Jeudi 16 décembre 2010


Résumé / extrait :
- Naturellement, vous savez ce que c'est, Rieux ?
- J'attends le résultat des analyses.
- Moi, je le sais. Et je n'ai pas besoin d'analyses. J'ai fait une partie de ma carrière en Chine, et j'ai vu quelques cas à Paris, il y a une vingtaine d'années. Seulement, on n'a pas osé leur donner un nom, sur le moment... Et puis, comme disait un confrère : " C'est impossible, tout le monde sait qu'elle a disparu de l'Occident. " Oui, tout le monde le savait, sauf les morts. Allons, Rieux, vous savez aussi bien que moi ce que c'est...
- Oui, Castel, dit-il, c'est à peine croyable. Mais il semble bien que ce soit la peste.

Mon avis : un livre que j'avais prévu de lire depuis longtemps et dont j'avais entendu pas mal de bien, je pensais vraiment l'adorer sachant que j'ai beaucoup aimé presque tous les autres livres de Camus que j'ai déjà eu l'occasion de lire (La Chute, Les Justes, L'Etranger...). Les extraits qu'on entend dans le film La Tête en Friche m'avait plu et m'ont donné encore plus envie de le lire... et je suis en effet toujours charmée par le style de Camus, le lire me fait souvenir pleinement pourquoi j'aime ma langue, et pourquoi j'aime lire de manière générale, je trouve que son style est à la fois prenant et reposant, clair sans être trop simple... je pourrais m'étendre encore sur plusieurs lignes en impressions positiives au sujet de l'écriture de Camus, impressions tout à fait subjectives et donc pas forcément parlantes pour ceux qui n'ont encore jamais lu de Camus ou n'ont pas simplement pas la même réaction que moi face à son écriture !

Je n'ai pas été déçue, mais je n'ai pas adoré non plus, parce qu'il me semble impossible de dire "whaouh j'ai passé un trop bon moment à lire ce bouquin c'était trop fun". Je ne sais pas bien comment exprimer ce que j'ai ressenti, j'ai peur que cela soit mal interprété.... disons que c'est un roman que je vous conseille, mais qu'à plusieurs reprises j'ai trouvé cette lecture pénible, et c'est pourquoi j'ai étalé cette lecture sur une semaine, je n'aurais pas pu en lire 4 heures d'affilée, j'ai eu besoin de "pauses" conséquentes. Cela n'a pas été une lecture dans le sens "chiante", pas du tout, mais dans le sens "éprouvante", inconfortable. J'ai connu à travers ces pages diverses émotions négatives : peur, dégoût, malaise... j'ai vraiment eu le sentiment d'être "dans" la peste, d'étouffer, d'être prisonnière avec eux dans cette ville close.

J'avais lu, il y a des mois voire des années, que cette peste était le symbole du nazisme. Mais je suis tout à fait d'accord avec Matilda, et je comprends bien ce qu'elle a voulu dire, quand elle a écrit dans son article qu'on ne peut pas seulement réduire La Peste à cela. On a en effet beaucoup de descriptions concrètes des symptômes de la maladie, de la douleur physique qu'elle entraîne.... tous ces passages m'ont fait froid dans le dos, je ne m'attendais peut-être pas à de tels détails (n'oubliez pas que je suis une petite chose impressionnable ; cela n'a pas franchement de rapport avec Camus mais je doute d'avoir un jour le courage de lire American Psycho - qui est pourtant dans ma PAL).

Les passages où on nous raconte (le narrateur semble extérieur, objectif, il ne s'appesantit pas en commentaires personnels mais il s'inclut pourtant dans la population, et utilise toujours l'expression "nos concitoyens", on ne saura qu'à la fin de qui il s'agit) les comportements des gens, ce que l'épidemie va changer dans leur mode de vie, m'ont vivement intéressée et je pense que c'est plutôt ça qu'on peut assimiler à la vie, à l'état d'esprit d'un peuple en temps de guerre / face à un fléau. Mais ces passages ne m'ont pas non plus permis de "souffler" car je les ai trouvés plutôt désespérants, la description de la douleur des personnes séparées par la fermeture de la ville notamment m'a touchée. J'ai apprécié l'humanisme qu'on sent à travers la plume de Camus, le courage qu'il prône, courage qui n'est pas non plus magnifié mais qui est nécessaire pour tenir dans une telle situation. J'ai cependant trouvé certains passages un peu longs ou répétitifs, mais en même temps cette lenteur, cette relative monotonie nous fait pleinement comprendre ce qu'ont dû supporter les personnages, isolés, piégés dans une situation infernale et qui ne fait qu'empirer, forcés de tenter de combattre malgré leurs faibles moyens, obligés de survivre malgré tout...

J'ai trouvé que Rieux (médecin, et le personnage auquel je me suis le plus attachée), qui est un peu le "sage" du livre, celui qui se conduit de la façon la plus raisonnable, cherchait une sorte d'équilibre salutaire mais difficile à trouver : il savait qu'il était inutile et dangereux de chercher à se révolter, à s'évader... il fallait donc se résigner suffisamment pour rester calme, sans non plus renoncer à combattre l'horreur.

Comme j'ai souvent interrompu ma lecture, il m'est arrivé de perdre de vue un ou deux personnages, d'oublier subitement à quel personnage exactement correspondait ce nom, seul Rieux finalement a retenu toute mon attention. C'est pourquoi je pense qu'il est nécessaire que je relise plus tard ce livre, je suis loin de l'avoir épuisé.

Extraits : (nombreux, mais le livre n'est pas à moi, je ne veux pas perdre ces passages et je veux les garder sous le coude parce que j'adore ! - et encore je n'ai pas tout noté ici)

"Les fléaux, en effet, sont une chose commune, mais on croit difficilement aux fléaux lorsqu'ils vous tombent sur la tête. Il y a eu dans le monde autant de pestes que de guerres. Et pourtant pestes et guerres trouvent les gens toujours aussi dépourvus. (...) Quand une guerre éclate, les gens disent : "Ça ne durera pas, c'est trop bête." Et sans doute une guerre est certainement trop bête, mais cela ne l'empêche pas de durer. La bêtise insiste toujours, on s'en apercevrait si l'on ne pensait pas toujours à soi. Nos concitoyens à cet égard étaient comme tout le monde, ils pensaient à eux-mêmes, autrement dit ils étaient humanistes : ils ne croyaient pas aux fléaux. Le fléau n'est pas à la mesure de l'homme, on se dit donc que le fléau est iréel, c'est un mauvais rêve qui va passer. Mais il ne passe pas toujours et, de mauvais rêve en mauvais rêve, ce sont les hommes qui passent, et les humanistes en premier lieu, parce qu'ils n'ont pas pris leurs précautions. Nos concitoyens n'étaient pas plus coupables que d'autres, ils oubliaient d'être modestes, voilà tout, et ils pensaient que tout était encore possible pour eux, ce qui supposait que les fléaux étaient impossibles. Ils continuaient de faire des affaires, ils préparaient des voyages et ils avaient des opinions. Comment auraient-ils pensé à la peste qui supprime l'avenir, les déplacements et les discussions ? Ils se croyaient libres et personne ne sera jamais libre tant qu'il y aura des fléaux."

" - (...) Maintenant je sais que l'homme est capable de grandes actions. Mais s'il n'est pas capable d'un grand sentiment, il ne m'intéresse pas.
- On a l'impression qu'il est capable de tout, dit Tarrou.
- Mais non, il est incapable de souffrir ou d'être heureux longtemps. Il n'est donc capable de rien qui vaille.
Il les regardait, et puis :
- Voyons, Tarrou, êtes-vous capable de mourir pour un amour ?
- Je ne sais pas, mais il me semble que non, maintenant.
- Voilà. Et vous êtes capable de mourir pour une idée, c'est visible à l'œil nu. Eh bien, moi, j'en ai assez des gens qui meurent pour une idée. Je ne crois pas à l'héroïsme, je sais que c'est facile et j'ai appris que c'était meurtrier. Ce qui m'intéresse, c'est qu'on vive et qu'on meure de ce qu'on aime."

"Rien n'est moins spectaculaire qu'un fléau et, par leur durée même, les grands malheurs sont monotones. Dans le souvenir de ceux qui les ont vécues, les journées terribles de la peste n'apparaissaient pas comme de grandes flammes somptueuses et cruelles, mais plutôt comme un interminable piétinement qui écrasait tout sur son passage."

"Des épouses lui prenaient le poignet et hurlaient : "Docteur, donnez-lui la vie !" Mais il n'était pas là pour donner la vie, il était là pour ordonner l'isolement. A quoi servait la haine qu'il lisait alors sur les visages ? "Vous n'avez pas de cœur", lui avait-on dit un jour. Mais si, il en avait un. Il lui servait à supporter les vingt heures par jour où il voyait mourir des hommes qui étaient faits pour vivre. Il lui servait à recommencer tous les jours. Désormais, il avait juste assez de cœur pour ça. Comment ce cœur aurait-il suffi à donner la vie ?"

"Rieux savait ce que pensait à cette minute le vieil homme qui pleurait, et il le pensait comme lui, que ce monde sans amour était comme un monde mort et qu'il vient toujours une heure où on se lasse des prisons, du travail et du courage pour réclamer le visage d'un être et le cœur émerveillé de la tendresse."

Bonus : (pour le challenge Tête en Friche), un mot que ce livre m'a appris :
fuligineux
, adj. 1) qui rappelle la suie, qui donne de la suie, qui en a la couleur. 2) d'une obscurité épaisse.

Lundi 20 décembre 2010

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CHALLENGE ABC 2010, 25ème livre lu ♦
 

Résumé :
Le Petit Chose paraît en feuilleton en 1867. Daudet s'inspire des souvenirs d'une jeunesse douloureuse : humiliations à l'école, mépris pour le petit provencal, expérience de répétiteur au collège et enfin coup de foudre pour une belle jeune femme. L'écrivain manifeste une tendresse, une pitié et un respect remarquables à l'égard des malchanceux et des déshérités de la vie.

Mon avis : comme le sous-titre est "Histoire d'un enfant", je pensais vraiment que le récit se concentrerait sur l'enfance du héros et narrateur, mais en vérité on passe assez rapidement cette période, cela . Je connaissais l'extrait célèbre (cf ci-dessous) dans lequel on se moque de sa blouse et commence à le surnommer "le petit Chose", mais en fait c'est à peu près la seule scène décrivant sa vie au collège ! Contrairement aux romans autobiographiques tels que Vipère au Poing d'Hervé Bazin, Poil de Carotte, de Jules Renard ou L'Enfant de Jules Vallès, les malheurs du héros ne découlent pas de mauvais traitements qu'il aurait subis chez lui, il est au contraire aimé par ses parents et son frère. Non, ce qui marquera sa "descente aux enfers", c'est la ruine financière de sa famille, la misère qui les forcera à se séparer. J'ai été assez étonnée par cette séparation dont la nécessité me semble encore discutable, mais bon, admettons...

Cette séparation est un tournant dans la vie du Petit Chose qui doit alors se prendre en charge et gagner sa vie. Il ne cache rien des souffrances qu'il a endurés en tant que surveillant, les passages où il décrit ses humiliations, son manque d'autorité, la hargne des élèves m'ont peinée. Le ton du roman est assez original et m'a bien plu : le narrateur parle souvent de lui-même à la troisième personne en prenant le lecteur à témoin ; ses pensées et réactions de l'époque nous sont restituées en même temps que le regard postérieur du narrateur sur celui qu'il était alors, ce qui nous permet de nous amuser avec lui de sa naïveté, ce roman est en effet bien plus drôle que ce que j'aurais pensé, malgré le caractère pathétique de certaines péripéties j'ai très souvent souri ! Grâce à ce décalage, à cette double vision de personnage, on peut aussi un peu dédramatiser ses malheurs : si on avait eu seulement le point de vue du personnage au moment des faits, sans recul, j'aurais sans doute trouvé ça trop plaintif par moments... mais j'ai vraiment apprécié l'honnêteté du narrateur qui ne masque pas ses défauts et donne une image de lui pas toujours reluisante.

Le personnage du petit Chose m'a vraiment touchée en fait, et j'ai aimé suivre ses rêves, puis ses désillusions, les conséquences désastreuses de sa vanité... Si on considère ce roman de manière large, je trouve qu'il montre symboliquement ce qu'implique le passage à l'âge adulte (selon Alphonse Daudet, ce n'est pas une vérité générale mais je suis assez d'accord avec lui), l'évolution de la mentalité du héros m'a paru juste, réaliste.

Les autres personnages sont également dignes d'intérêt : le personnage de Jacques est l'incarnation même de l'amour fraternel, son abnégation va si loin qu'elle m'a quasiment semblé invraisemblable par moments... mais je la trouve vraie quand même, je suis sûre que de tels comportements se retrouvent dans la vraie vie.
J'ai aimé la façon originale dont il parle de la jeune fille qu'il aime, il distingue la personnalité bourgeoise (et commune) de cette demoiselle et ce qui lui plaît vraiment chez elle : ses yeux noirs, à tel point que "les yeux noirs" sont un personnage à part entière,  la dualité de cette jeune fille (enfin surtout, la duplicité du regard du héros sur elle) nous permettent de bien voir ce qui l'attire vraiment et cela remet pas mal en cause la vision idéale du sentiment amoureux qu'on pourrait avoir, que le narrateur discrédite complètement ; ce n'est pas dit de façon aussi explicite mais c'est comme cela que j'interprète la chose en tout cas... tout cela n'est pas très positif comme vision des choses mais j'ai trouvé ça plus réaliste que les clichés habituels. (la toute fin m'a d'ailleurs un peu déçue, mais bon c'est vrai que le côté heureux du dénouement est à nuancer - je n'en dis pas plus, chut)
Un dernier personnage m'a beaucoup plu, j'aurais aimé le voir plus développé : il s'agit d'Irma Borel la séductrice, je trouve que le héros la juge un peu trop sévèrement, qu'il surestime ses torts, peut-être pour amoindrir sa propre responsabilité ? Comportement plausible étant donné la personnalité du personnage du petit Chose, je l'ai trouvé très sympathique mais il faut bien admettre qu'il n'a rien de parfait (il le laisse entendre assez lui-même).

Au final, une belle lecture pour moi, assez riche et plus distrayante que l'Enfant de Jules Vallès par exemple, et elle m'a plus personnellement parlée.

Extrait :
«Ce qui me frappa d’abord, à mon arrivée au collège, c’est que j’étais le seul avec une blouse. À Lyon, les fils de riches ne portent pas de blouses ; il n’y a que les enfants de la rue, les gones comme on dit. Moi, j’en avais une, une petite blouse à carreaux qui datait de la fabrique ;  j'avais une blouse, j’avais l’air d’un gone... Quand j’entrai dans la classe, les élèves ricanèrent. On disait « Tiens ! il a une blouse ! » Le professeur fit la grimace et tout de suite me prit en aversion. Depuis lors, quand il me parla, ce fut toujours du bout des lèvres, d’un air méprisant. Jamais il ne m’appela par mon nom ; il disait toujours « Hé ! vous, là-bas, le petit Chose ! » Je lui avais dit pourtant plus de vingt fois que je m’appelais Daniel Ey-sset-te... À la fin, mes camarades me surnommèrent « le petit Chose », et le surnom me resta..."

"Un soir, au moment de se mettre à table, on s'aperçoit qu'il n'y a plus une goutte d'eau dans la maison.
- Si vous voulez, j'irai en chercher, dit ce bon enfant de Jacques.
Et le voilà qui prend la cruche, une grosse cruche de grès.
M. Eyssette hausse les épaules : 
- Si c'est Jacques qui y va, dit-il, la cruche est cassée, c'est sûr.
- Tu entends, Jacques, - c'est Mme Eyssette qui parle avec sa voix tranquille - tu entends, ne la casse pas, fais bien attention. ”
M. Eyssette reprend :
- Oh ! tu as beau lui dire de ne pas la casser, il la cassera tout de même.
Ici, la voix éplorée de Jacques :
- Mais enfin, pourquoi voulez-vous que je la casse ?
- Je ne veux pas que tu la casses, je te dis que tu la casseras, répond M. Eyssette, et d'un ton qui n'admet pas de réplique.
Jacques ne réplique pas ; il prend la cruche d'une main fiévreuse et sort brusquement avec l'air de dire :
- Ah ! je la casserai ? Eh bien, nous allons voir.
Cinq minutes, dix minutes se passent; Jacques ne revient pas. Mme Eyssette commence à se tourmenter :
- Pourvu qu'il ne lui soit rien arrivé !
- Parbleu ! que veux-tu qu'il lui soit arrivé ? dit M. Eyssette d'un ton bourru. Il a cassé la cruche et n'ose plus rentrer.
Mais tout en disant cela - avec son air bourru, c'était le meilleur homme du monde -, il se lève et va ouvrir la porte pour voir un peu ce que Jacques était devenu. Il n'a pas loin à aller ; Jacques est debout sur le palier, devant la porte, les mains vides, silencieux, pétrifié. En voyant M. Eyssette, il pâlit, et d'une voix navrante et faible, oh ! si faible : “ Je l'ai cassée ”, dit-il... Il l'avait cassée !...
Dans les archives de la maison Eyssette, nous appelons cela “ la scène de la cruche”."

Samedi 23 juillet 2011

[N. B. : c'est la fête, dans cette "nouvelle" version de Bouquins je ne m'impose aucune contrainte et par conséquent je m'autorise à spoiler autant que je le veux, dans l'absolu. Bon, je ne fais pas de gros spoilers (je raconte pas la fin) ou alors je préviens avant. Mais (ce que je vais dire est évident mais autant mettre les choses au clair une bonne fois pour toutes) si vous vous voulez ne rien savoir sur l'intrigue ni sur les personnages afin de tout découvrir par vous-mêmes, et surtout s'il s'agit de livres que vous prévoyez de lire très bientôt, évitez de lire mes articles (sauf si vous avez mon pouvoir magique qui consiste à oublier instantanément les synopsis de livres/films - souvent je décide de lire un livre parce qu'un jour longtemps avant j'ai lu son résumé et il m'a plu, mais au moment de commencer ma lecture je ne sais plus du tout de quoi il s'agit). ]

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(étrange, l'illustration de l'édition originale de 1929, je ne vois pas très bien le rapport... ? ah, et ce roman est "semi-autobiographique" d'après l'
ami wikipedia.)

Frédéric Henry, jeune Américain volontaire dans les ambulances sur le front d'Italie, pendant la Première Guerre mondiale, est blessé et s'éprend de son infirmière, Catherine Barkley. Avec Catherine, enceinte, il tente de fuir la guerre et de passer en Suisse, où le destin les attend.
Un des meilleurs romans de guerre. Un des plus grands romans d'amour.


Tout ce qui concerne la guerre proprement dite ne m'a pas vraiment passionnée ; pourtant c'était intéressant, parce qu'on est en Italie, le héros est états-unien, alors ça change un peu du point de vue franco-français qu'on a habituellement (quand je dis "habituellement" je pense surtout à mes vieux cours d'Histoire) ; mais je n'ai pas réellement cherché à connaître le contexte avec précision, on a peu de dates, le héros lui-même n'accorde pas tant d'importance que ça à la progression de la guerre, d'abord parce qu'il est chargé de récupérer des blessés pour les amener à l’hôpital, mais ne combat pas ; mais surtout parce qu'il est blessé dès le début et tout ce qui comptera dès lors, c'est son histoire d'amour avec Catherine. (et évidemment, c'est sur cet aspect de l'histoire que je me suis concentrée moi aussi).

http://bouquins.cowblog.fr/images/livres/ladieuauxarmes.jpgDans mon édition, il est écrit à la fin de la quatrième de couv' "un des plus grands romans d'amour" ; tout à fait le genre d'affirmations superlatives dont je me méfie toujours, par peur de tomber sur un truc qui se prenne trop au sérieux, un truc trop mélo-mielleux, (et surtout, mal écrit). M'enfin, c'est Hemingway donc j'avais confiance (sa réputation m'intimide suffisamment et j'ai aimé Le Vieil homme et la mer il y a des années), les éditeurs peuvent bien frimer si ça les amuse. Le début de leur histoire est d'ailleurs légèrement mitigé, puisqu'il admet ne pas être amoureux d'elle (parce que c'est un narrateur interne donc on est au courant, mais en fait il lui ment en l'assurant de son amour dès le départ), ça a le mérite d'être réaliste au moins, on ne nous embobine pas.

Je ne sais pas trop quoi penser de Catherine. Elle est très amoureuse du héros et ça se sent énormément, on a du "mon chéri" à toutes les phrases et elle cherche toujours à être sa "bonne petite femme"... elle minaude pas mal. Mais finalement, cela m'a plu. Je ne peux décemment pas la mépriser en la considérant comme une femme soumise : il faut prendre en compte les mœurs de l'époque, et puis, elle est amoureuse, vraiment amoureuse de lui, ils sont en temps de guerre, tout est plus fragile, et par conséquent tout bonheur n'en résonne que plus fort ! Et qui ne se permet pas des minauderies un peu bêtes quand on est vraiment amoureux, émerveillé par la simple compagnie de l'autre ? Ce n'est pas un couple qui cherche à "paraître", on a accès à leur intimité (je ne parle pas de sexe, là, non, pas du tout, rien de cru dans ce roman, c'est vraiment tout public), à leurs petits plaisirs tout simples, la simple perspective d'un bon repas les met en joie par exemple. Ils sont trop mignons quand ils se parlent tout poliment parce qu'ils ont peur de se froisser, ils sont aux petits soins l'un pour l'autre... et ce qui rend notre héros héroïque, c'est finalement son attachement pour Catherine, et son envie de se sortir vivants tous les deux de ce bazar. (détail sans importance : j'ai été frappée par leur consommation d'alcool, et surtout par le fait que Catherine continue de boire pendant sa grossesse ^^)

Et puis je ne sais pas quoi penser de la fin. On en pressent une, et puis finalement on se dit non c'est trop prévisible, puis aaah mais non il peut pas se passer ça, si, non ? Et voilà. Le titre est bien cruel, en fait. (oui, dans mon esprit cette phrase est un commentaire de la fin, mais cherchez pas à comprendre en fait).

Deux
adaptations ciné, que j'aimerais bien voir naturellement, mais je n'en fais pas une priorité. D'autres avis sur ce livre ici et peut-être un jour .

(rigolo, la couverture de l'édition originale et celle de mon édition ont les mêmes couleurs, c'est fait exprès vous croyez ?)

Mercredi 21 septembre 2011

http://www.leseditionsdeminuit.com/images/3/270731952X.jpgComme avec En attendant Godot il y a quelques années, me reste une impression d'être un peu passée à côté. Ce qui m'ennuie pas mal. A la fac, quelqu'un (z'étaient plusieurs d'ailleurs si mes souvenirs sont bons) avait fait un exposé sur Molloy, exposé ensuite repris par le prof qui l'avait élargi en nous parlant de toute l’œuvre de Beckett, on l'avait donc "étudié" sans le lire et ça m'avait plu, je m'étais dit "Tiens, Beckett, il faudra que je retente". Et hop, j'ai Mercier et Camier à lire pour les cours, ça tombe bien !

Mais une fois que je me suis lancée dans cette lecture, mon enthousiasme est retombé, zut.

Au début j'aimais bien pourtant, la maladresse des personnages qui les fait tourner en rond, leur pessimisme... ils sont exaspérants à souhait et c'est ça qui est bon, leurs défauts vont tellement loin - ils repoussent sans cesse leur départ pour des raisons idiotes mais qu'ils prennent très au sérieux en les examinant au cours de nombreux débats stériles -, et puis ces digressions "inutiles" (inutiles si on considère qu'on souhaite avoir une intrigue traditionnelle, ce qui n'est pas le cas ici) qui se contredisent et saupoudrent le tout d'humour absurde, cette vulgarité ici et là à laquelle on ne s'attend pas et qui laisse perplexe....

Je sens qu'il y a de la matière mais je ne sais pas quoi en faire. Dommage, mon côté snob serait ravi si j'arrivais un jour à apprécier pleinement Beckett, ahah ! Si on examine ma lecture, on pourrait dire en résumé qu'il y a les passages qui m'ont plu, et ceux où j'ai été plus ou moins perdue, qui ont fini par m'ennuyer à force d'être trop nombreux (ah oui, Mercier et Camier n'est absolument pas le livre adapté à des trajets en bus et train de 10 minutes, car dès que je reprenais ma lecture je devais revenir en arrière pour raccrocher les wagons, difficile souvent de retrouver le fil ténu et entortillé de leur "histoire".... comme souvent, les circonstances de ma lecture ont dû l'affecter.)

Mon extrait préféré, p. 34 :
"Assis au comptoir ils devisèrent de choses et d'autres, à bâtons rompus, suivant leur habitude. Ils parlaient, se taisaient, s'écoutaient, ne s'écoutaient plus, chacun à son gré, et suivant son rythme à soi. Il y avait des moments, des minutes entières, où Camier n'avait pas la force de porter son verre à sa bouche. Quant à Mercier, il était sujet à la même défaillance. Alors le plus fort donnait à boire au plus faible, en lui insérant entre les lèvres le bord de son verre. Des masses ténébreuses et comme en peluche se pressaient autour d'eux, de plus en plus serrées à mesure que l'heure avançait. Il ressortait néanmoins de cet entretien, entre autres choses, ce qui suit.
1. Il serait inutile, et même téméraire, d'aller plus loin, pour l'instant.
2. Ils n'avaient qu'à demander à Hélène de les loger pour la nuit.
3. Rien ne les empêcherait de se mettre en route le lendemain, à la première heure, et par n'importe quel temps.
4. Ils n'avaient pas de reproches à s'adresser.
5. Ce qu'ils cherchaient existait-il ?
6. Que cherchaient-ils ?
7. Rien ne pressait.
8. Tous leurs jugements relatifs à cette expédition étaient à revoir, à tête reposée.
9. Une seule chose comptait : partir.
10. Et puis merde."


Le cours de litté de la semaine prochaine qui portera sur ce livre est censé éclairer ma lanterne (j'avais écrit éclaircir, n'importe quoi !), nous verrons bien, peut-être vais-je avoir une illumination beckettienne qui va me faire revoir entièrement mon avis sur Mercier et Camier ??? (mais j'en doute, pas vraiment à cause de Beckett mais plutôt à cause du cours qui n'a hélas pas su me séduire jusqu'ici....)

Et la quatrième de couv' :
Mercier et Camier nous invitent au voyage. La contrée qu'ils vont parcourir, une île jamais nommée, est parfaitement reconnaissable. C'est l'Irlande, merveilleusement décrite ici, avec ses landes de bruyères, les jetées de ses ports lancées vers le large pour enlacer la mer, ses sentiers parmi les tourbières, les écluses du canal de Dublin, tout un paysage si cher à Samuel Beckett et si souvent présent en filigrane dans toute son œuvre.
Le but du voyage de Mercier et Camier n'est guère précis. Il s'agit " d'aller de l'avant ". Ils sont en quête d'un ailleurs qui, par nature même, s'abolit dès qu'il est atteint. Leurs préparatifs ont été extrêmement minutieux, mais rien ne se passe tout à fait comme prévu. Il faut d'abord parvenir à partir ce qui n'est pas une mince affaire. Il faudra ensuite rebrousser chemin pour moins mal se remettre en route derechef. Il pleuvra énormément tout au long du voyage. Ils n'ont qu'un seul imperméable à se partager et, après maints efforts, leur parapluie refusera définitivement de s'ouvrir. Leur unique bicyclette va bientôt être réduite à peu de chose : on a volé les deux roues. Cependant, mille embûches ne peuvent les faire renoncer à quitter la ville. Mercier et Camier vont nous entraîner par monts et par vaux, et d'auberges en troquets où le whisky redonne courage. C'est qu'il faut du courage pour affronter leurs rencontres souvent périlleuses avec des personnages extravagants, cocasses ou inquiétants, voire hostiles, au point qu'un meurtre sera commis. De quiproquos en malentendus, de querelles en réconciliations, ainsi va le constant dialogue entre Mercier et Camier qui devisent et divaguent chemin faisant.
Mercier et Camier sont unis dans l'épreuve et, si différents que soient leurs caractères, ils semblent à jamais indissociables. Cette solidarité survivra-t-elle aux péripéties du voyage ? Où vont-ils aboutir et peuvent-ils demeurer inchangés au terme d'une pérégrination si mouvementée ?

 
(Je ne renonce pas, j'aimerais aimer Beckett un jour, je reste persuadée qu'il y a chez cet auteur quelque chose qui a envie de me parler, mais ce n'est tout simplement pas avec ce livre-ci que le vrai déclic se fera, pas encore en tout cas...)

Lundi 24 octobre 2011

http://bouquins.cowblog.fr/images/livres/amitieamoureuse-copie-1.jpgEncore un livre de la rentrée littéraire (décidément, on ne m'arrête plus !).... mais qui sera cependant rangé dans ma catégorie "romans avant 1960". Amitié amoureuse est en effet la réédition d'un best-seller de 1897.

Quatrième de couverture :
Roman épistolaire, Amitié amoureuse repose sur la correspondance suivie de deux trentenaires : Denise, jeune veuve élevant seule sa fille, et Philippe qui ne semble pas avoir eu de femme dans sa vie. 

De leur rencontre lors d’une soirée très ennuyeuse naîtra une indéfectible amitié. Cinq ans durant, ils ne cesseront de s’écrire, parfois même deux fois par jour. Évidemment, quand l’un se déclare, l’autre le repousse au nom du sentiment qui les unit déjà. Ils cultivent ainsi une relation ambiguë, passant beaucoup de temps ensemble, y compris les vacances. Ils s’essayent à l’amitié, à l’amour, et finalement optent pour un compromis fait de douleur et de tendresse : « Cher, qu’importe de vieillir quand on est deux, si merveilleusement, si amoureusement amis ! »

Derrière Philippe de Luzy et Denise Trémors se cachent Guy de Maupassant et Hermine Oudinot Lecomte du Nouÿ qui, de 1883 à la mort de l’auteur de Bel-Ami en 1893, entretiennent des rapports assez semblables à ceux des protagonistes du roman.


     ... d'après ce que j'ai pu lire sur le net, il n'est en vérité pas absolument certain que Guy de Maupassant et l'auteur de ce roman aient eu une telle correspondance, mais c'est toujours agréable de se l'imaginer (et on comprend bien que l'éditeur mette cet aspect en avant en espérant ainsi attirer des lecteurs admiratifs de Maupassant). Ce roman est dédié à Laure de Maupassant, la femme de Guy... ce qui est d'autant plus savoureux si comme j'aime le penser, Maupassant correspond bien au personnage masculin du roman !

Enfin, qu'il ait vécu une relation de ce genre ou non ne change de toute façon rien à la qualité de ce roman épistolaire, qui m'a enchantée pour deux raisons : d'abord, de manière tout à fait objective, j'ai adoré me plonger dans l'univers d'une correspondance de la fin du XIXème. Suivre la vie assez oisive de ces deux personnages rentiers, rythmée par des obligations mondaines mais aussi, dans le cas de Denise, des plaisirs plus simples que lui procure sa fille, m'a beaucoup plu, surtout parce qu'on sent ici une certaine distance entre les personnages et ce monde : certes ils s'y plaisent, et ont de nombreux amis qu'ils "visitent", mais on sent toutefois une dichotomie entre leur amitié, faite de sincérité et de désir d'intimité, et les relations de sociabilité plus superficielles qu'ils doivent entretenir dans leur entourage pour ne pas être exclus de ce cercle et subir les commérages qu'engendrerait l'amitié exclusive qui se construit progressivement entre eux.

     Comme leur vie est surtout remplie de futilités (ce terme est peut-être trop fort et péjoratif, si j'en trouve un meilleur je le changerai) sur lesquelles eux-mêmes ne s'appesantissent pas, leur amitié - ou plus précisément, les sentiments troubles qui naissent entre eux - occupent, sans surprise, une partie majeure de leur correspondance ; si comme moi vous êtes adeptes des romans psychologiques qui laissent une large place aux moments d'introspection, vous allez probablement vous régaler !

Comme je l'ai déjà dit en évoquant le cadre, ce roman porte vraiment une empreinte "XIXème siècle", ce qui entraîne évidemment des tournures et un vocabulaire particuliers... les personnages expriment leurs sentiments d'une manière qui peut aujourd'hui nous sembler excessive, la récurrence du mot "cœur" par exemple peut amuser, et on tombe aussi de temps à autre sur des mots plus rares (et précieux, dans tous les sens du terme) comme "pococurantisme", "pyrrhonnisme", "jaboter", " saboulé"... personnellement ce genre de style (fleuri mais assez simple pour rester compréhensible) me ravit ! Et plus on creuse, plus on se rend compte que sous ce vernis de mots doux rendus presque banals à force d'être répétés, on peut aussi trouver de véritables sentiments, dont les nuances subtiles et changeantes méritent tout à fait d'être décrites avec le soin que leurs auteurs y apportent. Chaque lettre est courte (240 lettres réunies en moins de 400 pages), ce qui rend la lecture facile et fluide, il y a bien quelques lettres plus "fortes" qui marquent un tournant mais globalement le ton reste léger, et c'est surtout en reliant toutes les lettres entre elles qu'on comprend la nature souvent équivoque de leurs liens.
     L'évolution de leur relation au fil des années est touchante et j'ai souvent craint qu'ils basculent dans un extrême ou dans un autre, je dirais que c'est là que se tient la tension dramatique du roman, qui est du reste assez absente (les fâcheux uniquement amoureux d'actions aventureuses grogneront qu'"il ne se passe rien"). On note quand même des étapes dans leur amitié, qui sont marquées par la division du roman en cinq livres, précédés à chaque fois de quelques citations, les trois quarts du temps de Stendhal (qui a également préfacé l'ouvrage).
   

http://bouquins.cowblog.fr/images/divers/amitieamoureuseitalienne.jpgune édition italienne de 1927 du roman
 

     Seuls (petits) bémols, à lire toutes ces lettres brèves à la suite, on oublie un peu qu'elles s'étalent dans le temps, et ainsi, vers la fin surtout, la succession rapide de sentiments parfois opposés donne une impression d'inconstance plutôt irritante... mais il faut garder en tête le temps qui s'écoule entre chaque lettre pour se rendre compte que tous les revirements décrits dans les lettres ne se font pas en accéléré, mais sont les conséquences du temps qui passe.... (même si personnellement à certains moments je trouve qu'ils vont bien vite quand même !)
    J'ai aussi été régulièrement exaspérée par la représentation de la femme qu'on sent parfois dans l'esprit de nos personnages, plus souvent chez Denise que chez Philippe d'ailleurs : quand elle est faible, elle s'accuse alors d'être "bien femme", et quand elle se montre au contraire forte, Philippe applaudit la "virilité de son caractère".... l'amalgame entre féminité et faiblesse m'a fait fulminer, mais je sais que ça correspond à la mentalité de l'époque... et heureusement, loin de prendre toujours complètement au sérieux cette représentation cliché et insupportable, les personnages jouent avec en l'évoquant parfois avec ironie !

    Pour des raisons personnelles que je ne détaillerai pas ici mais qui sont faciles à deviner (imaginez ce que vous voulez, peu me chaut), cette lecture tombait tout à fait à point pour moi, le thème pouvait être on ne peut plus proche de ce que je vis actuellement, et je me suis donc beaucoup identifiée aux personnages, à Philippe d'abord, puis à Denise dans un deuxième temps (j'avoue ma tendance au bovarysme !). Ce roman m'a tellement parlé qu'il se peut qu'il devienne une de mes bibles. Pour vous donner une idée, sur les 386 pages qu'il comporte, j'ai relevé dans mon carnet pas moins de 38 passages (dont quelques-uns de plusieurs pages) que j'aimerai relire de nombreuses fois, voire connaître par cœur pour certains ! Je m'interdis sur ce sujet d'en dire plus, par peur justement d'en dire trop.
    En tout cas je peux vous recommander cet ouvrage, qui m'a paru plus actuel que bien des romans contemporains que j'ai lus récemment ! Sa lecture m'a été un délice, j'ai souvent souri, et j'ai parfois vraiment été frappée par la justesse de certains propos, comme si ce livre avait été écrit pour moi....

Extraits :
“P.S. : je ne veux pas manquer à mon rôle de femme qui est de mettre les affaires les plus importantes dans un misérable post-scriptum, à la fin d’une lettre pleine de riens.”

Mon ami,
Je suis un peu triste d'être si longtemps sans nouvelles ; cela m'ôte tout courage pour vous envoyer des nôtres.
Vous l'avez éprouvé vous-même : involontairement le silence entraîne à croire qu'on est oublié : la crainte d'être importune achève de couper les ailes à toute pensée désireuse de s'envoler vers l'ami, et on n'écrit pas, et on est triste, et tout cela pourtant n'est qu'un rêve méchant qui hante mal à propos l'esprit inquiet.


Quelles pauvres poupées nous sommes, imaginatives, insatiables, coquettes et tourmentées, sérieuses et légères, insatisfaites toujours ! Notre amitié déjà vieille, quel vent de folie me fait l'agiter, l'animer d'un souffle qui ne peut la rendre ni plus solide ni plus durable ?
Le fond de tout ceci n'est-il pas triste et décevant, et faut-il profaner par une tendresse plus familière cette délicieuse atmosphère d'amour qui m'enivre éperdument et dans laquelle il fait si bon vivre ?
Ah ! toute cette comédie de phrases vous fera-t-elle comprendre mon trouble et mes angoisses ?


http://bouquins.cowblog.fr/images/divers/critiquefigaroamitieamoureuse.jpg
BONUS :

Pour ceux que ça amuserait, je vous invite à lire une critique de l'époque de ce roman : voyez ICI la critique du Figaro du 18 février 1897. (5ème page, 2ème moitié de la deuxième colonne, en zoomant beaucoup on parvient très bien à lire !)

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"La vraie lecture commence quand on ne lit plus seulement pour se distraire et se fuir, mais pour se trouver." Jean Guéhenno

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