Résumé : Une autre lettre de Loïc. Elles sont rares. Quelques phrases griffonnées sur un papier. Il va bien. Il n'a pas pardonné. Il ne rentrera pas. Il l'aime. Rien d'autre. Rien sur son départ précipité. Deux ans déjà qu'il est parti. Peu après que Claire a obtenu son bac. A son retour de vacances, il n'était plus là. Son frère avait disparu, sans raison. Sans un mot d'explication. Claire croit du bout des lèvres à une dispute entre Loïc et son père. Demain, elle quittera son poste de caissière au supermarché et se rendra à Portbail. C'est de là-bas que la lettre a été postée. Claire dispose d'une semaine de congé pour retrouver Loïc. Lui parler. Comprendre.
Mon avis : le film m'avait énormément émue la première fois que je l'ai vu il y a quelques années (il m'a fait moins d'effet les autres fois), et comme je connaissais déjà la fin, je m'étais dit que je ne lirais pas le livre. Mais finalement, les avis pas très positifs que j'ai lus au sujet du livre, au lieu de me conforter dans cette position, ont fini, paradoxalement, par m'intriguer. Le film n'explique pas tout, et en lisant le livre on espère que cela sera plus clair, qu'on en saura plus. Pour avoir lu pas mal de critiques du livre, je savais qu'il n'apporterait pas les réponses qu'on attend.
Dans un sens, le livre est moins pathétique : Loïc et Claire (Lili dans le film) ne sont pas jumeaux, Claire n'ira pas en hôpital psychiatrique... je veux dire par là que les évènements décrits dans le film semblent plus violents, plus tristes, plus propres à faire couler nos larmes. Dans le livre, l'atmosphère est différente, la disparition de Loïc n'est pas la seule source de tristesse, c'est un tout. La première page m'a déstabilisée, j'ai d'abord trouvé le style froid, le quotidien de Claire nous est présenté dans toute sa banalité et son vide, quasiment sans commentaire, et de temps à autre, l'absence du frère vient s'infiltrer, un souvenir, des comparaisons entre Loïc et les hommes qu'elle croise, "Loïc aurait su", etc.
Les personnages sont assez différents entre le livre et le film : les personnages des parents me semblent plus positifs dans le livre (mais ce n'est probablement qu'une impression personnelle pas vraiment fondée)... les personnages masculins, au contraire, sont édulcorés dans le film, ce ne sont pas les mêmes, je trouve que la Claire imaginée par Olivier Adam a moins de chance que l'héroïne du film, sa vie me semble plus dure, plus cruelle, tout en restant d'une cruauté "ordinaire", qu'on ne peut qu'accepter car la vie est ainsi....
Contrairement à une majorité de personnes, je crois bien qu'au final je préfère le livre au film. Bien sûr je n'ai pas eu la surprise de la fin, ayant vu le film avant. Le livre ne complète pas les informations prodiguées par le film, au final on en sait même moins sur les évènements ! Et pourtant, je l'ai trouvé plus profond, plus subtil, plus réaliste. Simplement en montrant la vie telle qu'elle est, avec toutes les déceptions, les petites injustices de tous les jours qu'on subit : la pénibilité du travail de Claire, le désagréable sentiment de solitude au milieu d'une conversation, mais aussi les petites joies qui permettent de tenir, l'espoir, le fait de se sentir bien avec certaines personnes, même quand ces personnes sont silencieuses, distantes et imparfaites... tout cela m'a parlé. Je me suis pas mal retrouvée dans le personnage de Claire, j'ai retrouvé dans ses pensées (auxquelles on a quand même un peu accès, au détour d'une envie de vomir) des choses que je pense aussi, mais que je n'ose pas forcément dire.
Quand j'ai revu le film, il m'a laissée presque froide alors qu'il m'avait déchirée la première fois... mais je suis sûre que si je relis ce livre, j'en garderai la même impression nauséeuse de cafard tenace, impression sourde mais plus lourde, moins éphémère finalement que ce que nous propose le film.
Extraits :
"Elle ne pense pas à l'avenir. Que faire, où s'inscrire. Paul lui dit qu'elle a l'embarras du choix, maintenant qu'elle a son bac. Elle répond qu'elle a surtout le choix de l'embarras. Tu vas bien faire quelque chose de ta vie, dit Irène. Claire n'a jamais vraiment pensé qu'on pouvait faire quelque chose de sa vie, alors la manière d'y parvenir et les buts à se fixer, tout ça devient très flou."
"Ça sent le dimanche soir, la fin des vacances. Claire a un petit pincement au coeur à l'idée de retrouver sa caisse. Sa caisse ou autre chose, vendre des conserves ou des bouquins, c'est égal. Le problème n'est pas là. Le problème est qu'il faut faire autre chose plutôt que rien. Et qu'on doit "s'estimer heureux, avec tous ces gens dans la rue"."
"Ce soir-là Julien n'est pas bien. Sa journée au bureau a été chargée. De travail et d'électricité. D'engueulades en tout genre, d'angoisses diverses. De délais à respecter, de fournisseurs irrespectueux, de défections successives. Il a fini tard et épuisé. Lorsque tout s'accélère ainsi, lorsqu'il est obligé de s'investir dans ce qu'il fait, dans son travail, Julien ne supporte pas. Il n'est pas de taille. N'a pas la carrure ni les épaules. Et encore moins le goût ou la motivation. Ça lui donne immanquablement envie de mourir. Immanquablement. C'est toujours dans ces moments que, sans raison, les larmes lui montent aux yeux sans jamais en sortir. Que l'idée de se donner la mort se fait plus précise, aguicheuse, raisonnable. Et c'est ce qui le fait tenir. L'idée que s'il ne tient pas, s'il n'est pas à la hauteur, si on vient l'engueuler, pfuit, il se barre. La lâcheté lui donne un peu de courage."
Mon avis : le film m'avait énormément émue la première fois que je l'ai vu il y a quelques années (il m'a fait moins d'effet les autres fois), et comme je connaissais déjà la fin, je m'étais dit que je ne lirais pas le livre. Mais finalement, les avis pas très positifs que j'ai lus au sujet du livre, au lieu de me conforter dans cette position, ont fini, paradoxalement, par m'intriguer. Le film n'explique pas tout, et en lisant le livre on espère que cela sera plus clair, qu'on en saura plus. Pour avoir lu pas mal de critiques du livre, je savais qu'il n'apporterait pas les réponses qu'on attend.
Dans un sens, le livre est moins pathétique : Loïc et Claire (Lili dans le film) ne sont pas jumeaux, Claire n'ira pas en hôpital psychiatrique... je veux dire par là que les évènements décrits dans le film semblent plus violents, plus tristes, plus propres à faire couler nos larmes. Dans le livre, l'atmosphère est différente, la disparition de Loïc n'est pas la seule source de tristesse, c'est un tout. La première page m'a déstabilisée, j'ai d'abord trouvé le style froid, le quotidien de Claire nous est présenté dans toute sa banalité et son vide, quasiment sans commentaire, et de temps à autre, l'absence du frère vient s'infiltrer, un souvenir, des comparaisons entre Loïc et les hommes qu'elle croise, "Loïc aurait su", etc.
Les personnages sont assez différents entre le livre et le film : les personnages des parents me semblent plus positifs dans le livre (mais ce n'est probablement qu'une impression personnelle pas vraiment fondée)... les personnages masculins, au contraire, sont édulcorés dans le film, ce ne sont pas les mêmes, je trouve que la Claire imaginée par Olivier Adam a moins de chance que l'héroïne du film, sa vie me semble plus dure, plus cruelle, tout en restant d'une cruauté "ordinaire", qu'on ne peut qu'accepter car la vie est ainsi....
Contrairement à une majorité de personnes, je crois bien qu'au final je préfère le livre au film. Bien sûr je n'ai pas eu la surprise de la fin, ayant vu le film avant. Le livre ne complète pas les informations prodiguées par le film, au final on en sait même moins sur les évènements ! Et pourtant, je l'ai trouvé plus profond, plus subtil, plus réaliste. Simplement en montrant la vie telle qu'elle est, avec toutes les déceptions, les petites injustices de tous les jours qu'on subit : la pénibilité du travail de Claire, le désagréable sentiment de solitude au milieu d'une conversation, mais aussi les petites joies qui permettent de tenir, l'espoir, le fait de se sentir bien avec certaines personnes, même quand ces personnes sont silencieuses, distantes et imparfaites... tout cela m'a parlé. Je me suis pas mal retrouvée dans le personnage de Claire, j'ai retrouvé dans ses pensées (auxquelles on a quand même un peu accès, au détour d'une envie de vomir) des choses que je pense aussi, mais que je n'ose pas forcément dire.
Quand j'ai revu le film, il m'a laissée presque froide alors qu'il m'avait déchirée la première fois... mais je suis sûre que si je relis ce livre, j'en garderai la même impression nauséeuse de cafard tenace, impression sourde mais plus lourde, moins éphémère finalement que ce que nous propose le film.
Extraits :
"Elle ne pense pas à l'avenir. Que faire, où s'inscrire. Paul lui dit qu'elle a l'embarras du choix, maintenant qu'elle a son bac. Elle répond qu'elle a surtout le choix de l'embarras. Tu vas bien faire quelque chose de ta vie, dit Irène. Claire n'a jamais vraiment pensé qu'on pouvait faire quelque chose de sa vie, alors la manière d'y parvenir et les buts à se fixer, tout ça devient très flou."
"Ça sent le dimanche soir, la fin des vacances. Claire a un petit pincement au coeur à l'idée de retrouver sa caisse. Sa caisse ou autre chose, vendre des conserves ou des bouquins, c'est égal. Le problème n'est pas là. Le problème est qu'il faut faire autre chose plutôt que rien. Et qu'on doit "s'estimer heureux, avec tous ces gens dans la rue"."
"Ce soir-là Julien n'est pas bien. Sa journée au bureau a été chargée. De travail et d'électricité. D'engueulades en tout genre, d'angoisses diverses. De délais à respecter, de fournisseurs irrespectueux, de défections successives. Il a fini tard et épuisé. Lorsque tout s'accélère ainsi, lorsqu'il est obligé de s'investir dans ce qu'il fait, dans son travail, Julien ne supporte pas. Il n'est pas de taille. N'a pas la carrure ni les épaules. Et encore moins le goût ou la motivation. Ça lui donne immanquablement envie de mourir. Immanquablement. C'est toujours dans ces moments que, sans raison, les larmes lui montent aux yeux sans jamais en sortir. Que l'idée de se donner la mort se fait plus précise, aguicheuse, raisonnable. Et c'est ce qui le fait tenir. L'idée que s'il ne tient pas, s'il n'est pas à la hauteur, si on vient l'engueuler, pfuit, il se barre. La lâcheté lui donne un peu de courage."
Je ne connaissais pas le roman dans cette édition et je dois dire que je suis assez fan de la couv' !