(lu le 12 août)
COUP DE CŒUR !
Quatrième de couverture : D'une ville qui semble sur le point de disparaître, Anna Blume écrit une lettre dont on ne sait si elle trouvera jamais son destinataire. Cet ailleurs presque indéfini, ce pays des dernières choses (c'est, littéralement traduit, le titre de l'édition anglaise) a une force symbolique d'autant plus efficace qu'elle défie en nous un passé de terreurs et d'apocalypses en même temps qu'elle renouvelle les interrogations auxquelles nous oblige parfois notre perverse relation avec le langage. Mais la force et le talent de Paul Auster, révélé en France par sa fameuse Trilogie new-yorkaise, c'est de faire sentir le poids de ces oppressions sans jamais s'éloigner d'une " aventure " infiniment romanesque par laquelle on reste fasciné du commencement à la fin.
Mon avis : eh bien, j’adore ! Même si je n’ai lu que pour le moment que deux œuvres de Paul Auster – celle-ci et La Nuit de l’Oracle -, j’ai bien envie d’introduire cet auteur dans la liste de mes Ecrivains Préférés. Ce livre-ci m’a autant captivée que la Nuit de l’Oracle, même si ces deux œuvres sont très différentes : dans la Nuit de l’Oracle, on assiste à la « renaissance » d’un homme d’un certain âge qui revient à la vie après un grave accident ; dans Le Voyage d’Anna Blume au contraire, on assiste à la lente « déchéance » (mais est-ce le mot juste ? Anna apprend tout de même bien des choses tout au long de son parcours…) d’une jeune fille qui part à la recherche de son frère disparu dans une ville mystérieuse et effrayante.
On a peu d’informations objectives sur le monde dans lequel se déroule cette histoire ; comme la quatrième de couverture l’indique, il s’agit d’une lettre, mais aucun indice ne permet d’identifier de façon très précise le destinataire ; ce flou, associé à l’utilisation régulière du pronom de la deuxième personne du singulier (un peu comme dans Un homme qui dort, mon livre fétiche…), fait qu’on se sent encore plus concerné par tout cela, un lien se tisse entre l’héroïne et nous, je me suis sentie proche d’elle, et d’autant plus impuissante…
Mon avis : eh bien, j’adore ! Même si je n’ai lu que pour le moment que deux œuvres de Paul Auster – celle-ci et La Nuit de l’Oracle -, j’ai bien envie d’introduire cet auteur dans la liste de mes Ecrivains Préférés. Ce livre-ci m’a autant captivée que la Nuit de l’Oracle, même si ces deux œuvres sont très différentes : dans la Nuit de l’Oracle, on assiste à la « renaissance » d’un homme d’un certain âge qui revient à la vie après un grave accident ; dans Le Voyage d’Anna Blume au contraire, on assiste à la lente « déchéance » (mais est-ce le mot juste ? Anna apprend tout de même bien des choses tout au long de son parcours…) d’une jeune fille qui part à la recherche de son frère disparu dans une ville mystérieuse et effrayante.
On a peu d’informations objectives sur le monde dans lequel se déroule cette histoire ; comme la quatrième de couverture l’indique, il s’agit d’une lettre, mais aucun indice ne permet d’identifier de façon très précise le destinataire ; ce flou, associé à l’utilisation régulière du pronom de la deuxième personne du singulier (un peu comme dans Un homme qui dort, mon livre fétiche…), fait qu’on se sent encore plus concerné par tout cela, un lien se tisse entre l’héroïne et nous, je me suis sentie proche d’elle, et d’autant plus impuissante…
Ce qui importe, ce n’est pas tant la nature des différentes aventures que l’héroïne va nous raconter, que l’ambiance de cette ville terrible, et les comportements de ses habitants. On a une ambiance apocalyptique qui m’a pas mal fait penser à La Route, de Cormac McCarthy ; de même que le début, qui est assez étrange (on a du mal à distinguer si la ville qui commence à être décrite n’est pas un songe, une chimère sortie de l’esprit de l’héroïne, tout semble étrange et fantastique), nous montre un monde de misère anarchique, cependant régi par des règles impitoyables, une vraie jungle, cet ordre paradoxal, les coutumes désordonnées de ce résidu de civilisation m’ont fait penser au monde fictif créé par Georges Perec (encore lui... <3) dans W ou le Souvenir d’enfance.
Chacun doit se battre pour survivre, l’environnement est instable, profondément violent et dangereux, les instincts humains les plus mauvais s’y déchaînent, chacun est poussé dans ses derniers retranchements, et ce qui m’a passionnée, c’est d’imaginer (enfin en l’occurrence, d’admirer les fruits de l’imagination de Paul Auster) dans quelle mesure il est possible de rester « humain » dans ces conditions, et qu’est-ce qui caractérise notre humanité alors, l’amitié et l’amour peuvent-ils subsister quand l’égoïsme primitif est nécessaire pour avoir une chance de survivre ? Quels sont les différents moyens de réagir à une telle précarité, de s’en sortir, que devient notre vie quand on n’a plus rien, jusqu’où va notre instinct de survie ?
A aucun moment notre héroïne (et narratrice) ne semble sombrer dans la folie, elle reste assez humaine à nos yeux, et lucide, son discours est clair et agréable à suivre, on sent bien qu’elle tient vraiment à faire comprendre à son interlocuteur ce qu’elle nous raconte, à nous faire sentir comment une mentalité très civilisée peut évoluer, elle incarne à la fois la mémoire vivante du monde tel que nous le connaissons, et le personnage qui doit s’intégrer de force dans ce nouveau monde sauvage : les rencontres qu’elle y fait sont variées et nous permettent de nous trouver face à un large panel des situations possibles.
L’impression de flou et d’inconstance qui domine tout le livre donne paradoxalement une impression de réalisme, on ignore comment on est arrivé là, aucune solution n’est trouvée, aucune réponse certaine n’est donnée aux questions qui se posent, l’héroïne flotte entre lutte, désespoir et indifférence, tout en étant tournée vers l’extérieur elle n’échappe pas à l’exercice d’introspection que revêt tout acte d’écriture autobiographique (je vous rappelle encore que la totalité du livre constitue une lettre où elle raconte ce qui lui est arrivé), si bien qu’on s’identifie facilement à elle, ce roman est universel, et toutes ses réactions m’ont paru tout à fait plausibles.
L’impression de flou et d’inconstance qui domine tout le livre donne paradoxalement une impression de réalisme, on ignore comment on est arrivé là, aucune solution n’est trouvée, aucune réponse certaine n’est donnée aux questions qui se posent, l’héroïne flotte entre lutte, désespoir et indifférence, tout en étant tournée vers l’extérieur elle n’échappe pas à l’exercice d’introspection que revêt tout acte d’écriture autobiographique (je vous rappelle encore que la totalité du livre constitue une lettre où elle raconte ce qui lui est arrivé), si bien qu’on s’identifie facilement à elle, ce roman est universel, et toutes ses réactions m’ont paru tout à fait plausibles.
Enfin j’ai trouvé l’ensemble du texte très beau, si beau que j’ai souvent relu des passages, que j’ai eu envie de les noter ou de les lire à voix haute, ce cocktail de misère extrême dans tous les sens du terme et de pensées humaines envers et contre tout m’a semblé extrêmement poétique.
Citations :
"Tout ce que tu vois a la capacité de te blesser, de te diminuer, comme si par le seul acte de voir une chose tu étais dépouillé d'une partie de toi-même."
"Chaque fois que tu crois connaître la réponse à une question, tu découvres que la question n'a pas de sens."
Citations :
"Tout ce que tu vois a la capacité de te blesser, de te diminuer, comme si par le seul acte de voir une chose tu étais dépouillé d'une partie de toi-même."
"Chaque fois que tu crois connaître la réponse à une question, tu découvres que la question n'a pas de sens."