout le temps de toute façon ?)

Extraits :
"La célébrité est, de nos jours, chose trop commune pour qu'on la confonde avec le rayonnement durable d'un livre digne d'intérêt."

"Il va sans dire que je ne saurais effleurer le sujet du côté intime de leur rapports, parce que ce serait ridicule de parler de ce que personne n'est en mesure d'affirmer catégoriquement, et en second lieu parce que le son même du mot "sexe", avec sa sibilante vulgarité et le ricanement du son final "ks, ks", me paraît tellement inepte que je ne peux m'empêcher de craindre qu'il n'y ait aucune idée véritable derrière le mot."

"Notre vie fut toujours pleine d'allitérations, et quand je songe à toutes les petites choses qui vont mourir dès l'instant où nous n'allons plus pouvoir les partager, il me semble que nous aussi, nous sommes morts. Et peut-être le sommes-nous." (extrait d'une lettre de rupture qui est tout simplement divine)

Mercredi 1er septembre 2010

http://bouquins.cowblog.fr/images/livres/clarissa.jpg(lu le 20 août)

Quatrième de couverture : « Le monde entre 1902 et le début de la Seconde Guerre mondiale, vu à travers les yeux d'une femme » : ainsi Stefan Zweig résumait-il le thème de ce roman, entrepris dans les derniers temps de sa vie et retrouvé dans ses archives.
Clarissa, fille d'un militaire autrichien, est née en 1894. A l'aube du premier conflit mondial, elle rencontre à Lucerne, en Suisse, un jeune socialiste français, Léonard, qui n'est pas sans évoquer Romain Rolland. La guerre les sépare, mais Clarissa attend un enfan
t. Dans l'Europe déchirée, en proie à l'hystérie nationaliste, son acceptation de cette maternité va devenir, plus qu'une décision personnelle : un destin et un symbole. Une œuvre testamentaire où le grand écrivain autrichien résume, de façon poignante, son idéal humaniste et son désespoir.
 
Mon avis : ah, mon très cher Zweig, cela faisait un moment que je ne l’avais pas lu, cela m’avait manqué ! (Stefan Zweig fait vraiment partie de mes chouchous) ; ce roman m’a été conseillé par une camarade de fac, je n’en avais jamais entendu parler avant et c’est en le commençant que je me suis aperçu qu’il s’agissait d’un roman, et non pas d’une nouvelle (c’est vrai que souvent en ce qui concerne les œuvres de Zweig – et d’autres auteurs d’ailleurs – la limite entre nouvelle et roman est fine).

Une histoire d’amour au cœur de la guerre, voilà qui promettait un beau moment de passion, ai-je pensé, mais mes attentes ont en quelque sorte été détournées, sans être déçues. L’héroïne, Clarissa, est une jeune femme très posée, et donc, a priori, pas le personnage qu’on s’attend à vivre une folle histoire d’amour ; le récit – assez rapide mais également assez détaillé pour qu’on puisse bien se l’imaginer – de son enfance et adolescence au couvent, de sa relation avec un père militaire statisticien, est un bon préambule qui nous permet de bien voir le contexte, de bien comprendre la personnalité de Clarissa.

J’ai alors pensé « eh bien, justement, sa grande histoire d’amour  va lui faire perdre les pédales et apporter un peu de folie à sa vie ! » (comme l’héroïne de Vingt-quatre heures de la vie d’une femme par exemple), mais là encore j’ai été détrompée ; la quatrième de couverture m’avait déjà appris que son amour s’appelait Léonard, aussi dès leur rencontre je savais qu’ils finiraient par être amants, mais sinon je ne l’aurais certainement pas deviné ! Il ne s’agit pas d’un coup de foudre, je ne pensais pas du tout que leur relation pourrait évoluer en autre chose qu’en une amitié tendre, et sur le coup j’ai été presque déçue, j’attendais en vain un moment de passion vibrant qui n’est presque jamais venu…. Mais je me suis rendu compte que leur amour sans emphase et sans déclaration flamboyante n’en était pas moins profond ! Et c’est donc finalement une histoire hors des sentiers battus que nous offre Stefan Zweig ; la guerre n’est pas non plus centrale pendant une bonne partie de l’œuvre, nos deux héros se rencontrent et s’aiment avant qu’elle ne débute ; leur liaison n’a donc pas l’aura d’urgence dramatisante à laquelle on aurait pu s’attendre, et c’est ce qui explique aussi qu’elle m’a paru si « calme ».
 
La guerre et leur séparation forcée survient cependant très rapidement après le début de leur idylle, et si Léonard ne quitte pas le cœur de Clarissa, il quitte la scène du roman, qui nous raconte ensuite la vie à l’arrière de Clarissa comme infirmière… le pic dramatique (ah ! enfin un peu de larmes ! – non, je suis dure, des larmes il y en a déjà eu au moment où ils ont dû aller chacun de leur côté) est atteint quand Clarissa s’aperçoit qu’elle est enceinte (là vous allez me dire d’arrêter de spoiler, mais c’était dans la quatrième de couverture, et pas d’inquiétude je n’irai pas plus loin !). On sent bien qu’elle est toujours la même femme raisonnable qu’au début, et même si certains de ses choix m’ont parus surprenants par la suite, ils sont en fait parfaitement justifiés.
 
Cette histoire d’amour m’a donc surtout plu pour son réalisme ; ici, pas de romantisme exacerbé, mais de vraies gens qui vivent et se débattent comme ils peuvent au milieu d’un monde désorienté par la Grande Guerre ; je ne pense pas que c’est l’œuvre de Zweig qui me marquera le plus (j’avoue que j’aurais souhaité parfois un regard un peu moins objectif, un peu plus d’intrusion dans l’esprit des personnages, mais là je chipote, parce qu’on sait quand même bien ce qu’ils pensent, seulement… comme ils ne s’agit guère de personnages tourmentés, leur intimité semble moins « compliquée » que celle des personnages survoltés auxquels les romans nous ont habitués), et j’ai été assez frustrée de m’apercevoir à la toute fin qu’il s’agissait d’un roman inachevé ! (mais on a quand même un peu de chance… même si on ne connaîtra jamais la fin de cette histoire d’amour, les dernières lignes de l’avant-dernier chapitre nous donnent des informations capitales qu’on attendait depuis un moment et qui dénouent certains tensions, même si elles sont loin de les dénouer toutes)

Extraits : à venir

Mercredi 1er septembre 2010

http://bouquins.cowblog.fr/images/livres/uneformedevie.jpg(lu le 20 août)

Quatrième de couverture : "Ce matin-là, je reçus une lettre d'un genre nouveau." Amélie Nothomb.

Mon avis : comme à chaque rentrée littéraire, le dernier livre d'Amélie Nothomb sort ; je m’étais dit que j’attendrais de l’emprunter en bibli mais finalement mon père me l’a offert ^^
Sans surprise, Amélie nous propose une fois de plus une œuvre brève… pourtant cette œuvre-ci m’a paru plus longue que d’autres… peut-être parce qu’elle est moins entraînante ? Parce qu’autant le dire d’emblée : si j’ai savouré dans ce dernier cru certains traits nothombiens, je n’ai cependant pas dévoré ce roman.
 
Ce roman relate une correspondance entre Amélie Nothomb et un soldat américain obèse basé en Irak ; l’obésité et la boulimie qui la cause sont décrites de façon intéressante, plusieurs raisons psychologiques à cette faim excessive sont avancées, de façon poétique, le soldat finira même, suite à des lettres d’Amélie, par considérer son propre corps déformé comme son œuvre d’art. Le roman est constitué des lettres du soldat, des réponses d’Amélie, et (j’ai presque envie de dire « surtout », même si du point de vue de la quantité ce n’est pas l’essentiel), de commentaires d’Amélie Nothomb : commentaires des lettres du soldat, commentaires des réponses qu’elle lui fait, et de manière plus générale, des réflexions sur l’art épistolaire, sur la relation qu’elle a avec ses correspondants, et plus largement, avec ses lecteurs.
 
C’est cet aspect qui n’a pas su me séduire, en fait, mes sentiments sont partagés : d’un côté j’ai été ravie d’en savoir plus sur la façon dont elle envisage l’acte de correspondre avec quelqu’un, la question difficile du rapport à l’autre est encore développée et certains passages m’ont beaucoup plu ; et au fond, je crois que ce roman a accru mon envie secrète de lui écrire un jour ; mais d’un autre côté, certaines de ses paroles (je dis paroles car l’ensemble de ses commentaires m’a plus fait penser à une conversation qu’à un discours romanesque) m’ont agacée. J’ai été un peu rebutée par sa sévérité, et l’exaspération qu’elle dit ressentir à la lecture de certaines lettres, blâmant certaines maladresses sans pitié, du genre « si on m’écrit ceci, je mets la lettre à la poubelle sans aller plus loin » (citation absolument pas exacte, je paraphrase de façon éhontée là). Je comprends bien que vu la quantité de courrier qu’elle reçoit, elle doit trier, et qu’elle est devenue exigeante au fil du temps ; je devrais plutôt applaudir sa sincérité… mais je n’ai pas arrêté de penser malgré moi « bon sang, quelle pression pour ceux qui lui écriront à l’avenir ! »
 
 Parfois j’ai même été jusqu’à penser que si elle exposait tant ce qui lui plaisait, ce qui lui déplaisait dans une lettre, c’était plus pour informer ses lecteurs potentiellement futurs correspondants de ce qu’elle voulait que pour servir l’intérêt du roman. Le décalage entre ce qu’elle pense d’une lettre, et ce qu’elle répond m’a aussi parfois choquée, sans doute parce que j’ai personnellement du mal à ne pas être sincère quand j’écris... mais je dois aussi admettre que je ne corresponds qu’avec des personnes qui me sont agréables, aussi si je devais correspondre avec des inconnus, j’injecterais peut-être moi aussi une dose d’hypocrisie à mes réponses pour ne pas blesser mes interlocuteurs… je suis une bien piètre épistolière alors je pense que je ne suis pas bien placée pour juger la manière dont elle procède, mais j’ai cependant parfois été gênée. Pourtant, elle est aussi très humaine Amélie, et justement désireuse de ne pas heurter les autres si ce n’est pas nécessaire, et si elle n’a pas été poussée à bout… c’est pourquoi mes sentiments sont si emberlificotés que j’ai dû mal à les démêler.
 
Le narcissime d’Amélie Nothomb ,que personne n’irait nier et que beaucoup de monde lui reproche, m’a toujours charmée, mais dans ce roman-ci il m’a fait un effet moins agréable ; l’auteur parle ici en son nom propre et il est donc difficile de distinguer ce qu’on a envie de croire, de ce qui est exagéré et fictif ; même si la correspondance avec ce soldat est à mon avis imaginaire (je ne conçois pas le contraire en fait), Amélie brouille volontairement les pistes, et finalement nous dupe comme son personnage sera dupé ; la fin, qui sur le coup m’a épouvantablement frustrée, est en fait un habile pied-de-nez à tout ce qui précède, et avec du recul je l’apprécie (même si une méchante petite voix me dit que c’est aussi une manœuvre forcée, elle n’aurait pas pu finir autrement, sinon il aurait fallu au moins trente pages de plus pour conclure et on aurait alors dépassé la longueur habituelle des romans nothombiens) ; mais la présence de l'auteur est trop explicite pour moi, je crois bien que j’ai besoin du filtre de la fiction ou plutôt, du filtre de la littérature, pour vraiment aimer Amélie.

Elle écrit elle-même que certains auteurs gagnent à être connus, mais que pour d’autres, il vaut mieux se contenter de leur prose ; j’ai déjà eu l’occasion d’entendre certaines des ses interviews, je les ai appréciées, mais rien à voir avec l’admiration énorme que j’ai pu ressentir à la lecture de certains de ses romans (et je n’exclus absolument pas de mes favoris ses romans les plus autobiographiques : tout en Amélie est susceptible de m’intéresser pourvu que ses textes revêtent un style particulier, le masque de la littérature, masque qui n'en est peut-être pas vraiment un et révèle au contraire ce qui n'est pas accessible autrement) ! Et en lisant Une forme de vie, j’ai eu le sentiment d’avoir plus affaire à l’Amélie « people » qu’à l’Amélie pure romancière, et c’est ce qui explique pourquoi je pense que je ne pourrais jamais véritablement l’adorer (même si je le répète, certains passages m'ont beaucoup plu, un passage de dialogue avec elle-même vers la fin par exemple me fait beaucoup rire). Et je ne m’en fais pas, ce roman ravira sans doute une catégorie de lecteurs plus fans que moi de la personnalité « quotidienne » de l’auteur, et celui de l’année prochaine aura peut-être un style plus "fictif" !
 
Extraits :
 
"Un artiste qui ne doute pas est un individu aussi accablant qu'un séducteur qui se croit en terrain conquis."

"Rares sont les êtres dont la compagnie m'est plus agréable que ne le serait une missive d'eux (...). "Vous n'aimez pas les gens en vrai", m'a-t-on déjà sorti. Je m'insurge : pourquoi les individus seraient-ils forcément plus vrais quand on les a en face de soi ? Pourquoi leur vérité n'apparaîtrait-elle pas mieux, ou tout simplement différemment, dans l'épître ?"

"Je suis un être capable d'aller très loin au nom de ses conviction sémantiques. Le langage est pour moi le plus haut degré de réalité."

Mercredi 1er septembre 2010

http://bouquins.cowblog.fr/images/livres/dessourisetdeshommes.jpg(lu le 21 août)
Quatrième de couverture / extrait : "Lennie serra les doigts, se cramponna aux cheveux.
- Lâche-moi, cria-t-elle. Mais lâche-moi donc.
Lennie était affolé. Son visage se contractait.  Elle se mit à hurler et, de l'autre main, il lui couvrit la bouche et le nez.
- Non, j'vous en prie,  supplia-t-il. Oh, j'vous en prie, ne faites pas ça. George se fâcherait.
Elle se débattait  vigoureusement sous ses mains...
- Oh, je vous en prie, ne faites pas ça, supplia-t-il.  George va dire que j'ai encore fait quelque chose de mal.  Il m'laissera pas soigner les lapins."

Mon avis : ce roman nous raconte l’histoire de Lennie, un homme costaud au bon cœur mais simple d’esprit, et George, son ami, qui veille sur lui et travaille avec lui de ranches en ranches, pour cinquante dollars par mois ; une vie dure et sans avenir comme celle de bien d’autres travailleurs qui vont croiser leur route ; ils sont ensemble depuis longtemps mais le roman se concentre sur une de leurs étapes, celle qui sera décisive.

La préface de Joseph Kessel (que je vous conseille de lire, elle est très réussie) m’avait un peu mis la puce à l’oreille, et comme Kessel le dit, la fin est « atroce et magnifique ». En fait je sors de cette lecture un peu sonnée, je ne vois pas trop quoi dire de plus, il me semble que tout a été dit ; comme le dit Kessel (avec qui je suis décidément bien d’accord), pas de monologues intérieurs ici, on n’a pas accès aux pensées des personnages ; cependant, l’essentiel est capté, les actes sont si significatifs qu’ils recouvrent des non-dits, on n’a pas besoin d’autre chose, et c’est pourtant très fort. Aucune anecdote n’est inutile, comme si tout concourrait vers cette fin.
Ce qui semble distinguer d’abord Lennie et Georges, c’est d’abord leur amitié, qui semble bizarre aux autres (Lennie étant une charge), et ensuite leur rêve, qui soutient chacune de leurs actions : s’acheter ensemble une maison avec une terre qu’ils pourront cultiver, libres et heureux – rêve qui deviendra réalité seulement si Lennie dans sa maladresse ne leur provoque d’ « embêtements », s’il est un obstacle, il n’aura pas le droit de s’occuper des lapins, la tâche au monde qui lui tient le plus à cœur et qu’il évoque sans cesse.

Il s’agit donc de personnages simples, pauvres, qui n’ont rien d’héroïque, et pourtant, leur histoire m’a fait penser à une sorte de conte moderne et effrayant ; les méchants ne sont pas ceux qu’on croit, malgré les insultes grossières qu’il lui balance sans cesse, Georges aime Lennie ; malgré les actes affreux qu’il commet par mégarde, Lennie est un personnage profondément bon et innocent ; et ce que fera Georges à la fin, acte terrible et ambigü, doit être interprété de la manière opposée à celle qui viendrait à l’esprit du témoin ignorant de toute le reste... et une telle histoire nous montre que les choses ne sont pas aussi simples qu’elles le paraissent, même quand elles mettent en scène des personnages qui semblent les plus ordinaires et les moins complexes qui soient….

Mais (oui, j'arrive à vous pondre un mais, que moi-même je ne comprends pas !) bizarrement, j'ai la sensation que cette histoire ne m'a pas émue autant qu'elle aurait dû, qu'elle aurait pu ; et je pense pour le coup que le problème vient de moi parce qu'objectivement, j'ai beaucoup aimé (mais justement, "beaucoup aimer" ce n'est pas une réaction objective normalement !). En fait je me dis que j'aimerais le relire, plus tard, et en VO, j'ai une petite voix qui me dit que peut-être, il me touchera peut-être plus alors, les ingrédients pour que ce livre soit un de mes coups de coeurs sont réunis et pourtant ce n'est pas le cas, et je ne parviens pas à m'expliquer pourquoi... je ne peux que vous le conseiller cependant, je ne vois pas de défauts à ce livre. (c'est peut-être ça le problème, c'est un livre trop parfait ?)

Extrait :
"Y'a pas besoin d'avoir de la cervelle pour être un brave type. Des fois, il me semble même que c'est le contraire. Prends un type qu'est vraiment malin, c'est bien rare qu'il soit un bon gars."

Jeudi 2 septembre 2010

http://bouquins.cowblog.fr/images/divers/lateteenfriche.jpg

Et un nouveau Challenge pour la rentrée ! Un challenge sans limite de temps, organisé par notre très chère Matilda (cliquez sur son pseudo pour voir l'article initiant ce challenge)
Alors, qu'est-ce que c'est ? Eh bien, un peu sur le même modèle que le Matilda's Contest,  il s'agit de lire les 4 livres que le personnage de Germain découvre dans le film (et le livre, mais je ne l'ai pas lu) La Tête en Friche. (mon avis sur le film, que j'ai vu deux fois au ciné, ICI)
 
 
  Les livres :

- La peste, Albert Camus
- La promesse de l'aube, Romain Gary
- Le vieux qui lisait des romans d'amour, Sepulveda (à remplacer par un autre livre du même auteur)
- L'enfant de la haute mer, Jules Supervielle

  Les règles :

- S'inscrire sur le blog de Matilda et publier un billet sur le sujet sur son propre blog.
- Lire les quatre livres de cette liste.
- Pas de limite de temps.
- A chaque livre lu, et pour incarner le dictionnaire que Germain lit également, veuillez donner la définition d'un mot du livre lu que vous n'avez pas compris, ou bien que vous aimez.
- S'amuser (comme toujours).

  En bonus pour les courageux :

- Lire La tête en friche de Marie-Sabine Roger. (pour moi : si je le trouve pas cher d'occasion)
- Remplacer les livres déjà lus, par un autre du même auteur (je lirai donc un autre livre de Sepulveda)

Vendredi 10 septembre 2010

http://bouquins.cowblog.fr/images/livres/LecomtedeMonteCristo1.jpgRésumé : Au début du règne de Louis XVIII, Edmond Dantès, marin, second du navire Le Pharaon est accusé à tort de bonapartisme et enfermé dans une geôle du château d'If, sur l’île du même nom, au large de Marseille. Après quatorze années, il réussit à s’échapper et s’empare du trésor de l’île de Monte-Cristo, dont l’emplacement lui a été révélé par un compagnon de captivité, l’abbé Faria. Devenu riche et puissant, il entreprend, sous le nom de « comte de Monte-Cristo », de se venger de ceux qui l’ont accusé ou ont bénéficié directement de son incarcération pour s’élever dans la société.

Mon avis : je ne connaissais quasiment que de nom ce livre, je savais qu'il y avait une histoire de trésor, de captivité et de vengeance, mais c'était tout ; et connaître si peu l'intigue m'a permis sans doute de faire une lecture plus pleine de surprises que celui qui connaît déjà mieux l'histoire parce qu'il a déjà lu des critiques, a vu des films etc. Je ne vais pas vous raconter toutes les péripéties, je vais tâcher de ne pas "trop" spoiler mais je vais quand même évoquer l'histoire assez précisément, aussi si vous avez l'intention de rester vierge de tous renseignements avant de lire ce livre, ne lisez pas ce qui suit !

Voilà un excellent livre d'aventures, avec des rebondissements si extraordinaires qu'ils changent complètement la situation du héros, si bien qu'on croirait avoir plusieurs livres en un : au début, Edmond Dantès est heureux, son avenir est plein de promesses, et ce tableau joyeux nous rend les personnages sympathiques, on les voit sous leur meilleur jour ; le complot ignoble qui va vite se tramer et tout bouleverser, la malchance qui va frapper notre héros nous indigne d'autant plus.
J'ai adoré tout le passage (assez long) qui raconte la vie d'Edmond Dantès en prison : son désespoir, sa peur de devenir fou, ses envies de suicide, et ensuite sa rencontre inespérée avec l'abbé Faria qui va être une vraie renaissance pour lui, et lui permettre de forger son esprit, toute cette parte du livre m'a profondément charmée... et alors même que nous étions installés, habitués à cette situation passionnante d'un point de vue psychologique, mais très calme au niveau des faits mêmes, l'action reprend brusquement d'une façon surprenante, avec un très beau revirement de situation. Evasion, rencontre avec des contrebandiers, chasse au trésor... ça n'arrête pas.

Par la suite, j'ai d'abord été un peu déçue que l'histoire ne suive plus Edmond Dantès d'aussi près qu'au début, en nous privant de son intimité : quand il était en prison, nous étions au courant de chacun de ses tourments, de toutes ses pensées, de son désir de vengeance naissant... après son évasion, l'auteur nous éloigne volontairement d'Edmond Dantès, qui n'est plus jamais désigné sous ce nom, mais sous celui de "comte de Monte-Cristo" ; oh, bien sûr, il est toujours au centre de l'action, puisqu'il a toujours un rôle dominant dans les aventures que vont connaître des personnages secondaires auxquels on va alors s'intéresser, mais notre statut de lecteur s'est un peu modifié : on voit son retour au monde de façon plus indirecte, de loin ; on voit s'exécuter lentement, mais de façon réfléchie (tellement réfléchie qu'on se demande parfois où il veut en venir) son plan, dont nous ignorons tous les détails ; alors que nous avions été si proches de lui, ses pensées deviennent indécelables ou presque... mais être ainsi coupé des pensées du héros a son intérêt, cela nous permet d'apprécier encore plus le génie  de son plan (qui reste encore très flou à la fin du tome 1), qu'on découvre en même temps que tous les autres personnages car on n'arrive pas à le deviner... mais la connaissance préalable qu'on a eu du personnage nous permet aussi de voir le second degré de certaines de ses paroles, de saisir l'ironie de certaines situations.

Le changement de personnalité d'Edmond Dantès est assez étonnant : avant son incarcération, il était un jeune homme de belle humeur, amoureux, mais vulnérable ; il deviendra un homme  immensément riche et puissant, doté d'une aura de merveilleux qui nous fait songer à un prince de conte oriental, mais surtout, mystérieux : on n'arrive pas trop à savoir si ses actions splendides, qui en déconcerteront plus d'un, découlent de sa philantropie, ou s'il est pas au contraire un misanthrope qui cache ses véritables intentions pour mieux réussir, s'il n'agit pas ainsi que pour faire connaître sa puissance, et manipuler son monde...

On a donc une atmosphère générale très riche, dense, et, comme je l'ai déjà dit, souvent empreinte de merveilleux, qui se développe pourtant dans un cadre tout à fait réaliste : l'évocation de la vie politique en France (j'avais peur de ne pas avoir assez de connaissances historiques en tête et de m'y perdre mais ça n'a pas été le cas), et surtout de la vie mondaine à Rome et à Paris, sont très intéressantes et bien menées. Le tout est soutenu par un style très élégant, qui reste tout à fait fluide sans jamais être trop simple (ce que je reprochais aux Piliers de la Terre par exemple) : c'est un style assez minutieux, avec pas mal de descriptions, que cela concerne les personnages, les lieux, les objets, mais en même temps assez vif, puisqu'on a aussi suffisamment de dialogues, qui ne manquent ni d'esprit ni de verve.

Seul petit regret : j'aurais aimé que les personnages féminins aient plus de place, et soient autre chose que les fiancées ou épouses des autres  personnages qui ont bien plus d'importance... et j'ai notamment été très étonnée (et un peu déçue) que le premier soin d'Edmond Dantès à sa sortie de prison n'ait pas été de chercher à rejoindre Mercedes ! Mais à la fin de ce premier tome, les bases de la vengeance de notre héros sont à peine posées, et sans nul doute, mes questions et attentes trouveront leur réponse dans le tome 2.

 
Ce livre a fait l'objet d'une Lecture Commune
avec d'autres membres de Livraddict
(liens vers d'autres billets à venir)

Mercredi 15 septembre 2010

http://bouquins.cowblog.fr/images/RAT.jpg

Je vous l'avais déjà annoncé en juillet : le prochain Read-A-Thon a lieu le 9 & 10 octobre 2010.

Je ne vais pas ré-expliquer une énième fois ce que c'est à ceux qui n'ont pas suivi, je vous conseille plutôt, si c'est le cas, de lire les 4 articles de ce blog qui en parlent déjà en cliquant ici ; oui, je me suis amusée à rassembler ces articles dans une catégorie créée exprès pour ça ^^ !
Le RAT, je n'y ai participé qu'une seule fois, mais j'ai hâte que ça recommence, et cette deuxième participation ne sera à mon avis pas la dernière. Cette fois-ci, cela sera un véritable challenge, puisque je me suis inscrite cette fois-ci pour le BIG, qui dure donc 24 heures !

Je rappelle à ceux qui seraient intéressés que les inscriptions restent possibles jusqu'à la veille du départ. Ainsi, même si vous n'aviez jamais entendu parler du RAT avant de lire cet article, il n'est pas trop tard pour nous rejoindre ! ;)

L'adresse du blog officiel n'a pas changé, c'est toujours celle-ci ; et pour les livraddictiens, si vous voulez savoir quels sont les membres du forum qui feront le RAT, on en parle .

Je commence un peu à établir la liste des livres dont je m'occuperai (enfin, qui m'occuperont plutôt) pendant le RAT, même si elle est très loin d'être définie, je piocherai sans doute un peu dans mon challenge ABC (et ma PAL, du même coup), un peu dans les livres offerts par Matilda, et peut-être que je ferai aussi quelques relectures de livres que j'adore....

Vendredi 17 septembre 2010

http://bouquins.cowblog.fr/images/livres/lecomtedemontecristo2.jpgRésumé (oui, c'est le même que pour le tome 1, mais en même temps c'est la suite alors...) : Au début du règne de Louis XVIII, Edmond Dantès, marin, second du navire Le Pharaon est accusé à tort de bonapartisme et enfermé dans une geôle du château d'If, sur l’île du même nom, au large de Marseille. Après quatorze années, il réussit à s’échapper et s’empare du trésor de l’île de Monte-Cristo, dont l’emplacement lui a été révélé par un compagnon de captivité, l’abbé Faria. Devenu riche et puissant, il entreprend, sous le nom de « comte de Monte-Cristo », de se venger de ceux qui l’ont accusé ou ont bénéficié directement de son incarcération pour s’élever dans la société.

Mon avis : ne diffère pas énormément de l'avis que j'ai sur le premier tome alors j'ai envie de vous dire : cf mon avis sur le tome 1 !

Plusieurs choses à noter tout de même : la lecture du début de ce second tome n'a pas été aisée. Mais j'explique : après avoir fini le tome 1, je n'ai pas lu pendant deux jours, et puis j'ai eu envie de relire Jours sans faim de Delphine de Vigan (que j'ai encore plus aimé que lors de ma 1ère lecture soit dit en passant), je m'étais donc un peu extraite de l'univers construit par Alexandre Dumas... et j'ai eu du mal à ré-entrer dedans parce que certaines choses étaient devenues légèrement floues, j'avais emmêlé les noms de deux ou trois personnages, oublié qui était bidule et quel était son lien avec machin, et il y a donc eu un moment de flottement où j'étais un peu paumée, il a fallu que je me pose pour me récapituler tout ça ! ^^ c'est pourtant pas extrêmement compliqué (d'ailleurs j'ai quand même retrouvé assez rapidement le fil), et c'est très logique, mais bon, je suis un peu un boulet (pour info, quand je lis une pièce de théâtre j'ai tellement peur de m'embrouiller que je recopie la liste des personnages en dessinant leur arbre généalogique, c'est souvent inutile mais ça me rassure). Et puis, j'avais hâte que la vengeance minutieusement amenée par le comte porte enfin ses fruits !

Et quels fruits ! Comme dit dans mon avis sur le tome 1, c'est une vengeance subtile et terrible, j'avais peur qu'elle soit répétitive, mais ce n'est pas le cas, le comte de Monte-Cristo ne réserve pas le même sort à tous, et quand enfin elle survient, progressivement mais de tous côtés, j'ai trouvé la lecture complètement prenante et mon plaisir a été encore plus grand qu'à la lecture des passages que j'ai préférés dans le tome 1 !

Côté personnages féminins, je suis un peu déçue par Mercédès, j'aurais aimé qu'elle reprenne le pouvoir dans le tome 2 mais elle garde son rôle de victime et c'est triste. Haydée est bien, elle a une certaine prestance, mais je l'aime pas trop, je ne saurais pas vous expliquer pourquoi, c'est comme Valentine,  que j'ai trouvée gentille mais sans plus. Non, étrangement, celle qui m'a agréablement surprise (alors qu'au début je trouvais qu'elle ne servait à rien et elle m'agaçait, mais c'était parce que je ne la connaissais pas encore), c'est Eugénie, la fille de Danglars ! Enfin une femme indépendante qui refuse la vie qu'on veut lui imposer, sans tomber pour autant dans le schéma bêbête de l'héroïne classique ! J'ai l'impression que l'auteur ne l'adore pas, et donc, tant mieux pour nous, il nous épargne les éloges ridicules que font souvent les auteurs de leurs personnages favoris (je suis un peu de mauvaise foi, Dumas ne fait pas trop ça). Et puis, je suis persuadée qu'Eugénie finira en couple avec Louise d'Armilly (si elle ne l'est pas déjà dans le livre), et ça me fait plaisir (mais bon peut-être que c'est juste moi qui fantasme hein).

Un dernier mot pour exprimer mon admiration pour le comte : je l'aime tellement que sur Livraddict je l'ai cité dans mon top 3 héros masculins (le n°1 bien sûr c'est Heathcliff, dans les Hauts de Hurlevent, et le n°2 c'est Alceste, héros du Misanthrope). Edmond Dantès a la classe absolue sans être déshumanisé pour autant puisqu'il fait aussi des erreurs et a des émotions (même s'il essaie souvent de les cacher, il me semble qu'elle sont quand même plus perceptibles dans le tome 2, j'ai aimé sa relation avec Albert et surtout celle avec Maximilien Morrel). Bon, je suis pas d'accord avec un choix qu'il fait à l'extrême fin, mais tant pis pour moi, il est libre hein ! (et je n'en dirai pas plus pour ne pas spoiler. Et puis si j'ai bien compris de toute façon, certaines adaptations cinématographiques - j'en ai vu aucune, mais j'ai vu des extraits - ont une fin un peu différente, qui me plaira plus). J'ai aussi trouvé pas mal de similitudes entre Edmond Dantès et V (qui admire Edmond Dantès, d'ailleurs, donc c'est normal) (dans le film V pour Vendetta bien sûr), et c'est chouette ! :D

Citations :
"Quand on vit avec des fous, il faut faire aussi son apprentissage d'insensé."

"Les gens qui ne questionnent pas sont les plus habiles consolateurs."

"J'aime la mer comme on aime une maîtresse, et quand il y a longtemps que je ne l'ai vue, je m'ennuie d'elle."

"Les hommes vraiment généreux sont toujours prêts à devenir compatissants, lorsque le malheur de leur ennemi dépasse les limites de leur haine."

"Je ne serais pas artiste s'il ne me restait pas quelques illusions."

Samedi 18 septembre 2010

http://bouquins.cowblog.fr/images/livres/lalenteur-copie-1.jpgQuatrième de couverture / extrait :
« "Un roman ?" demande-t-elle angoissée.
J'incline la tête.
"Tu m'as souvent dit vouloir écrire un jour un roman où aucun mot ne serait sérieux. Une Grande Bêtise Pour Ton Plaisir. J'ai peur que le moment ne soit venu. Je veux seulement te prévenir : fais attention."
J'incline la tête encore plus bas.
"Te rappelles-tu ce que te disait ta maman ? J'entends sa voix comme si c'était hier : Milanku, cesse de faire des plaisanteries. Personne ne te comprendra. Tu offenseras tout le monde et tout le monde finira par te détester. Te rappelles-tu ?
- Oui, dis-je.
- Je te préviens. Le sérieux te protégeait. Le manque de sérieux te laissera nu devant les loups. Et tu sais qu'ils t'attendent, les loups."
Après cette terrible prophétie, elle s'est rendormie.»

Mon avis : est tout embrouillé dans ma tête. (vous êtes prévenus)

C'est court, beaucoup plus court que l'Insoutenable Légèreté de l'être. Alors la construction, qui est essentielle, est moins visible, même si après on voit tous les liens (et là j'ai fait "aaaaah ! tu es génial !"), mais au début j'ai un peu nagé en me disant "d'accord, mais où veux-tu en venir ?". Mais je l'ai suivi, et je ne regrette pas, même si (parce que ?) ce que j'en pense reste un peu flou (mais j'ai aimé !!!).

Milan et sa femme Véra (qui s'appelle vraiment comme ça dans la réalité), passent une nuit dans un château devenu hôtel. Château rapproché du château de Mme T dans la nouvelle Point de lendemain de Vivant Denon (nouvelle dont il est beaucoup question donc, tout part de là et y revient). Une réunion d'entomologistes européens, avec au milieu, un savant tchèque ému. Les enfants mourrant en Somalie. Les danseurs, un concept très intéressant que je ne connaissais pas. La vitesse, désir d'oubli, la lenteur, désir de mémoire. Différentes façons de considérer l'amour, la place qu'on veut dans le monde, le regard de l'autre, des autres. Feinte copulation. Une piscine, les cauchemars d'une femme (ils étaient déjà dans l'Insoutenable légèreté de l'être). Un livre lent : réflexions immobiles du narrateur qui ne fait rien d'autre que raconter et faire de sa femme le témoin endormi de son imagination. Un livre rapide : des histoires et pensées qui semblent d'abord sans rapport (mais j'ai déjà dit que c'était pas le cas), de nombreux sujets évoqués, tout cela tourbillone. Un côté fantastique, magique même à la fin.

Bien sûr, une partie de moi a envie de le relire (déjà), pour essayer de tout décortiquer, tout comprendre, pourquoi dit-il ceci à cet instant, mais pour apprécier cette oeuvre, le mieux est peut-être de s'accrocher/se laisser emporter (selon son humeur et la relation qu'on a directement avec le livre, les deux étant possibles, même en même temps), se laisse toucher simplement par l'humour, les faiblesses touchantes des personnages, la fantaisie de toutes ces histoires, les références souriantes à Apollinaire, Laclos, Epicure...  et toutes ces idées disséminées qui nous permettent de voir notre monde différemment, avec un peu de recul.

Extrait :
"L'amour, par définition, est un cadeau non mérité ; être aimé sans mérite, c'est même la preuve d'un vrai amour. Si une femme me dit : je t'aime parce que tu es intelligent, parce que tu es honnête, parce que tu m'achètes des cadeaux, parce que tu ne dragues pas, parce que tu fais la vaisselle, je suis déçu ; cet amour a l'air de quelque chose d'intéressé. Combien il est plus beau d'entendre : je suis folle de toi bien que tu ne sois ni intelligent ni honnête, bien que tu sois menteur, égoïste, salaud."

Mardi 28 septembre 2010


Quatrième de couverture / extrait : "Comment s'était formée cette rue flottante ? Quels marins, avec l'aide de quels architectes, l'avaient construite dans le haut Atlantique à la surface de la mer, au-dessus d'un gouffre de six mille mètres ? Cette longue rue aux maisons de briques rouges si décolorées qu'elles prenaient une teinte gris-de-France, ces toits d'ardoise, de tuile, ces humbles boutiques immuables ? Et ce clocher très ajouré ? Et ceci qui ne contenait que de l'eau marine et voulait sans doute être un jardin clos de murs, garnis de tessons de bouteilles, par-dessus lesquels sautait parfois un poisson ?"


Liste des nouvelles : L'enfant de la haute mer / Le bœuf et l'âne de la crèche / L'inconnue de la Seine / Les boiteux du ciel / Rani / La jeune fille à la voix de violon / Les suites d'une course / La piste à la mare


Mon avis : Je n'avais jamais entendu parler de ce livre avant de voir le film La Tête en Friche (et j'ai dû entendre le nom de cet auteur une fois à la fac, mais c'est tout). En sortant du cinéma, je suis allée chez mon bouquiniste et là, contre toute attente...  j'y ai trouvé ce livre ! J'ai ensuite appris que Matilda organisait un challenge autour des livres évoqués dans le film, je m'y suis donc inscrite ^^ Voilà pour la petite histoire.

Le héros de chacune de ces nouvelles/contes est un personnage à l'écart, soit parce que quelque chose le rend marginal, soit parce qu'il est très seul. J'ai surtout aimé les nouvelles qui parlent indirectement de la mort (il y en a trois), c'est très imaginatif et cela donne de la mort une image onirique, le style est (relativement) simple, mais poétique, et nous emporte un autre monde. Toutes les nouvelles, d'une façon ou d'une autre, ont un côté fantastique plus ou moins prononcé, nous invite à voir les choses autrement... "Le boeuf et l'âne de la crèche" par exemple nous fait revivre la Nativité en s'intéressant au point de vue de l'âne et surtout du bœuf de l'étable. Une façon ludique et très originale d'évoquer cet épisode biblique ! Et le tout est empreint de douceur, je ne suis pas croyante et j'avais donc peur que cette nouvelle me barbe à cause de son sujet (mon rapport à la religion n'est pas simple, tantôt elle m'agace, tantôt elle me fascine) mais ça n'a pas été le cas, j'ai beaucoup aimé !

Mais ma nouvelle préférée est sans hésiter la nouvelle éponyme : cette "Enfant de la haute mer" est coincée dans une ville fantômatique et perdue au beau milieu de l'Océan ; sa solitude, le fait qu'elle se sente responsable d'un monde autonome, son innocence m'ont fait beaucoup penser au personnage du Petit Prince ! Je ne m'attendais pas à la fin (c'est une bonne chose que cette nouvelle soit la première du recueil, si je l'avais lue après elle m'aurait peut-être moins surprise) et elle m'a émue.

L'intrigue de "L'inconnue de la Seine" se déroule également en milieu aquatique, mais nous plonge cette fois-ci sous la mer, là où tous les noyés qui ne veulent pas remonter à la surface continuent à mener une drôle d'existence : même si les valeurs ne sont pas forcément les mêmes que dans le monde des vivants, l'instinct grégaire y est toujours présent, et notre héroïne va comprendre que même dans cet autre monde, la liberté ne va pas de soi et doit être acquise. Une nouvelle assez triste, en fait... le thème des "boiteux du ciel" est similaire mais nous emmène dans les airs, et la fin est plus optimiste.

Les autres nouvelles sont moins liées à la mort mais parlent aussi du rapport à l'autre : peut-on être libre tout en vivant en harmonie dans un groupe ? nos différences sont-elles un atout ou un handicap ? Ces nouvelles ("La jeune fille à la voix de violon" ; "Rani", qui nous raconte l'histoire d'un amérindien, et "les suites d'une course" dans laquelle un homme a des... problèmes d'identité) m'ont moins touchée, je ne saurais pas trop dire pourquoi... même si le registre fantastique est toujours là, je les ai trouvées moins profondément fantaisistes, j'ai été moins "embarquée" dans l'imagination de l'auteur. La dernière nouvelle, "La piste à la mare" aurait très bien pu aussi ne me plaire que moyennement mais j'adore la chute, qui change un peu tout, et c'est cette note déjantée finale qui manque à mon avis aux trois nouvelles que j'ai le moins aimé. Un recueil que j'ai trouvé donc un peu inégal, mais j'ai tellement aimé les quatre premières nouvelles que mon avis général reste très positif et me donne envie de m'intéresser de plus près à l'œuvre de Supervielle !


Bonus : j'ai découvert d'où venait précisément le logo du challenge La Tête en Friche ! Elle vient du court-métrage fait à partir du conte L'Enfant de la haute-mer ! J'ai apprécié l'ambiance générale du court-métrage, les paroles, peu nombreuses, sont des extraits fidèles du texte de Supervielle. Je regrette un peu que certains passages qui me semblaient importants dans la nouvelle pour comprendre la situation (et surtout la fin, qui est magnifique et éclaire tout le reste !) soient absents, mais ça reste une jolie vidéo. Cliquez pour visionner le court-métrage.

Bonus n°2 : j'allais oublier ! Pour le Challenge La Tête en Friche, on doit donner la définition d'un mot qu'on ne connaissait pas et que le livre nous a appris. Mon mot : Cacique, n. m. : ancien chef amérindien d'Amérique centrale.

Vendredi 1er octobre 2010


Résumé :
L'histoire commence en 1915 et s'achève à la fin de la seconde guerre mondiale. La famille Cleary originaire de la Nouvelle Zélande émigre en Australie pour faire fructifier un domaine où se pratique l'élevage du mouton et qui appartient à la riche soeur de Paddy Cleary, le père de famille. Une épopée superbement rendue où s'acharnent les passions des personnages avec comme fil conducteur les amours tragiques de l'héroine Maggie pour le magnifique prêtre Ralph de Bricassart lié à jamais au sort de l'exploitation du domaine.
Mon avis : mmmh.... je suis contente de l'avoir lu, mais mon avis est quand même mitigé. A vrai dire, les cinquante dernières pages ont été un peu longues, j'étais contente de l'avoir fini, heureusement qu'il ne faisait pas 100 pages de plus, je n'aurais peut-être pas tenu. Mais je préfère plutôt vous parler de ce qui m'a plu, car démonter ce bouquin pour vous le déconseiller n'est absolument pas mon intention (même si je ne vais pas me gêner non plus pour vous dire ce qui m'a exaspérée, ahem) !
 
Je dirais que c'est de la bonne (voire très bonne) littérature de divertissement. L'histoire est touchante, souvent très prenante, il y a pas mal d'ingrédients qui font que c'est une lecture agréable, régulièrement relancée par des péripéties "fortes" qui changent pas mal la situation, on ne peut pas dire qu'il ne se passe rien ! On suit toute une famille pendant cinquante ans, le roman est divisé en sept parties qui portent chacune le nom d'un des personnages principaux ; avant de commencer ma lecture j'avais peur que chaque partie soit vraiment consacrée exclusivement à un personnage mais heureusement ce n'est pas le cas, on a quand même des nouvelles de tout le monde tout le long !

J'ai aimé le récit de l'enfance de Meggie, et la façon dont les personnages principaux sont présentés.
Leur installation dans le domaine de Drogheda est aussi intéressante, leur quotidien nous est raconté avec pas mal de détails, des anecdotes sympa qui nous permettent de bien comprendre leurs conditions de vie, on a pas mal d'infos sur le monde de l'élevage des moutons, la tonte, je ne m'étais jamais intéressée à la question mais j'ai trouvé ça plutôt instructif, et pas du tout ennuyeux !
 
Mais bien sûr, ce qui retient rapidement toute notre attention, c'est la rencontre que va faire la petite Meggie (qui a alors une dizaine d'années) avec le prêtre du coin, Ralph de Bricassart, qui va se prendre d'affection pour elle, affection réciproque et qui va évoluer au fil des années - évidemment - de la façon à laquelle on s'attend tous (pauvres d'eux !). Le personnage de Ralph m'a plu, il m'a beaucoup fait penser à une personne de mon entourage, et la suite de l'histoire (que je connaissais un chouïa parce que 1) c'est assez prévisible 2), quand on m'a parlé de ce livre il y a quelques mois on m'a dit "ah oui, c'est l'histoire de ce prêtre qui....") n'a fait que renforcer ce phénomène d'identification (ce n'est pas moi qui m'identifie à Ralph hein, mais vous me comprenez, ou pas, mais je vais certainement pas raconter ma vie ici alors merde) (hum). En un mot, j'ai été touchée par cette histoire d'amour, qui est sans doute ce qu'on retient le plus de ce livre, et même si elle est relativement prévisible comme je l'ai déjà dit, elle est quand même assez complexe pour que je suive avec passion (même pas honte) ses moindres revirements, d'autant plus que ça va durer dans le temps. D'autres péripéties extérieures (plus ou moins) (mais je vais pas tout raconter que diable !) qui vont profondément bouleverser cette famille et la destinée de Meggie en particulier, font que pendant environ 200 pages (j'ai pas compté, c'est une estimation à la louche !), j'ai été assez scotchée au bouquin.
 
Le souci, c'est que les deux dernières parties du livre (sur sept, je vous le rappelle) s'attardent sur les descendants des premiers personnages princpaux et pfffiouuu, ça m'a beaucoup moins passionnée. Les passages qui parlent de la seconde guerre mondiale (en Egypte notamment, ça aurait dû m'intéresser vu que ce n'est pas une partie de la guerre qu'on connaît bien), et ceux, plus tard, qui ont lieu en l'Europe, m'ont plutôt gavée. J'ai pourtant apprécié le personnage de Justine (une jeune fille indépendante, la plus indépendante du roman sans doute - on m'a fait remarquer récemment que j'aimais les personnages féminins forts et entreprenants, j'ai un peu nié mais je dois bien reconnaître que tu as raison, Yuko), mais son histoire ne m'a pas parue tellement originale, le grand drame qu'elle va vivre m'a presque laissée de glace, je ne faisais qu'attendre les moments où on parlerait de nouveau de Meggie et de Ralph et autant dire que mes attentes ont été satisfaites au compte-gouttes ! Quant à l'histoire d'amour de Justine, pitié, on en devine la fin cent pages avant et elle en a mis un temps à venir, cette foutue conclusion ! (je vous parle de mon ennui des 50 dernières pages, là).
 
Autre mauvais point du bouquin : le style m'a vite fait déchanter (sans toutefois décourager ma lecture). C'est fluide, ça se lit bien en général, certes, mais l'auteur a vite tendance à balancer dans le gnangnan, les descriptions élogieuses du paysage (entre autres) se voulaient sans doute poétiques mais j'ai trouvé qu'elles devenaient souvent lourdes (j'ai sauté des lignes, j'avoue !), et les passages où il est question de sexe sont carrément risibles, l'auteur ne fait que décrire les sensations exacerbées des personnages (ah grand recours d'exclamations mimant leurs pensées du style "Oh ! Mon dieu ! La douceur de ses lèvres !"), je me demande si je n'aurais pas préféré un peu plus de crudité réaliste (ou à défaut, que l'auteur s'abstienne de nous narrer ce genre de scène si elle n'est pas capable de nous servir autre chose que ces délires romantiques dignes d'un Harlequin...)) parce qu'à moins d'être vraiment à fond dans la tête des personnages au point de n'avoir aucun recul, dur dur de lire ces passages en gardant son sérieux !

Bon, je suis vache, je dois admettre que le récit du dépucelage de Justine m'a fait rire, mais dans le bon sens du terme cette fois-ci. Il faut quand même un certain talent narratif pour mener à bien un récit aussi riche en personnages et évènements s'étendant sur plusieurs centaines de pages, j'en conviens tout à fait, mais le style globalement ne m'a pas vraiment séduite, à aucun moment je n'ai eu envie de relire une phrase pour sa beauté ou de noter un passage.... j'avais déjà lu Tim de cet auteur (et j'avais beaucoup aimé il me semble, là encore, parce qu'un des personnages avait fait que je m'étais sentie concernée, je ne me souviens pas ce que j'avais pensé du style mais à l'époque j’étais moins exigeante), mais je ne pense pas que je le relirai, ni même que je chercherai à lire d'autres oeuvres de cet auteur, qui donne à ses histoires une couleur un peu trop rose qui ne correspond pas (plus ?) vraiment à ce que je recherche ! Si j’avais lu ce roman il y a quelques années, j’aurais peut-être adoré !
 
En relisant mon avis je trouve que mon avis général penche hélas plus du côté négatif finalement... sans doute parce que je suis restée sur la mauvaise impression de la fin, et les critiques que j'ai formulées à propos du style sont rédhibitoires, je ne parviens plus à vraiment aimer un livre si le style me gêne. J'espère que je me souviendrai quand même surtout des passages qui m'ont rendue radieusement niaise (d'ailleurs c'est marrant, mais un passage qui se passe sur une île m'a fait beaucoup penser au voyage de noces de Bella & Edward dans le quatrième tome de la saga de Stephenie Meyer !), je ne regrette pas cette lecture, et je vous la recommande si vous avez envie d'aller en Australie au début du 20ème siècle, si vous avez envie de vous plonger dans une épopée familiale assez dense qui vous occupera plusieurs jours et surtout si les histoires à l'eau de rose ne vous font pas peur ! Si toutes ces conditions sont remplies, vous pourriez bien adorer cette lecture...
Bonus : Ce livre a été lu dans le cadre d'une Lecture commune !
Allez donc voir le billet de Mélusine, et celui de Cerisia (qui ont un un avis plus positif que le mien)

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"Chaque lecture est un acte de résistance. Une lecture bien menée sauve de tout, y compris de soi-même." Daniel Pennac

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