Jeudi 26 août 2010

http://raison-et-sentiments.cowblog.fr/images/Anciens/9782877302968.jpg(lu le 13 août)
/!\ Pour lecteurs avertis /!\

Quatrième de couverture : Bleu presque transparent relate, en une succession de courts chapitres, quelques journées dans la vie d'un groupe d'adolescents. Journées ou plutôt nuits vides d'espoir d'une " génération perdue " et désillusionnée qui s'abîme dans la destruction. Sexe, drogue, musique, violence... le tableau serait d'une banale désespérance s'il n'y avait ce mélange de distance quasi clinique et d'infinie générosité dans le regard porté sur les personnages. Dans Tôkyô oppressante et triste, Ryû, Kei, Okinawa payent, dans leur corps qu'ils ruinent avec constance, l'absence d'âme d'une société. Et leur déchéance possède la couleur du bleu presque transparent de la pureté.
 
Mon avis : Un livre qui m’a été offert par Matilda, qui ne l’avait pas aimé (son avis m’avait cependant donné envie de le lire).

Comme prévu, c’est trash à souhait (encore que, je m’attendais presque à pire...). D’abord, ça semble sans queue ni tête, une succession de soirées orgiaques où les personnages vont de plus en plus loin… mais ce qui m’a donné envie de poursuivre ma lecture (que je n’aurais de toute façon pas arrêté, une telle débauche de violence a quelque chose de fascinant, je trouve – serais-je perverse ?), c’est le style, le ton de Ryû, narrateur et héros (et auteur, puisque tout cela semble autobiographique, si on en croit la lettre de la fin adressée à Lili, un des personnages – c’est elle d’ailleurs, sur la photo de la couverture).
 
Il semble blasé, comme s’il s’intéressait plus aux insectes grouillants autour de lui, à la nourriture pourrissant à ses côtés, à ce qui se passe par la fenêtre, qu’aux actes sexuels nombreux, variés et extrêmes auxquels il participe pourtant, comme s’il était un observateur machinalement actif… leurs soirées semblent cruelles, dénuées de sentiments, jeux fous empreints de douleur voire de mort ; à de multiples reprises Ryû nous informe qu’il a la nausée ; l’atmosphère glauque entraîne des descriptions sordides mais porteuses d’images inattendues, qui en deviennent poétiques, j’ai beaucoup aimé par exemple l’image des « cornichons pareils à des doigts de cadavre couverts de verrues ».
 
L’amour et l’amitié semblent impossibles dans de telles conditions, et pourtant, dans des moments de calme et de tête-a-tête, certains personnages se livrent parfois à des confidences intimes qui nous les font voir (ou pas, mais quelquefois si) sous un autre jour, plus humain, ils deviennent alors plus touchants, même si la scène d’orgie qui suit vient nous dégoûter à nouveau et anéantir le début de compassion qu’on a eu pour eux…

Cependant à la fin, c’est la compassion qui a dominé pour moi, les « confessions » des personnages pendant lesquelles ils tentent d’expliquer leur mal-être se font plus nombreuses, on a l’impression que tout déraille, qu’ils n’en peuvent plus, qu’ils ne peuvent aller plus loin, qu’ils partent dans des directions différentes ; à la toute fin la lettre à Lili que j’ai déjà évoquée, lettre aux accents personnels, m’a parue être une conclusion émouvante, qui donne à tout l’ensemble un tour peut-être un peu plus humain (si j’ai fait tant d’efforts pour, à l’instar du narrateur, ne pas juger les personnages, c’est peut-être aussi parce que j’avais lu cette lettre de la fin avant de lire tout le reste ?)
 
Un ouvrage étrange, qui peut se révéler fort pour peu qu’on arrive à entrer suffisamment dedans sans être dégoûté (ce qui, je le conçois, n’a rien d’évident), à ne pas lire n’importe quand, et donc à ne pas mettre dans toutes les mains, mais j’ai aimé cette lecture, qui me donne encore plus envie de lire d’autres œuvres de cet auteur (et en premier lieu, les Bébés de la consigne automatique, qui est dans ma LAL depuis plusieurs mois).
Par AvalonLewis le Jeudi 26 août 2010
J'adore cet auteur, j'adore ses livres, en passant Love & Pop est le premier que j'ai lu, et celui ci me donne encore plus envie maintenant que j'ai lu ta critique !
 

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