Samedi 30 octobre 2010

http://bouquins.cowblog.fr/images/livres/bartlebylescribe.jpgQuatrième de couverture : “Je préférerais ne pas” : telle est la réponse, invariable et d’une douceur irrévocable qu’oppose Bartleby, modeste commis aux écritures dans un cabinet de Wall Street, à toute demande qui lui est faite. Cette résistance absolue, incompréhensible pour les autres, le conduira peu à peu à l’isolement le plus total.
Bartleby, s’il n’a pas l’ampleur de Moby Dick et Pierre ou les ambigüités compte pourtant parmi les écrits les plus importants d’Herman Melville (1819-1891). Les thèmes existentiels de ses romans d’aventures y sont transposés, avec une tension comparable, dans la simple histoire de la vie d’un employé.
Ce texte bref, mais aux significations inépuisables, a exercé une fascination durable sur des écrivains et philosophes comme Maurice Blanchot, Georges Bataille, Michel Foucault ou Gilles Deleuze.

Mon avis : cette nouvelle m'a été conseillée par Ludo, qui m'a rappelé qu'elle a inspiré Georges Perec pour Un homme qui dort (qui est un de mes livres fétiches, on ne le dira jamais assez). On note en effet chez les deux personnages le même refus de jouer le jeu de la vie en société (de la vie tout court pourrait-on dire si on considère comme "la vie" l'état d'esprit commun à tous qui consiste à penser qu'on doit faire quelque chose de notre existence, l'animer par des activités, interagir un minimum avec nos congénères etc...)

Je ne m'attendais pas néanmoins à ce que les deux œuvres soient si différentes ! Ce n'est pas un reproche, j'ai bien aimé Bartleby (mais en effet, mon admiration pour Un homme qui dort est bien supérieure), mais malgré leurs grandes similitudes, par certains aspects elles m'ont semblé inverses : dans Un homme qui dort, bien que le récit soit à la deuxième personne du singulier, on a le point de vue interne de notre rebelle indifférent à tout... il ne prend pas vraiment en compte la présence des autres, ou plutôt, il les observe mais ces passants sont plus examinés comme des objets que comme des personnages avec qui il pourrait communiquer par exemple. Il est donc physiquement (et mentalement bien sûr) seul, et il ne travaille pas (son état commence même par le fait qu'il ne se rende pas à un examen).

Dans la nouvelle de Melville, c'est assez différent : le récit est à la première personne du singulier, mais le narrateur est celui qui sera le patron de Bartleby, et non pas Bartleby lui-même.... on a donc un point de vue extérieur sur son comportement, et il n'est pas physiquement isolé du reste du monde, puisque (pendant un certain temps du moins) il travaille. J'ai d'abord été un peu déçue quand j'ai compris qu'on ne connaîtrait jamais ses pensées : Bartleby est un personnage bien plus impénétrable que mon homme qui dort... mais d'un autre côté, avoir le point de vue d'un personnage extérieur est intéressant, et on ne l'a pas du tout dans l'oeuvre de Perec. Les fins des deux œuvres sont aussi diamétralement opposées ! Dans un certains sens, même si Bartleby semble au premier abord plus "normal", moins déconnecté du monde parce qu'il travaille, on s'aperçoit peu à peu qu'il est un personnage encore plus radical, qu'il va encore plus loin ; on peut se sentir complice du héros de Perec, se reconnaître en lui, le comprendre intimement, tandis que Bartleby reste inaccessible, le lecteur n'est pas plus avancé, pas plus proche de lui que ne le sont les gens qui le côtoient.

Comme toute notre connaissance du personnage de Bartleby nous est transmise par le témoignage d'un personnage, j'avais aussi un peu peur que ce personnage soit trop fermé, qu'il ne cherche pas du tout à comprendre Bartleby, mais le narrateur qui nous est proposé est au contraire lucide et sympathique ! Son ton est toujours clair, j'ai aimé la présentation qu'il fait de son bureau et de ses employés avant d'introduire le personnage qui nous intéresse le plus. Ses deux collègues principaux, Dindon et Lagrinche, sont dépeints avec humour, et même s'ils ne sont pas forcément très crédibles (le premier est calme et efficace le matin, nerveux et fatigant l'après-midi, quand à l'autre... c'est l'exact inverse bien sûr), il forme un duo remuant comique qui constrastera évidemment beaucoup avec le comportement immuable de Bartleby.

Etant donné sa fonction, on pourrait s'attendre à ce que le narrateur soit autoritaire et sans indulgence... mais ce drôle de patron va au contraire faire preuve de beaucoup de compréhension (il va essayer en tout cas), et même si cet incroyable Bartleby va rapidement le gêner, il sera le seul à avoir de la compassion à son égard, et se sentira même responsable de lui. A la fin, j'ai même eu plus pitié de notre pauvre narrateur que de Bartleby : Bartleby est un personnage assez grandiose, tragique même, et même si ça n'est pas développé, je pense que le narrateur se sent un minimum coupable de ce qui lui arrivera... culpabilité pourtant injuste car il le personnage le plus méritant, le plus humain, et si on devait juger Bartleby sévèrement, on pourrait en venir à la conclusion que son comportement n'est peut-être que l'expression d'une folie et d'un égoïsme hors du commun, et le narrateur était de toute façon impuissant face à un tel phénomène ! Bartleby est en réalité un personnage effrayant et déprimant car il met en évidence la vanité naturelle de notre condition humaine en nous faisant prendre conscience de la futilité de toute notre agitation, qui de toute façon nous mènera tous à la même fin.

Vendredi 5 novembre 2010

http://bouquins.cowblog.fr/images/livres/lareinedesneiges.jpgQuatrième de couverture : Il arrive souvent que le diable qui dispose, comme chacun sait, d'immenses pouvoirs, s'amuse à semer la discorde sur Terre pour le simple plaisir de se réjouir du malheur des hommes. C'est à la suite d'un tour de cette sorte que la pure Gerda va parcourir le vaste monde à la recherche du petit Kay qui a disparu dans le sillage du traîneau de la Reine des Neiges, un soir d'hiver. Au cours d'un long voyage, Gerda interroge les fleurs et les oiseaux, le vent et le soleil qui, peut-être, savent où Kay a été emmené...

Liste des contes de ce recueil : La Reine des neiges / Une histoire dans les dunes / L'histoire d'une mère / Le vieux Ferme-l'oeil / L'homme de neige / Ogier le Danois / Le papillon / Les deux coqs / Une feuille du ciel

Mon avis : un beau recueil qui dans l'ensemble m'a beaucoup plu, même si les deux contes les plus longs, "La Reine des Neiges" (seul conte que je connaissais déjà) et "Une histoire dans les dunes", m'ont un peu déçue. La religion est parfois un peu trop présente à mon goût, et Andersen n'hésite pas à rendre ses personnages pathétiques en leur faisant vivre des choses vraiment terribles, mais plusieurs contes sont cependant tout à fait amusants, Andersen nous montre souvent des points de vue très originaux et des scènes agréables et imaginatives propres à émerveiller les petits et les grands :)

- La Reine des Neiges : on m'avait raconté ce conte quand j'étais petite, mais je ne m'en souvenais plus très bien. Le personnage de la sorcière blanche dans le Monde de Narnia (le 1er film) me rappelait ce personnage, et la visite au Musée de l'Automate de Souillac dans le Lot m'a donnée envie de lire ce conte car j'ai été émerveillée par la scène animée de La Reine des Neiges, j'ai même acheté la carte postale de cette scène et m'en suis servie comme marque-page pour cette lecture ^^
J'adore l'histoire du miroir maléfique, les aventures de Gerda à la recherche de Kay sont chouettes mais j'aurais aimé qu'on voit plus la Reine des Neiges, qu'il y ait un face-à-face, une lutte entre elle et Gerda afin de sauver Kay... la résolution est un peu simple, j'aurais aimé qu'on passe plus de temps dans le palais de la Reine des Neiges ! Pour compenser cette petite frustration j'aimerais voir des illustrations diverses, en consultants des albums comme ceux-ci par exemple.

Ci-dessous, ma carte postale et une photo que j'ai prise de mon automate préféré, qui n'apparaît pas sur la carte (cliquez pour les voir en plus grand) :

http://bouquins.cowblog.fr/images/divers/Lareinedesneigescarte.jpghttp://bouquins.cowblog.fr/images/divers/reinedesneigesours.jpg

- Une histoire dans les dunes : un couple heureux espère l'arrivée d'un enfant, début classique de conte, mais aussi prometteur, mais ça va de mal en pis, le couple décède, (ouhlàlà je spoile, mais il meurt au début donc c'est pas bien grave) en laissant derrière eux un orphelin qui sera recueilli par un couple pauvre, on espère qu'il retrouvera ses origines, et on pense qu'il va lui arriver plein de trucs, mais finalement c'est plutôt triste et décevant qu'autre chose, même si on a droit à quelques descriptions joyeuses qui font chaud au coeur, et surtout à une merveilleuse scène fantastique qui mêle les vivants et les morts dans une église, ce passage m'a d'ailleurs fait penser aux Noces Funèbres de Burton.

- L'histoire d'une mère : l'histoire d'une mère désespérée qui veut reprendre son enfant à la Mort en personne. Sa quête est jalonnée de sacrifices étranges, et la rencontre avec la Mort est très belle, on a une vision très originale de ce personnage ! Un très beau conte même si je n'ai pas trop aimé le message religieux qui reste à peu près le même que dans "Une histoire dans les dunes" : il faut se soumettre à la volonté divine.

- Le Vieux Ferme-l'oeil : un charmant conte onirique ! Une sorte de marchant de sable endort un petit enfant et lui raconte chaque nuit une histoire qui deviendra son rêve. On a donc 7 petites histoires merveilleuses avec des voyages, des fêtes, des jouets animés, des animaux qui parlent... un conte qui reste très positif malgré l'apparition de la Mort et la petite morale finale.

- L'homme de neige : petit conte mignon, mais triste et assez prévisible, avec deux points de vue originaux : celui d'un bonhomme de neige, et celui d'un chien. Conte qui m'a rappelé le poème de Jacques Prévert "le bonhomme de neige".

- Ogier le Danois : est un héros guerrier mort mais prêt à renaître si son pays a besoin de lui. Conte patriotique mais pas désagréable qui explique notamment l'origine du blason danois et vante trois grands hommes que je ne connais pas,

- Le Papillon : conte animalier (qui m'a fait penser aux Fables de La Fontaine) très amusant qui raconte l'histoire d'une papillon qui cherche à épouser une fleur mais se montre trop exigeant. Les comparaisons entre les fleurs et certains caractères humains sont bien trouvées et m'ont fait sourire !

- Les Deux coqs : autre conte animalier humoristique qui fait la comparaison entre un coq de métal qui méprise le monde qu'il regarde de haut, et un coq de basse-cour fanfaron mais plus terre-à-terre... la petite morale est pertinente et drôle, et j'ai particulièrement aimé le troisième personnage de ce conte, tout à fait inattendu : une courge qui rêve d'être mangée par le coq de basse-cour ! Un petit conte que j'ai trouvé très réussi.

- Une feuille du ciel : dernier conte, très bref, et que j'ai trouvé décevant, la présence de cette plante miraculeuse n'est qu'un prétexte pour faire une foi de plus l'apologie de la foi, de l'innocence, j'ai eu l'impression l'évènement pathétique qui survient n'était encore là que pour servir un message religieux fataliste.... un peu dommage pour ma part de finir le recueil sur ce conte-là, qui ne me marquera pas, mais je préfère me souvenir de ceux que j'ai le plus aimés, et ils sont quand même assez nombreux !

Extrait : (du conte de "La Reine des Neiges")
"Un jour, [le Diable] était de bien bonne humeur : il venait de confectionner un miroir qui avait une merveilleuse propriété : le beau, le bien qui s'y réfléchissaient, disparaissaient presque entièrement ; tout ce qui était mauvais ou déplaisant ressortait, au contraire, et prenait des proportions excessives. (....)
Ses débris n'étaient pas plus gros que des grains de sable. Le vent les éparpilla à travers le vaste monde. Bien des gens reçurent de cette funeste poussière dans les yeux. Une fois là, elle y restait et les gens voyaient tout en mal, tout en laid et tout à l'envers. Ils n'apercevaient plus que la tare de chaque créature, que les défectuosités de toute chose ; car chacun des imperceptibles fragments avait la même propriété que le miroir entier. Bien plus, il y eut de ces morceaux qui descendirent jusqu'au cœur de certaines personnes ; alors c'était épouvantable ; le cœur de ces personnes devenait comme un morceau de glace, aussi froid et aussi insensible."

Mardi 4 janvier 2011

http://bouquins.cowblog.fr/images/livres/LePigeon.jpgQuatrième de couverture (l'extrait est le tout début du conte) :
"Lorsque lui arriva cette histoire de pigeon qui, du jour au lendemain, bouleversa son existence, Jonathan Noël avait déjà dépassé la cinquantaine, il avait derrière lui une période d'une bonne vingtaine d'années qui n'avait pas été marquée par le moindre événement, et jamais il n'aurait escompté que pût encore lui arriver rien de notable, sauf de mourir un jour. Et cela lui convenait tout à fait. Car il n'aimait pas les événements, et il avait une véritable horreur de ceux qui ébranlaient son équilibre intérieur et chamboulaient l'ordonnance de sa vie."

Qu'est-ce qu'un événement ? Que se passe-t-il, en somme, quand il se passe quelque chose dans la vie d'un homme ? Tel est au fond le sujet, étonnamment simple et profond, de ce nouveau conte philosophique et cocasse de l'auteur du Parfum.

Patrick Süskind est né en 1949 à Ambach, en Bavière. Il a fait des études littéraires à Munich et à Aix-en-Provence et exerce le métier de scénariste. Outre le Parfum, best-seller mondial, il a écrit une pièce de théâtre à un personnage, la Contrebasse.

Mon avis : j'avais beaucoup aimé le Parfum et lu des éloges du Pigeon, c'est donc tout naturellement que j'ai eu envie d'emprunter ce livre (d'une centaine de pages) quand je l'ai vu à la médiathèque. Le tout début, qui nous présente le personnage et son mode de vie inhabituel, m'a légèrement rappelé Un homme qui dort : le héros vit en effet une existence très ordonnée (et pendant toute une période le héros de Perec cadre sa vie grâce à une multitude d'horaires et de rituels) et solitaire qui lui convient tout à fait puisqu'elle correspond à sa conception du bonheur.

D'emblée ce personnage m'a mise plutôt mal à l'aise : le fait qu'une telle vie le rende heureux a quelque chose de fascinant, mais d'un autre côté je trouve cette sorte d'existence - qui m'a pourtant tentée parfois... - terrifiante, car cette absence totale d'envies, directement liée à une peur absolue du changement et de l'inconnu me semble finalement plus proche de la mort que d'autre chose. On apprend d'ailleurs dès le début que le héros enfant a perdu ses parents pendant la seconde guerre mondiale (on comprend qu'ils ont été déportés mais on ne s'appesantit pas du tout sur ce "détail"), alors ce désir d'éviter tout évènement en s'isolant complètement ne me semble déjà pas vraiment sain, c'est plutôt une réaction de défense suite à une série de manques. Enfin bon je pourrais continuer à essayer de comprendre et juger le héros longuement mais ce n'est pas vraiment la question : ce conte philosophique nous raconte la conséquence d'un bouleversement dans cette non-vie : l'apparition d'un pigeon dans son couloir.

Quand on comprend (très vite) que tout l'équilibre de sa non-vie va être rompu à cause d'un évènement aussi minime, on a d'abord une réaction d'incompréhension.... en tout cas pour ma part j'ai pensé "mais voyons, c'est illogique, impossible qu'il n'y ait pas eu la moindre péripétie dans sa vie pendant 20 ans, ce n'est absolument pas crédible !" mais je me suis vite souvenue de la mention "conte philosophique" de la quatrième de couverture et j'en ai conclu je devais simplement admettre cela sans le remettre en question, juger cette œuvre d'après son réalisme reviendrait à faire fausse route, mieux vaut considérer le pigeon comme le symbole d'un grain dans l'engrenage.... et en effet, sans spoiler plus, on s'aperçoit bien vite que les conséquences de l'apparition du pigeon sont disproportionnées, car Jonathan Noël ne peut s'empêcher d'imaginer immédiatement des "scénarios catastrophe" très développés et de prédire ainsi sa prochaine déchéance !

Pas la peine de décrire ensuite par la menu tout ce qui va lui arriver : on le suit pendant 24 heures terribles (pour lui) pendant lesquelles tout s'enchaîne, réduisant à néant tout le quotidien qu'il s'est créé pendant des décennies. J'ai aimé suivre l'évolution de ses pensées et j'ai trouvé l'ensemble de ce conte... vraiment flippant. Je pense qu'il y a deux manières de lire ce conte : si on lit ce conte de manière légère, l'absurdité de la situation est comique (et c'est apparemment le parti-pris de l'éditeur qui présente l'œuvre comme un conte "cocasse")... personnellement, je n'ai pas pu m'empêcher de le prendre au sérieux, de chercher à m'identifier au héros, en me demandant si j'aurais été capable d'une telle réaction à sa place. Quand je parvenais à réellement me mettre dans sa peau, j'étais paniquée comme lui ; mais quand je prenais du recul, je trouvais merveilleusement rassurant de me rendre compte que finalement, je suis bien plus zen que lui ^^ (alors qu'a priori je ne suis pas particulièrement zen, j'ai tendance à angoisser pour des riens etc.... mais là Jonathan Noël est largement pire que moi !)

Au final, je prends ce conte comme une leçon positive qui m'engage à ne pas m'emprisonner dans un carcan d'habitudes faussement sécurisantes... faussement car chercher à se protéger du monde et des aléas de la vie ne peut que nous déshumaniser (malgré son aveuglement et sa terreur irraisonnée le héros a des moments de lucidité pendant lesquels il comprend le ridicule de sa propre situation) et nous fragiliser : la moindre vétille peut faire s'effondrer l'existence artificielle qu'on s'est fabriqué et nous laisser alors complètement désarmé. Si cette histoire me reste en tête - ce dont je doute hélas un peu, j'aurais aimé plus d'emportement émotionnel, un rythme plus marqué pour être plus touchée peut-être ? et je m'attendais à cette fin, ce qui m'a un peu déçue même s'il est jouissif de se rendre compte qu'on a raison, et même si cette fin était la plus logique ! J'aurais aussi aimé qu'on sache si le héros tire vraiment une leçon de cette expérience, j'ai trouvé la fin trop abrupte - il est possible que j'y repense et y réfléchisse encore....
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"La lecture, une porte ouverte sur un monde enchanté." François Mauriac

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