Quatrième de couverture : Après avoir été donné pour mort et à peine sorti de l'hôpital, un écrivain retrouve l'inspiration grâce à un étrange carnet bleu. Après un long séjour à l'hôpital, l'écrivain Sidney Orr est de retour chez lui. Toujours aussi amoureux de sa femme Grace, il reprend lentement goût à la vie. Mais il est accablé par l'ampleur de ses dettes et par l'angoisse de ne plus jamais retrouver l'inspiration.
Un matin, alors qu'il fait quelques pas dans son immeuble, il découvre une toute nouvelle papeterie, au charme irrésistible.
Sidney entre, attiré par un étrange carnet bleu.
Le soir même, presque dans un état second, Sidney commence à écrire dans le carnet une captivante histoire qui dépasse vite ses espérances. Sans qu'il devine où elle va le conduire. Ni que le réel lui réserve les plus dangereuses surprises...
Virtuosité, puissance narrative, défi réciproque de l'improvisation et de la maîtrise, La Nuit de l'oracle, publié par Actes Sud en 2004, précipite le lecteur au cœur des obsessions austériennes, dans un face à face entre fiction et destin. Comme si l'imaginaire n'était rien d'autre que le déroulement du temps avant la mort. Ou pire encore, son origine.
Mon avis : Whaouh ! Depuis plusieurs années, je me disais qu'il faudrait que je découvre un jour Paul Auster, mais bizarrement aucune des quatrièmes de couverture de ses livres ne me tentait vraiment, c'est pourquoi je me suis un peu "forcée" à le lire en l'intégrant au challenge ABC. Eh bien je ne regrette pas, parce que j'ai tout simplement adoré ! Déjà, il faut croire que j'adore les livres qui ont pour héros un personnage d'écrivain (autres exemple de livres que j'ai adorés : Le Choix de Sophie_ de Styron, Petit déjeuner chez Tiffany_ de Truman Capote...). J'ai très vite trouvé Sidney Orr très sympathique, et le livre est écrit d'une telle façon que je me suis complètement prise au jeu, j'ai eu du mal à me souvenir que c'était un personnage fictif, car le livre dans son ensemble a une densité qui le rend très réaliste !
Une particularité du style d'Auster (je ne sais pas si on le retrouve dans ses autres livres vu que c'est mon premier Auster - mais assurément pas le dernier), ce sont les notes, qui peuvent être assez longues et forment des petits récits à part entière ; au début par exemple, il parle d'un personnage qu'il est en train de créer en s'inspirant de sa femme, et ce passage-là est rattaché à une note qui s'étale sur trois pages et dans lequel il digresse jusqu'à nous raconter sa rencontre en détails avec sa femme, ce qu'il a précisément ressenti à ce moment-là... cela oblige à faire une pause dans notre lecture et ça m'a d'abord un peu destabilisée, j'ai même pensé "ohlàlà c'est quoi ce truc j'espère que ça va pas tout le temps faire ça !", mais en fait ce n'est pas gênant, car les notes sont placées de telle sorte qu'on ne perd pas le fil et que reprendre notre lecture ensuite est très facile, et ces notes apportent beaucoup, on a vraiment l'impression que l'auteur veut se confier à nous sincèrement, qu'il tient à nous donner toutes les cartes en main, toutes les informations indispensables pour se sentir proche des personnages et ainsi bien comprendre la situation.
Très vite, l'auteur installe plusieurs niveaux de lecture : il y a le récit de Sydney Orr, qui nous raconte son retour à la vie et surtout à l'écriture grâce au carnet bleu ; il y a le récit qu'il écrit dans le carnet bleu, l'histoire d'un homme qui quitte brutalement son ancienne vie : cette histoire est passionnante et nous avons l'impression d'accompagner l'écrivain dans l'écriture, elle se construit progressivement sous nos yeux ! A l'intérieur du récit de la vie de Sydney Orr (le récit principal donc), on peut trouver d'autres récits, car on s'intéresse beaucoup à son entourage, aux histoires personnelles des autres personnages : il y a John Trause, ami de Sydney, lui aussi écrivain, il y a Grace, la femme de Sydney, qui, on le sent, a un problème, mais on ne parvient pas tout de suite à savoir de quoi il s'agit. Il y a M. R. Chang, le drôle d'énergumène qui tient la papeterie...
C'est vraiment un roman très riche (et qui aurait eu sa place je pense dans le programme de mon cours sur le roman réflexif), et évidemment bien mieux construit que mon avis, on passe d'un récit, d'un personnage à l'autre de façon fluide et agréable, sans difficultés, sans se perdre, car tout semble lié de façon si logique ! Au fur et à mesure qu'on avance dans le roman, les liens qui unissent les différents niveaux du récit semblent de plus en plus forts, cela devient effrayant, vertigineux, je crois que c'est le mot que j'utiliserais si je devais résumer ce livre en un mot., et j'ajouterais que pour couronner le tout, c'est un roman qui donne envie d'écrire. L'imagination prend un pouvoir incroyable, le destin des différents personnages m'a beaucoup touchée (j'ai été assez émue par la fin), j'avais prévu hier soir de ne pas dépasser la page 100 parce que j'étais fatiguée en commençant ma lecture mais j'ai été si captivée qu'en fait j'ai fini le livre dans la nuit ! Gros coup de cœur !
Je suis content de voir que tu as repris tes lectures de plus belle !
Bonne journée