Quatrième de couverture : Scandale dans une pension de famille " comme il faut ", sur la Côte d'Azur du début du siècle : Mme Henriette, la femme d'un des clients, s'est enfuie avec un jeune homme qui pourtant n'avait passé là qu'une journée...
Seul le narrateur tente de comprendre cette " créature sans moralité ", avec l'aide inattendue d'une vieille dame anglaise très distinguée, qui lui expliquera quels feux mal éteints cette aventure a ranimés chez elle.
Ce récit d'une passion foudroyante, bref et aigu comme les affectionnait l'auteur d'Amok et du Joueur d'échecs, est une de ses plus incontestables réussites.
Mon avis : une nouvelle que j'ai adoré, et que je décide de placer au même niveau dans mon coeur que Lettre d'une inconnue ; comme l'héroïne de Lettre d'une inconnue, l'héroïne de cette nouvelle est une femme discrète, effacée, qui va pourtant devenir une femme exaltée par la passion dans des circonstances particulières ; sa vie est bouleversée en un clin d'oeil, et elle est alors prête à tout sacrifier par amour ; si cette passion était pleinement réciproque, cela donnerait sans doute une romance absolue, mais quasiment banale, en tout cas, peu intéressante ; mais ce qui caractérise les héroïnes de Zweig et les rend si touchantes, c'est leur complet désintéressement. J'ignorais totalement le sujet de cette nouvelle avant de la lire, et malgré la rapidité de ma lecture (cette nouvelle fait 127 pages, j'ai en fait plutôt tendance à la considérer comme un court roman, les anglais diraient probablement novella ?), j'ai été surprise plusieurs fois ; j'ai été complètement happée par cette histoire...
Et ce qui fait tout à mes yeux, encore plus que le personnage et l'intrigue qui sont déjà excellents, c'est le style, le style unique de Zweig qui m'éblouit à chaque fois que j'ai l'occasion de le lire et qui m'oblige à placer Zweig parmi mes auteurs favoris : Zweig nous fait voir d'une façon à la fois claire, précise, fluide et belle des choses auxquelles je ne prêterais pas attention toute seule ; en lisant cette histoire c'est comme si nous avions nous-même un coup de foudre, car l'héroïne nous montre d'une manière tout à fait transparente sa passion, on sent à quel point elle est touchée par la sensibilité exacerbée de cet homme, sensibilité qui semble la (et nous ?) contaminer aussi. Le plus beau passage est certainement celui de la rencontre : l'héroïne ne voit d'abord que les mains du jeune homme, et cette seule vision l'occupe un bon moment tant elle voit de choses à travers ces simples mains ; et loin de m'ennuyer j'ai observé, et admiré avec elle l'exceptionnelle expressivité de ces mains qui nous sont décrites... un passage trop long pour que je le recopie ici, et puis mieux vaut que vous lisiez la nouvelle dans son ensemble, c'est un délice :p (et puis, ça n'a aucune importance pour vous mais j'ai lu la moitié de cette nouvelle allongée dans l'herbe au soleil, près du lac sur le campus, et c'était très agréable :))
Extrait : "Vieillir n'est, au fond, pas autre chose que n'avoir plus peur de son passé."
[+ Rien à voir mais : article Théâtre en liberté mis à jour, j'ai aussi lu hier soir Mille francs de récompense de Victor Hugo]
Seul le narrateur tente de comprendre cette " créature sans moralité ", avec l'aide inattendue d'une vieille dame anglaise très distinguée, qui lui expliquera quels feux mal éteints cette aventure a ranimés chez elle.
Ce récit d'une passion foudroyante, bref et aigu comme les affectionnait l'auteur d'Amok et du Joueur d'échecs, est une de ses plus incontestables réussites.
Mon avis : une nouvelle que j'ai adoré, et que je décide de placer au même niveau dans mon coeur que Lettre d'une inconnue ; comme l'héroïne de Lettre d'une inconnue, l'héroïne de cette nouvelle est une femme discrète, effacée, qui va pourtant devenir une femme exaltée par la passion dans des circonstances particulières ; sa vie est bouleversée en un clin d'oeil, et elle est alors prête à tout sacrifier par amour ; si cette passion était pleinement réciproque, cela donnerait sans doute une romance absolue, mais quasiment banale, en tout cas, peu intéressante ; mais ce qui caractérise les héroïnes de Zweig et les rend si touchantes, c'est leur complet désintéressement. J'ignorais totalement le sujet de cette nouvelle avant de la lire, et malgré la rapidité de ma lecture (cette nouvelle fait 127 pages, j'ai en fait plutôt tendance à la considérer comme un court roman, les anglais diraient probablement novella ?), j'ai été surprise plusieurs fois ; j'ai été complètement happée par cette histoire...
Et ce qui fait tout à mes yeux, encore plus que le personnage et l'intrigue qui sont déjà excellents, c'est le style, le style unique de Zweig qui m'éblouit à chaque fois que j'ai l'occasion de le lire et qui m'oblige à placer Zweig parmi mes auteurs favoris : Zweig nous fait voir d'une façon à la fois claire, précise, fluide et belle des choses auxquelles je ne prêterais pas attention toute seule ; en lisant cette histoire c'est comme si nous avions nous-même un coup de foudre, car l'héroïne nous montre d'une manière tout à fait transparente sa passion, on sent à quel point elle est touchée par la sensibilité exacerbée de cet homme, sensibilité qui semble la (et nous ?) contaminer aussi. Le plus beau passage est certainement celui de la rencontre : l'héroïne ne voit d'abord que les mains du jeune homme, et cette seule vision l'occupe un bon moment tant elle voit de choses à travers ces simples mains ; et loin de m'ennuyer j'ai observé, et admiré avec elle l'exceptionnelle expressivité de ces mains qui nous sont décrites... un passage trop long pour que je le recopie ici, et puis mieux vaut que vous lisiez la nouvelle dans son ensemble, c'est un délice :p (et puis, ça n'a aucune importance pour vous mais j'ai lu la moitié de cette nouvelle allongée dans l'herbe au soleil, près du lac sur le campus, et c'était très agréable :))
Extrait : "Vieillir n'est, au fond, pas autre chose que n'avoir plus peur de son passé."
[+ Rien à voir mais : article Théâtre en liberté mis à jour, j'ai aussi lu hier soir Mille francs de récompense de Victor Hugo]