Vendredi 1er mai 2009

Quatrième de couverture : Un homme se penche sur son passé : il revoit le moment précis de son existence où, renonçant à sa vie de libertin, il plonge éperdument dans le monde du savoir.
Un vieux professeur et sa femme assistent, complices, à la naissance de cette "ardente curiosité" qui a tous les caractères de la passion charnelle : ils la partageront avec lui jusqu'à brûler eux-mêmes dans l'enfer de la passion.
"Le livre le plus puissant, le plus tragique, le plus humain que Zweig ait écrit." (Romain Rolland).

Mon avis : eh bien, j'ai beaucoup de chance en ce moment, je suis tout à fait comblée par les styles merveilleux que j'ai la chance de lire... Zweig nous donne ici une superbe analyse psychologique de ces personnages, de cette fascination trouble d'un élève envers son professeur et vice-versa... magnifique description d'une relation maître-élève, ambiguë et subtile, tout comme le héros, on est charmé par ce professeur charismatique et mystérieux... et je le répète encore et toujours, le style de Zweig mon dieu, un délice.... merci Maxence de m'avoir plus ou moins "forcée" à lire ce livre que je place aujourd'hui aussi haut dans mon cœur que la splendide "Lettre d'une inconnue" !

Citation : "Comme par un coup de magie, j'avais, en une heure de temps, renversé le mur qui jusqu'alors me séparait du monde de l'esprit et je me découvrais, moi, passionné par essence, une nouvelle passion qui m'est restée fidèle jusqu'à aujourd'hui : le désir de jouir de toutes les choses de la terre par le truchement de l'âme des mots."

Vendredi 8 mai 2009

http://bouquins.cowblog.fr/images/livres/lareligieuse-copie-2.jpg~> CHALLENGE ABC 2009, lettre D - 6ème livre lu <~

Quatrième de couverture :
Publié sans nom d'auteur, interdit il y a quelques années au cinéma, La Religieuse fait toujours scandale ; or, ce livre, disait Montherlant, "est à peine licencieux et n'est pas du tout frivole mais au contraire très grave ".
Inspiré par une histoire vécue, Diderot imagine que la religieuse Suzanne Simonin raconte ses mésaventures en 1760. Spoliée de sa dot, elle séjourne dans trois couvents successifs. La première Supérieure est cupide, la deuxième est ascétique, la troisième est d'une sensualité éperdue qui fait vivre tout le couvent en fête. Diderot décrit ce qui arrive lorsqu'on contredit "la pente générale de la nature ".
" Je ne crois pas qu'on ait écrit une plus effroyable satire des couvents "
, disait-il. La Religieuse est aussi et surtout une chaleureuse apologie de la liberté individuelle.

Mon avis : ah, j'ai préféré ce roman à Jacques le Fataliste ! L'"apologie de la liberté individuelle", comme le dit la quatrième de couverture, on la sent vraiment bien dans ce bouquin, ce qui est extraordinaire, c'est que Suzanne est déterminée, elle ne se résigne jamais, et cependant son désir de ne pas être nonne ne se justifie pas par l'athéisme (elle est au contraire très pieuse) ou par un amoureux comme je m'y attendais, il est seulement dicté par son désir de liberté, et je trouve ça, osé et vraiment bien pour l'époque d'affirmer un truc pareil, je trouve que dans ce sens, on peut considérer que ce livre est très moderne... à part ça, il nous apprend aussi pas mal de trucs, perso je ne m'étais jamais vraiment demandé ce qui pouvait bien se passer dans les couvents, et là on a de quoi faire, j'ai beaucoup aimé les réflexions de Diderot sur la violence et la cruauté qui peuvent déchaîner les religieuses, horreurs qui s'expliquent par le fait qu'elles ont une vie moins divertissante que le commun des mortels... ça m'a fait un peu penser aux Japonais aujourd'hui, je développerai si ça intéresse quelqu'un, sinon laissez tomber ^^ L'héroïne est peut-être un peu trop candide, ça m'a parfois un peu agacée, son côté "je n'entends rien au langage des sens" quand elle était avec la troisième mère supérieure, j'avais envie de lui dire eh oh, on me la fait pas à moi, mais ça reste réaliste, c'est peut-être moi qui suis dévergondée ! :p Et puis, détail évident mais non des moindres, c'est écrit dans un beau style que j'ai trouvé trèès agréable :D

Lundi 6 juillet 2009

http://bouquins.cowblog.fr/images/livres/adolphe.jpg~> CHALLENGE ABC 2009, lettre C - 7ème livre lu <~

Quatrième de couverture :
Dans Adolphe, un homme s'efforce de briser les chaînes d'une liaison amoureuse dans laquelle il s'est, comme malgré lui, fourvoyé. "... Un marivaudage tragique où la difficulté n'est point, comme chez Marivaux, de faire une déclaration d'amour, mais une déclaration de haine." (Stendhal.)  Mais ce livre sèchement cruel brille de mille feux contradictoires. Chant de victoire d'un amant délivré d'une femme devenue encombrante, il est en même temps le champ clos où s'éprouve l'impossibilité de vaincre quiconque, si ce n'est soi-même. Adolphe, qui a trop durement tranché ses liens affectifs, est étrangement contraint de les retisser par l'écriture. Un travail de réparation se superpose au travail de la séparation, où le langage puise ses forces et s'épuise, incertain du rivage où la vérité s'offrira.
Adolphe s'inscrit dans la grande tradition des romans sentimentaux dans la lignée de La Princesse de Clèves et de Manon Lescaut.

Mon avis : très très bien écrit, même si j'ai eu du mal à m'attacher au héros au début ; un roman original qui ne sublime pas le sentiment d'amour, et qui le présente d'une façon qui change bien de ce qu'on a l'habitude de lire !  Ici l'amour est une prison, une source de malheurs, et les personnages sont tout aussi victimes de leur amour que de leur absence d'amour... on ne sait trop que penser de ce couple, qui plaindre, qui haïr, puisque les deux sont malheureux ? Un roman court, étonnant, et assez déprimant je dois dire !

Extrait : " C'est un affreux malheur de n'être pas aimé quand on aime ; mais c'en est un bien grand d'être aimé avec passion quand on n'aime plus."

Jeudi 30 juillet 2009

http://bouquins.cowblog.fr/images/livres/zaziedanslemetro.jpg~> CHALLENGE ABC 2009, lettre Q - 13ème livre lu <~
 
Résumé : Zazie vient rendre visite à son oncle à Paris. Le métro parisien est malheureusement en grève, ce qui force l'oncle Gabriel et sa nièce à se déplacer à pied. Et c'est grâce à cette promenade improvisée que nos deux héros vont rencontrer des personnages insolites, à travers lesquels on découvre une Zazie débrouillarde et extravertie qui n'a pas la langue dans sa poche...

Mon avis : ce livre m'a bien amusée ! Je me souviens que j'avais essayé de le lire quand j'avais une dizaine d'années, mais je ne l'avais pas fini, je pense que je ne pouvais pas bien l'apprécier à l'époque. Cette petite gamine turbulente et grossière qui n'arrête pas de répliquer "mon cul" à tout ce qu'on lui dit (une de mes expressions du moment) est bien rigolote, et le style est incroyable, en totale adéquation avec la personnalité de Zazie, le côté un peu farfelu qu'elle donne à ses aventures c'est un style très oral, avec plein de familiarités, et parfois, des phrases avec des mots plus compliqués et bizarrement tournés. Ce style étrange, loin de m'énerver (en principe je râle dès que je vois une faute d'orthographe), mais là j'ai trouvé ça inventif, ludique, marrant quoi !

La citation culte : "Tu causes, tu causes, c'est tout ce que tu sais faire."

Lundi 3 août 2009

http://bouquins.cowblog.fr/images/livres/leperegoriot.jpg~> CHALLENGE ABC 2009, lettre B - 14ème livre lu <~

Résumé : Étudiant désargenté, Eugène de Rastignac est monté à Paris pour y faire son droit et y acquérir gloire et pouvoir. Il loge dans une pension miteuse et rencontre le père Goriot. Ancien négociant, il s'est ruiné pour ses filles qui, après leur mariage, ne lui témoignent qu'indifférence et mépris. Rastignac est alors confronté aux calculs sordides et à la noirceur du coeur humain. Il tire de cette expérience un sentiment de fatalité mais aussi une formidable volonté de conquête.

Mon avis : une superbe surprise ! Jusqu'ici, je n'avais lu de Balzac que le Colonel Chabert, oeuvre qui m'avait si peu touchée à l'époque où je l'avais lue (un peu avant la création de ce blog) que je ne l'ai jamais évoquée ici ; et la nouvelle Le Chef d'oeuvre inconnu, qui m'avait plu, mais j'avais trouvé que le style de Balzac rendait la lecture un peu difficile.... mon avis a bien changé à ce sujet à présent ! Les seules descriptions vraiment détaillées et un peu longues se situent au début, et elles sont bien utiles, puisqu'elles nous présentent tous les personnages de la Maison-Vauquer... ensuite, je ne me suis plus du tout demandé si les descriptions étaient longues ou pas, tellement j'ai été emportée par cette histoire terrible ! Dans ce roman, Balzac nous montre à la fois tout l'amour (paternel, en l'occurrence), dont un homme peut être capable, et toute la cruauté de la société parisienne... et de l'âme humaine en général. Je n'ai pas pu lire ce livre d'une traite, et tout le temps où je suis restée sans lire, j'y pensais et j'avais hâte de reprendre ma lecture ! Un roman qui m'a vraiment bouleversée, qui m'a réconciliée avec Balzac, et pour vous donner une idée, dites-vous qu'il m'a fait à peu près le même effet que l'Assommoir  que j'ai lu l'été dernier... bref, je vous le conseille absolument !

Lundi 3 août 2009

http://bouquins.cowblog.fr/images/livres/51PXE1DCB5LSS500.jpg~> CHALLENGE ABC 2009, lettre O - 15ème livre lu <~
[ Matilda's Contest ]

Quatrième de couverture : Un certain 21 juin eut lieu en Angleterre la révolte des animaux. Les cochons dirigent le nouveau régime. Boule de Neige et Napoléon, cochons en chef, affichent un règlement :
" Tout ce qui est sur deux jambes est un ennemi. Tout ce qui est sur quatre jambes ou possède des ailes est un ami. Aucun animal ne portera de vêtements. Aucun animal ne dormira dans un lit. Aucun animal ne boira d'alcool. Aucun animal ne tuera un autre animal. Tous les animaux sont égaux. " Le temps passe. La pluie efface les commandements. L'âne, un cynique, arrive encore à déchiffrer :
" Tous les animaux sont égaux, mais (il semble que cela ait été rajouté) il y en a qui le sont plus que d'autres. "

Mon avis : Un livre tout simplement... effrayant ! Les animaux, ne supportant plus le joug des hommes, font la révolution, mais le nouveau régime, idéal au départ, devient progressivement une dictature, et tout cela est si crédible, si facilement transposable au monde des humains... mi-fable mi-science-fiction, ce livre, tout en étant divertissant et facile à lire, nous livre un message pessimiste et très frappant ! Court et culte, je le conseille à tous.... (j'ai même envie d'inciter mon petit frère de 13 ans à le lire, c'est dire...)

Samedi 8 août 2009

http://bouquins.cowblog.fr/images/livres/hadrien.jpg
~> CHALLENGE ABC 2009, lettre Y - 16ème livre lu <~

Quatrième couverture : Marguerite Yourcenar trouva un jour cette phrase, dans la Correspondance de Flaubert : "Les dieux n'étant plus, et le Christ n'étant pas encore, il y a eu, de Cicéron à Marc, Aurèle, un moment unique où l'homme seul a été." Et l'auteur de Mémoires d'Hadrien ajoute : "Une grande partie de ma vie allait se passer à essayer de définir, puis à peindre, cet homme seul et d'ailleurs relié à tout." Traduit dans seize langues, salué par la presse du monde entier, Mémoires d'Hadrien n'a jamais cessé, depuis sa publication en 1951, d'entraîner de nouveaux lecteurs vers cet empereur du IIe siècle, "cet homme presque sage" qui fut, en même temps qu'un initiateur des temps nouveaux, l'un des derniers libres esprits de l'Antiquité.

Mon avis : J'ai mis du temps à le lire car les passages traitant strictement de la politique romaine ne m'ont que moyennement intéressée ; l'évocation du début du règne d'Hadrien m'a même franchement barbée... mais d'autres aspects de cette œuvre ont finalement largement compensé ce moment d'ennui ! L'illusion autobiographique est parfaite, et j'ai dû plusieurs fois me raisonner pour me souvenir qu'Hadrien n'est pas l'auteur de ce livre... J'ai apprécié la personnalité de cet empereur, son héllénisme, son humanisme, et sa lucidité. Et toutes les pages où il est question de son amour pour Antinoüs m'ont bouleversée, elles sont magnifiques !!! Je pense que c'est cet aspect qui me marquera le plus, personnellement... je vous conseille ce livre, quitte à sauter les passages les plus "historiques" qui peuvent ne pas plaire à tout le monde.


Citations : "Qu'est la volupté elle même, sinon un moment d'attention passionnée au corps ?"

"Notre grande erreur est d'essayer d'obtenir de chacun en particulier les vertus qu'il n'a pas, et de négliger de cultiver celles qu'il possède."

Vendredi 14 août 2009

http://bouquins.cowblog.fr/images/livres/ravage.jpgQuatrième de couverture / extrait : "De l'autre côté de la Seine une coulée de quintessence enflammée atteint, dans les sous-sols de la caserne de Chaillot, ancien Trocadéro, le dépôt de munitions et le laboratoire de recherches des poudres. Une formidable explosion entrouvre la colline. Des pans de murs, des colonnes, des rochers, des tonnes de débris montent au-dessus du fleuve, retombent sur la foule agenouillée qui râle son adoration et sa peur, fendent les crânes, arrachent les membres, brisent les os. Un énorme bloc de terre et de ciment aplatit d'un seul coup la moitié des fidèles de la paroisse du Gros-Caillou. En haut de la Tour, un jet de flammes arrache l'ostensoir des mains du prêtre épouvanté."

Mon avis : Oh la vache... le genre de livre dont on ne sort pas indemne... nous sommes en France, en 2052. Les machines régissent le monde des hommes, qui ne peuvent plus s'en passer. Un jour, brusquement, il n'y a plus d'électricité. Panique, tout s'écroule, c'est la fin du monde... on suit alors un petit groupe de survivants qui cherche le salut dans la fuite, l'exil... un livre très fort, leur exil n'a rien d'une partie de campagne, c'est très dur, très réaliste du coup, et ça fait peur... la fin m'a déboussolée, je ne suis pas tout à fait convaincue par le nouveau monde qu'ils essaient de recréer... alors quoi ? L'humanité serait-elle vouée à sa perte, quelle que soit la voie qu'elle cherche à suivre ? Un formidable roman d'anticipation en tout cas, peuplé de personnages héroïques, d'autres plus faibles, et l'amour n'y est pas absent...

Mardi 18 août 2009

http://bouquins.cowblog.fr/images/livres/laviedevantsoi.jpg
COUP DE COEUR !
!!


Quatrième de couverture : Signé Ajar, ce roman reçut le prix Goncourt en 1975. Histoire d'amour d'un petit garçon arabe pour une très vieille femme juive : Momo se débat contre les six étages que Madame Rosa ne veut plus monter et contre la vie parce que " ça ne pardonne pas " et parce qu'il n'est " pas nécessaire d'avoir des raisons pour avoir peur ". Le petit garçon l'aidera à se cacher dans son " trou juif ", elle n'ira pas mourir à l'hôpital et pourra ainsi bénéficier du droit sacré " des peuples à disposer d'eux-mêmes " qui n'est pas respecté par l'Ordre des médecins. Il lui tiendra compagnie jusqu'à ce qu'elle meure et même au-delà de la mort.
 

Mon avis : avant de commencer ma lecture, j'ai lu la quatrième de couverture, et elle m'a énervée, j'ai pensé, rhaaa, j'aime pas ces quatrièmes de couverture qui racontent tout ! Sauf qu'en fait, elle ne raconte pas grand-chose. Parce qu'à moins de lire le livre, difficile de savoir, de comprendre l'amour de Momo pour madame Rosa, difficile de comprendre qui ils sont, tous les deux, lui, petit garçon qui raconte le monde avec ses mots, ses yeux à lui, avec sa logique particulière, mais que je serais incapable de juger, je ne me verrais pas lui dire qu'il a tort, qu'il se trompe... et madame Rosa, vieille femme réchappée d'Auschwitz, ancienne prostituée, qui cache un portrait d'Hitler sous son lit, et qui le ressort quand ça va mal, parce que "ça lui fait un souci de moins". (je rechercherai la citation exacte).... et puis, les voisins, les autres mômes... Monsieur Hamil, l'ami de Victor Hugo...

Ce livre m'a foutu une grande claque, une plus grande claque encore que Ravage lu il y a quelques jours, parce que Ravage parle du destin du monde entier, et le monde entier, que vaut-il comparé à ces deux-là ? J'ai du mal à me défaire de la fin, je me dis que si je pleurais un bon coup peut-être que ça irait mieux, mais ça ne vient pas... vraiment, je n'ai pas eu l'impression de lire cet après-midi, j'étais vraiment avec eux, au début, j'ai beaucoup souri, j'étais étonnée, et après.... La vie devant soi fera désormais probablement partie des livres que je citerai quand on me demandera quels sont "mes livres préférés"....

Extraits : Cliquez ici pour lire le début, et , pour lire un passage que j'ai particulièrement aimé, et qui vous donne une idée du style...

Mercredi 19 août 2009

http://bouquins.cowblog.fr/images/livres/tombes.gifQuatrième de couverture : "Si vous le lisez avec l'espoir de trouver dans J'irai cracher sur vos tombes quelque chose capable de mettre vos sens en feu, vous allez drôlement être déçu.
Si vous le lisez pour y retrouver la petite musique de Vian, vous l'y trouverez. Il n'y a pas beaucoup d'écrits de Vian dont il ne suffise de lire trois lignes anonymes pour dire tout de suite : Tiens, c'est du Vian ! Ils ne sont pas nombreux, les écrivains dont on puisse en dire autant.
Ce sont généralement ces écrivains-là qui ont les lecteurs les plus fidèles, les plus passionnés, parce que, en les lisant, on les entend parler.
Lire Vian, lire Léautaud, lire la correspondance de Flaubert, c'est vraiment être avec eux. Ils sont tout entiers dans ce qu'ils écrivent.Ca ne se pardonne pas, ça.
Vian a été condamné.
Flaubert a été condamné..."
Delfeil de Ton.

Mon avis : J'ai commencé cette lecture avec un peu d'appréhension, car je savais qu'il s'agissait d'un bouquin plutôt violent, et l'idée d'être déçue par Boris Vian que j'aime tant jusqu'ici, me mettait mal à l'aise... ah, c'est bien différent de l'Ecume des Jours, de l'Arrache-coeur, de l'Herbe Rouge... mais en fait, j'ai bien aimé ! Le reproche principal que je ferais à ce livre, c'est que l'intrigue est très simple, c'est juste une histoire de vengeance en fait... (et bien sûr, on n'y trouve guère le monde poétique et fantaisiste de Boris, mais bon, ça on le savait d'avance, alors passons). J'avais peur d'être d'être choquée par l'érotisme de ce livre et les scènes sanglantes, mais finalement non ; les scènes de sexe sont plutôt bien écrites, elles pimentent un peu l'intrigue qui est quand même assez plate ; le héros est un gros dégueulasse, mais même quand il fait des trucs ignobles, je n'arrivais pas à le détester complètement, je ne sais pas pourquoi, peut-être parce que son côté manipulateur m'intriguait... ! Et je me demandais toujours, quand il était avec des filles, dans quelle mesure il avait envie d'elles, et dans quelle mesure il ne les considérait que comme des instruments de sa vengeance... cette ambiguïté m'a intéressée. J'ai été un peu déçue par la fin, même si la dernière phrase m'a amusée. Ce roman est loin d'être un de mes préférés de l'auteur, mais il est quand même distrayant et habilement écrit, et ça me rassure un peu quand je pense qu'il a été écrit suite à un pari (il avait dit qu'il pourrait écrire un best-seller en dix jours), Boris Vian lui-même ne le considérait donc sans doute pas avec beaucoup de sérieux... mais j'aimerais lire les autres romans noirs de Boris Vian !



Vendredi 21 août 2009

http://bouquins.cowblog.fr/images/livres/orgueiletprejuges.jpg~> CHALLENGE ABC 2009, lettre A - 18ème livre lu <~
[ Matilda's Contest ]

Quatrième de couverture (première phrase du livre) : « C'est une vérité universellement reconnue qu'un célibataire pourvu d'une belle fortune doit avoir envie de se marier, et si peu que l’on sache de son sentiment à cet égard, lorsqu’il arrive dans une nouvelle résidence , cette idée est si bien fixée dans l’esprit de ses voisins qu’ils le considèrent sur le champ comme la propriété légitime de l’une ou l’autre de leurs filles »

Mon avis :  la société décrite dans ce roman correspond tout à fait à ce qui me fait horreur : un monde où la plupart des gens perdent leur temps et leur énergie en interminables mondanités, ne songent qu'à leur réputation et sont incroyablement hypocrites... la dénonciation des faiblesses de ce milieu est exécutée avec finesse et humour (le personnage de Mrs. Bennet notamment est ridicule), le style est remarquable, fluide et vivant. Au milieu tout cet univers répugnant malgré ses apparences raffinées, certains personnages plus nobles, tels qu' Elizabeth, Jane et Mr. Darcy, forment un délicieux contraste, ils m'ont beaucoup plus. J'ai beaucoup aimé également le décalage dessiné par l'auteur entre la façon dont les gens sont perçus par leur entourage, et qui ils sont réellement, et, par conséquent, l'évolution de leurs relations au fur et à mesure qu'ils apprennent à se connaître m'a passionnée ! une lecture vraiment excellente, que j'ai savourée pendant plusieurs jours - ce livre est le roman fétiche d'une amie qui m'est chère, toutes les critiques positives que j'ai pu lire au sujet de ce roman m'avaient mis l'eau à la bouche et j'attendais beaucoup de ce livre, et je n'ai nullement été déçue !

Films : je sais qu'il existe plusieurs adaptations, je n'en ai vu aucune pour le moment... j'ai été amusée de voir de nombreuses similitudes entre Mr. Darcy et le Darcy de Bridget Jones ;-)

Dimanche 30 août 2009

http://bouquins.cowblog.fr/images/livres/pauletvirginie.jpgQuatrième de couverture : Paul et Virginie grandissent en toute innocence dans un lieu isolé de l'Île de France - actuelle île Maurice - avec pour unique compagnie leurs mères, deux domestiques et un vieil indigène. Lovés dans la forêt vierge, ils connaissent des jours heureux. Mais bientôt Virginie cesse de voir en Paul un frère. Une lettre, qui oblige la jeune fille à rentrer en France, empêchera-t-elle à jamais l'union des deux amoureux ?

Mon avis :
whaouh, tout le début (le récit de leur enfance) est carrément paradisiaque, plein de nature magnifique et de sentiments formidables, un autre monde, les descriptions de l'île m'ont beaucoup plu, j'adore me laisser bercer par ce genre d'écriture... mais bon, je pense que si ça avait été ça pendant tout le bouquin, ça aurait fini par me lasser ;  au bout d'un moment, ça se gâte, du coup c'est (un petit peu) plus réaliste miam ! Surtout le dialogue entre le vieillard et le Paul, parmi les critiques de notre civilisation occidentale (qui a quand même un peu changé mais pas tant que ça), il y a pas mal de trucs que j'ai trouvés plutôt vrais, bien tournés et scotchants. Et puis à la fin, j'étais à fond dedans, même si je savais déjà comment ça allait finir (à cause de ma grand-mère, Minou, qui m'avait raconté cette histoire quand j'étais petite).
C'est un roman qu'on peut lire avec plusieurs points de vue contradictoires, alors ça donne au final une impression assez étonnante, mais je comprends tout à fait pourquoi Paul et Virginie sont considérés comme un couple mythique... une histoire d'amour démesurée, contée d'une façon désuète et charmante.

Extrait : "Qui voudrait vivre, mon fils, s'il connaissait l'avenir ? Un seul malheur prévu nous donne tant de vaines inquiétudes ! la vue d'un malheur certain empoisonnerait tous les jours qui le précèderaient. Il ne faut même pas trop approfondir ce qui nous environne ; et le ciel, qui nous donna la réflexion pour prévoir nos besoins, nous a donné les besoins pour mettre des bornes à notre réflexion."

"Un bon livre est un bon ami."

Vendredi 4 septembre 2009

http://bouquins.cowblog.fr/images/livres/lettrespersanes.gif
~> CHALLENGE ABC 2009, lettre M - 19ème livre lu <~

Quatrième de couverture : Usbek, un grand seigneur persan intelligent et désabusé, accompagné de son jeune ami Rica, plus malléable et enthousiaste, vient à Paris afin de découvrir les secrets et l'art de vivre du monde occidental. Les mœurs, les caractères, les types sociaux, le décor et la vie - tout les surprend et les pousse au parallèle avec leur propre monde. Puis, une fois surmonté le premier désarroi, cette société nouvelle révèle peu à peu ses fondements et ses lois, mais également ses drames. L'étranger d'abord étonné devient observateur politique, philosophe et quasi-sociologue avant l'heure : " Comment peut-on être persan ? " Si dès leur parution en 1721, les Lettres persanes rencontrent un considérable succès, c'est qu'au-delà du roman par lettres ce livre étrange et neuf est une chronique politique en même temps qu'un journal de voyage. C'est aussi un essai de morale, mais convenons qu'en Montesquieu le moraliste est gai, et que le ton de ses lettres est volontiers narquois. Voltaire, ainsi, a pu juger que, dans cet " ouvrage de plaisanterie ", " plein de traits annoncent un esprit plus solide que son livre ". En réalité, le livre est aussi solide que l'esprit car la leçon du roman est que l'impertinence est libératrice : l'écrivain accepte le monde où il vit, mais refuse d'en être la dupe.


Mon avis : difficile de juger cette lecture en la réduisant à une seule impression : autant certaines lettres m'ont beaucoup touchée, intéressée, fait sourire, autant d'autres m'ont laissée froide, je ne pense pas non plus les avoir toutes comprises ! Disons qu'en général, j'ai préféré les lettres parlant des femmes, des défauts des hommes, de la société en général, à celles traitant de politique et de religion ; j'ai admiré les arguments qu'a exposé l'auteur, notamment au sujet de la liberté des femmes ; jusqu'ici je n'avais réussi à envisager des arguments positifs justifiant la séquestrations de femmes dans des sérails, et même si je juge encore maintenant cette pratique assez ignoble, je me rends compte qu'il y a bien des façons différentes de voir les choses, au cours de ma lecture j'ai maintes fois été étonnée ; toutes les lettres parlant du sérail m'ont vraiment passionnée, en fait ! Il y a 150 lettres en tout, qui restent brèves (rarement plus de deux-trois pages, celles qui sont plus longues contiennent des histoires, des anecdotes la plupart du temps légères et divertissantes) ; on passe d'un sujet à l'autre sans transition, c'est donc très varié, il y a pas mal de destinataires différents, vers la fin je peinais un peu, finissant par trouver tout cela un peu décousu, étant lassée par certains sujets ; je pense que je relirai les Lettres Persanes quand j'aurai fini mes études, en étalant cette lecture sur plus longtemps, pour mieux savourer chaque lettre et ne pas avoir une impression de "saturation" vers la fin.

Dimanche 6 septembre 2009

http://bouquins.cowblog.fr/images/livres/refletsdansunoeildor.jpgQuatrième de couverture : Au début du siècle dernier, dans une garnison isolée du sud des Etats-Unis, le hasard tisse entre deux femmes et trois hommes des relations singulières. Rapports d'autorité, problèmes et conflits sexuels sont au cœur de l'intrigue que Carson Mc Cullers développe avec cette exquise subtilité qui lui est propre. Coloré tour à tour de lyrisme, de suspense et d'humour, ce roman bref et dense dévoile les modalités d'un drame imputable moins au hasard des situations qu'à la psychologie des personnages et aux ressorts inconscients qui inspirent souvent notre conduite à tous.

Mon avis : un livre étonnant et captivant, on a l'impression de connaître à fond ces personnages, d'être un peu les voyeurs de leurs actes les plus secrets et les plus incompréhensibles, impossible de comprendre véritablement leurs motivations, leurs pensées, et pourtant loin de me désintéresser de cette drôle d'histoire, j'ai été scotchée, parce que je me demandais vraiment ce qui allait survenir de tout cela, et pourquoi.
Chacun de ces personnages a sa place bien définie dans la société, une société bien particulière d'ailleurs, close et avec une hérarchie parfaitement établie (puisqu'il s'agit d'une garnison) : et on voit qu'au milieu de tout ce cadre qui pourrait être bien lisse et sans aventures notables, les personnalités humaines se détachent, agissent selon leur propres intérêts, qu'ils ne comprennent parfois pas eux-mêmes ; on voit toute l'hypocrisie déployée pour que ces gens parviennent à vivre ensemble malgré leurs profondes divergence, et, à l'inverse, les mystérieuses attirances entre des personnes qui n'auraient a priori rien à faire ensemble.
On voit alors la folie ordinaire de chacun, et jusqu'où elle peut mener quand chacun sort du rôle qui lui est défini... et le tout est raconté de façon si naturelle et à la fois brillante ! J'avais déjà lu Frankie Addams du même auteur, que j'avais beaucoup aimé, et j'ai vraiment envie de ne pas m'arrêter là dans mon exploration des oeuvres de Carson McCullers !

Vendredi 11 septembre 2009

http://bouquins.cowblog.fr/images/livres/001.jpgRésumé : Un pasteur marié d'un petit pays du Jura tient un journal. Il recueille chez lui la jeune Gertrude, aveugle de naissance et idiote. Pendant plusieurs années, le pasteur fait au mieux pour élever cette pauvre jeune fille. Jusqu'au jour où il comprend qu'il est amoureux d'elle. Jacques, son fils, a deviné les sentiments de son père à l'égard de Gertrude. Le problème : il est lui-même amoureux de la jeune fille. Un roman d'amour et de raison.

Mon avis : je n'ai pas réussi tout de suite à m'immerger dans ce roman, au début ce pasteur m'a semblé un peu trop sage, trop sérieux, trop plein de bons sentiments, et le style, très soigné, manquait de fluidité à mon goût, je trouvais ça un peu sec, un peu raide ; je n'ai commencé à apprécier vraiment ma lecture qu'à partir du moment où il parvient à communiquer avec Gertrude, ce personnage m'a beaucoup plu, sa vision partielle du monde et l'évolution des sentiments des différents personnages m'a intéressée, si bien que la fin est arrivée trop vite, j'aurais bien aimé que certaines choses soient un peu plus développées ! Un bon roman, mais après un démarrage un peu décevant, j'ai eu la sensation de rester un peu sur ma faim ; cependant j'aimerais lire d'autres livres de cet auteur, et j'aimerais bien voir le film réalisé à partir de ce roman.

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"La solitude, ça veut dire aussi : ou la mort, ou le livre." Marguerite Duras

Un livre au hasard

Il ne se passait rien...
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