Sous-titre : "une histoire des années soixante"
Quatrième de couverture : Notre époque s'est reconnue dans le roman de Georges Perec. De là son succès immédiat et le fait que son titre ait passé dans le langage courant. Pour nous tous, désormais, l'idée de bonheur est liée aux "choses" que l'on acquiert : divans de cuir, chaussures anglaises, vêtements de cashemire, chaînes haute-fidélité, tapis indiens, tables campagnardes et fauteuils Louis XIII. Mais de quel prix nous faut-il les payer ? Choisirons-nous la liberté ou les choses ? Tel est notre dilemme.
Mon avis : Par certains aspects, ce livre a un peu vieilli. Il décrit avec moult détails un monde d'apparences, d'objets désirés par les héros. Mais c'est un monde sans téléphone portable, sans ordinateur, quasi sans télévision. Lorsque l'auteur parle de la guerre d'Algérie, de certaines rues parisiennes, cela ne me parle pas vraiment, cela devait plus toucher les lecteurs de l'époque. Ce roman, que j'ai un peu de mal à considérer comme un roman d'ailleurs, a une narration très étrange : les temps utilisés sont principalement l'imparfait et le conditionnel. Longue description de la vie, ou plutôt du mode de vie de ce couple. Jérôme et Sylvie ne sont jamais presque jamais dissociés, il s'agit toujours d'"ils", ils ceci, ils cela. Ce qui donnent l'impression, d'une part, qu'ils sont loin du lecteur, loin du monde des vivants, loin de toute action réelle. Mais en même temps, ce "ils" donne aussi l'impression qu'au contraire, l'histoire qui est racontée là est celle de n'importe qui, de plein de gens.
Histoire banale et effrayante d'une existence vide remplie par un désir de possession, de reconnaissance sociale, de richesse. Les héros de ce roman sont incapables de se détacher de ces désirs superficiels : quand, à un moment, ils se retrouvent loin du monde civilisé bourré de tentations matérielles, ils ne sont pas plus capables d'être heureux, ils restent vides, absurdes, leurs rêves de liberté sont creux et faux, et ils n'auront l'impression de revivre que lorsqu'il retourneront en ville. Ils sont abjects, et si semblables à nous ; je pense qu'au final, ce livre n'a nullement vieilli, ce qu'il nous disait en 1965 est encore plus vrai aujourd'hui...
Note à moi-même : Décidément, j'aime Pérec.