♦ CHALLENGE ABC 2010, 13ème livre lu ♦
Quatrième de couverture : On siffle sa première pièce ? Musset s'en moque, il publiera les autres pour son plaisir, insouciant d'aucune règle, sauf celle de ses caprices et de sa fantaisie douloureuse et si légère. Ce sera son "spectacle dans un fauteuil". c'est pourquoi on ne cessera jamais de jouer ses comédies et proverbes. Dans quel rêve, quel château, quel parc mélancolique sommes-nous ? Le jeune seigneur Perdican devrait y épouser sa cousine Camille, mais en un instant il décide d'aimer une jeune bergère. Soudain dédaignée, Camille, qui ne croyait pas à l'amour, connaît le dépit, la jalousie, l'égoïsme de la passion. Autour d'eux, s'agitent des personnages fantoches d'une cocasserie irrésistible. Dans ce théâtre féérique, on se croise, on se déchire, on s'ennuie, on croit que tout est vain, on triche, on se désire, on souffre jusqu'à en mourir. Comme dans la vie.
Mon avis : mmh, je suis loin d'avoir détesté mais je m'attendais tellement à adorer cette pièce que c'est quand même une déception ! Une très bonne réputation, un beau titre, et j'adore depuis que j'ai vu le film L'Etudiante l'extrait très célèbre "tous les hommes sont faux, inconstants..." (cf ci-dessous). Seulement, une fois ma lecture finie, je constate que cet extrait reste mon passage préféré, et de loin, aucun autre n'a su m'exalter autant. Point fort de cette pièce : les personnages d'amoureux ne sont pas caricaturaux ; d'ordinaire, dans ce genre de comédies où il est question d'amour (remarquez, j'en connais peu, je dis peut-être de grosses bêtises ?), les deux amoureux sont sûrs de leurs sentiments, et le problème est que leur entourage, d'une manière ou d'une autre, s'oppose à leur union ; là, c'est le contraire, les deux tourtereaux supposés ne s'accordent pas et vont jouer au chat et à la souris pendant toute la pièce.
Une histoire d'amour et d'orgueil, parfait, ai-je pensé... (Catherine Earnshaw, l'héroïne des Hauts de Hurlevent et mon héroïne de fiction préférée, est une amoureuse très orgueilleuse). Sauf que je n'ai pas réussi à m'attacher aux personnages, peut-être parce que cette pièce est courte et qu'on n'a pas vraiment le temps de s'attacher à eux ? Ils m'ont simplement semblé capricieux, leur conduite m'a paru stupide, je ne leur trouve aucune excuse, n'ai pas ressenti de compassion à leur égard... bon, si, j'ai bien eu un peu pitié de Perdican vers la fin, mais j'ai pensé que son sort était mérité. Et la froideur de Camille au tout début m'a semblé tout à fait injustifiée. Le style est très fluide, on ne sent pas vraiment (je trouve) que cette pièce a été écrite il y a plus de 150 ans, le langage utilisé n'est pas vraiment dépaysant. Certains diront peut-être que c'est tant mieux, que c'est plus facile à lire, mais j'aurais préféré un style plus, je ne sais pas comment dire... flamboyant ? L'extrait si célèbre et que j'aime tant n'est pas vraiment représentatif du reste de la pièce, aucune autre réplique n'a su me faire frémir et m'extasier.
Les passages qui mettent en scène maître Bridaine (curé) et maître Blazius (gouverneur de Perdican), deux ivrognes qui se disputent les faveurs du baron, sont plutôt drôles, ces deux personnages secondaires sont réussis, et plus développés que d'ordinaire... mais au fond, ces passages, même s'ils sont agréables, n'ont rien à voir avec l'intrigue principale qui nous intéresse, et que j'aurais aimé voir plus développée, avec un peu plus de lyrisme. Peut-être que si j'ai l'occasion de voir cette pièce jouée, elle me touchera bien plus, peut-être aussi que ce n'était pas le bon moment pour moi.... dommage ! Je trouve mon extrait favori toujours aussi génial, j'ai lu cette pièce sans ennui, j'ai pu relever plusieurs bons points... mais j'en attendais tellement plus ! A relire dans quelques années pour voir si mon regard sur les personnages est moins sévère.
Le fameux extrait qui tue tout :
"Tous les hommes sont menteurs, inconstants, faux, bavards, hypocrites, orgueilleux et lâches, méprisables et sensuels ; toutes les femmes sont perfides, artificieuses, vaniteuses, curieuses et dépravées ; le monde n'est qu'un égout sans fond où les phoques les plus informes rampent et se tordent sur des montagnes de fange ; mais il y a au monde une chose sainte et sublime, c'est l'union de deux de ces êtres si imparfaits et si affreux. On est souvent trompé en amour, souvent blessé et souvent malheureux ; mais on aime, et quand on est sur le bord de sa tombe, on se retourne pour regarder en arrière, et on se dit : J'ai souffert souvent, je me suis trompé quelquefois ; mais j'ai aimé. C'est moi qui ai vécu, et non pas un être factice crée par mon orgueil et mon ennui."
Enfin bref, moi j'aime cette pièce pour l'histoire, l'écriture de Musset, et les personnages (la scène d'exposition est pas géniale quand même ?)