Mercredi 26 mai 2010

http://bouquins.cowblog.fr/images/livres/frannyetzooey.jpgQuatrième de couverture : " Quelque part dans Gatsby le Magnifique (qui fut mon Tom Sawyer à moi quand j'avais douze ans), le jeune narrateur fait remarquer que tout le monde pense avoir au moins l'une des vertus cardinales, et il poursuit en disant que la sienne, Dieu merci, est l'honnêteté. Je pense que la mienne est de savoir la différence entre une histoire mystique et une histoire d'amour. Je dis que généralement je fais non pas des histoires mystiques ou des mystifications religieuses, mais une histoire d'amour complexe, multiple, pure et composée. "
J.D. Salinger

Mon avis : hum, je ne suis pas sûre d'avoir compris ce roman à 100% mais globalement j'ai bien aimé (et méfiez-vous, dans les lignes qui suit je vais avoir tendance à raconter l'histoire, alors spoiler on). L'enchaînement des scènes, des dialogues (ou plutôt des conversations) entre les personnages se fait de façon assez cinématographique, un lieu est décrit pour la première fois quand un personnage y fait son entrée, la narration ne propose donc pas de grande surprise, mais ce n'est pas vraiment un reproche, car c'est bien fait. J'ai surtout aimé le début : Franny est avec son petit ami, Lane, qui l'exaspère, et elle s'en veut de ne pas être plus gentille avec lui ; elle se rend compte qu'en fait tout le monde l'exaspère, que les comportements des gens en général lui sont insupportables ; elle va alors en quelque sorte s'extraire du monde et a une espèce de "crise mystique" (même si Salinger dit que ce n'est pas une histoire mystique, je ne vois pas trop comment appeler ça autrement, même si c'est sûr que c'est plus compliqué que ça...).

Le reste du roman se déroule dans la maison des parents de Franny, et sa famille va chercher à comprendre ce qui lui arrive, et à la secourir ; le passage où Zooey (frère de Franny, acteur), et Bessie (leur mère) sont dans la salle de bains est assez long et fait vraiment réaliste, la conversation n'est pas coupée, même les répliques les plus banales d'une conversation nous sont rapportés. Je pense ne pas avoir bien saisi toutes les réflexions philosophico-religieuses que Zooey tient à sa sœur, je me suis sentie parfois un peu larguée même si je pense avoir compris l'essentiel : il cherche à la persuader que son comportement (elle prie sans cesse) n'est pas moins absurde que les autres comportements habituels des humains qu'elle rejette.

Franny est un personnage sensible, complexe, on comprend que la scène avec son petit ami du début a eu un rôle déclencheur, et on sent aussi que sa crise est lié à la souffrance dûe à la mort de deux de ses autres frères, mais on n'a cependant pas tous les éléments pour bien comprendre ce qui se passe dans sa tête, et elle-même semble trop perdue pour bien savoir ce qu'elle fait ; son désir de s'extraire du monde m'a un peu rappelé le comportement d'Un homme qui dort de Perec (bon, d'accord, j'ai aussi un peu tendance à tout rattacher à ce livre) ; Franny remet en question l'ensemble de nos modes de vies, elle n'accepte pas ce qui va pourtant de soi pour tout le monde, et dans ce sens on peut aussi un peu la rapprocher du personnage d'Holden Caufield, le héros de l'Attrape-coeurs du même auteur. Un roman qui m'a donc plu, mais je pense que j'aurais été plus sensible au désarroi de Franny si elle n'avait pas choisi la religion comme béquille, ce choix m'a un peu empêché de m'identifier vraiment au personnage (c'est mon côté mécréant qui ressort...).

J'aurais aussi aimé que les autres personnages soient plus développés, j'aurais par exemple aimé en savoir plus sur Buddy, un autre des frères, et qui correspond plus au moins du narrateur (de l'auteur ?),  et qui intervient finalement assez peu au cours du récit sauf dans un passage au début de la partie "Zooey" (deuxième et dernière partie du roman) dans lequel il présente son texte comme un "film domestique en prose" et dans lequel il présente les différents personnages ; j'ai cependant lu qu'on retrouve les personnages de la famille Glass dans d'autres œuvres de Salinger, les lire me permettra donc peut-être de combler ma curiosité concernant ces personnages. :)

Extraits :
"J'en ai assez de l'ego, de l'ego, de l'ego. Du mien et de celui des autres. J'en ai assez de tous ceux qui veulent arriver à quelque chose, faire quelque chose de distingué, être intéressants. C'est écoeurant, écoeurant, écoeurant. Ce que les gens disent m'est égal (...) J'en ai marre de n'avoir pas le courage d'être quelqu'un de très ordinaire. J'en ai assez de moi et de tous les gens qui veulent se faire remarquer." (paroles de Franny)

"- Je voudrais que tu te maries, dit Mme Glass sans transition. (...) Je le voudrais vraiment. Pourquoi t'y opposes-tu ? (...)
- J'aime trop prendre le train. On ne peut plus jamais avoir un coin fenêtre, quand on est marié."

"Tu auras eu de la veine si tu trouves le temps d'éternuer dans ce monde incroyable."
Par Akkantha le Jeudi 27 mai 2010
Le premier extrait est génial.
Par B0uille le Vendredi 28 mai 2010
Eh bien, je ne connais pas cette oeuvre de Salinger, je m'en suis banalement tenue à L'attrape-coeur, que j'adore =) Mais je ne sais pas si je vais lire celui-ci, je me tâte =)
Par Raison-et-sentiments le Samedi 29 mai 2010
Il en parle dans ses Nouvelles et aussi dans Dressez haut la poutre maître charpentier que j'ai dans ma bibli.
J'ai moi aussi lu Franny et Zooey et même si c'est bizarre j'ai bien aimé ; comme tu l'as dit rien ne nous ai coupé dans le dialogue, les remarques les plus insignifiantes et les plus incohérentes sont là. Dommage qu'on ai rien eut de Salinger depuis des années, peut-être a-t-il pleins de mystérieux manuscrits cachés chez lui :D
 

Ajouter un commentaire









Commentaire :








Votre adresse IP sera enregistrée pour des raisons de sécurité.
 

La discussion continue ailleurs...

Pour faire un rétrolien sur cet article :
http://bouquins.cowblog.fr/trackback/3001063

 

<< Page précédente | 1 | 2 | 3 | 4 | 5 | Page suivante >>

"Un livre est une fenêtre par laquelle on s'évade." Julien Green

Un livre au hasard

Il ne se passait rien...
Créer un podcast