Quatrième de couverture / extrait :
« "Un roman ?" demande-t-elle angoissée.
J'incline la tête.
"Tu m'as souvent dit vouloir écrire un jour un roman où aucun mot ne serait sérieux. Une Grande Bêtise Pour Ton Plaisir. J'ai peur que le moment ne soit venu. Je veux seulement te prévenir : fais attention."
J'incline la tête encore plus bas.
"Te rappelles-tu ce que te disait ta maman ? J'entends sa voix comme si c'était hier : Milanku, cesse de faire des plaisanteries. Personne ne te comprendra. Tu offenseras tout le monde et tout le monde finira par te détester. Te rappelles-tu ?
- Oui, dis-je.
- Je te préviens. Le sérieux te protégeait. Le manque de sérieux te laissera nu devant les loups. Et tu sais qu'ils t'attendent, les loups."
Après cette terrible prophétie, elle s'est rendormie.»
Mon avis : est tout embrouillé dans ma tête. (vous êtes prévenus)
C'est court, beaucoup plus court que l'Insoutenable Légèreté de l'être. Alors la construction, qui est essentielle, est moins visible, même si après on voit tous les liens (et là j'ai fait "aaaaah ! tu es génial !"), mais au début j'ai un peu nagé en me disant "d'accord, mais où veux-tu en venir ?". Mais je l'ai suivi, et je ne regrette pas, même si (parce que ?) ce que j'en pense reste un peu flou (mais j'ai aimé !!!).
Milan et sa femme Véra (qui s'appelle vraiment comme ça dans la réalité), passent une nuit dans un château devenu hôtel. Château rapproché du château de Mme T dans la nouvelle Point de lendemain de Vivant Denon (nouvelle dont il est beaucoup question donc, tout part de là et y revient). Une réunion d'entomologistes européens, avec au milieu, un savant tchèque ému. Les enfants mourrant en Somalie. Les danseurs, un concept très intéressant que je ne connaissais pas. La vitesse, désir d'oubli, la lenteur, désir de mémoire. Différentes façons de considérer l'amour, la place qu'on veut dans le monde, le regard de l'autre, des autres. Feinte copulation. Une piscine, les cauchemars d'une femme (ils étaient déjà dans l'Insoutenable légèreté de l'être). Un livre lent : réflexions immobiles du narrateur qui ne fait rien d'autre que raconter et faire de sa femme le témoin endormi de son imagination. Un livre rapide : des histoires et pensées qui semblent d'abord sans rapport (mais j'ai déjà dit que c'était pas le cas), de nombreux sujets évoqués, tout cela tourbillone. Un côté fantastique, magique même à la fin.
Bien sûr, une partie de moi a envie de le relire (déjà), pour essayer de tout décortiquer, tout comprendre, pourquoi dit-il ceci à cet instant, mais pour apprécier cette oeuvre, le mieux est peut-être de s'accrocher/se laisser emporter (selon son humeur et la relation qu'on a directement avec le livre, les deux étant possibles, même en même temps), se laisse toucher simplement par l'humour, les faiblesses touchantes des personnages, la fantaisie de toutes ces histoires, les références souriantes à Apollinaire, Laclos, Epicure... et toutes ces idées disséminées qui nous permettent de voir notre monde différemment, avec un peu de recul.
Extrait :
"L'amour, par définition, est un cadeau non mérité ; être aimé sans mérite, c'est même la preuve d'un vrai amour. Si une femme me dit : je t'aime parce que tu es intelligent, parce que tu es honnête, parce que tu m'achètes des cadeaux, parce que tu ne dragues pas, parce que tu fais la vaisselle, je suis déçu ; cet amour a l'air de quelque chose d'intéressé. Combien il est plus beau d'entendre : je suis folle de toi bien que tu ne sois ni intelligent ni honnête, bien que tu sois menteur, égoïste, salaud."
« "Un roman ?" demande-t-elle angoissée.
J'incline la tête.
"Tu m'as souvent dit vouloir écrire un jour un roman où aucun mot ne serait sérieux. Une Grande Bêtise Pour Ton Plaisir. J'ai peur que le moment ne soit venu. Je veux seulement te prévenir : fais attention."
J'incline la tête encore plus bas.
"Te rappelles-tu ce que te disait ta maman ? J'entends sa voix comme si c'était hier : Milanku, cesse de faire des plaisanteries. Personne ne te comprendra. Tu offenseras tout le monde et tout le monde finira par te détester. Te rappelles-tu ?
- Oui, dis-je.
- Je te préviens. Le sérieux te protégeait. Le manque de sérieux te laissera nu devant les loups. Et tu sais qu'ils t'attendent, les loups."
Après cette terrible prophétie, elle s'est rendormie.»
Mon avis : est tout embrouillé dans ma tête. (vous êtes prévenus)
C'est court, beaucoup plus court que l'Insoutenable Légèreté de l'être. Alors la construction, qui est essentielle, est moins visible, même si après on voit tous les liens (et là j'ai fait "aaaaah ! tu es génial !"), mais au début j'ai un peu nagé en me disant "d'accord, mais où veux-tu en venir ?". Mais je l'ai suivi, et je ne regrette pas, même si (parce que ?) ce que j'en pense reste un peu flou (mais j'ai aimé !!!).
Milan et sa femme Véra (qui s'appelle vraiment comme ça dans la réalité), passent une nuit dans un château devenu hôtel. Château rapproché du château de Mme T dans la nouvelle Point de lendemain de Vivant Denon (nouvelle dont il est beaucoup question donc, tout part de là et y revient). Une réunion d'entomologistes européens, avec au milieu, un savant tchèque ému. Les enfants mourrant en Somalie. Les danseurs, un concept très intéressant que je ne connaissais pas. La vitesse, désir d'oubli, la lenteur, désir de mémoire. Différentes façons de considérer l'amour, la place qu'on veut dans le monde, le regard de l'autre, des autres. Feinte copulation. Une piscine, les cauchemars d'une femme (ils étaient déjà dans l'Insoutenable légèreté de l'être). Un livre lent : réflexions immobiles du narrateur qui ne fait rien d'autre que raconter et faire de sa femme le témoin endormi de son imagination. Un livre rapide : des histoires et pensées qui semblent d'abord sans rapport (mais j'ai déjà dit que c'était pas le cas), de nombreux sujets évoqués, tout cela tourbillone. Un côté fantastique, magique même à la fin.
Bien sûr, une partie de moi a envie de le relire (déjà), pour essayer de tout décortiquer, tout comprendre, pourquoi dit-il ceci à cet instant, mais pour apprécier cette oeuvre, le mieux est peut-être de s'accrocher/se laisser emporter (selon son humeur et la relation qu'on a directement avec le livre, les deux étant possibles, même en même temps), se laisse toucher simplement par l'humour, les faiblesses touchantes des personnages, la fantaisie de toutes ces histoires, les références souriantes à Apollinaire, Laclos, Epicure... et toutes ces idées disséminées qui nous permettent de voir notre monde différemment, avec un peu de recul.
Extrait :
"L'amour, par définition, est un cadeau non mérité ; être aimé sans mérite, c'est même la preuve d'un vrai amour. Si une femme me dit : je t'aime parce que tu es intelligent, parce que tu es honnête, parce que tu m'achètes des cadeaux, parce que tu ne dragues pas, parce que tu fais la vaisselle, je suis déçu ; cet amour a l'air de quelque chose d'intéressé. Combien il est plus beau d'entendre : je suis folle de toi bien que tu ne sois ni intelligent ni honnête, bien que tu sois menteur, égoïste, salaud."