Résumé : Darius, humoriste célèbre et coqueluche du tout Paris, s’effondre dans sa loge à l’issue d’une représentation à L’Olympia. Quelques minutes avant sa mort, le pompier de garde l’a pourtant entendu éclater de rire…Journaliste au Guetteur moderne, Lucrèce Nemrod est sûre qu’il ne s’agit pas d’une mort naturelle. Son complice, Isidore Katzenberg, qui vit toujours dans son château d’eau, entouré de dauphins, est persuadé qu’il faut remonter aux origines du rire pour mener à bien cette enquête…Un roman werbérien à la fois malin et savant, où l’on retrouve deux de ses héros favoris : Isidore Katzenberg et Lucrèce Nemrod. Après le chaînon manquant et le cerveau, l’étrange phénomène du rire est au centre de leur nouvelle enquête.
Mon avis : comme vous le savez certainement, à l'époque où j'ai créé ce blog (il y a bientôt cinq ans), j'étais très fan de Bernard Werber (il n'y a qu'à voir ma première page...) et mon admiration pour l'auteur n'a pas faibli de tout le lycée. Les deux derniers livres que j'ai lus de lui, Le Mystère des Dieux et Le Papillon des Etoiles, m'avaient beaucoup plu aussi mais avec ces deux livres, Werber a quand même commencé à me décevoir (même si je me rends compte - en les relisant - qu'on ne s'en aperçoit guère en lisant mes avis de l'époque), pour deux raisons : 1) au fil des années le style compte de plus en plus à mes yeux et sur ce plan-là Bernard Werber me semble très décevant (il dit lui-même que ce n'est pas l'essentiel à ses yeux) 2) les thèmes et idées qui m'ont enthousiasmée - et le mot est faible - quand j'ai découvert l'auteur ne se renouvellent guère, et ça devient assez répétitif.
Afin de ne pas prendre le risque de me dégoûter de l'auteur, je n'ai donc pas cherché à lire les livres qu'il a écrit après Le Papillon des Etoiles, à savoir Paradis sur Mesure et Le Miroir de Cassandre. Quand j'ai appris la prochaine publication de celui-ci, je ne pensais pas non plus que je le lirais... mais sachant que ce roman est la suite de l'Ultime Secret (un de mes préférés de l'auteur avec Les Fourmis et Les Thanatonautes), et surtout ayant la possibilité de le lire dès sa sortie sans qu'il m'en coûte un centime, je me suis décidée à donner une dernière chance à Werber... j'ai commencé ma lecture pleine de bonne volonté en espérant vraiment que ce roman signifierait ma réconciliation avec l'auteur fétiche de mon adolescence.
Et ? Il n'y a malheureusement pas eu de miracle, et je suis déçue. Lire ce roman n'a pas été une torture, loin de là, j'ai même finalement pris plus de plaisir que la lecture des 150 premières pages ne le laissait présager, mais Le Rire du Cyclope n'a fait que confirmer les critiques que je commençais à former au fond de moi à la lecture des précédents. J'ai trop eu l'impression, en lisant ce roman, que Werber exploitait toujours le même schéma pour écrire ses livres ; l'alternance entre diverses couches de textes (le récit qui constitue la couche principale càd l'intrigue du roman, et des passages plus autonomes, anecdotes insolites ou amusantes, textes didactiques...) qui m'avait charmée quand j'ai découvert Werber et avait rendu cet auteur exceptionnel à mes yeux me lasse aujourd'hui ; dans ce roman-ci, les passages autonomes qui se mêlent au roman proprement dit sont des blagues (des extraits de sketches de Darius Wozniak), et des passages censés retracer l'histoire de l'humour dans toute l'humanité.
Les blagues sont dans l'ensemble des intermèdes sympathiques ; elles ne sont pas de Werber mais ont été collectées sur son site, si j'ai bien compris, à l'aide d'internautes. J'en connaissais certaines (mais très peu, peut-être trois ou quatre), et la plupart sont vraiment pas mal ; elles m'ont amusée mais aucune ne m'a fait rire littéralement et je trouve ça un peu dommage... je ne ris pas très facilement, certes, mais il m'est déjà arrivé de rire en lisant et je trouve un peu regrettable qu'un livre dont c'est le sujet n'y parvienne pas finalement.
Les passages "historiques" (mettez de gros guillemets) m'ont beaucoup moins plu, je les ai trouvés peu crédibles voire carrément fantaisistes. Werber veut certainement nous faire voyager dans le temps et dans l'espace, on passe par tous les continents, mais le postulat de base semble être : "regardez, en fait, tous les plus grands évènements du monde ont été causés par une blague", ce qui me semble être une manière quand même un peu... légère d'aborder l'Histoire ! Bien sûr, c'est une fiction, il faut prendre du recul, ce n'est que la vision historique proposée par une société secrète imaginaire... mais mêler le vrai et le faux en utilisant les noms de personnages qui ont réellement existé, cela me semble moyen des fois, les passages qui m'ont fait le plus bondir étant sans doute ceux où l'auteur refait l'histoire littéraire à sa sauce, en affirmant (par exemple) que c'est en fait Pierre Corneille qui a écrit la plupart des pièces de Molière ! Certes, cela ne sort pas de nulle part, c'est une thèse qui a été défendue par plusieurs chercheurs, mais il ne faut pas oublier que c'est une hypothèse... la présenter comme une vérité indiscutable, sans nuances, est à mon avis un drôle de raccourci o_O et à plusieurs reprises j'ai eu envie de m'exclamer "Mais n'importe quoi !!!"
L'enquête proprement dite concernant la mort du Cyclope et l'arme du crime, qui serait une blague mortelle, est plutôt bien menée, malgré un démarrage un peu lent, les 100 premières pages m'ont vraiment laissée dubitative... mais les rebondissements sont ensuite assez nombreux et certains passages m'ont tenue en haleine et une fois ma lecture finie, je dois admettre que même si j'ai fréquemment critiqué intérieurement, je ne me suis pas ennuyée. Mais le début est quand même assez incohérent : à la fin de du roman précédent Lucrèce et Isidore couchent ensemble (j'ai même relu les dernières pages de l'Ultime Secret pour vérifier), et là nos deux héros sont en froid.... et pendant très longtemps, cet état de fait étonnant ne nous sera pas expliqué (et ça m'a pas mal agacée) !
Le personnage de Lucrèce ne m'a pas trop séduite ; on l'avait déjà rencontrée dans Le Père de nos pères et l'Ultime Secret mais je ne me souvenais pas trop d'elle, elle pourrait être attachante mais justement, l'auteur nous la présente trop comme une héroïne censée nous plaire (et je l'ai dit et redit, je n'aime pas trop quand l'auteur nous pousse sans discrétion à nous apitoyer sur un de ses personnages). En revanche, j'ai été très contente de retrouver Isidore Katzenberg le misanthrope, que j'avais adoré dans les précédents romans. Il est évident que c'est un avatar de l'auteur ; on a même une mise en abyme du roman que j'ai trouvée assez réussie ; vers la fin, Isidore réfléchit à la forme qu'il veut donner à son roman et j'ai trouvé ce passage très révélateur, Bernard Werber nous glisse là son art poétique, ce qu'est selon lui un bon roman : et c'est sans doute parce que nous n'avons pas (plus ?) le même avis sur la question que je ne suis plus convaincue par ses œuvres. Je ne dirais pas que Bernard Werber est vraiment un mauvais écrivain, et je garderai en tête les merveilleux moments que ses premiers romans m'ont vivre il y a des années, mais à présent je décèle trop derrière son écriture une technique bien huilée pour les apprécier encore. Quant à savoir si ses romans sont de moins en moins bons, ou s'il écrit ainsi depuis le début mais que je ne m'en aperçois que maintenant... c'est une autre histoire, mais je ne pense pas que je relirai ses œuvres pour vérifier... (mais je préfère privilégier la première hypothèse)
En conclusion : Malgré ma déception, je suis quand même plutôt contente d'avoir lu ce roman, même si je dois bien admettre aujourd'hui que les romans de Bernard Werber ne sont plus pour moi car ils ne correspondent plus vraiment à ce que je recherche en lisant, et présentent certains défauts qui sont aujourd'hui à mes yeux assez rédhibitoires. Je remercie les éditions Albin Michel qui m'ont permis d'effectuer cette lecture en me proposant ce livre et en me l'envoyant gracieusement !
(Liens vers d'autres critiques en cliquant sur l'image de couverture)
Mon avis : comme vous le savez certainement, à l'époque où j'ai créé ce blog (il y a bientôt cinq ans), j'étais très fan de Bernard Werber (il n'y a qu'à voir ma première page...) et mon admiration pour l'auteur n'a pas faibli de tout le lycée. Les deux derniers livres que j'ai lus de lui, Le Mystère des Dieux et Le Papillon des Etoiles, m'avaient beaucoup plu aussi mais avec ces deux livres, Werber a quand même commencé à me décevoir (même si je me rends compte - en les relisant - qu'on ne s'en aperçoit guère en lisant mes avis de l'époque), pour deux raisons : 1) au fil des années le style compte de plus en plus à mes yeux et sur ce plan-là Bernard Werber me semble très décevant (il dit lui-même que ce n'est pas l'essentiel à ses yeux) 2) les thèmes et idées qui m'ont enthousiasmée - et le mot est faible - quand j'ai découvert l'auteur ne se renouvellent guère, et ça devient assez répétitif.
Afin de ne pas prendre le risque de me dégoûter de l'auteur, je n'ai donc pas cherché à lire les livres qu'il a écrit après Le Papillon des Etoiles, à savoir Paradis sur Mesure et Le Miroir de Cassandre. Quand j'ai appris la prochaine publication de celui-ci, je ne pensais pas non plus que je le lirais... mais sachant que ce roman est la suite de l'Ultime Secret (un de mes préférés de l'auteur avec Les Fourmis et Les Thanatonautes), et surtout ayant la possibilité de le lire dès sa sortie sans qu'il m'en coûte un centime, je me suis décidée à donner une dernière chance à Werber... j'ai commencé ma lecture pleine de bonne volonté en espérant vraiment que ce roman signifierait ma réconciliation avec l'auteur fétiche de mon adolescence.
Et ? Il n'y a malheureusement pas eu de miracle, et je suis déçue. Lire ce roman n'a pas été une torture, loin de là, j'ai même finalement pris plus de plaisir que la lecture des 150 premières pages ne le laissait présager, mais Le Rire du Cyclope n'a fait que confirmer les critiques que je commençais à former au fond de moi à la lecture des précédents. J'ai trop eu l'impression, en lisant ce roman, que Werber exploitait toujours le même schéma pour écrire ses livres ; l'alternance entre diverses couches de textes (le récit qui constitue la couche principale càd l'intrigue du roman, et des passages plus autonomes, anecdotes insolites ou amusantes, textes didactiques...) qui m'avait charmée quand j'ai découvert Werber et avait rendu cet auteur exceptionnel à mes yeux me lasse aujourd'hui ; dans ce roman-ci, les passages autonomes qui se mêlent au roman proprement dit sont des blagues (des extraits de sketches de Darius Wozniak), et des passages censés retracer l'histoire de l'humour dans toute l'humanité.
Les blagues sont dans l'ensemble des intermèdes sympathiques ; elles ne sont pas de Werber mais ont été collectées sur son site, si j'ai bien compris, à l'aide d'internautes. J'en connaissais certaines (mais très peu, peut-être trois ou quatre), et la plupart sont vraiment pas mal ; elles m'ont amusée mais aucune ne m'a fait rire littéralement et je trouve ça un peu dommage... je ne ris pas très facilement, certes, mais il m'est déjà arrivé de rire en lisant et je trouve un peu regrettable qu'un livre dont c'est le sujet n'y parvienne pas finalement.
Les passages "historiques" (mettez de gros guillemets) m'ont beaucoup moins plu, je les ai trouvés peu crédibles voire carrément fantaisistes. Werber veut certainement nous faire voyager dans le temps et dans l'espace, on passe par tous les continents, mais le postulat de base semble être : "regardez, en fait, tous les plus grands évènements du monde ont été causés par une blague", ce qui me semble être une manière quand même un peu... légère d'aborder l'Histoire ! Bien sûr, c'est une fiction, il faut prendre du recul, ce n'est que la vision historique proposée par une société secrète imaginaire... mais mêler le vrai et le faux en utilisant les noms de personnages qui ont réellement existé, cela me semble moyen des fois, les passages qui m'ont fait le plus bondir étant sans doute ceux où l'auteur refait l'histoire littéraire à sa sauce, en affirmant (par exemple) que c'est en fait Pierre Corneille qui a écrit la plupart des pièces de Molière ! Certes, cela ne sort pas de nulle part, c'est une thèse qui a été défendue par plusieurs chercheurs, mais il ne faut pas oublier que c'est une hypothèse... la présenter comme une vérité indiscutable, sans nuances, est à mon avis un drôle de raccourci o_O et à plusieurs reprises j'ai eu envie de m'exclamer "Mais n'importe quoi !!!"
L'enquête proprement dite concernant la mort du Cyclope et l'arme du crime, qui serait une blague mortelle, est plutôt bien menée, malgré un démarrage un peu lent, les 100 premières pages m'ont vraiment laissée dubitative... mais les rebondissements sont ensuite assez nombreux et certains passages m'ont tenue en haleine et une fois ma lecture finie, je dois admettre que même si j'ai fréquemment critiqué intérieurement, je ne me suis pas ennuyée. Mais le début est quand même assez incohérent : à la fin de du roman précédent Lucrèce et Isidore couchent ensemble (j'ai même relu les dernières pages de l'Ultime Secret pour vérifier), et là nos deux héros sont en froid.... et pendant très longtemps, cet état de fait étonnant ne nous sera pas expliqué (et ça m'a pas mal agacée) !
Le personnage de Lucrèce ne m'a pas trop séduite ; on l'avait déjà rencontrée dans Le Père de nos pères et l'Ultime Secret mais je ne me souvenais pas trop d'elle, elle pourrait être attachante mais justement, l'auteur nous la présente trop comme une héroïne censée nous plaire (et je l'ai dit et redit, je n'aime pas trop quand l'auteur nous pousse sans discrétion à nous apitoyer sur un de ses personnages). En revanche, j'ai été très contente de retrouver Isidore Katzenberg le misanthrope, que j'avais adoré dans les précédents romans. Il est évident que c'est un avatar de l'auteur ; on a même une mise en abyme du roman que j'ai trouvée assez réussie ; vers la fin, Isidore réfléchit à la forme qu'il veut donner à son roman et j'ai trouvé ce passage très révélateur, Bernard Werber nous glisse là son art poétique, ce qu'est selon lui un bon roman : et c'est sans doute parce que nous n'avons pas (plus ?) le même avis sur la question que je ne suis plus convaincue par ses œuvres. Je ne dirais pas que Bernard Werber est vraiment un mauvais écrivain, et je garderai en tête les merveilleux moments que ses premiers romans m'ont vivre il y a des années, mais à présent je décèle trop derrière son écriture une technique bien huilée pour les apprécier encore. Quant à savoir si ses romans sont de moins en moins bons, ou s'il écrit ainsi depuis le début mais que je ne m'en aperçois que maintenant... c'est une autre histoire, mais je ne pense pas que je relirai ses œuvres pour vérifier... (mais je préfère privilégier la première hypothèse)
En conclusion : Malgré ma déception, je suis quand même plutôt contente d'avoir lu ce roman, même si je dois bien admettre aujourd'hui que les romans de Bernard Werber ne sont plus pour moi car ils ne correspondent plus vraiment à ce que je recherche en lisant, et présentent certains défauts qui sont aujourd'hui à mes yeux assez rédhibitoires. Je remercie les éditions Albin Michel qui m'ont permis d'effectuer cette lecture en me proposant ce livre et en me l'envoyant gracieusement !
(Liens vers d'autres critiques en cliquant sur l'image de couverture)