Quatrième de couverture : Quarante-cinq ans, une femme, deux enfants, une vie confortable, et soudain l’envie d’écrire, le premier roman, le succès, les lettres d’admirateurs… Parmi ces lettres, celles de Sara, empreintes d’une passion ancienne qu’il croyait avoir oubliée. Et qui va tout bouleverser. Au creux du désir, l’écriture suit la trajectoire de la mémoire, violente, instinctive et trompeuse.
Delphine de Vigan, je commence à bien la connaître, après avoir lu et aimé No et moi, Jours sans faim et Rien ne s'oppose à la nuit j'ai décidé de lire toutes ses œuvres (et je ne reviens pas sur cette décision d'ailleurs !), et là j'ai encore l'impression de découvrir une nouvelle facette de l'auteur : finalement, le thème si banal en littérature de la relation amoureuse n'avait pas été vraiment approfondi dans les autres œuvres de Delphine que j'ai déjà lues ! Et rien qu'en lisant la quatrième de couverture, on sent bien que c'est ici le thème central autour duquel toute l'histoire se tient. Sujet casse-gueule car déjà abordé des millions de fois et qui peut facilement tomber dans la mièvrerie... ce n'est pas le cas, mais ce roman n'est à mon goût pas exempt de certains défauts malgré tout.
C'est un roman court (moins de 200 pages, avec une grande police), et qui se lit très facilement, et j'ai envie de dire "confortablement" : on n'a pas de mal à suivre, moi qui ai du mal à lire de manière fragmentée et entourée de monde, j'ai fait traîner cette lecture trois jours en picorant des pages dans le bus, dans les couloirs de l'école, et même (chuuut !) en amphi en suivant un cours en même temps, sans que ces conditions défavorables gênent véritablement ma lecture.
En raison de sa grande fluidité, c'est donc le roman parfait pour les vacances, une petite lecture rapide sans prise de tête (bon je dis ça pour correspondre à un cliché mais en vérité je profite souvent des moments de calme et de solitude en vacances pour me lancer dans des lectures plus longues ou ardues, mais on s'en fiche !). Mais cette "petite lecture" est-elle quand même suffisamment consistante, alors ? ... je ne saurais pas vraiment en juger, mais comme j'ai été vraiment émue par ce roman, qui était exactement ce dont j'avais besoin à ce moment-là, je dirais que oui, même si j'ai eu le sentiment d'un style peut-être un peu moins maîtrisé... je reproche à Delphine d'avoir cédé à certaines tournures un peu faciles : des anaphores surtout, qui permettent de rendre une atmosphère mélancolique à peu de frais, par exemple à l'aide de paragraphes entiers développés autour de la même expression assez simple avec de simples variations (ex : "j'attends...") .
J'ai eu parfois l'impression de me trouver face à une écriture "adolescente", le style m'a paru assez similaire à celui qu'on trouve parfois en parcourant des blogs tenus par des jeunes filles portées sur l'introspection tristounette (attention, je compare le style de Delphine aux blogs les mieux écrits, et il en existe effectivement de qualité !). On a donc une écriture un peu naïve, je comprendrais que ce style puisse agacer mais il a fonctionné sur moi en tout cas (j'espère que cela sera toujours le cas quand je relirai ce roman !)... et je crois qu'on a quand même là une touche propre à l'auteur : comme dans Rien ne s'oppose à la nuit finalement - même si les deux romans sont par ailleurs très différents, qu'il s'agisse du style, du sujet ou de l'ampleur de l’œuvre - on sent derrière les mots une fragilité, qui peut mettre le lecteur plus ou moins mal à l'aise, mais qui fait en même temps la force du roman, ou en tout cas une grande partie de son charme !
Et puis si le thème en lui-même n'est pas très original - un homme marié va connaître une lassitude et une nostalgie d'une histoire d'amour ancienne qui va tout remettre en question, en gros - mais c'est quand même assez subtil et poétiquement écrit pour être intéressant... je n'ai pas vraiment réussi à m'attacher au héros, tout en étant proche de ce personnage qui devient de plus en plus secret au fur et à mesure qu'il se retranche en lui-même au sein même de son foyer, on a du mal à savoir quelles sont ses pensées, notamment en ce qui concerne son travail d'écrivain : on sait au début du roman que son premier roman a eu du succès, on voit qu'il a du mal à se remettre à l'écriture, progressivement on en apprend un peu plus sur son rapport à l'écriture, et il y a pas mal de réflexions assez bien trouvées et joliment trouvées sur le pouvoir de l'écriture, sur ce qu'elle permet d'exprimer, mais au fond on ne sait pas trop ce qu'il pense de son travail et de son statut récent d'écrivain... on ignore d'ailleurs tout de ce premier roman qui l'a rendu célèbre ! Ce que je trouve un peu décevant, même si on comprend que ce n'est pas l'essentiel.
De même, on sait peu de choses sur cette "Sara" qui va revenir dans sa vie et qu'on découvre 'à travers les quelques lettres qu'elle lui a écrites (très belles, je crois que presque tous les passages que j'avais envie de noter sont extraits de ces lettres) et les quelques souvenirs qu'il veut bien nous faire connaître. Cela laisse une certaine distance entre les personnages et le lecteur, qui est assez frustrante mais laisse planer une atmosphère de mystère pas désagréable et finalement bien en adéquation avec le sujet : le héros chez lui ne communique plus avec sa famille, mais celle à qui il pense reste loin de lui... on a tout un tas de barrières, physiques et symboliques, entre les personnages qui ne savent pas trop ce qu'ils veulent et restent toujours isolés les uns des autres d'une certaine façon...
On sent dans ces personnages un décalage, non seulement entre leur vie réelle et leur vie fantasmée, mais aussi entre leurs rêves et ce qu'ils sont effectivement prêts à réaliser : ni complètement héroïques, ni complètement victimes, ces personnages ne sont pas dénués d'une part de médiocrité qui leur confère une dose supplémentaire d'humanité... et au final je serais bien en peine de les juger. Malgré l'atmosphère un peu ouatée et onirique dans laquelle baigne l'ensemble du roman (les scènes où il est question de désir sexuel par exemple sont plutôt réussies, ni trop prudes, ni trop crues), la fin est plus modérée et réaliste, elle est une façon de ramener le lecteur à terre, certains n'aimeront peut-être pas mais il me semble au contraire que c'est un choix judicieux de l'auteur, qui nous épargne ainsi un "parfait" happy end (ou une fin tragique, je ne vous dis pas comment ça finit !) qui aurait été trop caricatural.
Delphine de Vigan, je commence à bien la connaître, après avoir lu et aimé No et moi, Jours sans faim et Rien ne s'oppose à la nuit j'ai décidé de lire toutes ses œuvres (et je ne reviens pas sur cette décision d'ailleurs !), et là j'ai encore l'impression de découvrir une nouvelle facette de l'auteur : finalement, le thème si banal en littérature de la relation amoureuse n'avait pas été vraiment approfondi dans les autres œuvres de Delphine que j'ai déjà lues ! Et rien qu'en lisant la quatrième de couverture, on sent bien que c'est ici le thème central autour duquel toute l'histoire se tient. Sujet casse-gueule car déjà abordé des millions de fois et qui peut facilement tomber dans la mièvrerie... ce n'est pas le cas, mais ce roman n'est à mon goût pas exempt de certains défauts malgré tout.
C'est un roman court (moins de 200 pages, avec une grande police), et qui se lit très facilement, et j'ai envie de dire "confortablement" : on n'a pas de mal à suivre, moi qui ai du mal à lire de manière fragmentée et entourée de monde, j'ai fait traîner cette lecture trois jours en picorant des pages dans le bus, dans les couloirs de l'école, et même (chuuut !) en amphi en suivant un cours en même temps, sans que ces conditions défavorables gênent véritablement ma lecture.
En raison de sa grande fluidité, c'est donc le roman parfait pour les vacances, une petite lecture rapide sans prise de tête (bon je dis ça pour correspondre à un cliché mais en vérité je profite souvent des moments de calme et de solitude en vacances pour me lancer dans des lectures plus longues ou ardues, mais on s'en fiche !). Mais cette "petite lecture" est-elle quand même suffisamment consistante, alors ? ... je ne saurais pas vraiment en juger, mais comme j'ai été vraiment émue par ce roman, qui était exactement ce dont j'avais besoin à ce moment-là, je dirais que oui, même si j'ai eu le sentiment d'un style peut-être un peu moins maîtrisé... je reproche à Delphine d'avoir cédé à certaines tournures un peu faciles : des anaphores surtout, qui permettent de rendre une atmosphère mélancolique à peu de frais, par exemple à l'aide de paragraphes entiers développés autour de la même expression assez simple avec de simples variations (ex : "j'attends...") .
J'ai eu parfois l'impression de me trouver face à une écriture "adolescente", le style m'a paru assez similaire à celui qu'on trouve parfois en parcourant des blogs tenus par des jeunes filles portées sur l'introspection tristounette (attention, je compare le style de Delphine aux blogs les mieux écrits, et il en existe effectivement de qualité !). On a donc une écriture un peu naïve, je comprendrais que ce style puisse agacer mais il a fonctionné sur moi en tout cas (j'espère que cela sera toujours le cas quand je relirai ce roman !)... et je crois qu'on a quand même là une touche propre à l'auteur : comme dans Rien ne s'oppose à la nuit finalement - même si les deux romans sont par ailleurs très différents, qu'il s'agisse du style, du sujet ou de l'ampleur de l’œuvre - on sent derrière les mots une fragilité, qui peut mettre le lecteur plus ou moins mal à l'aise, mais qui fait en même temps la force du roman, ou en tout cas une grande partie de son charme !
Et puis si le thème en lui-même n'est pas très original - un homme marié va connaître une lassitude et une nostalgie d'une histoire d'amour ancienne qui va tout remettre en question, en gros - mais c'est quand même assez subtil et poétiquement écrit pour être intéressant... je n'ai pas vraiment réussi à m'attacher au héros, tout en étant proche de ce personnage qui devient de plus en plus secret au fur et à mesure qu'il se retranche en lui-même au sein même de son foyer, on a du mal à savoir quelles sont ses pensées, notamment en ce qui concerne son travail d'écrivain : on sait au début du roman que son premier roman a eu du succès, on voit qu'il a du mal à se remettre à l'écriture, progressivement on en apprend un peu plus sur son rapport à l'écriture, et il y a pas mal de réflexions assez bien trouvées et joliment trouvées sur le pouvoir de l'écriture, sur ce qu'elle permet d'exprimer, mais au fond on ne sait pas trop ce qu'il pense de son travail et de son statut récent d'écrivain... on ignore d'ailleurs tout de ce premier roman qui l'a rendu célèbre ! Ce que je trouve un peu décevant, même si on comprend que ce n'est pas l'essentiel.
De même, on sait peu de choses sur cette "Sara" qui va revenir dans sa vie et qu'on découvre 'à travers les quelques lettres qu'elle lui a écrites (très belles, je crois que presque tous les passages que j'avais envie de noter sont extraits de ces lettres) et les quelques souvenirs qu'il veut bien nous faire connaître. Cela laisse une certaine distance entre les personnages et le lecteur, qui est assez frustrante mais laisse planer une atmosphère de mystère pas désagréable et finalement bien en adéquation avec le sujet : le héros chez lui ne communique plus avec sa famille, mais celle à qui il pense reste loin de lui... on a tout un tas de barrières, physiques et symboliques, entre les personnages qui ne savent pas trop ce qu'ils veulent et restent toujours isolés les uns des autres d'une certaine façon...
On sent dans ces personnages un décalage, non seulement entre leur vie réelle et leur vie fantasmée, mais aussi entre leurs rêves et ce qu'ils sont effectivement prêts à réaliser : ni complètement héroïques, ni complètement victimes, ces personnages ne sont pas dénués d'une part de médiocrité qui leur confère une dose supplémentaire d'humanité... et au final je serais bien en peine de les juger. Malgré l'atmosphère un peu ouatée et onirique dans laquelle baigne l'ensemble du roman (les scènes où il est question de désir sexuel par exemple sont plutôt réussies, ni trop prudes, ni trop crues), la fin est plus modérée et réaliste, elle est une façon de ramener le lecteur à terre, certains n'aimeront peut-être pas mais il me semble au contraire que c'est un choix judicieux de l'auteur, qui nous épargne ainsi un "parfait" happy end (ou une fin tragique, je ne vous dis pas comment ça finit !) qui aurait été trop caricatural.
Comme toi je veux tout lire d'elle, donc hop hop.
Par contre PS, pourquoi ton précédent article est sous MP ? ._.