Vendredi 20 mars 2009

Quatrième de couverture : « Je suivis son regard... A côté du vase, sur le napperon, un moulage de dents, les dents les plus tordues et irrégulières que j'aie jamais vues de ma vie. Il n'y avait pas de lèvres sur ce truc affreux, pas de mâchoires, juste des dents en plâtre plantées dans quelque chose qui ressemblait à d'épaisses gencives jaunâtres... Ca, c'est les dents d'Olla avant qu'on lui mette des appareils, dit Bud à Fran... Ma tête à couper que je ne sais pas pourquoi elle les garde. »
Des dents sur le poste de télévision, un bébé « tellement moche que je ne trouvais rien à dire », des gens très ordinaires, des vies simples et, miracle de l'écriture, le monde s'auréole d'une étrangeté presque métaphysique. Petites joies désolantes, infinie tristesse... Douze nouvelles de Raymond Carver. Douze univers clos, douze fascinantes variations sur la condition humaine

Mon avis : Chacune de ces nouvelles s'intéresse à un ou à plusieurs personnages, souvent à une famille, ou à un couple ; il s'agit de personnages simples, populaires, le ton peut sembler banal au premier abord, mais ces nouvelles sont en vérité bien plus profondes qu'elles ne le paraissent. Ce sont des nouvelles sans chute, ce qui déroute le lecteur au début ; mais ces nouvelles ne sont pas des photographies d'instants de vie prises au hasard, à chaque fois, on nous raconte un moment, une période bien particulière dans la vie de tous ces personnages paumés mais attachants, qui ont plein de problèmes, problèmes parfois triviaux, et pourtant rendus essentiels, captivants.
Les personnages nous apparaissent en déséquilibre, nous les "rencontrons" par le biais de la lecture à un tournant de leur vie, tournant très discret et subtil parfois ; l'auteur nous laisse voir ces moment très bizarres où on a l'impression que plus ou moins imperceptiblement, les "choses" changent, ou bien auraient pu changer, auraient dû changer... ces nouvelles sont souvent le constat d'un échec, empreintes de regret... elle sont tristes, voire désespérantes, mais tellement vraies. En bref c'est un recueil qui m'a vraiment touchée, et dont je vous recommande la lecture et la relecture !

Mercredi 22 juillet 2009

http://bouquins.cowblog.fr/images/livres/41B207AEA7LSS500.jpgQuatrième de couverture : Au cœur des Carpathes dans le sombre château de Brankovan, les princes Grégoriska et Kostaki s'affrontent pour conquérir la belle Hedwige. Or Kostaki est un vampire qui revient chaque nuit assouvir sa soif de sang auprès de la jeune femme devenue l'objet d'une lutte sans merci entre les deux frères. Une étrange histoire pleine de romantisme et de fantastique où l'angoisse le dispute au romanesque...

Mon avis : une nouvelle bien écrite (je n'avais jamais lu Dumas avant), avec quelques passages angoissants, et l'amour courtois de Gregoriska m'a fait penser à l'amour courtois décrit par Chrétien de Troyes et compagnie au Moyen Âge... mais  une histoire bien trop brève à mon goût... (90 pages, mais écrit très gros). On sait peu de choses sur les personnages, sur le vampire lui-même, et le fait que les deux hommes tombent amoureux de la jeune femme m'a semblé un peu banal... plaisant à lire, mais je pense que cette nouvelle ne me laissera pas un souvenir très marquant. Je l'aurais peut-être mieux appréciée si je l'avais lue au sein d'un recueil, là je reste un peu sur ma faim.

Mercredi 29 juillet 2009

http://bouquins.cowblog.fr/images/livres/contescruels.jpg~> CHALLENGE ABC 2009, lettre V - 12ème livre lu <~

Quatrième de couverture : " Noir et cher scélérat, à toute heure, je lis les Contes, depuis bien des jours ; j'ai bu le philtre goutte à goutte... Tu as mis en cette oeuvre une somme de Beauté extraordinaire. La langue vraiment d'un dieu partout ! Plusieurs de tes nouvelles sont d'une poésie inouïe et que personne n'atteindra : toutes, étonnantes." (Mallarmé à Villiers de l'Isle-Adam).
" J'ai connu un certain nombre d'hommes qui ne vivaient qu'aux cimes de la pensée, je n'en ai pas rencontré qui m'aient donné aussi nettement, aussi irrévocablement l'impression du génie." (Maurice Maeterlinck).
 
Mon avis : j'avais envie de lire ce recueil depuis qu'on avait eu une dissertation à faire sur "Véra", en seconde : cette nouvelle fantastique m'avait impressionnée. J'ai été d'abord un peu déçue de m'apercevoir que, sur 28 nouvelles, très peu (2-3) appartiennent en fait au registre fantastique ; sur un ton parfois oral, parfois très poétique, Villiers de L'Isle-Adam dénonce l'hypocrisie des hommes facilement manipulables, le pouvoir de l'argent, les dérives des progrès techniques ; il utilise beaucoup l'humour noir, l'ironie, plusieurs de ses nouvelles se présentent comme des apologues avec des chutes frappantes qui font froid dans le dos, et où l'on décèle une relative misanthropie de l'auteur. J'ai beaucoup apprécié son style, certaines nouvelles vont me marquer je pense ! ("Le Convive des Dernières Fêtes" m'a donné un cauchemar il y a deux nuits...). Seule la dernière nouvelle, "L'Annonciateur", m'a déplue, je l'ai trouvée trop descriptive et plutôt hermétique, elle m'a semblé indigeste...  Enfin, ce recueil est très riche, je pense que je prendrai plaisir à le relire plusieurs fois dans ma vie !

Lundi 3 août 2009

http://bouquins.cowblog.fr/images/livres/407758630Ljpg.gifQuatrième de couverture : À la fin du XVIIIe siècle, un vallon ensommeillé sur les bords de l'Hudson où vit une paisible communauté d'origine hollandaise... La légende qui s'y colporte d'un fantômatique cavalier furieux vient à menacer la quiétude de ses habitants. On raconte qu'il décapite dans sa course folle tous ceux qu'il rencontre, et lui-même serait sans tête...
Sur un ton parodique, Washington Irving (1783-1859) brocarde un rêve américain qui tourne rapidement au cauchemar. La Légende du Cavalier sans tête constitue une surprenant mélange d'enchantement et de fantastique.
Tim Burton s'est approprié cet univers pour en donner une version très noire dans son film, Sleepy Hollow.


Mon avis : J'adore le film de Tim Burton et j'ai donc lu cette nouvelle de 70 pages par curiosité, pour voir quelles sont les différences entre le livre et le film, et j'ai été bien étonnée ! Le fait d'illustrer cette nouvelle avec une image du film n'a pas beaucoup de sens tant les deux oeuvres sont différentes ! Les personnages, tout comme l'intrigue, n'ont rien en commun ou presque : il n'y aucun meurtre, le Cavalier sans Tête a peu d'importance dans la nouvelle, Ichabod Crane n'est en aucun cas un détective moderne venu de New York, il n'est qu'un instituteur peureux vivant à Sleepy Hollow (qui est appelé "le Val Dormant"), Katrina n'est pas amoureuse de lui, etc. Je ne peux donc que saluer l'extrême inventivité de Tim Burton et des scénaristes !

Pour autant, loin de moi l'idée de déprécier la nouvelle de Washington Irving, qui a son intérêt, mais il est assez inutile d'essayer de la juger exclusivement sur la base d'une comparaison avec le film... autant l'univers de Burton est noir, autant la nouvelle nous laisse voir un univers, certes un peu étrange, mais surtout très pittoresque, avec une narration plutôt légère (l'auteur porte un regard assez ironique sur Ichabod lorsque celui-ci se met en tête de séduire Katrina...), et des descriptions savoureuses de paysages, de bons petits plats... et si la fin est assez sombre et nous laisse perplexe, la tonalité générale de la nouvelle est plutôt bucolique, avec ici et là quelques touches de merveilleux. Un style intéressant, j'aimerais lire d'autres œuvres de cet auteur que je ne connaissais absolument pas.

Mardi 11 août 2009

http://bouquins.cowblog.fr/images/livres/clezio.jpgQuatrième de couverture : Daniel ne parle presque pas et n'a pas d'amis. On dirait qu'il dort les yeux ouverts. Il a l'air de venir d'ailleurs. Il aurait pu s'appeler Sindbad le Marin, dont il a lu les aventures, le seul livre qu'il connaisse par cœur : son regard ne s'anime que lorsqu'on lui parle de mer et de voyages. Mais la mer, il ne l'a jamais vue. Alors, un jour de novembre, sans rien dire à personne, il s'en va pour ne plus jamais revenir...

Mon avis : une nouvelle poétique qui ressemble assez à Lullaby, du même auteur ; l'histoire d'un garçon passionné par la mer avant même de la connaître, fugue pour aller vivre auprès d'elle en solitaire, en harmonie avec la nature... les descriptions de la mer sont très belles, elle est considérée comme un personnage à part entière. Moi non plus, je ne connais guère la mer, et cette nouvelle me fait rêver, je l'avais déjà lue en cinquième, ma prof de français me l'avait conseillée et prêtée, à peu près en même temps que Lullaby.

La nouvelle qui suit, La Montagne du dieu vivant, raconte une histoire similaire, le héros est aussi un jeune garçon qui a soif de nature, il s'appelle Jon et décide d'escalader la montagne à côté de chez lui ; arrivé au sommet, il fait la rencontre d'un enfant mystérieux, une sorte de Petit Prince des montagnes... une nouvelle sympathique, mais j'ai nettement préféré la première, peut-être parce que je préfère la mer à la montagne, qu'elle m'intrigue plus; malgré les illustrations et les descriptions, je n'arrivais pas à imaginer cette montagne aussi bien que j'ai pu me représenter la mer de Daniel...

Samedi 15 août 2009

http://bouquins.cowblog.fr/images/livres/lodge.jpgQuatrième de couverture : Du rire aux larmes, c'est tout un éventail de son art de conteur que David Lodge nous offre. L'auteur, dans une introduction passionnante, situe ces nouvelles, écrites entre 1966 et 1992, en relation à la fois avec sa vie et avec ses romans. Trois histoires d'hiver et trois histoires d'été, typiquement "lodgiennes".

Mon avis : Ce petit recueil de 6 nouvelles m'a bien plu : certaines évoquent des vacances de personnes tout à fait "normales", couple adulte qui découvrent le monokini en France ("l'hôtel des paires et de l'impair") ou quatuor d'adolescents qui s'éveillent à la sexualité dans les années 50 ("sous un climat maussade") à qui il arrive des anecdotes amusantes, et en tout cas très réalistes ; trois autres nouvelles mettent en scène des personnages d'enfants : "mon premier job", "l'avare" (où il est question de feux d'artifices) et "pastorale" (où un jeune voudrait profiter de la mise en scène d'un spectacle organisé au sein d'une association religieuse pour sortir avec une fille) ; autour de ces personnages banals et sympathiques, sont narrées des épisodes frappants de leur vie, ou des anecdotes amusantes ou fâcheuses, souvent les deux à la fois - anecdotes fréquemment liées à la sexualité, sans que cela soit le sujet principal de la nouvelle la plupart du temps - et tout cela est très réaliste et agréable à lire ; la nouvelle éponyme du recueil, "l'homme qui ne voulait plus se lever", est différente des autres, plus sombre, puisqu'il s'agit d'un homme renonce à la vie ; mais la chute tragi-comique rattache finalement cette nouvelle au ton du reste du recueil. Des nouvelles bien sympathiques qui me donnent envie de partir à la découverte des autres oeuvres de cet auteur dont je n'avais jamais entendu parler auparavant.

Dimanche 16 août 2009

http://bouquins.cowblog.fr/images/livres/assis.jpgQuatrième de couverture : Une anthologie de contes et de chroniques du grand auteur brésilien, choisis pour présenter le cheminement philosophique de l'auteur: depuis la « Théorie du médaillon », manuel à l'usage. des arrivistes, jusqu'au « Miroir » qui révèle l'absence de moi, en passant par le cynisme et l'égoïsme. On découvre l'humour noir et décapant de sa vision du monde à travers quelques histoires bien racontées.

Mon avis : un livre que j'étais censée lire pour les cours mais que je ne lis que maintenant. Dans toutes ces nouvelles, il est question de l'individu en rapport avec le reste du monde, avec la société qui l'entoure ; ainsi, on lit des histoires de foules manipulées par des discours aussi brillants que mensongers, de gens qui deviennent orgueilleux car on parle d'eux dans le journal, de personnes incapables de rester seules... en tout, douze nouvelles, souvent ironiques, variées et agréables à lire, mes préférées sont peut-être "dernier chapitre", où un homme malchanceux expose les raisons de son suicide imminent, et "des idées de canari". En fait j'ai passé un bon moment, mais je ne sais pas si toutes les nouvelles vont vraiment me marquer (mais pour certaines, je suis sûre que oui). Comme je suis dans ma période "j'aime pas les gens", j'ai tendance à être assez en accord avec la vision du monde que nous propose l'auteur...

Mardi 18 août 2009

http://bouquins.cowblog.fr/images/livres/lanouvellerevee.jpgQuatrième de couverture : « Je ne sais chanter d'autre chant que celui trop familier de l'amour, du jeu et de la mort », écrivait Arthur Schnitzler. Exemplaire de cette triple obsession, La Nouvelle rêvée, chef-d'œuvre d'érotisme et de fantastique achevé en 1925 après une genèse de dix-sept ans, fascina Stanley Kubrick qui s'en inspira pour son dernier film Eyes wide shut. A Vienne durant le carnaval, Fridolin, qui est médecin, est appelé au chevet d'un mourant. Après la mort de son patient, il se trouve entraîné dans une soirée masquée. Mots de passe, femmes voilées, musique suave... tout concourt au mystère et au sentiment d'irréalité. De son côté, dans la même nuit, Albertine, son épouse, va vivre en rêve des aventures analogues empreintes d'une trouble sensualité. Entre les songes pervers de la femme et les transgressions « vraies » de l'homme, la réalité clignote et se trouble.

Mon avis : une nouvelle d'une centaine de pages que j'ai eu envie de lire, d'une part parce que j'adore le film Eyes wide shut et que j'étais donc curieuse de lire l'œuvre qui l'a inspiré,et d'autre part parce que j'ai déjà lu Mademoiselle Else d'Arthur Schnitzler et ça m'avait beaucoup plu. Je pensais qu'il y aurait plus de différences entre les deux œuvres, mais en fait le film est assez fidèle à la nouvelle, certains éléments de l'intrigue ont été modifiés, plus développés, et le cadre spatio-temporel a été changé, et le livre, même s'il est considéré (dixit la quatrième de couverture) comme un "chef d'oeuvre d'érotisme et de fantastique", il est quand même bien plus soft que le film, où l'on voit de façon bien plus explicite ce qui se passe... le style du livre est assez "classe", il n'y a aucune description crue, toutes les scènes où il est question de sexe sont évoquées de façon plus suggestive... c'est une autre manière de montrer les choses, qui est tout aussi intéressante, puisqu'il est plutôt fait appel à l'imagination du lecteur.
J'ai beaucoup apprécié cette nouvelle, car, tout en étant replongée dans l'atmosphère de Eyes wide shut, j'ai eu accès aux pensées du mari, Fridolin, on sent bien sa fragilité, son côté paumé, et c'est peut-être un plus par rapport au film (même si dans le film aussi, on sent bien quel est l'état d'esprit du mari !) Et, dans le livre comme dans le film, l'énigme qui entoure la fameuse soirée n'est pas véritablement résolue, j'ai apprécié que cette part de mystère soit conservée, tout expliquer aurait été dommage... Deux œuvres qui se complètent et que je vous recommande !

Mardi 15 septembre 2009

http://bouquins.cowblog.fr/images/livres/onzehistoiresdesolitude.jpgQuatrième de couverture : Dans ce recueil de nouvelles, Richard Yates nous offre onze variations sur un même thème : la solitude. Solitude de l'enfant à l'école (Docteur jeu de quilles) ; de l'homme à l'armée (Quand Jimmy reverra sa brune) ; solitude à deux du couple (Tout le bonheur du monde) ; solitude des vieillards malades (Fini l'an'ieux, 'ive l'an neuf). Autant de visages de ce mal moderne, autant d'aspects du talent si divers de Richard Yates.

Mon avis : J'aime, j'aime, j'aime ! Un recueil qui raconte des histoires qui pourraient être banales, si elles ne mettaient pas en lumière les failles de ces individus de façon si brillante... dans chacune de ses nouvelles, il y a un petit truc cruel qui fait que, pour diverses raisons, un personnage ne rentre pas "dans le moule", et à cause de cela il se détache de tous les autres, l'auteur nous montre avec subtilité sa différence (la solitude de chacun de ses personnages n'est pas toujours évidente, on ne la comprend parfois qu'à la fin de la nouvelle), c'est souvent cruel, souvent triste, mais c'est très juste, c'est tout à fait le genre de bouquin qui nous rend plus humain, qui nous donne envie d'être plus attentif aux autres, à leur fragilité. J'ai retrouvé dans ce recueil ce regard qui m'avait tant frappée dans La Fenêtre Panoramique.... la tonalité de ces nouvelles m'a aussi un peu fait penser au recueil de David Lodge que j'ai lu récemment, l'Homme qui ne voulait plus se lever (mais pour le coup ma préférence va à Yates !) J'ai très envie de lire tous les autres livres de cet auteur dont j'apprécie grandement la plume et la sensibilité ! (sauf qu'apparemment seuls les deux livres que j'ai lus ont été traduits en français pour le moment... -_-)

Lundi 21 septembre 2009

http://bouquins.cowblog.fr/images/livres/woodyallen.jpgQuatrième de couverture : " Ce que je sais, en physique, c'est que pour un homme se tenant sur la berge, le temps passe plus vite que pour celui qui se trouve en bateau -surtout si ce dernier est avec sa femme. "
Dans l'erreur est humaine, Woddy Allen renoue avec un sens du décalage, de la dérision et de l'absurde qui rappelle l'esprit de ses premiers films. Avec, comme toujours, des dialogues à hurler de rire.

Mon avis : Ohlàlà, grosse déception, j'ai eu un mal fou à le finir ! Je crois que je ne suis tout simplement pas réceptive à ce genre d'humour, ce recueil m'a agacée pour de multiples raisons ; Il s'agit toujours plus ou moins du même sujet : des individus riches (ou pauvres mais persuadés qu'ils feront fortune car convaincus de leur talent) se laissent embarquer dans des histoires rocambolesques et, à cause de leur bêtise, finissent ruinés ou échappent de peu à une catastrophe ; bien sûr il ne faut pas prendre tout cela au premier degré, Woody Allen se moque clairement des personnes superficielles obsédées par l'argent, la réputation... mais c'est un milieu qui a tendance à m'indifférer (pour ne pas dire m'ennuyer) profondément. Toutes ces nouvelles sont vraiment trop répétitives, et le style, souvent alambiqué pour donner un côté pédant risible, a fini par m'incommoder, ça manque vraiment de naturel, et j'ai trouvé ça très lourd ! A de multiples reprises, l'auteur évoque des oeuvres qui n'existent pas et nous en livre de longs extraits, des scénarios notamment, mais chacune d'entre elle m'a semblé une digression trop longue, et ce n'est parfois qu'à la fin de la nouvelle que je m'apercevais qu'il s'agissait en effet de son véritable sujet.

Les seules nouvelles que j'ai vraiment appréciées sont celles qui sortent un peu du lot, comme "Ainsi mangeait Zarathoustra", et "Sans foi ni matelas", dont j'ai savouré le côté absurde très poussé, mais globalement mon impression sur ce recueil est très négative...

Extrait : "A minuit ce soir-là, sur la route d'Amarillo, Texas, deux personnes roulaient à grande vitesse à bord d'une Ford rouge. De loin, les plaques d'immatriculation paraissaient authentiques, mais à y regarder de plus près on voyait bien qu'elles étaient en pâte d'amandes. Le chauffeur avait sur l'avant-bras droit un tatouage "PAIX, AMOUR, DECENCE". Lorsqu'il remontait sa manche gauche, un autre tatouage apparaissait : "Erreur d'impression - Ne pas tenir compte de l'avant-bras droit."

Vendredi 25 septembre 2009

http://bouquins.cowblog.fr/images/livres/commetouslesapresmidi.jpgQuatrième de couverture : Alieh, Rowshanak ou Raheleb sont souvent à leur fenêtre. Entre le riz pilaf aux lentilles et les pétunias, le voile et une paire de bas, le mari, les enfants, les aïeuls ou les voisines, elles guettent ce qui va venir conforter ou bousculer leurs habitudes. Au fil des saisons et des générations de femmes, flotte sur Comme tous les après-midi un parfum de mystère étrange et pénétrant. Par touches légères, prégnantes, se dessine en filigrane, parfois à la lisière du fantastique, un portrait discret mais audacieux de la femme iranienne. Par la simplicité et la sobriété de son style, Zoyâ Pirzâd épingle comme un papillon rare la fuite du temps et déjoue d'un regard incisif les pièges de la vie quotidienne.

Mon avis : toutes ces nouvelles sont très courtes, et écrites dans un style simple. J'ai vraiment apprécié cette lecture pour l'impression de sérénité qui s'en dégage... les préoccupations de ces femmes tournent le plus souvent autour de leur famille - leur mari en particulier -, leur maison, leur jardin, leur voisinage, et les tâches domestiques : a priori, cela paraît assez ennuyeux et médiocre, mais ce recueil nous aide justement à démonter ces préjugés en décrivant ce petit monde avec subtilité, en nous montrant son charme  ! Cet univers clos et calme est vivant, plein de petites anecdotes, d'amour souvent, et même de fantaisie. En nous racontant des instants de vie concrets, l'auteur nous incite à reconsidérer les choses (la vie de femme au foyer par exemple) sous un autre angle que notre point de vue occidental habituel, et j'ai trouvé ça enrichissant, et dépaysant... une très belle lecture pour moi !

Lundi 28 septembre 2009

http://bouquins.cowblog.fr/images/livres/nouvellessousecstasy.jpgQuatrième de couverture : "Dans les années 1980, une nouvelle drogue fit son apparition dans les milieux noctambules : le MDMA, dit "ecstasy". Cette "pilule de l'amour" procurait d'étranges sensations : bouffées de chaleur, envie de danser toute la nuit sur de la techno, besoin de caresser les gens, grincements de dents, déshydratation accélérée, angoisse existentielle, tentatives de suicide, demandes en mariage. C'était une drogue dure avec une montée et une descente, comme dans les montagnes russes ou les nouvelles de certains écrivains américains. L'auteur de ce livre n'en consomme plus et déconseille au lecteur d'essayer : non seulement l'ecstasy est illégal, mais en plus il abîme le cerveau, comme le prouve ce recueil de textes écrits sous son influence. Et puis, avons-nous besoin d'une pilule pour raconter notre vie à des inconnus ? Alors qu'il y a la littérature pour ça ?" F.D.

Mon avis : Mouais. L'ensemble de ce recueil est amusant à lire, et surtout, vite lu. Les 4 premières nouvelles surtout m'ont plu : "Spleen à l'aéroport de Roissy-Charles-de-Gaulle", "un texte démodé", "le jour où j'ai plu aux filles" (pour sa chute rigolote) et "la première gorgée d'ecstasy". Les titres font référence à des œuvres célèbres, et le style est plein d'aphorismes.... c'est distrayant au début mais il y en a justement un peu trop parfois, et certains sont plutôt faciles ! Je n'aime non plus la façon dont Beigbeder parle de sexe, problème, il en parle beaucoup, et malgré la brièveté du recueil (100 pages), j'ai vite trouvé ça lourd. Et au final toutes ces nouvelles sont plutôt répétitives : tout le temps plus ou moins dans le même milieu (débauche de riches), un milieu qui, comme je l'ai déjà dit de nombreuses fois, ne m'intéresse pas, et que je n'ai pas envie de plaindre.
Comme avec 99 francs, j'ai eu l'impression que l'auteur crache dans la soupe : il dénonce plus ou moins un système dont il profite complètement... prendrait-il un peu ses lecteurs pour des cons ? Une lecture sympa (pour les 4 premières nouvelles ! :p) mais tout juste, étant donné que j'ai été agacée par de nombreux aspects de ce recueil.

Extrait : "Aucun souvenir de la veille, aucun projet pour le soir. Pour le moment, il suffira d'écouter de la musique classique en se reflétant dans la télévision éteinte. Ou de fixer le plafond en pensant à des images pornographiques trop compliquées à retranscrire ici. Bon sang, que peut-on faire pour retrouver le mouvement ? Se retenir de gerber ne prouve rien. Attendre que le siècle s'achève. Il meurt de mort lente." (in "texte démodé")

Mardi 6 octobre 2009

http://bouquins.cowblog.fr/images/livres/crisedasthme.jpg
Quatrième de couverture :
Minimalistes, fantastiques, provocateurs, ces quarante-huit « textes-clips » d’Etgar Keret sont autant de plongées dans un univers littéraire inédit. Ecrits en état d’urgence, le souffle coupé, ils se jouent de la vraisemblance, font exploser les représentations attendues, brouillent les pistes, et leur brièveté redoutable ne les rend que plus pates à embrasser l’inquiétante absurdité d’un monde à la dérive. L’écrivain israélien le plus insolent et le plus salutaire de sa génération a inventé en littérature une écriture fort singulière : celle de la violence instantannée, quotidienne, qu’accompagne toujours son antidote – une poignée de valeurs sans lesquelles notre planète finira par tourner sans nous.

Mon avis : il y a quelques mois, j’ai vu et adoré Le sens de la vie pour 9,99$, film d’animation en stop-motion réalisé par Tatia Rosenthal et qui s’inspire de plusieurs nouvelles tirées de ce recueil-ci, et d’un autre recueil intitulé Pipelines. J’ai été contente de retrouver dans ce recueil certains passages qui m’avaient ravie dans le film, et plus globalement, ce recueil et le film partagent le même esprit : la vision du monde que nous propose l’auteur est originale, empreinte de fantastique mais triste à la fois, tantôt charmante, mais le plus souvent désespérée, les idées des enfants cohabitent difficilement avec cel, les hommes sont victimes de compagnes finalement décevantes, incompréhensibles et cruelles, toujours insatisfaites… un monde étrange, plaisant à lire, les nouvelles s’enchaînent souvent de façon cohérente  (un thème, un objet abordé à la fin d’une nouvelle est  parfois l’élément déclencheur de la suivante) ; si bien que le tout forme un univers possible.



 

Voici la nouvelle éponyme, qui clôt le recueil :

« Quand on a une crise d’asthme, on manque d’air. Quand on manque d’air, on a du mal à parler. La phrase est bloquée par la quantité d’air qu’on peut sortir des poumons. C’est bien peu, environ trois à six mots. Çe n’est pas comme les gens sains qui sortent tous les mots accumulés dans leur tête, comme on sortirait des poubelles. Pendant une crise, quand quelqu’un vous dit « Je t’aime » ou « Je t’aime beaucoup », il y a une différence. Celle d’un mot. Et un mot c’est beaucoup, parce que ça peut être « s’asseoir », « Ventoline » ou même « ambulance ».

Mardi 20 octobre 2009

http://bouquins.cowblog.fr/images/livres/51YX8NFFX5LSS500.jpgQuatrième de couverture : J'aimais éperdument la Comtesse de ... ; j'avais vingt ans, et j'étais ingénu ; elle me trompa, je me fâchai, elle me quitta. J'étais ingénu, je la regrettai ; j'avais vingt ans, elle me pardonna : et comme j'avais vingt ans, que j'étais ingénu, toujours trompé, mais plus quitté, je me croyais l'amant le mieux aimé, partant le plus heureux des hommes. Elle était amie de Mme de T..., qui semblait avoir quelques projets sur ma personne, mais sans que sa dignité fût compromise. Comme on le verra, Mme de T... avait des principes de décence auxquels elle était scrupuleusement attachée.

Mon avis : un conte que je vais étudier dans le cadre de mon cours sur la littérature française du XVIIIème siècle. Il s'agit d'un conte libertin, mais le langage utilisé n'est pas du tout cru, il est au contraire "gazé". L'action est rapide, cela se lit très vite (mais certains de mes camarades ne sont pas du tout de mon avis), et ce qui fait surtout l'intérêt de ce conte, c'est le décalage entre le style... comment dire ? Très correct et délicat, et le contenu même du livre, complètement immoral... dans un univers assez proche de celui de la Princesse de Clèves, on voit une anecdote qui montre la légèreté des moeurs de certaines personnes de l'époque, et j'ai trouvé ce conte plutôt amusant à lire !

Deux versions sont proposées dans mon édition : la version de 1812, présentée en premier (la quatrième de couverture correspond à l'incipit de cette version), et la version de 1777, qui commence ainsi : "La comtesse de ... me prit sans m'aimer, continua Damon : elle me trompa. Je me fâchai, elle me quitta : cela était dans l'ordre. Je l'aimais alors, et, pour me venger mieux, j'eus le caprice de la ravoir, quand, à mon tour, je ne l'aimais plus."  Le héros est un peu plus ingénu dans la version de 1812, qui est également plus rythmée je trouve, mais à part ça, il n'y a presque aucune différence, ce qui m'a un peu déçue, j'espérais une plus grande divergence entre les deux versions, pourquoi pas une fin alternative ? ^^ quoiqu'il en soit, ça a été pour moi une lecture agréable, que je vous conseille si vous désirez connaître une courte œuvre libertine au style élégant.

Lundi 21 décembre 2009

http://bouquins.cowblog.fr/images/livres/unchantdenoel.jpg(titre original : A Christmas Carol, aussi traduit par : Un conte de Noël / Le drôle de Noël de Scrooge)

Résumé :
Le soir de Noël, un vieil homme égoïste et solitaire choisit de passer la soirée seul. Mais les esprits de Noël en ont décidé autrement. L'entraînant tour à tour dans son passé, son présent et son futur, les trois spectres lui montrent ce que sera son avenir s'il persiste à ignorer que le bonheur existe, même dans le quotidien le plus ordinaire.

Mon avis : je connaissais déjà cette histoire grâce à deux adaptations animées : Le Noël de Mickey (cliquez  pour voir en ligne la première partie, et la deuxième partie est ), mais surtout, un dessin animé peu connu (je crois me souvenir que l'animation n'était pas très fluide), Le Noël de Mr Scrooge, qui m'avait enchantée quand j'étais petite. Aujourd'hui, comme vous le savez certainement, Disney propose une nouvelle adaptation de ce conte, Le Drôle de Noël de Scrooge (que je n'ai pas eu l'occasion de voir), et je me suis souvenu à cette occasion qu'un conte de Dickens était à l'origine de ces différentes adaptations, et j'ai donc décidé de le lire enfin.

Cette lecture ne m'a pas vraiment surprise, les adaptations que j'ai vues sont assez fidèles au conte original il me semble (mais mes souvenirs sont quand même un peu flous)., et puis  on devine très rapidement quelle va être l'issue du conte. On peut peut-être reprocher à Dickens un goût pour le pathétique, que j'avais déjà moyennement apprécié dans Olivier Twist, ici les descriptions de la misère de certains personnages, et de leur bonté par contraste, m'ont paru exagérées, c'est vraiment plein de bons sentiments... Le fait que Mr Scrooge change radicalement son comportement en si peu de temps - dès l'arrivée du second spectre il est tout plein de bonne volonté - est peu crédible, mais je pense qu'il ne faut trop chercher de réalisme dans ce conte qui de toute façon s'inscrit dans le genre du fantastique, puisqu'il s'agit d'une histoire de fantômes. J'ai trouvé ce conte très bien écrit, le style est rendu vivant par de fréquentes adresses au lecteur, et les descriptions détaillées des situations m'ont bien plu. L'ensemble est bien mignon, quoique moralisateur -_- et me semble accessible à un public assez jeune (mais pas trop quand même), qui sera peut-être plus sensible que moi à l'"Esprit de Noël" que prône l'auteur dans ce conte ? (ouille, ça me vieillit de dire ça, mais c'est sans doute vrai malgré tout :/ !) Une petite lecture agréable pour moi, mais un peu décevante si je la compare à mon émerveillement  enfantin, la première fois que j'ai vu le premier dessin animé...

Note : Je me suis aperçu après avoir commencé ma lecture que ce livre était la lecture commune choisie pour le club de lecture de Livraddict. Vous pourrez donc dénicher sur le forum, dans la section Lectures communes, différents avis sur divers aspects de ce conte.

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"Lire, c'est voyager ; voyager, c'est lire." Victor Hugo

Un livre au hasard

Il ne se passait rien...
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