Quatrième de couverture : Nashe, qui a hérité de deux cent mille dollars, se débarrasse de ce qu’il possède, achète une voiture et entreprend de sillonner l’Amérique. Ainsi rencontre-t-il Pozzi, professionnel du poker, avec qui il décide de miser le restant de sa fortune dans une partie " facile " contre deux millionnaires excentriques, Flower et Stone. Et le plus extravagant commence alors… A chacun de ses romans, Paul Auster révèle une nouvelle dimension de sa maîtrise romanesque. Et son succès, en Europe comme aux Etats-Unis, doit beaucoup à la manière qu’il a de combiner une esthétique européenne avec des mythes américains. Les amateurs de littérature romanesque seront comblés par ce livre scintillant de coïncidences et de conjonctions révélatrices, écrit avec une ferveur et une habileté narratives plus " austériennes " que jamais.
Mon avis : mon troisième Auster, après La Nuit de l'Oracle et Le Voyage d'Anna Blume. Même si je l'ai trouvé un peu moins entraînant que les deux premiers, j'ai beaucoup beaucoup aimé. Jim Nashe est un personnage qui d'un coup, rompt avec sa vie, et semble se fuir, même s'il a confusément l'intention de se trouver. C'est un personnage qui semble d'abord assez simple : l'abandon de ses habitudes se fait sans qu'il réfléchisse beaucoup avant, il obéit à ses pulsions, fait juste comme il le sent, on n'a pas de longues analyses psychologiques, pas vraiment de passages d'introspection, et pourtant, ce voyage sans but que Jim va d'abord mener me semble avoir un intérêt existentiel ; en quittant tout, Nashe a l'air de chercher quelque chose de plus vrai que la vie qu'il a eu jusqu'alors, vie conventionnelle, banale, par défaut, qui n'était peut-être au fond qu'une mascarade (ne ressent-on pas tous cela un jour ou l'autre ?).
Attention, j'interprète beaucoup, et peut-être que d'autres lecteurs de ce livre ne seront pas d'accord avec moi, ne verront même pas de quoi je parle, mais c'est comme ça que je vois les choses : en partant, Nashe veut reprendre sa vie en main, mais rapidement, il ne sait pas quoi faire de lui-même, et j'ai trouvé ça bigrement intéressant : que va-t-il faire de sa liberté ? Qui va-t-il rencontrer ? Vers quoi va-t-il se laisser entraîner ? Et jusqu'où ira-t-il, arrivera-t-il quelque part finalement ? On comprend à quel point les moindres détails peuvent être importants, quand on sait à quelles conséquences ils conduiront, et ça devient vite hallucinant quand on y réfléchit. Peut-être que ça vous semble à côté de la plaque, mais ce personnage m'a beaucoup rappelé le héros du film American Beauty* (film que j'adore soit dit en passant).
Le personnage qui va croiser sa route, Pozzi, jeune, fanfaron, nerveux, m'a été sympathique. J'ai bien aimé le passage de la soirée chez les millionnaires, je l'ai trouvé pittoresque, puis haletant, et les conséquences font froid dans le dos... Nashe est quand même un personnage plus complexe qu'il n'y paraît : d'un côté, il quitte le moule qu'on lui impose, veut retrouver sa liberté, dans la solitude, la fuite d'abord, puis dans l'immobilité, le travail ; moyens divers, antagonistes, je me suis d'abord attendue à ce qu'il fasse de vrais coups d'éclats ; m'apercevant que ce n'était pas le cas, j'ai d'abord regretté son côté passif, avant de l'admirer : malgré son désir initial d'être le propre guide de sa vie, il accepte rapidement son sort, se soumet aux évènements avec une sérénité qui m'a d'abord étonnée, et qui finalement est cohérente, cimente les différentes facettes de ce personnage paradoxal. Je suis un peu déçue que certains indices nous laissent entrevoir la tournure que vont prendre les évènements, la fin aurait pu être beaucoup plus surprenante si le suspense avait été un peu mieux préservé ; mais tous ces indices inquiétants doivent permettre une deuxième lecture très intéressante.
Quant au style de Paul Auster, j'en suis toujours aussi fan : cet homme sait vraiment écrire. Cela peut paraître stupide de dire ça, vous pensez peut-être que forcément, tous les écrivains savent écrire, mais quel plaisir de lire tout un roman sans avoir envie de critiquer une seule fois la moindre tournure, la moindre modalisation abusive, quelle maîtrise ! Cela coule, c'est fluide, et c'est en même temps assez beau, assez précis, pas simpliste. J'aime, et j'ai bien l'intention de continuer à lire ce grand auteur que je n'ai découvert que depuis quelques mois.
Citations : "Le véritable avantage de la richesse, ce n'était pas la possibilité de satisfaire ses désirs, c'était celle de ne plus penser à l'argent."
"Du moment qu'un homme commence à se reconnaître dans un autre, il ne peut plus considérer cet autre comme un étranger."
Mon avis : mon troisième Auster, après La Nuit de l'Oracle et Le Voyage d'Anna Blume. Même si je l'ai trouvé un peu moins entraînant que les deux premiers, j'ai beaucoup beaucoup aimé. Jim Nashe est un personnage qui d'un coup, rompt avec sa vie, et semble se fuir, même s'il a confusément l'intention de se trouver. C'est un personnage qui semble d'abord assez simple : l'abandon de ses habitudes se fait sans qu'il réfléchisse beaucoup avant, il obéit à ses pulsions, fait juste comme il le sent, on n'a pas de longues analyses psychologiques, pas vraiment de passages d'introspection, et pourtant, ce voyage sans but que Jim va d'abord mener me semble avoir un intérêt existentiel ; en quittant tout, Nashe a l'air de chercher quelque chose de plus vrai que la vie qu'il a eu jusqu'alors, vie conventionnelle, banale, par défaut, qui n'était peut-être au fond qu'une mascarade (ne ressent-on pas tous cela un jour ou l'autre ?).
Attention, j'interprète beaucoup, et peut-être que d'autres lecteurs de ce livre ne seront pas d'accord avec moi, ne verront même pas de quoi je parle, mais c'est comme ça que je vois les choses : en partant, Nashe veut reprendre sa vie en main, mais rapidement, il ne sait pas quoi faire de lui-même, et j'ai trouvé ça bigrement intéressant : que va-t-il faire de sa liberté ? Qui va-t-il rencontrer ? Vers quoi va-t-il se laisser entraîner ? Et jusqu'où ira-t-il, arrivera-t-il quelque part finalement ? On comprend à quel point les moindres détails peuvent être importants, quand on sait à quelles conséquences ils conduiront, et ça devient vite hallucinant quand on y réfléchit. Peut-être que ça vous semble à côté de la plaque, mais ce personnage m'a beaucoup rappelé le héros du film American Beauty* (film que j'adore soit dit en passant).
Le personnage qui va croiser sa route, Pozzi, jeune, fanfaron, nerveux, m'a été sympathique. J'ai bien aimé le passage de la soirée chez les millionnaires, je l'ai trouvé pittoresque, puis haletant, et les conséquences font froid dans le dos... Nashe est quand même un personnage plus complexe qu'il n'y paraît : d'un côté, il quitte le moule qu'on lui impose, veut retrouver sa liberté, dans la solitude, la fuite d'abord, puis dans l'immobilité, le travail ; moyens divers, antagonistes, je me suis d'abord attendue à ce qu'il fasse de vrais coups d'éclats ; m'apercevant que ce n'était pas le cas, j'ai d'abord regretté son côté passif, avant de l'admirer : malgré son désir initial d'être le propre guide de sa vie, il accepte rapidement son sort, se soumet aux évènements avec une sérénité qui m'a d'abord étonnée, et qui finalement est cohérente, cimente les différentes facettes de ce personnage paradoxal. Je suis un peu déçue que certains indices nous laissent entrevoir la tournure que vont prendre les évènements, la fin aurait pu être beaucoup plus surprenante si le suspense avait été un peu mieux préservé ; mais tous ces indices inquiétants doivent permettre une deuxième lecture très intéressante.
Quant au style de Paul Auster, j'en suis toujours aussi fan : cet homme sait vraiment écrire. Cela peut paraître stupide de dire ça, vous pensez peut-être que forcément, tous les écrivains savent écrire, mais quel plaisir de lire tout un roman sans avoir envie de critiquer une seule fois la moindre tournure, la moindre modalisation abusive, quelle maîtrise ! Cela coule, c'est fluide, et c'est en même temps assez beau, assez précis, pas simpliste. J'aime, et j'ai bien l'intention de continuer à lire ce grand auteur que je n'ai découvert que depuis quelques mois.
Citations : "Le véritable avantage de la richesse, ce n'était pas la possibilité de satisfaire ses désirs, c'était celle de ne plus penser à l'argent."
"Du moment qu'un homme commence à se reconnaître dans un autre, il ne peut plus considérer cet autre comme un étranger."
Et j'ai une question qui me taraude, peut-être stupide : à quoi sert le Read A Thon? A relever un défi? S'amuser? N'est-ce pas épuisant et presque écoeurant de consommer aussi vite autant de livres, comme quand on mange trop de chocolat d'un coup? J'ai du mal à concevoir le concept en fait ^^ Pourrais-tu m'éclairer là dessus? Quelles sont tes motivations à toi?