♦ CHALLENGE ABC 2010, 21ème livre lu ♦
Résumé : Nicole a 14 ans quand trois américains, en France pour leur service militaire, la violent. Une nuit comme l'enfer qui fera naître 9 mois plus tard Ludovic. Renié par sa mère trop traumatisée pour aimer, haï par ses grands-parents trop bien-pensants pour accepter un "bâtard", il ne pourra pas grandir comme tous les autres petits garçons.
Quatrième de couverture : (pleine de spoilers !) Fruit d'un viol collectif, Ludovic, enfant haï par sa trop jeune mère - Nicole et ses grands-parents, vit ses premières années caché dans un grenier. La situation ne s'arrange guère après le mariage morose de Nicole avec Micho, brave et riche mécanicien qui cherche à protéger Ludovic. Hantée par ses amours brisées, sombrant dans l'alcoolisme et méprisant son mari, la jeune femme fait enfermer son fils dans une institution pour débiles légers. Mais Ludovic est loin d'être le crétin qu'on suppose. Il ne cesse de rêver à sa mère qu'il adore autant qu'il la redoute. Même une première expérience amoureuse ne parvient pas à l'en détourner. S'enfuyant un soir de Noël, il trouve refuge sur la côte bordelaise, à bord d'une épave échouée, écrit des lettres enflammées qui restent sans réponse. Et c'est là que va se produire entre Nicole et son fils une scène poignante et magnifique de re-connaissance mutuelle.
Mon avis : roman acheté à une Bourse aux Livres il y a un paquet d'années, j'avais essayé de le lire à cette époque mais ça avait été un échec : le viol de Nicole est raconté de façon assez crue au début et cela m'avait tellement choquée (normal, je devais avoir douze-treize ans et n'étais pas du tout habituée aux bouquins parlant de rapports sexuels, alors....) que je n'avais pas dépassé le premier chapitre, il est ensuite resté au fin fond de ma bibliothèque et je n'avais jamais eu envie de l'en déterrer... jusqu'à ce que Maxence m'en fasse l'éloge et que je décide de l'intégrer à mon Challenge ABC.
Je ne suis toujours que moyennement convaincue par la scène du viol : le décalage entre la naïveté de Nicole et la lubricité évidente de celui qui sera un de ses violeurs est pathétique (au sens propre du terme hein) et j'avais peur que tout le roman soit sur ce mode-là, cherchant uniquement à choquer voire à tirer des larmes. Les conditions de vie dans lesquelles Nicole fait ensuite vivre son enfant m'ont aussi d'abord paru peu crédibles.... mais au fur et à mesure, on cerne mieux sa personnalité, et l'aversion qu'elle a envers son fils, sans devenir compréhensible, prend peu à peu une teinte plus réaliste (mais qui reste terrible !) ; et en même temps, on fait plus ample connaissance avec ses parents, pétris de préjugés et terrifiés par le qu'en-dira-t'on, et surtout avec Ludo, qui est sans aucun doute le personnage le plus intéressant du roman ! C'est un enfant si délaissé qu'il en est quasiment sauvage, et il resterait sans doute étranger au lecteur si on n'avait pas accès à ses petites habitudes, ses petites manies, et surtout, à des monologues intérieurs touchants qui nous montrent à quel point il est perdu entre son désir d'être aimé de cette mère cruelle et incohérente, l'image négative que tout le monde lui renvoie de lui, et sa propre conscience de lui-même, qui va à l'encontre de tout ce qu'on lui dit qu'il est.
Le style au début du roman me paraissait un peu trop artificiel, à cause de sa richesse, ce qui n'est pas du tout un inconvénient en principe mais j'aurais presque envie de dire que je l'ai parfois trouvé trop lourd d'images... mais après un petit moment d'adaptation, je l'ai trouvé agréable dans l'ensemble... surtout parce qu'il est pimenté de dialogues qui rendent vraiment un accent, une façon de parler populaire propre aux personnages qui les rend vraiment vivants, et attachants (le personnage de Nanette, puis celui de Micho notamment m'ont beaucoup plu).
Mon rythme de lecture s'est cependant ralenti à partir du moment où Ludo s'éternise au Centre Saint-Paul, il y a un certain effet d'attente qui n'en finit pas (quand il attend désespérément une visite de sa mère), la description de la vie à l'asile m'a d'abord beaucoup intéressée, c'est un monde assez simple mais bien réglé, qui fonctionne de manière totalement indépendante par rapport au monde extérieur, avec ses propres codes, mais finalement la monotonie du cadre prime, j'aurais aimé que sa drôle d'histoire avec Lise soit plus développée... il finira par en partir mais j'ai été déçue par la suite des évènements, que j'ai trouvée moyennement crédible (il reste une semaine sans boire ???), et la fin part dans une veine tragique qui m'a touchée sur le coup mais a posteriori je me dis que, même si je ne l'avais pas prévue, il n'aurait pu en être autrement : tout autre dénouement aurait été long à mettre en scène, ou incroyable, et avec cette fin l'auteur choisit en fait une sorte de pirouette un peu facile qui consiste à clore définitivement son récit en essayant de faire ressentir du même coup une émotion très forte à son lecteur.... une fin plus ouverte aurait été frustrante, mais plus réaliste aussi.
Malgré ces réserves, j'ai quand même pris globalement pas mal de plaisir à suivre la destinée de Ludo et de sa mère, leur relation est complexe, assez finement analysée : le style ne manque pas d'intérêt, même si j'ai mis un certain temps à m'y faire (et je regrette un peu le manque de dialogues dans la dernière partie, alors qu'on y avait été habitué et qu'ils apportent vraiment une saveur particulière au texte... mais cette absence de dialogues est justifiée par l'auteur dans une postface, justification pertinente d'ailleurs, mais...). Je pense que j'essaierai de lire un autre livre de l'auteur !
Quatrième de couverture : (pleine de spoilers !) Fruit d'un viol collectif, Ludovic, enfant haï par sa trop jeune mère - Nicole et ses grands-parents, vit ses premières années caché dans un grenier. La situation ne s'arrange guère après le mariage morose de Nicole avec Micho, brave et riche mécanicien qui cherche à protéger Ludovic. Hantée par ses amours brisées, sombrant dans l'alcoolisme et méprisant son mari, la jeune femme fait enfermer son fils dans une institution pour débiles légers. Mais Ludovic est loin d'être le crétin qu'on suppose. Il ne cesse de rêver à sa mère qu'il adore autant qu'il la redoute. Même une première expérience amoureuse ne parvient pas à l'en détourner. S'enfuyant un soir de Noël, il trouve refuge sur la côte bordelaise, à bord d'une épave échouée, écrit des lettres enflammées qui restent sans réponse. Et c'est là que va se produire entre Nicole et son fils une scène poignante et magnifique de re-connaissance mutuelle.
Mon avis : roman acheté à une Bourse aux Livres il y a un paquet d'années, j'avais essayé de le lire à cette époque mais ça avait été un échec : le viol de Nicole est raconté de façon assez crue au début et cela m'avait tellement choquée (normal, je devais avoir douze-treize ans et n'étais pas du tout habituée aux bouquins parlant de rapports sexuels, alors....) que je n'avais pas dépassé le premier chapitre, il est ensuite resté au fin fond de ma bibliothèque et je n'avais jamais eu envie de l'en déterrer... jusqu'à ce que Maxence m'en fasse l'éloge et que je décide de l'intégrer à mon Challenge ABC.
Je ne suis toujours que moyennement convaincue par la scène du viol : le décalage entre la naïveté de Nicole et la lubricité évidente de celui qui sera un de ses violeurs est pathétique (au sens propre du terme hein) et j'avais peur que tout le roman soit sur ce mode-là, cherchant uniquement à choquer voire à tirer des larmes. Les conditions de vie dans lesquelles Nicole fait ensuite vivre son enfant m'ont aussi d'abord paru peu crédibles.... mais au fur et à mesure, on cerne mieux sa personnalité, et l'aversion qu'elle a envers son fils, sans devenir compréhensible, prend peu à peu une teinte plus réaliste (mais qui reste terrible !) ; et en même temps, on fait plus ample connaissance avec ses parents, pétris de préjugés et terrifiés par le qu'en-dira-t'on, et surtout avec Ludo, qui est sans aucun doute le personnage le plus intéressant du roman ! C'est un enfant si délaissé qu'il en est quasiment sauvage, et il resterait sans doute étranger au lecteur si on n'avait pas accès à ses petites habitudes, ses petites manies, et surtout, à des monologues intérieurs touchants qui nous montrent à quel point il est perdu entre son désir d'être aimé de cette mère cruelle et incohérente, l'image négative que tout le monde lui renvoie de lui, et sa propre conscience de lui-même, qui va à l'encontre de tout ce qu'on lui dit qu'il est.
Le style au début du roman me paraissait un peu trop artificiel, à cause de sa richesse, ce qui n'est pas du tout un inconvénient en principe mais j'aurais presque envie de dire que je l'ai parfois trouvé trop lourd d'images... mais après un petit moment d'adaptation, je l'ai trouvé agréable dans l'ensemble... surtout parce qu'il est pimenté de dialogues qui rendent vraiment un accent, une façon de parler populaire propre aux personnages qui les rend vraiment vivants, et attachants (le personnage de Nanette, puis celui de Micho notamment m'ont beaucoup plu).
Mon rythme de lecture s'est cependant ralenti à partir du moment où Ludo s'éternise au Centre Saint-Paul, il y a un certain effet d'attente qui n'en finit pas (quand il attend désespérément une visite de sa mère), la description de la vie à l'asile m'a d'abord beaucoup intéressée, c'est un monde assez simple mais bien réglé, qui fonctionne de manière totalement indépendante par rapport au monde extérieur, avec ses propres codes, mais finalement la monotonie du cadre prime, j'aurais aimé que sa drôle d'histoire avec Lise soit plus développée... il finira par en partir mais j'ai été déçue par la suite des évènements, que j'ai trouvée moyennement crédible (il reste une semaine sans boire ???), et la fin part dans une veine tragique qui m'a touchée sur le coup mais a posteriori je me dis que, même si je ne l'avais pas prévue, il n'aurait pu en être autrement : tout autre dénouement aurait été long à mettre en scène, ou incroyable, et avec cette fin l'auteur choisit en fait une sorte de pirouette un peu facile qui consiste à clore définitivement son récit en essayant de faire ressentir du même coup une émotion très forte à son lecteur.... une fin plus ouverte aurait été frustrante, mais plus réaliste aussi.
Malgré ces réserves, j'ai quand même pris globalement pas mal de plaisir à suivre la destinée de Ludo et de sa mère, leur relation est complexe, assez finement analysée : le style ne manque pas d'intérêt, même si j'ai mis un certain temps à m'y faire (et je regrette un peu le manque de dialogues dans la dernière partie, alors qu'on y avait été habitué et qu'ils apportent vraiment une saveur particulière au texte... mais cette absence de dialogues est justifiée par l'auteur dans une postface, justification pertinente d'ailleurs, mais...). Je pense que j'essaierai de lire un autre livre de l'auteur !