♦ CHALLENGE ABC 2010, 20ème livre lu ♦
Quatrième de couverture :
1939. En Allemagne nazie. Le pays retient son souffle. La Mort n'a jamais été aussi occupée. Et jamais elle ne le sera autant.
Un roman où il est question :
d'une fillette
de mots
d'un accordéoniste
de fanatiques
d'un boxeur juif
d'un certain nombre de vols...
C'est la Mort elle-même qui raconte cette histoire. Dotée d'un humour noir, sarcastique, mais compatissant, elle est témoin de la folie des hommes. Tout semble perdu d'avance, sauf quand se distinguent des enfants rebelles et des Allemands qui n'obéissent pas aux règles...
Mon avis : comme je n'avais pas lu la quatrième de couverture (je le fais assez rarement en fait, ou plutôt, je parcours souvent des quatrièmes de couvertures, mais je les oublie aussitôt), mais que j'avais lu dans plein de blogs que la grande originalité de ce livre, c'est que la Mort en est la narratrice, j'en avais déduit que la Mort était la voleuse de livres, et ce n'est pas le cas. La voleuse de livres, c'est l'héroïne, Liesel, petite fille recueillie par le couple Hubermann pendant la seconde guerre mondiale, qui sera longtemps hantée par le souvenir de la mort de son petit frère, et va commencer une nouvelle vie à Molching, ville de ses parents adoptifs.
Etant donné que la narratrice du livre est la Mort, je m'attendais à quelque chose d'assez différent. Je pensais que l'humour noir dont il est question dans la quatrième de couverture (que j'ai lue au bout de quelques pages) dominerait plus. A la première page la Mort dit ne pas être gentille, pourtant tout au long de ma lecture il m'a bien semblé que c'était son côté sympathique, compatissant qui ressortait le plus. La mort semble quasiment faire son travail malgré elle, parce qu'elle y est obligée, mais ce n'est pas elle qui choisit d'ôter la vie de telle ou telle personne : spectatrice comme nous tous, elle emporte les âmes des gens quand leur heure est venue et semble elle-même le regretter. Cette vision de la Mort m'a semblé tout à fait inhabituelle, et intéressante finalement même si du coup, son point de vue n'est pas si éloigné du point de vue qu'on pourrait avoir nous-même sur l'histoire... à certains moments, je devais me rappeler que c'était la Mort qui nous racontait tout cela, ce n'était pas du tout perceptible à chaque ligne...
Cependant, même si je m'attendais à un style plus violent, moins doux, voire même "horrible", il faut admettre que le fait que la Mort soit la narratrice du roman implique quand même une narration assez originale : très régulièrement, certaines informations sont mises à l'écart du reste du texte pour être mises en valeur (au niveau de la mise en page, elles sont centrées et en gras). J'ai d'abord été un peu gênée par ces fréquents paragraphes isolés qui mettent brusquement en pause le récit avant de m'y habituer et de comprendre leur intérêt : ces informations diverses, qui sont toujours précédées d'un titre, peuvent au premier abord sembler insignifiantes, mais elles ont pour but de nous mettre à distance de la scène, et sont comme des arrêts sur images. Il peut s'agir de bribes de dialogues, d'informations complémentaires sur des personnages ou sur une situation, ou alors, sans qu'on comprenne forcément tout de suite le lien avec ce qui précède, des pensées que la Mort intègre à son discours. Le tout nous donne l'impression d'avoir du recul, et nous donne une vue d'ensemble en mettant en évidence certains détails. La Mort nous fait en quelque sorte partager le point de vue surplombant, omniscient qu'elle semble avoir sur le monde. Elle s'intéresse aussi à des choses auxquelles on ne prête pas attention, et cela donne un aspect parfois assez poétique au texte : à chaque fois que quelqu'un meurt par exemple, elle regarde quelle est la couleur du ciel et nous la donne avec précision, en nous donnant à voir par des métaphores des nuances invisibles aux yeux humains.
En ce qui concerne le contenu du roman, on va donc suivre la destinée de Liesel et des gens qu'elle aime pendant la guerre. Le récit reste toujours assez simple ; les faits historiques dont il est question sont crédibles, il s'agit d'un roman pour la jeunesse, on n'a donc pas de description trop crue mais ce n'est pas non plus édulcoré, on n'est pas vraiment épargné et j'ai retenu mes larmes à la fin. Ce n'est pas pour moi l'énorme coup de cœur que ça a semblé être pour pas mal de personnes mais c'est un beau roman qui mêle une narration assez originale et une histoire prenante avec des personnages attachants, le tout mêlant amitié, solidarité, amour des livres, joies de l'enfance et horreurs de la guerre.
1939. En Allemagne nazie. Le pays retient son souffle. La Mort n'a jamais été aussi occupée. Et jamais elle ne le sera autant.
Un roman où il est question :
d'une fillette
de mots
d'un accordéoniste
de fanatiques
d'un boxeur juif
d'un certain nombre de vols...
C'est la Mort elle-même qui raconte cette histoire. Dotée d'un humour noir, sarcastique, mais compatissant, elle est témoin de la folie des hommes. Tout semble perdu d'avance, sauf quand se distinguent des enfants rebelles et des Allemands qui n'obéissent pas aux règles...
Mon avis : comme je n'avais pas lu la quatrième de couverture (je le fais assez rarement en fait, ou plutôt, je parcours souvent des quatrièmes de couvertures, mais je les oublie aussitôt), mais que j'avais lu dans plein de blogs que la grande originalité de ce livre, c'est que la Mort en est la narratrice, j'en avais déduit que la Mort était la voleuse de livres, et ce n'est pas le cas. La voleuse de livres, c'est l'héroïne, Liesel, petite fille recueillie par le couple Hubermann pendant la seconde guerre mondiale, qui sera longtemps hantée par le souvenir de la mort de son petit frère, et va commencer une nouvelle vie à Molching, ville de ses parents adoptifs.
Etant donné que la narratrice du livre est la Mort, je m'attendais à quelque chose d'assez différent. Je pensais que l'humour noir dont il est question dans la quatrième de couverture (que j'ai lue au bout de quelques pages) dominerait plus. A la première page la Mort dit ne pas être gentille, pourtant tout au long de ma lecture il m'a bien semblé que c'était son côté sympathique, compatissant qui ressortait le plus. La mort semble quasiment faire son travail malgré elle, parce qu'elle y est obligée, mais ce n'est pas elle qui choisit d'ôter la vie de telle ou telle personne : spectatrice comme nous tous, elle emporte les âmes des gens quand leur heure est venue et semble elle-même le regretter. Cette vision de la Mort m'a semblé tout à fait inhabituelle, et intéressante finalement même si du coup, son point de vue n'est pas si éloigné du point de vue qu'on pourrait avoir nous-même sur l'histoire... à certains moments, je devais me rappeler que c'était la Mort qui nous racontait tout cela, ce n'était pas du tout perceptible à chaque ligne...
Cependant, même si je m'attendais à un style plus violent, moins doux, voire même "horrible", il faut admettre que le fait que la Mort soit la narratrice du roman implique quand même une narration assez originale : très régulièrement, certaines informations sont mises à l'écart du reste du texte pour être mises en valeur (au niveau de la mise en page, elles sont centrées et en gras). J'ai d'abord été un peu gênée par ces fréquents paragraphes isolés qui mettent brusquement en pause le récit avant de m'y habituer et de comprendre leur intérêt : ces informations diverses, qui sont toujours précédées d'un titre, peuvent au premier abord sembler insignifiantes, mais elles ont pour but de nous mettre à distance de la scène, et sont comme des arrêts sur images. Il peut s'agir de bribes de dialogues, d'informations complémentaires sur des personnages ou sur une situation, ou alors, sans qu'on comprenne forcément tout de suite le lien avec ce qui précède, des pensées que la Mort intègre à son discours. Le tout nous donne l'impression d'avoir du recul, et nous donne une vue d'ensemble en mettant en évidence certains détails. La Mort nous fait en quelque sorte partager le point de vue surplombant, omniscient qu'elle semble avoir sur le monde. Elle s'intéresse aussi à des choses auxquelles on ne prête pas attention, et cela donne un aspect parfois assez poétique au texte : à chaque fois que quelqu'un meurt par exemple, elle regarde quelle est la couleur du ciel et nous la donne avec précision, en nous donnant à voir par des métaphores des nuances invisibles aux yeux humains.
En ce qui concerne le contenu du roman, on va donc suivre la destinée de Liesel et des gens qu'elle aime pendant la guerre. Le récit reste toujours assez simple ; les faits historiques dont il est question sont crédibles, il s'agit d'un roman pour la jeunesse, on n'a donc pas de description trop crue mais ce n'est pas non plus édulcoré, on n'est pas vraiment épargné et j'ai retenu mes larmes à la fin. Ce n'est pas pour moi l'énorme coup de cœur que ça a semblé être pour pas mal de personnes mais c'est un beau roman qui mêle une narration assez originale et une histoire prenante avec des personnages attachants, le tout mêlant amitié, solidarité, amour des livres, joies de l'enfance et horreurs de la guerre.