(lu le 21 août)
♦ Challenge Livraddict 2010, 5/6 ♦
Quatrième de couverture / extrait : "Lennie serra les doigts, se cramponna aux cheveux.
- Lâche-moi, cria-t-elle. Mais lâche-moi donc.
Lennie était affolé. Son visage se contractait. Elle se mit à hurler et, de l'autre main, il lui couvrit la bouche et le nez.
- Non, j'vous en prie, supplia-t-il. Oh, j'vous en prie, ne faites pas ça. George se fâcherait.
Elle se débattait vigoureusement sous ses mains...
- Oh, je vous en prie, ne faites pas ça, supplia-t-il. George va dire que j'ai encore fait quelque chose de mal. Il m'laissera pas soigner les lapins."
- Lâche-moi, cria-t-elle. Mais lâche-moi donc.
Lennie était affolé. Son visage se contractait. Elle se mit à hurler et, de l'autre main, il lui couvrit la bouche et le nez.
- Non, j'vous en prie, supplia-t-il. Oh, j'vous en prie, ne faites pas ça. George se fâcherait.
Elle se débattait vigoureusement sous ses mains...
- Oh, je vous en prie, ne faites pas ça, supplia-t-il. George va dire que j'ai encore fait quelque chose de mal. Il m'laissera pas soigner les lapins."
Mon avis : ce roman nous raconte l’histoire de Lennie, un homme costaud au bon cœur mais simple d’esprit, et George, son ami, qui veille sur lui et travaille avec lui de ranches en ranches, pour cinquante dollars par mois ; une vie dure et sans avenir comme celle de bien d’autres travailleurs qui vont croiser leur route ; ils sont ensemble depuis longtemps mais le roman se concentre sur une de leurs étapes, celle qui sera décisive.
La préface de Joseph Kessel (que je vous conseille de lire, elle est très réussie) m’avait un peu mis la puce à l’oreille, et comme Kessel le dit, la fin est « atroce et magnifique ». En fait je sors de cette lecture un peu sonnée, je ne vois pas trop quoi dire de plus, il me semble que tout a été dit ; comme le dit Kessel (avec qui je suis décidément bien d’accord), pas de monologues intérieurs ici, on n’a pas accès aux pensées des personnages ; cependant, l’essentiel est capté, les actes sont si significatifs qu’ils recouvrent des non-dits, on n’a pas besoin d’autre chose, et c’est pourtant très fort. Aucune anecdote n’est inutile, comme si tout concourrait vers cette fin.
Ce qui semble distinguer d’abord Lennie et Georges, c’est d’abord leur amitié, qui semble bizarre aux autres (Lennie étant une charge), et ensuite leur rêve, qui soutient chacune de leurs actions : s’acheter ensemble une maison avec une terre qu’ils pourront cultiver, libres et heureux – rêve qui deviendra réalité seulement si Lennie dans sa maladresse ne leur provoque d’ « embêtements », s’il est un obstacle, il n’aura pas le droit de s’occuper des lapins, la tâche au monde qui lui tient le plus à cœur et qu’il évoque sans cesse.
Il s’agit donc de personnages simples, pauvres, qui n’ont rien d’héroïque, et pourtant, leur histoire m’a fait penser à une sorte de conte moderne et effrayant ; les méchants ne sont pas ceux qu’on croit, malgré les insultes grossières qu’il lui balance sans cesse, Georges aime Lennie ; malgré les actes affreux qu’il commet par mégarde, Lennie est un personnage profondément bon et innocent ; et ce que fera Georges à la fin, acte terrible et ambigü, doit être interprété de la manière opposée à celle qui viendrait à l’esprit du témoin ignorant de toute le reste... et une telle histoire nous montre que les choses ne sont pas aussi simples qu’elles le paraissent, même quand elles mettent en scène des personnages qui semblent les plus ordinaires et les moins complexes qui soient….
Mais (oui, j'arrive à vous pondre un mais, que moi-même je ne comprends pas !) bizarrement, j'ai la sensation que cette histoire ne m'a pas émue autant qu'elle aurait dû, qu'elle aurait pu ; et je pense pour le coup que le problème vient de moi parce qu'objectivement, j'ai beaucoup aimé (mais justement, "beaucoup aimer" ce n'est pas une réaction objective normalement !). En fait je me dis que j'aimerais le relire, plus tard, et en VO, j'ai une petite voix qui me dit que peut-être, il me touchera peut-être plus alors, les ingrédients pour que ce livre soit un de mes coups de coeurs sont réunis et pourtant ce n'est pas le cas, et je ne parviens pas à m'expliquer pourquoi... je ne peux que vous le conseiller cependant, je ne vois pas de défauts à ce livre. (c'est peut-être ça le problème, c'est un livre trop parfait ?)
Extrait :
"Y'a pas besoin d'avoir de la cervelle pour être un brave type. Des fois, il me semble même que c'est le contraire. Prends un type qu'est vraiment malin, c'est bien rare qu'il soit un bon gars."
Il s’agit donc de personnages simples, pauvres, qui n’ont rien d’héroïque, et pourtant, leur histoire m’a fait penser à une sorte de conte moderne et effrayant ; les méchants ne sont pas ceux qu’on croit, malgré les insultes grossières qu’il lui balance sans cesse, Georges aime Lennie ; malgré les actes affreux qu’il commet par mégarde, Lennie est un personnage profondément bon et innocent ; et ce que fera Georges à la fin, acte terrible et ambigü, doit être interprété de la manière opposée à celle qui viendrait à l’esprit du témoin ignorant de toute le reste... et une telle histoire nous montre que les choses ne sont pas aussi simples qu’elles le paraissent, même quand elles mettent en scène des personnages qui semblent les plus ordinaires et les moins complexes qui soient….
Mais (oui, j'arrive à vous pondre un mais, que moi-même je ne comprends pas !) bizarrement, j'ai la sensation que cette histoire ne m'a pas émue autant qu'elle aurait dû, qu'elle aurait pu ; et je pense pour le coup que le problème vient de moi parce qu'objectivement, j'ai beaucoup aimé (mais justement, "beaucoup aimer" ce n'est pas une réaction objective normalement !). En fait je me dis que j'aimerais le relire, plus tard, et en VO, j'ai une petite voix qui me dit que peut-être, il me touchera peut-être plus alors, les ingrédients pour que ce livre soit un de mes coups de coeurs sont réunis et pourtant ce n'est pas le cas, et je ne parviens pas à m'expliquer pourquoi... je ne peux que vous le conseiller cependant, je ne vois pas de défauts à ce livre. (c'est peut-être ça le problème, c'est un livre trop parfait ?)
Extrait :
"Y'a pas besoin d'avoir de la cervelle pour être un brave type. Des fois, il me semble même que c'est le contraire. Prends un type qu'est vraiment malin, c'est bien rare qu'il soit un bon gars."
Je plussoie, la préface de Kessel est tout simplement géniale !