Mercredi 1er septembre 2010

http://bouquins.cowblog.fr/images/livres/clarissa.jpg(lu le 20 août)

Quatrième de couverture : « Le monde entre 1902 et le début de la Seconde Guerre mondiale, vu à travers les yeux d'une femme » : ainsi Stefan Zweig résumait-il le thème de ce roman, entrepris dans les derniers temps de sa vie et retrouvé dans ses archives.
Clarissa, fille d'un militaire autrichien, est née en 1894. A l'aube du premier conflit mondial, elle rencontre à Lucerne, en Suisse, un jeune socialiste français, Léonard, qui n'est pas sans évoquer Romain Rolland. La guerre les sépare, mais Clarissa attend un enfan
t. Dans l'Europe déchirée, en proie à l'hystérie nationaliste, son acceptation de cette maternité va devenir, plus qu'une décision personnelle : un destin et un symbole. Une œuvre testamentaire où le grand écrivain autrichien résume, de façon poignante, son idéal humaniste et son désespoir.
 
Mon avis : ah, mon très cher Zweig, cela faisait un moment que je ne l’avais pas lu, cela m’avait manqué ! (Stefan Zweig fait vraiment partie de mes chouchous) ; ce roman m’a été conseillé par une camarade de fac, je n’en avais jamais entendu parler avant et c’est en le commençant que je me suis aperçu qu’il s’agissait d’un roman, et non pas d’une nouvelle (c’est vrai que souvent en ce qui concerne les œuvres de Zweig – et d’autres auteurs d’ailleurs – la limite entre nouvelle et roman est fine).

Une histoire d’amour au cœur de la guerre, voilà qui promettait un beau moment de passion, ai-je pensé, mais mes attentes ont en quelque sorte été détournées, sans être déçues. L’héroïne, Clarissa, est une jeune femme très posée, et donc, a priori, pas le personnage qu’on s’attend à vivre une folle histoire d’amour ; le récit – assez rapide mais également assez détaillé pour qu’on puisse bien se l’imaginer – de son enfance et adolescence au couvent, de sa relation avec un père militaire statisticien, est un bon préambule qui nous permet de bien voir le contexte, de bien comprendre la personnalité de Clarissa.

J’ai alors pensé « eh bien, justement, sa grande histoire d’amour  va lui faire perdre les pédales et apporter un peu de folie à sa vie ! » (comme l’héroïne de Vingt-quatre heures de la vie d’une femme par exemple), mais là encore j’ai été détrompée ; la quatrième de couverture m’avait déjà appris que son amour s’appelait Léonard, aussi dès leur rencontre je savais qu’ils finiraient par être amants, mais sinon je ne l’aurais certainement pas deviné ! Il ne s’agit pas d’un coup de foudre, je ne pensais pas du tout que leur relation pourrait évoluer en autre chose qu’en une amitié tendre, et sur le coup j’ai été presque déçue, j’attendais en vain un moment de passion vibrant qui n’est presque jamais venu…. Mais je me suis rendu compte que leur amour sans emphase et sans déclaration flamboyante n’en était pas moins profond ! Et c’est donc finalement une histoire hors des sentiers battus que nous offre Stefan Zweig ; la guerre n’est pas non plus centrale pendant une bonne partie de l’œuvre, nos deux héros se rencontrent et s’aiment avant qu’elle ne débute ; leur liaison n’a donc pas l’aura d’urgence dramatisante à laquelle on aurait pu s’attendre, et c’est ce qui explique aussi qu’elle m’a paru si « calme ».
 
La guerre et leur séparation forcée survient cependant très rapidement après le début de leur idylle, et si Léonard ne quitte pas le cœur de Clarissa, il quitte la scène du roman, qui nous raconte ensuite la vie à l’arrière de Clarissa comme infirmière… le pic dramatique (ah ! enfin un peu de larmes ! – non, je suis dure, des larmes il y en a déjà eu au moment où ils ont dû aller chacun de leur côté) est atteint quand Clarissa s’aperçoit qu’elle est enceinte (là vous allez me dire d’arrêter de spoiler, mais c’était dans la quatrième de couverture, et pas d’inquiétude je n’irai pas plus loin !). On sent bien qu’elle est toujours la même femme raisonnable qu’au début, et même si certains de ses choix m’ont parus surprenants par la suite, ils sont en fait parfaitement justifiés.
 
Cette histoire d’amour m’a donc surtout plu pour son réalisme ; ici, pas de romantisme exacerbé, mais de vraies gens qui vivent et se débattent comme ils peuvent au milieu d’un monde désorienté par la Grande Guerre ; je ne pense pas que c’est l’œuvre de Zweig qui me marquera le plus (j’avoue que j’aurais souhaité parfois un regard un peu moins objectif, un peu plus d’intrusion dans l’esprit des personnages, mais là je chipote, parce qu’on sait quand même bien ce qu’ils pensent, seulement… comme ils ne s’agit guère de personnages tourmentés, leur intimité semble moins « compliquée » que celle des personnages survoltés auxquels les romans nous ont habitués), et j’ai été assez frustrée de m’apercevoir à la toute fin qu’il s’agissait d’un roman inachevé ! (mais on a quand même un peu de chance… même si on ne connaîtra jamais la fin de cette histoire d’amour, les dernières lignes de l’avant-dernier chapitre nous donnent des informations capitales qu’on attendait depuis un moment et qui dénouent certains tensions, même si elles sont loin de les dénouer toutes)

Extraits : à venir
Par Raison-et-sentiments le Jeudi 2 septembre 2010
Après ma petite déception d'une Lettre d'une inconnue (et mes coups de coeur pour Le joueur d'échec et Vingt-quatre heures de la vie d'une femme), j'hésite un peu à le lire, mais il faut dire que ce titre me tente depuis un bon moment ... peut-être le trouverai-je en occasion chez Gibert un de ces jours !
Par Karine:) le Mercredi 8 septembre 2010
Je viens de terminer mon billet (qui sera publié je ne sais pas trop quand!) et je réalise que nos avis sont très similaires. J'ai aimé, parce qu'il y a quand même la touche Zweig mais comme toi, je ne savais pas que le roman était inachevé et je suis restée un peu "bête" à la fin du roman.
 

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