Encore une fois, un bouquin issu de la rentrée littéraire que je n'en finis pas de goûter... ! Philippe Jaenada, j'avais aimé sa verve, ses parenthèses, la complicité avec les personnages qu'il nous avait offerts avec le Cosmonaute ; j'en attendais autant avec ce petit dernier... j'avais sans doute mis la barre trop haut... c'est sympa, mais c'est moins bien.
Il me semble qu'il s'est pas mal calmé avec les parenthèses... vous me direz (pour ceux qui connaissent le Cosmonaute) que c'est peut-être un bon point, car les nombreuses parenthèses du Cosmonaute rendaient son discours peut-être un peu dur à suivre par moments. Là, pas de problème de ce genre, c'est très fluide, mais on perd en originalité, et en humour, c'est certain. Ce qui m'avait tant plu dans le Cosmonaute (désolée si ça vous ennuie, mais je suis bien partie pour comparer les deux œuvres tout au long de cet article car dans ma tête elles sont vraiment liées), c'était la distance teintée de raillerie espiègle entre le narrateur et lui-même, si je puis dire. Dans la Femme et l'ours, on a toujours un narrateur à la première personne, mais que j'ai trouvé moins facétieux, même s'il s'agit au final du même genre de personnage - un avatar de l'auteur apparemment, j'ai lu je-ne-sais-plus-où que La Femme et l'ours est le roman le plus autobiographique de Jaenada, le narrateur est effectivement un personnage d'écrivain...
... mais ce qui lie le plus fortement La Femme et l'Ours et le Cosmonaute - seul autre roman de l'auteur que j'ai lu mais je précise qu'il en a écrit bien d'autres, donc on pourrait peut-être faire de multiples autres liens avec le reste de son œuvre, je vous redirai ça quand je connaîtrai tout de lui -, c'est le personnage de la femme de l'auteur, qui semble absolument identique dans les deux romans : il s'agit d'une femme tyrannique et maniaque à laquelle notre narrateur doit se soumettre afin d'éviter les situations explosives.... et là forcément je ne peux m'empêcher de me demander si la femme de l'auteur est vraiment comme ça ! Si oui 1) je le plains et je me demande comment il fait pour la supporter 2) il serait très improbable qu'il ose en faire un tel portrait publiquement ! J'en déduis donc qu'il doit y avoir une bonne part de fiction là-dedans (ou alors, c'est son ex-femme et il se venge mouahaha), bref, on tombe dans des considérations un peu trop people à mon goût alors je ne vais pas épiloguer là-dessus, n'empêche que ce personnage féminin diabolique ne manque pas de charisme et malgré son effet plutôt malfaisant, j'ai été contente de la retrouver ici, au point d'avoir un peu l'impression que la Femme et l'ours est une sorte de suite du Cosmonaute !
Dans le Cosmonaute, on avait surtout un tableau du couple formé par les deux personnages ; là, le personnage de la femme (la femme du titre n'est d'ailleurs pas forcément la femme du narrateur...) est beaucoup plus effacé, on se centre sur le narrateur, qui va d'ailleurs s'éloigner physiquement du foyer conjugal en tentant une sorte de rébellion par la fuite. Je ne continue pas trop sur cette lancée sinon on va m'accuser de tout spoiler (je-m'en-tape !) mais en gros, la narrateur va être entraîné dans des aventures qui l'emmèneront toujours un peu plus loin de chez lui ; ça part d'une broutille réaliste et pffffuit, d'un évènement à un autre il se retrouve embarqué dans une histoire qui pourrait avoir des conséquences bien plus lourdes que tout ce qu'il pouvait imaginer au départ.
La fantaisie qui manquait au début de ce dernier roman (à mon avis) se retrouve au fur et à mesure que les pages se tournent, on sent que l'auteur laisse progressivement libre court à son imagination, ça devient de plus en plus déjanté, au point de m'avoir rendue assez réticente à le suivre dans ses pérégrinations loufoques au bout d'un moment, je me suis vraiment demandée jusqu'où on irait, des scènes crues que le début n'annonçait pas du tout (noooon je ne suis pas mijaurée, seulement, je ne m'y attendais pas c'est tout !) m'ont fait poser le bouquin une minute, le temps de déclarer à ma mère - qui n'en avait strictement rien à faire mais c'est pas grave, j'avais besoin de partager mon ressenti en direct : "Ouuuhlàlà, ça part carrément en vrille là !" Les personnages et l'objet de la "fuite" sont différents, mais ce roman m'a fait beaucoup penser à Eyes Wide Shut (et donc à l’œuvre littéraire qui a servi de base au film de Kubrick, La nouvelle rêvée, d'Arthur Schnitzler) : on suit le narrateur en se demandant jusqu'où tout cela va le mener !
Le dérapage est cependant contrôlé, le narrateur/auteur retombera sur ses pattes (d'ours), la fin m'a plutôt réconciliée avec les passages que j'ai trouvés excessifs, et une fois le roman terminé, je me dis qu'aller aussi loin était sans doute nécessaire. Le tout est bien ficelé, et à la fin du roman, on considère la situation initiale différemment : nous (enfin, au moins "me") faire reconsidérer complètement une situation que je jugeais pourtant de manière tranchée et sans tergiverser au début est à mon avis une sorte d'exploit qu'il convient d'applaudir. Si la fin du Cosmonaute me faisait chérir le célibat, celle de la Femme et l'Ours me démontre que les choses ne peuvent pas être jugées de manière aussi simpliste. Un roman qui manque un peu de pêche et s'enlise quelquefois - toujours en comparant avec le Cosmonaute, mais je crois que vous avez compris à force - un peu plus triste, un peu plus proche de nos vies peut-être ? avec un narrateur très humain qui n'hésite pas à embrasser la déchéance (au moins temporairement, je ne vous dis pas comment ça finit - mais bon sang que d'alcool, c'en est presque saoulant !), l'aspect rocambolesque de ses frasques pimente la lecture et la rend plutôt prenante, et si la fin du roman en décevra forcément certains, pour ma part je trouve que l'évolution du personnage au cours du roman tient tout à fait debout et fait plutôt réfléchir...
Il me semble qu'il s'est pas mal calmé avec les parenthèses... vous me direz (pour ceux qui connaissent le Cosmonaute) que c'est peut-être un bon point, car les nombreuses parenthèses du Cosmonaute rendaient son discours peut-être un peu dur à suivre par moments. Là, pas de problème de ce genre, c'est très fluide, mais on perd en originalité, et en humour, c'est certain. Ce qui m'avait tant plu dans le Cosmonaute (désolée si ça vous ennuie, mais je suis bien partie pour comparer les deux œuvres tout au long de cet article car dans ma tête elles sont vraiment liées), c'était la distance teintée de raillerie espiègle entre le narrateur et lui-même, si je puis dire. Dans la Femme et l'ours, on a toujours un narrateur à la première personne, mais que j'ai trouvé moins facétieux, même s'il s'agit au final du même genre de personnage - un avatar de l'auteur apparemment, j'ai lu je-ne-sais-plus-où que La Femme et l'ours est le roman le plus autobiographique de Jaenada, le narrateur est effectivement un personnage d'écrivain...
... mais ce qui lie le plus fortement La Femme et l'Ours et le Cosmonaute - seul autre roman de l'auteur que j'ai lu mais je précise qu'il en a écrit bien d'autres, donc on pourrait peut-être faire de multiples autres liens avec le reste de son œuvre, je vous redirai ça quand je connaîtrai tout de lui -, c'est le personnage de la femme de l'auteur, qui semble absolument identique dans les deux romans : il s'agit d'une femme tyrannique et maniaque à laquelle notre narrateur doit se soumettre afin d'éviter les situations explosives.... et là forcément je ne peux m'empêcher de me demander si la femme de l'auteur est vraiment comme ça ! Si oui 1) je le plains et je me demande comment il fait pour la supporter 2) il serait très improbable qu'il ose en faire un tel portrait publiquement ! J'en déduis donc qu'il doit y avoir une bonne part de fiction là-dedans (ou alors, c'est son ex-femme et il se venge mouahaha), bref, on tombe dans des considérations un peu trop people à mon goût alors je ne vais pas épiloguer là-dessus, n'empêche que ce personnage féminin diabolique ne manque pas de charisme et malgré son effet plutôt malfaisant, j'ai été contente de la retrouver ici, au point d'avoir un peu l'impression que la Femme et l'ours est une sorte de suite du Cosmonaute !
Dans le Cosmonaute, on avait surtout un tableau du couple formé par les deux personnages ; là, le personnage de la femme (la femme du titre n'est d'ailleurs pas forcément la femme du narrateur...) est beaucoup plus effacé, on se centre sur le narrateur, qui va d'ailleurs s'éloigner physiquement du foyer conjugal en tentant une sorte de rébellion par la fuite. Je ne continue pas trop sur cette lancée sinon on va m'accuser de tout spoiler (je-m'en-tape !) mais en gros, la narrateur va être entraîné dans des aventures qui l'emmèneront toujours un peu plus loin de chez lui ; ça part d'une broutille réaliste et pffffuit, d'un évènement à un autre il se retrouve embarqué dans une histoire qui pourrait avoir des conséquences bien plus lourdes que tout ce qu'il pouvait imaginer au départ.
La fantaisie qui manquait au début de ce dernier roman (à mon avis) se retrouve au fur et à mesure que les pages se tournent, on sent que l'auteur laisse progressivement libre court à son imagination, ça devient de plus en plus déjanté, au point de m'avoir rendue assez réticente à le suivre dans ses pérégrinations loufoques au bout d'un moment, je me suis vraiment demandée jusqu'où on irait, des scènes crues que le début n'annonçait pas du tout (noooon je ne suis pas mijaurée, seulement, je ne m'y attendais pas c'est tout !) m'ont fait poser le bouquin une minute, le temps de déclarer à ma mère - qui n'en avait strictement rien à faire mais c'est pas grave, j'avais besoin de partager mon ressenti en direct : "Ouuuhlàlà, ça part carrément en vrille là !" Les personnages et l'objet de la "fuite" sont différents, mais ce roman m'a fait beaucoup penser à Eyes Wide Shut (et donc à l’œuvre littéraire qui a servi de base au film de Kubrick, La nouvelle rêvée, d'Arthur Schnitzler) : on suit le narrateur en se demandant jusqu'où tout cela va le mener !
Le dérapage est cependant contrôlé, le narrateur/auteur retombera sur ses pattes (d'ours), la fin m'a plutôt réconciliée avec les passages que j'ai trouvés excessifs, et une fois le roman terminé, je me dis qu'aller aussi loin était sans doute nécessaire. Le tout est bien ficelé, et à la fin du roman, on considère la situation initiale différemment : nous (enfin, au moins "me") faire reconsidérer complètement une situation que je jugeais pourtant de manière tranchée et sans tergiverser au début est à mon avis une sorte d'exploit qu'il convient d'applaudir. Si la fin du Cosmonaute me faisait chérir le célibat, celle de la Femme et l'Ours me démontre que les choses ne peuvent pas être jugées de manière aussi simpliste. Un roman qui manque un peu de pêche et s'enlise quelquefois - toujours en comparant avec le Cosmonaute, mais je crois que vous avez compris à force - un peu plus triste, un peu plus proche de nos vies peut-être ? avec un narrateur très humain qui n'hésite pas à embrasser la déchéance (au moins temporairement, je ne vous dis pas comment ça finit - mais bon sang que d'alcool, c'en est presque saoulant !), l'aspect rocambolesque de ses frasques pimente la lecture et la rend plutôt prenante, et si la fin du roman en décevra forcément certains, pour ma part je trouve que l'évolution du personnage au cours du roman tient tout à fait debout et fait plutôt réfléchir...