Quatrième de couverture : Un homme rattrapé par l'âge s'inquiète de ce qui lui reste d'aptitude au plaisir. Lors d'un voyage dans la région de Naples, jadis fameusement vouée aux délices (l'amour, le vin, la poésie...), il rencontre un couple dont la liberté le fascine - même s'il doit s'avouer que le fascine surtout la jeune femme, double à ses yeux des belles voluptueuses que l'on peut contempler sur les fresques des villas romaines d'alentour. Amusés - et troublés - par le désir hors saison de ce passant tardif, ces deux-là l'ont baptisé le Faune...
Alternent pages du Journal que tient le vieil homme et épisodes de la vie du couple avec lequel il finira par se lier. Eros accompagne ce trio. mais comme en sourdine: les esprits, quoi qu'on dise, se parlent plus vite que les corps... Qui est vieux ? Qui est pervers. innocent ? Qui est sincère, on rusé ? Et surtout: est-il sage de renoncer à ce qui n'est plus pour nous et qui passé certaine limite de la vie (mais quelle limite ?), semble perdu d'avance ? Poccioni se garde bien de répondre à ces questions. L'essentiel pour lui est dans la façon de les poser: loin de tout discours univoque. entre tristesse et enchantement. Où il rejoint Rilke. autre voyageur émerveillé par la beauté de ce qui n'est plus et, plus loin encore, par la richesse que ne cesse de nous apporter tout ce qui nous manqué.
Mon avis : un roman avec une atmosphère bien particulière, pleine de nostalgie (un peu trop de vin à mon goût, mais bon), le personnage du héros est bien sympathique, on s'attache à lui, on assiste, d'un côté à son progressif renoncement, son acceptation de sa vieillesse, et de l'autre, à ses sursauts de vie, ses désirs de rencontres, et surtout de sexe. J'ai préféré la partie "journal" du roman, ce que le vieil homme dit de son journal correspond assez bien au rôle que j'attribue moi-même à un journal intime. Mais j'ai été un peu déçue, je pensais que le voyage à Naples occuperait une bien plus grande partie du roman... j'ai eu un peu l'impression d'attendre tout le long quelque chose qui n'est jamais arrivé, le couple m'a paru plus banal que ce que le laissait présager la quatrième de couverture... un récit finalement plutôt doux, qui m'a laissé une sensation de tristesse, et je ne sais que penser de la fin, je ne m'attendais pas du tout à ça ! Et bien sûr, cela m'a fait un peu bizarre de lire ce roman, car l'auteur a été mon professeur de français, et professeur principal au collège, et, j'ai trouvé une certaine cohérence entre sa personnalité telle que je la connais et sa façon de raconter, impression que j'avais déjà eu en lisant Un garçon en ville, une autre de ses œuvres.
Extrait : "Il faut obligatoirement commencer un journal intime par une confession compromettante. C'est un baptême, un passage initiatique qui donnera d'emblée à la démarche sa valeur. Il faut se prouver qu'on est prêt à poser sur la page des souvenirs ambigus, des faits dont nulle fierté ne vient dorer les contours, enjoliver le résultat final."