Samedi 7 août 2010

http://bouquins.cowblog.fr/images/livres/lenfant.jpgCHALLENGE ABC 2010, 15ème livre lu ♦
 
Quatrième de couverture : Fils de professeur de collège et d'une paysanne bornée, Jacques Vingtras, double de Vallès, est dès le plus jeune âge, instruit à l'école du malheur. Sous prétexte de l'aguerrir, on s'ingénie à lui rendre la vie dure, on finit par lui reprocher le pain qu'il mange. Et il brûle du désir de quitter cette maison maudite.

Mon avis : un livre autobiographique qui m'a rappelé Poil de Carotte de Jules Renard et Vipère au poing d'Hervé Bazin, puisque le héros et narrateur est un enfant maltraité et que sa mère n'aime pas... la narration m'a un peu surprise au début, le narrateur évoque successivement ses parents, d'autres personnes de sa famille, des voisins, des lieux... diverses anecdotes s'enchaînent en formant différents chapitre mais cela m'a semblé d'abord plutôt décousu et un peu trop décousu, on a certes un aperçu vivant de la vie du petit Jacques, mais cela reste quand même assez descriptif, je n'ai véritablement accroché qu'après, quand on passe à une narration un peu plus linéaire, quand on suit le personnage dans ses différents déménagements ; on le suit en fait jusqu'à ses 16 ans, ce qui m'a aussi un peu étonnée, sachant que les deux autres livres suivants s'intitulent Le Bachelier et L'Insurgé, je pensais que ce tome-ci ne parlerait que de l'enfance du héros, alors qu'en fait dans ce tome on le connaît également adolescent (même si tout le monde semble encore le considérer comme un enfant), il est question de son baccalauréat et à travers ses premières révoltes, on a les prémices de son engagement politique d'adulte.

Comme dans Poil de Carotte et Vipère au poing, la violence maternelle (et paternelle également, dans l'Enfant le personnage du père n'est en aucun cas un soutien, il apparaît même à plusieurs reprises comme aussi mauvais que la mère) est terrible et elle se cache souvent sous un masque de bonne éducation. Le point fort du discours du jeune héros, c'est certainement son ironie, son ton railleur ; ironie qui semble d'abord dédramatiser la situation, mais qui en même temps, ne fait que dénoncer avec plus de force l'absurdité des comportements parentaux, et leur cruauté. J'ai donc été touchée par ce livre, le style est très agréable, même si j'ai trouvé qu'il y avait quelques longueurs, le début surtout manquait d'entrain à mes yeux (mais pas le tout tout début, l'incipit est formidable) ; et comme c'était surtout le regard d'enfant du héros qui m'intéressait, je ne pense pas que je lirai tout de suite Le Bachelier ni L'Insurgé... peut-être dans quelques années, si je me réconcilie avec les livres où il est question d'engagement politique ! (car il me semble que c'est surtout cette direction-là que la trilogie de Vallès prend, à la fin de l'Enfant)

Extrait : (le début, que j'ai étudié il y a quelques années et que j'aime beaucoup)

Ai-je été nourri par ma mère ? Est-ce une paysanne qui m’a donné son lait ? Je n’en sais rien. Quel que soit le sein que j’ai mordu, je ne me rappelle pas une caresse du temps où j’étais tout petit : je n’ai pas été dorloté, tapoté, baisotté ; j’ai été beaucoup fouetté.
Ma mère dit qu’il ne faut pas gâter les enfants, et elle me fouette tous les matins ; quand elle n’a pas le temps le matin, c’est pour midi, rarement plus tard que quatre heures.
Mademoiselle Balandreau m’y met du suif.
C’est une bonne vieille fille de cinquante ans. Elle demeure au-dessous de nous. D’abord elle était contente : comme elle n’a pas d’horloge, ça lui donnait l’heure. « Vlin ! Vlan ! zon ! zon ! – voilà le petit Chose qu’on fouette ; il est temps de faire mon café au lait. »
Mais un jour que j’avais levé mon pan, parce que ça me cuisait trop, et que je prenais l’air entre deux portes, elle m’a vu ; mon derrière lui a fait pitié.
Elle voulait d’abord le montrer à tout le monde, ameuter les voisins autour ; mais elle a pensé que ce n’était pas le moyen de le sauver, et elle a inventé autre chose.
Lorsqu’elle entend ma mère me dire : « Jacques, je vais te fouetter !
– Madame Vingtras, ne vous donnez pas la peine, je vais faire ça pour vous.
– Oh ! chère demoiselle, vous êtes trop bonne ! »
Mademoiselle Balandreau m’emmène ; mais au lieu de me fouetter, elle frappe dans ses mains ; moi, je crie. Ma mère remercie, le soir, sa remplaçante.
« À votre service, » répond la brave fille, en me glissant un bonbon en cachette.

(pour en lire plus, cliquez ici)
Par cristaux-de-verre le Samedi 7 août 2010
J'ai lu ce livre au collège et il reste un traumatisme de jeunesse ! Je n'ai pas du tout accroché à cette histoire alors que j'ai toujours aimé les romans autobiographiques...
J'ai par la suite étudié le début du roman au lycée et il m'a un peu réconciliée avec l'auteur, mais pas suffisamment pour que je retente ^^
Par Raison-et-sentiments le Samedi 7 août 2010
Je dû le lire au collège et si je ne me souviens pas vraiment ce que j'en ai pensé, je me rappelle l'avoir lu assez rapidement (pour l'époque, genre une-deux semaines) et l'avoir apprécié, enfin je crois.
Je me souviens d'images du livre (des leçons de latin ou de grec ? La description d'une tapisserie avec des bonhommes de je sais plus trop quoi).
Bref bref je ne pense pas vraiment le relire ... en plus le livre était au CDI.
Par Un-sourire-suffit le Samedi 7 août 2010
Ah, pareille. Sauf que je l'ai lu simplement au lycée. Quelle horreur. J'ai eu beaucoup de mal à finir. J'ai détesté. Pourtant, l'écriture me plaisait mais je ne sais pas.. L'histoire peut-être.
Par MeL le Samedi 7 août 2010
Pas pareil alors, j'ai quand même globalement aimé cette lecture même si j'ai trouvé certains passages longs au début.... :)
Par traviata le Samedi 7 août 2010
Waouh ! Quel superbe blog ! Pour la lectrice que je suis^^ coup de coeur là ! Je reviendrai :) Bonne continuation
Par Exlibris le Mardi 17 août 2010
C'est drôle, je n'ai jamais réussi à lire ce livre jusqu'au bout.. Les longueurs dont tu parles en sont surement la cause.. Il me semble que je n'ai jamais dépassé la page 50.. Et pourtant, tu me donne envie de réessayer.. On verra plus tard, mais merci, bonne fée! Personnellement, j'avais trouvé "Vipère au poing" beaucoup plus entrainant que "L'enfant".. Mais bon, je ne peux pas comparé, hein?!
 

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