Jeudi 7 octobre 2010

http://bouquins.cowblog.fr/images/livres/premieramouroates.jpg(sous-titre : conte gothique)

Quatrième de couverture : Pour une raison qui demeure obscure à Josie, sa mère, Délia, a précipitamment abandonné le domicile conjugal et l'a emmenée vivre avec elle dans la maison de sa grand-mère, Esther Burkhardt. C'est là qu'elle fait la connaissance de Jared, un cousin nettement plus âgé qu'elle. Tout auréolé du prestige des études théologiques qu'il poursuit dans le cadre du séminaire presbytérien, sanglé dans d'impeccables chemises blanches amidonnées, distant et mystérieux, Jared exerce sur la fillette la plus grande fascination. Par un capiteux après-midi d'été, Josie le rencontre sur le bord de la rivière derrière la maison des Burkhardt...
Dès les premières pages de ce conte dont on ne sait s'il est immoral ou onirique, le lecteur est envoûté par l'étrange atmosphère de la maison Burkhardt, royaume des secrets familiaux que se chuchotent les adultes. Alors qu'elle cherche, entre terreur et amour, à se frayer un chemin vers elle-même, une fillette aborde à des rivages dangereux. Et ce livre inquiétant qui ne dit rien sur le sexe et tout sur les vertiges des phantasmes est sans doute l'un des plus érotiques qui soient.

Mon avis : un livre que j'ai eu envie de lire pour diverses raisons : 1) j'avais envie de découvrir cet auteur 2) j'allais à la bibli pour rendre des livres, pas pour en emprunter, alors en emprunter un aussi court (il fait 90 pages) me semblait être un compromis satisfaisant 3) la couverture m'attirait, de même que le titre sympathique, c'est aussi le titre d'un livre de Tourgueniev (pas lu) et de Gorki (pas lu non plus mais dans ma PAL) 4) la quatrième de couverture nous dit qu'il s'agit d'un livre "des plus érotiques qui soient", hinhin je veux voir ça !

Bon, ce n'est pas du tout ce à quoi je m'attendais. Le résumé nous faisait bien deviner qu'il allait se passer des choses entre Josie et son cousin, mais je m'attendais à une vraie histoire d'amour, à un éveil des sens, à quelque chose de plutôt doux (bon c'est vrai, la quatrième de couverture parle d'un livre "inquiétant" et nous informe que le cousin est "nettement plus pagé", mais quand même)... et le problème c'est que Josie n'est pas une ado puisqu'elle n'a que... 11 ans :s !

On a donc affaire à une histoire plus perverse qu'érotique, plus horrible que simplement inquiétante... la petite Josie est quasiment livrée à elle-même (et donc à son ignoble cousin) : même si elle en sait plus sur le monde des adultes que ce qu'on veut bien lui en dire, elle ne semble pas avoir conscience du caractère complètement malsain de la relation qu'elle entretient avec son cousin. Sa mère, soit ne s'occupe pas d'elle, soit lui fait sans cesse comprendre que les questions qu'elle pose ne sont pas pertinentes - alors même que les interrogations de Josie n'ont rien d'absurde ! Mais cette mère, Délia est un bien étrange personnage, égoïste et contradictoire - je l'ai détestée - qui fait mine d'être blasée, niant l'importance des sentiments et du passé, elle finit invariablement par conclure que toutes choses ne sont que des mots, et qu'on peut donc ignorer... alors qu'en réalité elle mène une existence triviale sans rapport avec les réflexions creuses qu'elle inflige à sa fille, qui manque donc totalement de repères (je ne pense pas avoir un idéal d'éducation rigide - je n'ai jamais vraiment réfléchi à l'éducation que j'aimerais donner à mes potentiels futurs enfants, en fait), c'est n'importe quoi.

Délia est de toute façon à l'image de tous les adultes du livre : profondément hypocrite. Le pire bien sûr, c'est Jared, qui masque sa folie et ses penchants sexuels infâmes derrière une image bien sérieuse et proprette de futur ecclésiastique. Les sévices que Jared lui inflige sont ignorés de tous, et le calvaire de Josie  - qui n'est pas vraiment décrit comme tel puisqu'on a son point de vue à elle et qu'elle pense aimer son bourreau... amour monstrueux, et qui rend la situation encore pire aux yeux du lecteur, enfin c'est comme ça que je l'ai ressenti ! - ne connait pas de véritable dénouement (ni positif, ni négatif), et c'est dommage, la fin m'a un peu déçue.

L'atmosphère est bien décrite, j'ai eu l'impression en lisant ce conte de lire quelque chose de différent, d'inhabituel ; on a une sorte d'ambiance de jungle, le registre fantastique est présent, le cousin étant aussi vu comme un serpent, un faucon... le point de vue adopté est celui de Josie, mais il est rapporté de façon originale : tantôt on a un récit à la première personne du singulier (normal), tantôt, à la deuxième, qui fait penser aux discours que pourrait tenir le cousin : c'est comme une voix sombre qui lui dicte sa conduite, lui fait comprendre qu'elle n'a pas le choix... ce procédé nous permet de comprendre quelle est l'emprise que Jared a sur elle, puisque ses pensées deviennent les siennes, elle n'a aucun recul, aucune possibilité de résister.

Ce conte ne manque pas d'intérêt, j'ai envie de lire d'autres œuvres de cet auteur, mais j'aurais aimé qu'un rebondissement vienne balayer tout ça à la fin, c'est plus contemplatif qu'autre chose, malgré la brièveté du texte j'ai fait plusieurs pauses. Je retiens surtout cette impression de malaise que j'ai eue tout le long et qui ne s'est pas dissipée à la fin.... ce n'est pas vraiment ce que je recherchais aujourd'hui, mais je pense que c'est ce que voulait l'auteur, donc de ce point de vue là c'est une réussite ! J'ai peur que l'univers de ce conte,  avec le marais, les photographies des petites filles, les blessures physiques... me marque un peu trop, mais je pense qu'a posteriori je jugerai ce conte plus positivement que je ne le fais à présent ! ^^
Par pom' le Vendredi 8 octobre 2010
cette auteur a sa force dans ses descrptions très bien faites mais j'avoue que j'ai du mal parfois à la lire
 

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"Il n'y a vraiment que deux choses qui puissent faire changer un être humain : un grand amour ou la lecture d'un grand livre." Paul Desalmand

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